Issu du monde éducatif, Framasoft est un réseau de sites web collaboratifs à géométrie variable dont le dénominateur commun est le logiciel libre.
Source : Fini l’anonymat sur Google Play (Begeek)
Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)
Au fait, les libristes ont aussi un corps.
Et ils apprennent parfois à leurs dépens que dans le monde médical, le code propriétaire et les formats fermés peuvent empêcher d’avoir de meilleures chances de se soigner. Souvenez-vous de Salvatore Iaconesi, dont nous avions traduit les déclarations, qui voulait avoir accès à ses données médicales dans un format ouvert.
C’est une histoire personnelle comparable que raconte Karen Sandler au cours d’une conférence que nous vous proposons ici. Karen Sandler est loin d’être une inconnue dans le monde du Libre notamment par son militantisme et ses responsabilités au sein de la Gnome Foundation.
Découvrir qu’un problème cardiaque menace d’un jour à l’autre votre vie même est une épreuve que vous pouvez surmonter en faisant appel à un appareillage de haute technologie (pacemaker, défibrillateur…). Mais découvrir que cette technologie repose sur un code auquel on n’a pas accès, c’est comme le fait Karen prendre conscience que sa vie est à la merci d’un bug dans un code inaccessible…
Non seulement Karen livre ici avec humour le récit de ses déboires, mais elle évoque également d’autres domaines de la vie quotidienne où l’accès au code est désormais crucial. La vidéo qui suit, dont la transcription, la traduction et le sous-titrage ont été assurés par : FredB, Pandark, peupleLa, ga3lig, KoS, Mnyo, Lamessen, goofy, est relativement longue (54 minutes). Ceux qui ne disposent pas d’un long temps de lecture pourront découvrir de larges extraits de la conférence dans le texte sous la vidéo.
Note : je vois d’ici venir dans les commentaires tous ceux qui ne pourront résister au plaisir de faire un jeu de mots recyclant une des deux cent cinquante expressions comprenant le mot cœur. Eh bien, ils auront un gage ! À chaque astuce publiée en commentaire ils devront faire un petit don à Framasoft qui ne vit que de etc. voir le mantra automnal de notre campagne en cours.
Je suis vraiment, vraiment contente d’être ici. Ma conférence s’appelle La liberté dans mon cœur et partout ailleurs. Comme dit précédemment, je fais partie de la communauté Libre et Open Source depuis un moment. Je suis directrice exécutive de la fondation GNOME. Nous en reparlerons un peu plus tard, c’est vraiment cool.
Et j’ai longtemps été avocate au Software Freedom Law Center, pour finir par en devenir la directrice juridique. Donc j’ai eu l’occasion de faire la connaissance de plein de gens dans la communauté du logiciel Libre et Open Source en les aidant avec tous les emmerdements dont ils ne voulaient pas s’occuper. Vraiment, vraiment amusant ! Je suis une passionnée du Libre et de l’Open Source, je dirais, depuis les années quatre-vingt-dix.
Et je suis aussi une patiente.
J’ai un cœur vraiment, vraiment très grand. En fait, j’ai un cœur énorme.
Vous pensez sûrement à mon travail pour des associations, mais en fait, j’ai une hypertrophie du cœur. J’ai une maladie appelée cardiomyopathie hypertrophique. Je suis toujours un peu nerveuse quand je parle de ça parce que ça revient à dire que mon cœur est un petit peu cassé.
Ce n’est pas vraiment ça. Mon cœur est très épais et ça veut dire qu’il a du mal à battre. Il est un peu raide. Mais au final, tout va bien. Pour l’instant, je n’ai aucun symptôme. J’ai seulement un très gros risque de mourir subitement. Le terme est littéralement mort subite. C’est ce que les docteurs vous expliquent quand vous avez cette maladie et que vous devez suivre un traitement à vie. Ils disent que vous avez un risque élevé de mort subite.
Ce qui, en tant que patiente, est vraiment terrifiant. Deux ou trois fois par an je risque de mourir subitement. Et ça se cumule, donc j’ai découvert ça à 31 ans, soit de 20% à 30% environ de risque de mort subite pour la décennie suivante. C’est vraiment, vraiment une chose terrible à entendre… mais il existe maintenant une solution ! C’est de se faire poser un défibrillateur.
Le principe d’un défibrillateur, c’est qu’il est installé dans votre cœur. D’ailleurs j’en ai un, il est juste ici. Il a l’air vraiment énorme là mais c’est environ gros comme ça et c’est juste ici. Il a des câbles qui se glissent dans mes vaisseaux sanguins et qui s’enfoncent dans mon cœur, et en gros, il me surveille constamment.
C’est comme avoir des gens qui vous suivent partout avec un défibrillateur électrique et si je tombe raide morte tout à coup, il m’enverra une décharge et je serai remise sur pieds — Et je ne mourrai pas ! C’est formidable.
Donc, tout ça est merveilleux, parfait. L’électrophysiologiste que j’ai rencontré et qui m’a expliqué ça en avait quelques-uns dans le tiroir de son bureau afin de pouvoir les montrer à tous ses patients parce qu’en voyant à quel point cet appareil est petit, ça parait nettement moins inquiétant.
Il l’a poussé vers moi sur le bureau, j’étais assise là, avec ma mère. Je l’ai pris…
Et il disait : « Prenez-le, voyez comme c’est léger… » Alors je l’ai pris et j’ai demandé : « Cool ! Qu’est-ce qui tourne dessus ? ». En réponse, j’ai eu droit à un regard médusé. Ma mère semblait elle aussi perplexe.
Le chirurgien m’a demandé « Mais de quoi parlez-vous ? » et j’ai répondu « Eh bien, de toute évidence cet appareil ne vaut que ce que vaut son logiciel, c’est-à-dire qu’il se base sur le logiciel pour savoir quand je risque une mort subite, que ce soit quand je traverse une rue alors que je n’aurais pas dû, ou que je décide de courir un marathon, ou pour n’importe quelle autre raison. Je suis dépendante de ce logiciel pour savoir quand il est approprié de m’envoyer une décharge et quand ça ne l’est pas. Quand mon cœur a besoin d’être stimulé ou pas. Et l’électrophysiologiste, bien sûr, n’avait pas de réponse à me donner. Il m’a dit « Personne ne m’a jamais demandé ça. Je n’avais jamais pensé au logiciel sur cet appareil. Ne bougez pas, il y a un représentant de Medtronic dans nos bureaux aujourd’hui. Je vais aller lui demander, c’est lui le fabricant, et ils auront sûrement déjà pensé à ça ».
Donc, le représentant arrive et j’essaie de lui expliquer « Je suis avocate au Software Freedom Law Center. Je m’intéresse au logiciel sur mon appareil. Je veux juste savoir comment ça marche, sous quoi ça tourne ? Est-ce que vous pouvez me le dire ? ». Il a répondu : « Personne ne m’a jamais demandé ça auparavant ». Donc, on a eu une conversation très intéressante, et il a conclu par :
« Je comprends, c’est une question très importante, voici mon numéro, appelez moi, et je vous mettrai en contact avec des gens qui pourront vous parler de ça ». Enhardie par cet échange, je l’ai appelé à Medtronic. Il m’a passé le service technique et j’ai commencé à laisser des messages… Mais au final, je me faisais continuellement refouler. Personne ne voulait me parler de ça.
J’ai appelé les deux autres principaux fabricants d’appareil médicaux, Boston Scientific et St Jude, et aucun n’a su me donner une vraie réponse non plus. À la fin, j’ai commencé à appeler en disant : « Écoutez, si quelqu’un me laissait voir le logiciel… Je signerai un accord de confidentialité », C’est contre mes principes en tant que militante d’un organisme à but non-lucratif dans un domaine technique. Je n’ai pas envie de signer un contrat qui m’empêcherait de partager ce que je découvre avec le reste du monde. Mais j’ai pensé :
« Au moins, moi, je pourrai voir le code source et j’aurai davantage confiance dans ce qu’on installe dans mon corps ». Mais, malheureusement, on m’a envoyé balader. On m’a dit non. J’ai parlé avec des gens très compréhensifs à Medtronic. J’ai rencontré d’excellents docteurs. Et ces gens me disaient « Oh, vous savez, nous sommes Medtronic, nous avons à cœur de nous assurer de l’absence de bogue dans les logiciels que nous installons sur ces appareils. Évidement, nous ne le vendrions pas si nous ne pensions pas qu’il est sûr. Pour toutes ces raisons, vous devez nous faire confiance».
Le docteur a ajouté que la FDA, l’Agence fédérale américaine des produits alimentaires et médicamenteux, approuve ces appareils. Donc votre réaction est clairement disproportionnée ». Et quand j’en parlais avec mon électrophysiologiste au téléphone, je disais que j’étais vraiment gênée par tout ça, parce que je pensais à tous ces gens qui portent ces appareils. Certains sont relativement puissants, Dick Cheney en avait un à l’époque. Il en a un encore plus impressionnant aujourd’hui, qui fait continuellement circuler son sang alors techniquement, il n’a pas de pouls. C’est un appareil vraiment fascinant !
Les populations qui bénéficient de ces appareils sont souvent dans des positions de pouvoir.
Donc on peut facilement imaginer une situation où quelqu’un voudrait éteindre ces appareils.
Et l’électrophysiologiste à qui je parlais au téléphone était tellement contrarié, tellement contrarié…qu’il m’a raccroché au nez. Il m’a dit « Je pense que vous préparez quelque chose… je ne comprends pas.. ; je ne sais pas pourquoi ça vous dérange tellement. Si vous voulez un appareil, je vous aiderai mais je ne… Je pense que vous êtes… vous… »
Et il a raccroché.
C’est vraiment terrifiant parce qu’il m’avait précisé au début de la conversation qu’il installait ces appareils tout le temps. Il en installe parfois plusieurs par jour. Alors l’idée qu’il ait pu ne même pas s’être posé de question à propos du logiciel installé sur ces appareils le terrifiait.
J’ai donc remis à plus tard et je me suis dit, il faut que j’arrête de penser à ça. C’est trop terrifiant.
Est-ce que je vais vraiment avoir un logiciel propriétaire à l’intérieur de mon corps ? Je ne sais pas. Ajoutez à ça cette histoire de « mort subite » et le fait d’avoir un équipement cousu à l’intérieur de mon corps. Ça fait beaucoup à gérer. Alors j’ai continué à remettre ça à plus tard jusqu’à ce que je ne puisse plus différer parce que mes amis et ma famille continuaient à m’en parler et à me dire « Nous nous inquiétons tellement pour toi, nous savons que tu peux mourir à tout instant » Ma mère… vous savez, évidemment je n’ai pas de ligne fixe et mon mobile ne capte pas bien dans mon appartement Et ma mère, si je ne la rappelais pas dans l’heure commençait à appeler tous mes amis en demandant « Vous avez parlé à Karen aujourd’hui ? Vous savez si elle va bien ? » Je suis allée déjeuner avec une amie, et elle m’a demandé où en était cette histoire.
Et j’ai répondu « Eh bien, les compagnies médicales ne me rappellent pas. Et tu sais, je suis sûre que je vais me débrouiller. Et elle a fondu en larmes et dit :
« Tu sais, tu pourrais mourir. Aujourd’hui. Et je ne peux pas le supporter. Si tu ne règles pas cette histoire, je ne sais pas si je peux encore être ton amie. C’est une chose très grave et tu l’ignores juste pour… » ce qu’elle considérait comme un problème ésotérique.
J’ai vraiment compris ça et j’ai compris que je n’avais pas le choix. Alors j’ai eu un appareil. Je me le suis fait implanter et ça a pris un peu de temps pour me remettre de l’opération et aussi pour réfléchir à propos de ma propre situation, prendre un peu de recul, faire quelques recherches.
Mais je me suis juré que si j’acceptais cet appareil, j’allais faire des recherches, écrire un article et parler des problèmes que j’avais rencontrés et auxquels la profession médicale, ou du moins, les professionnels de la médecine que j’avais interrogés n’avaient pas de réponse.
Donc, j’ai découvert des choses en écrivant cet article, certaines peuvent sembler normales, mais d’autres vous surprendront.
Les logiciels ont des bogues. (…) Et les appareils médicaux, comme l’a dit Marty Garrett, auront des bogues, parce que l’institut d’ingénierie logicielle estime qu’il y a environ un bogue pour chaque centaine de lignes de code. Donc même si la majorité des bogues était interceptés par les tests, même si les trois quarts des bogues étaient interceptés lors des tests, ça fait toujours un sacré nombre de bogues.
J’ai lu une étude qui observait les rappels d’appareils publiés par la FDA. Fondamentalement, l’étude portait sur l’ensemble des rappels et a déterminé ceux qui venaient vraisemblablement de pannes logicielles puis ils les ont évalués. Parmi ceux qu’ils ont pu étudier suffisamment et dont ils ont pu déterminer précisément les failles logicielles : 98% d’entre elles auraient pu être détectées par une simple relecture collaborative du code.
Donc, pour les tests basiques que vous êtes en droit d’attendre sur n’importe équipement technologique — oui, la FDA les soumet à quelques tests. Mais si les entreprises ne font pas de tests basiques qu’est ce qu’on peut faire ?
Donc, les logiciels ont des bogues. Ici dans cette pièce, tout le monde le sait. Une autre chose que la plupart d’entre nous savons c’est que la sécurité par l’obscurité ça ne marche pas.
Même si ça peut sembler contre-intuitif pour ceux qui ne sont pas dans cette pièce. Toutes les personnes à qui j’ai expliqué cette idée dans le corps médical m’ont répondu : « Mais je ne comprends pas… pourquoi voulez vous que les gens puissent voir le logiciel ? Si tout le monde peut voir le code source, il sera beaucoup plus facile de le pirater ! ».
Mais nous savons tous que ce n’est pas le cas. En fait, en publiant le code source, tout le monde peut le voir, et il est plus sûr. Mais c’est une question capitale en réalité. J’en parle dans mon article : Tué par le code qui cite un certain nombre d’études montrant que les professionnels de la sécurité approuvent cette idée.
Donc pour le moment, on a le pire des deux mondes : un code fermé qui ne profite pas d’une relecture et d’une correction par le plus grand nombre. Mais on manque également de sécurité sur ces appareils. Beaucoup d’entre eux émettent des informations en sans fil. C’est le standard aujourd’hui. Quand j’ai découvert cela, j’étais choquée. Vous êtes en train de me dire que mon appareil cardiaque va émettre en continu ? Considérant les conférences auxquelles j’assiste, les gens que je fréquente, je n’ai vraiment pas envie de voir mes informations diffusées.
Donc c’est une des choses que j’ai abordées avec les différents docteurs que j’ai pu rencontrer.
Comme vous l’imaginez, j’ai abandonné cet électrophysiologiste qui m’avait raccroché au nez.
Et je suis allée de cardiologue en cardiologue pour trouver quelqu’un qui puisse comprendre ces problèmes ou qui puisse au moins comprendre pourquoi cela m’inquiétait. Et j’ai fini par trouver un excellent cardiologue et excellent électrophysiologiste qui m’a dit « Je n’avais jamais pensé à cette question, mais je comprends que ça puisse poser problème. Vous avez besoin de cet appareil, vous ne pouvez plus attendre. Mais je vais travailler avec vous, et on va trouver un moyen de résoudre au moins certains des problèmes qui vous inquiètent ».
Donc, l’une des choses que mon électrophysiologiste a faites c’est qu’il a appelé les hôpitaux, l’un après l’autre jusqu’à ce qu’il trouve un ancien pacemaker.
Il m’a expliqué que, ma défaillance cardiaque étant simple, j’avais seulement besoin d’un appareil
qui surveillait les rythmes dangereux et qui m’enverrait une décharge en cas d’alerte. C’est un algorithme bien plus simple que celui des nouveaux appareils. Beaucoup des nouveaux appareils ont un algorithme complexe de stimulation pour des patients ayant une grande variété de problèmes. On peut tout à fait comprendre les raisons des compagnies médicales. Ces appareils sont très difficiles à faire. Ils fabriquent des produits de haute précision. Et s’ils peuvent utiliser ces appareils dans des cas plus variés alors tout est pour le mieux.
De plus vous ne pouvez pas savoir quels genres de complications les patients vont éventuellement développer. Donc, pour le moment, je n’ai aucun symptôme mais je pourrais en développer et c’est génial d’avoir cette technologie de stimulation. Mais mon cardiologue électrophysiologiste m’a dit :
« Bon maintenant on voit que vous avez besoin de quelque chose de simple. Alors pourquoi ne pas vous trouver un ancien modèle d’appareil ? »
Donc j’ai actuellement un ancien appareil qui communique par couplage magnétique et non par technologie sans fil. Mais mon père a ce type de pacemaker et quand il entre dans une pièce du bureau des techniciens ils changent son pouls. Donc, avant même qu’il ne soit assis ils savent énormément de choses sur lui et ils ont la capacité de vraiment l’affecter. C’est incroyable.
Mais comme vous pouvez le voir sur le dernier point de cette diapo ces appareils ont été hackés.
En fait, un groupe de réflexion de plusieurs universités travaillant ensemble a montré qu’en utilisant du matériel disponible dans le commerce vous pouvez hacker ces appareils et en prendre le contrôle. Non seulement, Ils sont parvenus à déclencher des décharges ce qui est déjà terrifiant en soi…
— Une fois, mon pacemaker s’est déclenché par erreur et je peux vous dire, que c’est comparable à un coup de pied dans la poitrine. Ça vous met au tapis au moins pour quelques minutes. J’ai été forcée de m’asseoir, c’était si épuisant, la surprise et l’inquiétude m’ont forcée à dormir quelques heures pour m’en remettre. C’est très éprouvant.
… donc non seulement ils sont parvenus à envoyer une décharge mais ils ont également pu arrêter le traitement. Si l’appareil stimulait le pouls, ils pouvaient l’arrêter et beaucoup de gens ont besoin de stimulation pour rester en vie. Beaucoup de gens ne peuvent monter les escaliers sans cette stimulation. Mon père en fait partie. Ils ont également pu récupérer des informations clefs à partir de ces appareils comme les numéros d’identifications médicaux, les noms des médecins, les numéros de série… Beaucoup d’informations personnelles sont diffusées et il n’y a aucun chiffrement sur ces appareils. C’est plutôt inquiétant. Ils sont également parvenus à mettre les appareils en mode test
ce qui a pour effet de consommer la batterie. Euh, la batterie s’épuise à un rythme bien plus rapide que dans des circonstances normales et ces appareils n’ont d’intérêt que s’ils ont de la batterie. Donc si la batterie lâche sur mon pacemaker il me faudra un nouvel appareil, ce qui signifie une opération.
Donc ces appareils ont été hackés. Ces conclusions sont arrivées bien après mon diagnostic.
Les médecins s’appuient beaucoup sur le fait que ces appareils ont l’agrément de la FDA aux États-Unis, et d’institutions similaires dans d’autres pays. En bonne avocate, j’ai fait des recherches sur la FDA et leur processus d’approbation des logiciels. Ce que j’ai découvert, c’est que la FDA
ne vérifie pas systématiquement le code source des appareils sauf en cas d’erreur particulièrement visible en lien avec le logiciel, ils ne demandent généralement pas à le vérifier.
Il n’y a même pas de cahier des charges clair pour le logiciel et il y a des raisons pour ces décisions de la FDA, mais nous croyons que celle-ci devrait faire beaucoup plus qu’elle ne fait en réalité.
L’absence de cahier des charges clair est lié au fait, d’après eux, que ces sociétés conçoivent des appareils très spécialisés avec des particularités propres à chaque fabricant. Il y a donc probablement des tests spécifiques à ces appareils et les mieux placés pour les réaliser sont ceux qui connaissent le mieux ces machines, c’est à dire leurs fabricants. Et il y a des allers-retours pour savoir s’ils ont fait les bons tests ou non, mais en vérité, au bout du compte, personne à la FDA n’a vu le code source.
Puisqu’ils ne le demandent pas, ils n’en ont même pas de dépôt. Donc si une panne catastrophique se produit chez Medtronic, par exemple, je ne sais pas s’il y a un dépôt canonique pour le logiciel auquel je pourrais avoir accès… et sans possibilité de mise à jour du logiciel sur mon appareil, je devrais être opérée pour en avoir un nouveau.
J’ai parlé lors d’un débat, avec un type dans la cyber-sécurité à la FDA et j’étais vraiment, vraiment nerveuse parce que j’ai fait tout ce que je pouvais en tant qu’avocate, j’ai fait toutes les recherches que j’ai pu sur la FDA mais je n’étais pas sûre que c’était vraiment le cas en pratique, donc j’ai projeté mes diapos et dit :
« John, dis-moi si je me trompe, mais voilà ce que je pense. Je pense que ça se passe comme ça… »
Et j’ai continué avec une diapo sur le logiciel Libre et Open Source et pourquoi c’est tellement mieux et plus sûr. Dès qu’il a eu la parole, il a dit :
« Tout le monde pense que la FDA devrait faire comme ci, comme ça, mais nous n’avons pas les ressources et la FDA n’est pas là pour ça ».
Puis il a fait une pause, m’a regardée et juste quand j’allais… vous savez. Et il a dit: « Mais vous parlez d’autre chose. Vous parlez de laisser tous les autres passer en revue le code source, c’est quelque chose de très intéressant. Donc, s’assurer que les logiciels de nos appareils seront publiés
revient à dire que tout le monde pourrait les relire. Mon père, qui a un pacemaker, est également ingénieur et un heureux programmeur. Il l’aurait probablement examiné.
Beaucoup ici connaissent des gens avec des pacemakers nous aurions fouillé dans ce code, assurément ! Une autre chose que j’ai découverte qui est un peu étrange c’est qu’aux États-Unis, comme ces appareils ont l’agrément d’une agence fédérale, les patients ne peuvent pas recourir à la State True Law. Il y a donc tout un éventail de recours auxquels ont normalement accès les patients, dont les fabricants n’ont même pas à s’inquiéter. Bon maintenant je ne dirais pas que les entreprises de matériel médical se moquent de savoir si les malades meurent, évidemment que non.
Mais il y a toute une série de recours légaux qui ne sont pas disponibles. Vraiment étonnante cette étude, et j’ai tout résumé dans l’article que j’ai écrit : il est disponible sur le site web du centre juridique pour le logiciel libre.
Au bout du compte je n’ai pas de liberté vis-à-vis de mon propre corps. Je n’ai pas l’autorisation d’analyser le logiciel qui est implanté en moi. Il est littéralement connecté et vissé à mon cœur
et je ne peux pas l’examiner. Ça me semble incroyable. Je n’en reviens toujours pas du fait que ça me soit arrivé. C’est un peu bizarre que moi, avocate au Software Freedom Law Center j’aie cette maladie cardiaque étrange, je l’admets. Mais c’est toujours hallucinant que je n’aie pas eu le choix. Le seul choix était entre une grande probabilité de mourir, ou se faire implanter cet appareil à l’intérieur du corps. J’espère que personne ici n’aura à faire ce choix, mais c’était vraiment, vraiment effrayant.
Puis j’ai commencé à y réfléchir, et vous voyez, ce n’est pas seulement une question d’appareils cardiaques. Ça concerne tout ce dont dépendent nos vies dans notre société. Alors que j’y réfléchissais, j’ai pris conscience que cela concernait beaucoup plus de domaines de nos vies que je ne le pensais. Par exemple, les voitures.
Comme ce groupe de réflexion universitaire qui a travaillé sur les appareils médicaux, soit dit en passant, si vous avez du temps, vous devriez lire cette étude. C’est fascinant, ils ont implanté cet appareil dans un sac de bacon ou de viande quelconque pour le stimuler et ils ont montré tout l’équipement facilement trouvable qu’ils ont utilisé pour modifier l’appareil.
Et la même procédure à été appliquée aux voitures. Et un autre groupe a montré qu’ils sont parvenus à pirater deux marques différentes, deux fabricants différents de voitures. Donc l’IEEE affirme qu’une voiture haut de gamme compte près de 100 millions de lignes de code.
Donc si on revient à ce que le Software Engineering Institute a dit : « environ un bogue toutes les 100 lignes de code » ça fait un paquet de bogues, juste dans votre voiture. Et ce ce groupe a réussi à faire, tout ce que vous pouvez imaginer. Ils sont capable de faire accélérer, freiner la voiture. Ils ont réussi à contrôler chaque roue individuellement. Et ma partie préférée, juste pour s’amuser, je ne sais pas si vous pouvez voir, mais ils peuvent mettre des messages sur le tableau de bord et ils ont écrit pwnd et mis une petite émoticône avec un X pour les yeux. L’idée qu’ils aient pu prendre contrôle de deux marques différentes de voitures haut de gamme est vraiment incroyable pour moi.
Les machines à voter sont un autre domaine très sensible et nous en avons déjà parlé.
Beaucoup d’experts en sécurité ont parlé des problèmes avec leurs machines à voter. Aux États-Unis, nous comptons sur Diebold et beaucoup de fabricants privés. Nous avons eu des problèmes avec l’étalonnage. Je ne sais pas si vous avez vu ce dessin animé hilarant dans lequel des gens essayent de voter pour le bon candidat et le nom du candidat pour qui ils veulent voter tourne dans l’écran tandis que vous essayez d’appuyer dessus et à la fin,quel que soit votre choix, ça dit : « Vous vouliez voter pour l’autre candidat, n’est-ce pas ? N’est-ce pas ? »
Il est très difficile de le savoir parce que parfois nous n’avons pas de reçu pour vérifier, on ne sait même pas si notre vote a bien été enregistré et si on a pu voter pour notre candidat au final.
Vraiment bizarre car c’est la base de notre société et le pilier de notre démocratie. J’adore ce qu’ils ont fait au Brésil. Je ne sais pas si vous en avez entendu parler, mais le Brésil a dit :
« On sait que ces logiciels ont des failles et des bogues ; alors on invite les équipes de hackers à venir, on vous donnera le code source et on donnera un prix à quiconque trouvera un moyen de trouver une faille pour s’introduire dans le système ».
Sur toutes ces équipes, deux ont trouvé des bogues. Aucun d’eux ne pouvait affecter une élection, mais ils ont pu les corriger. Et ces hackers ont reçu une récompense.
La démocratie est plus sûre. La sécurité par l’obscurité ne fonctionne pas. Je ne sais pas quand nous allons enfin le comprendre mais le Brésil a su le faire. Donc c’est possible.
Nos institutions financières, ouais c’est passionnant, les institutions financières sont un autre domaine dont nous avons récemment pu observer les déboires quand elles déclinent. De nombreuses institutions utilisent des logiciels et les marchés boursiers et le fonctionnement de nos banques.
Toutes ces choses sont critiques vis-à-vis de la manière dont nous vivons. C’est plus sociétal, mais nous avons déjà vu qu’il y a des vulnérabilités de ce côté. Tout cela pour dire, et j’insiste : mon appareillage médical peut être contrôlé !
Nos voitures peuvent être contrôlées et détraquées et nos institutions financières compromises. Nous sommes tous d’accord, les logiciels socialement et vitalement critiques doivent être sûrs.
Mais nous sommes à une période très intéressante. Car comment savoir quel logiciel est d’un intérêt vital ou socialement critique ? La manière d’utiliser les ordinateurs a changé si rapidement et récemment… Je suis ébahie par la quantité de gens qui se sont mis à utiliser des ordinateurs comme ils ne l’avaient jamais fait.
Ce ne sont plus seulement des personnes à l’aise avec la technologie. C’est tout le monde, nos grands-parents, tout le monde. Et nous utilisons les logiciels pour tout, c’est devenu notre manière de tout faire. Comment nous communiquons. Comment nous parlons au téléphone. Comment nous écrivons, faisons de l’art. Comment nous gérons les institutions scolaires et comment nous gérons nos vies. Nous construisons cette infrastructure et nous n’y réfléchissons même pas.
Beaucoup de personnes utilisent leurs téléphones pour suivre des choses comme leur entraînement ou leur régime. C’est très pratique parce qu’on peut suivre ce qu’on a mangé au fur et à mesure, ce qu’on a fait. Certains téléphones ont des podomètres, et c’est assez basique mais il existe déjà un logiciel pour l’iPhone qui peut communiquer avec une pompe à insuline et évaluer l’exercice et le régime en fonction du niveau de sucres dans le sang.
Et nous voilà revenus à l’appareillage médical. Vous avez un iPhone sur lequel vous comptez pour votre vie. Nous créons tout cette infrastructure, et nous avons envie d’y réfléchir voilà pourquoi l’ordinateur personnel est si important. C’est en quelque sorte là où tout prend son sens dans mon histoire personnelle et les raisons pour lesquelles j’ai quitté le Software Freedom Law Center que j’aimais et me rendait très heureuse d’y être avocate pour pouvoir travailler et être à la Fondation Gnome que j’ai également quittée.
Et je parle d’ordinateur entre guillemets parce que ça va des manières d’interagir avec nos ordinateurs à la façon dont nous gérons nos vies à travers des logiciels. Nous avons atteint le point où le logiciel doit être utilisable par tous. Je pense que tout le monde ici doit connaître une personne plus âgée qui, il y a quelque années, n’avait probablement jamais rien fait avec son ordinateur.
Ma mère était l’une de ces personnes. Je me rappelle qu’étant enfant, je lui répétais :
« Mais maman, regarde ces super jeux ! — m’intéressent pas »
Et je me rappelle qu’au collège, je lui disais :
« Maman, si nous pouvions parler par courriel, ça serait tellement mieux ! — (Rien)…
Je me rappelle à l’école de droit, je disais :
« Maman, je peux effectuer toutes ces recherches sur mon ordinateur, sans avoir à rester toute la journée à la bibliothèque, c’est génial ! — (Rien)…
Plus tard, j’ai essayé de lui dire « Maman, j’organise mon voyage avec mon ordinateur ». Soudain, elle était un peu intéressée et maintenant, avec tout ce qui est arrivé elle ne peut plus rien faire sans son ordinateur. Maintenant, son ordinateur est devenu… Premièrement, elle envoie des courriels et des messages à ses amis, elle gère ses voyages et ses finances. C’est spectaculaire pour moi parce que je n’ai pas utilisé ici mon père qui est ingénieur, mais ma mère était vraiment un peu technophobe. Et maintenant, elle aime Apple. ELLE AIME APPLE. Elle peut utiliser son ordinateur pour… elle n’a pas à y penser.
C’est super, et c’est très frustrant pour moi. Mais je suis contente qu’elle puisse maintenant utiliser un ordinateur et c’est quelque chose qu’elle possède maintenant. Elle ne me pose pas de questions, enfin si, elle le fait… Mais elle ne voit pas de raison pour laquelle ces appareils ne lui seraient pas destinés et elle est très représentative de la majorité de notre société. Et ces gens n’auraient pas été aussi capables il y a quelques années, de faire autant avec leurs ordinateurs. Nous devons séduire des gens parce que ce sont ceux qui choisissent d’adopter l’iPhone pour mettre en relation leur exercice et leur régime avec leur pompe à insuline.
C’est le genre de chose dont nous devons nous préoccuper parce que si nous ne rendons pas nos logiciels simple pour tout le monde, personne ne voudra les utiliser. Et nous avons aujourd’hui une opportunité, une fenêtre qui se referme lentement parce que nous faisons maintenant des choix avec lesquels nous allons devoir vivre longtemps. Nous créons des habitudes, nous créons des attentes et nous établissons la mesure de notre société concernant ce qui est ou non acceptable pour un logiciel.
Vous êtes ici, à LinuxConfAu, vous connaissez les raisons pour lesquelles vous devriez utiliser des logiciels Libres et Open Source. Vous êtes ici pour toutes ces raisons y compris parce que c’est vraiment amusant. Nous avons passé un bon moment ici, et appris toutes sortes de choses vraiment cool mais derrière tout ça, la source d’où proviennent toutes ces raisons, c’est la Liberté.
Le logiciel Libre et Open Source n’est pas juste un marché profitable c’est aussi la bonne chose à faire. Donc lorsque nous parlons de nos appareils cardiaques, nous parlons de nos machines à voter et ensuite de la manière de vivre nos vies et de l’infrastructure par laquelle nous communiquons.
Nous voyons que le logiciel Libre et Open Source est exactement ce qu’il faut à notre société et pour l’apporter aux autres gens nous devons nous assurer que c’est facile et simple à utiliser pour eux.
(…)
Nous devons franchir la barrière, nous devons fournir des logiciels utilisables par des gens qui sinon ne pourraient pas s’en servir. Nous devons nous assurer que nos ordinateurs sont accessibles à tous parce que nous ne pourrons pas créer la bonne infrastructure pour toute la société si nous n’embarquons pas ces gens avec nous.
(…)
Vous savez, nous avons la technologie, c’est bien agréable. Je n’ai plus vraiment besoin de bidouiller mon bureau. Je suis passée sur Gnome-Shell, et c’est brillant et très bien fait, j’ai à peine besoin de lignes de commande pour les choses en lien avec mon environnement de travail et uniquement quand je me sens bloquée. Ce n’est pas pour tout le monde, mais nous devons faire le choix du libre et des plateformes ouvertes, nous avons besoin de développer là-dessus parce que c’est le seul moyen que nous ayons de créer des sociétés meilleures et plus sûres.
C’est le seul moyen de créer un monde où nous saurons que nos logiciels seront revus et qu’ils auront leur intégrité. Nous devons construire nos communautés dans l’espace non lucratif car nous devons établir ce très haut degré de confiance. Nous devons réinvestir notre idéologie dans le logiciel libre. Pour aller un peu plus loin je dirais : il ne s’agit pas de terminologie, mais d’idéologie.
Nous devons vraiment penser à rendre le monde meilleur car nous le pouvons et nous le devons.
Choisissons les logiciels libres et ouverts pour nous-mêmes et pour notre société.
Il pleut des nouveaux projets actuellement chez Framasoft !
Framazic, c’est l’impressionnant résultat du stage universitaire que notre plus jeune recrue Martin Gubri a réalisé chez nous l’été dernier. Et le mieux c’est encore de lui céder la parole pour vous le présenter.
PS : Il pleut des nouveaux projets mais un peu moins de dons, alors si votre CB a envie de prendre un peu l’air…
Framazic ? Qu’est-ce que tu me chantes là ?
Et oui encore un nouveau projet Framasoft ! Il s’agit cette fois de mettre l’accent sur la culture dite libre. L’élargissement des perspectives de la Framagalaxie s’était déjà amorcé depuis un moment : Framabook, avec sa collection de livres libres incluant de plus en plus d’essais, de BD, et même un roman ; FramaDVD qui embarque quelques textes, images, vidéos et musiques libres ; le Framablog, bien sûr, dont les sujets vont même au delà de la culture et du logiciel libres ; Framakey avec notamment sa récente version Wikipedia ; et maintenant donc Framazic !
C’est en fait un portail dédié à la promotion de la musique libre : explication du concept et du fonctionnement des licences libres, des enjeux artistiques et culturels liés à la musique libre, ainsi que des problèmes que pose actuellement le système actuel du marché de la musique non-libre. Le discours est à la fois destiné aux personnes qui aiment la musique (ou pas !), aux musiciens, et aux diffuseurs. Ce qu’on observe c’est que chacun a son niveau peut y trouver un intérêt, qu’il s’agisse de créer, écouter ou partager de la musique sous licence libre.
Framazic c’est donc, si vous préférez, une porte d’entrée vers la musique libre. Vous y trouverez aussi une liste de plateformes et de sites hébergeant de la musique sous licence libre et de libre diffusion, et une sélection de quelques bons morceaux[1], sous licence Creative Commons Zéro, By, By-sa, ou encore Art libre. Chaque album sélectionné est disponible en téléchargement sur le site.
J’espère que mon travail pourra faire connaître et ouvrira des perspectives sur cette formidable opportunité qui nous est aujourd’hui offerte.
Qu’est-ce que tu ne nous chanteras pas avec Framazic ?
Précisons tout d’abord que Framazic n’est pas une nouvelle plateforme de musique libre.
Il n’est en aucun cas question de faire concurrence ou de l’ombre à des associations comme Dogmazic qui font très bien et depuis longtemps. Nous hébergeons uniquement quelques morceaux et quelques albums pour donner un premier goût de ce que peut être la musique sous licence libre. Il existe déjà de multiples sites qui hébergent de la musique libre. Mais rares sont ceux qui prennent le temps de tenter d’expliquer clairement ce qu’est une licence libre, une licence de libre diffusion, son fonctionnement, ses enjeux, etc. L’exception est peut-être la documentation de Dogmazic qui est riche quoi qu’assez austère.
À qui est-ce destiné ?
Comme je l’ai indiqué sur le site, ces explications s’adressent à trois publics :
Mais est-ce bien « PUR » ?
Pour faire une belle réponse de normand : ptêt’ ben qu’oui, ptêt’ ben qu’non :)
Oui, parce que la musique libre est légale. La licence libre permet de renverser le sens du droit d’auteur. On passe du restrictif (le fameux « tout droit réservé ») au permissif (« certains droits réservés »). Mais ce changement est légal : l’auteur possède des droits qu’il utilise comme il le souhaite.
Non, parce que nous pensons que la musique non-libre est dans un contexte bien morose, et que Hadopi n’est pas la bonne solution. Pour faire court, on va dire qu’il y a deux principaux problèmes : le système actuel ultra-verrouillé qui répartit bien trop inégalement les revenus issus de la musique, et la soumission des musiciens qui arrivent à percer au bon vouloir des majors.
Les entreprises et organismes faisant parti de « l’industrie culturelle » applique un ancien modèle économique qui a marché, mais qui est maintenant totalement dépassé avec le numérique. Plutôt que de combattre le partage de contenu sur Internet, les majors feraient mieux de repenser leur fonctionnement, leurs offres, leur problématique. Par exemple, se focaliser sur la crise du CD n’a pas de sens : est-ce que l’on va pleurer sur la disparition de la cassette ? Le CD est un support qui appartient au passé, il est normal qu’il disparaisse, alors le prendre comme un indicateur du « mal » que peut causer le téléchargement illégal est juste une énorme blague. De plus, l’intérêt des maisons de disque n’est pas le même que celui des artistes. Crier sur tous les toits que la mort du CD signifie la disparition des artistes (et des bébés phoques) est juste faux. Les principaux perdants dans l’histoire ce sont les majors qui prennent des marges énormes sur les ventes physiques et immatérielles, pas les artistes. Les musiciens ne perçoivent qu’une petite part des bénéfices engendrés via ce canal, ce qui fait que le pourcentage dans leurs revenus des ventes des CD et des fichiers numériques reste faible par rapport aux sommes apportées par les concerts, les diffusions (redistribuées par la Sacem notamment), les produits dérivées, etc.
Trollons : la clause NC c’est du libre ?
J’ai voulu apporter une position claire sur le sujet, en distinguant les licences libres des licences de libre diffusion. Dès que l’on a affaire à une clause NC (pas d’usage commercial) ou ND (pas de modification), la licence ne peut pas être qualifiée de libre, au sens où nous l’entendons nous, c’est-à-dire celui du logiciel libre. Nous avons repris la classification de Wikipédia. D’une part, pour être clair, il faut poser des catégories bien définies. Et d’autre part, je pense honnêtement que dès que l’on utilise une de ces clauses, on restreint la diffusion, ce qui ne permet pas d’assurer la pérennité, la stabilité juridique, et les possibilités de « remix » de la culture. Un exemple concret : la rédaction assez floue de la clause NC dans les Creative Commons 3.0 qui autorise certaines dérives, comme le récent accord Creative Commons-Sacem, et sur lequel je reviendrai dans la question suivante.
Les clauses BY et SA permettent déjà selon moi de bien protéger son œuvre. Par exemple, un publicitaire ne voudra ni s’encombrer de mettre son spot sous licence libre, ni « perdre » quelques caractères pour citer l’artiste, là où la seconde vaut chère. Il préférera signer un contrat et payer le musicien pour lever les clauses qui l’indisposent. Ça n’engage que moi, mais je pense que de manière générale dans la musique, la clause SA permet à peu de chose près d’interdire par défaut (c’est à dire sans l’autorisation du propriétaire des droits) les mêmes utilisations qu’une clause NC, mais avec tous les avantages de la licence vraiment libre. Quelqu’un qui voudra payer pour lever une clause NC, sera aussi prêt à payer pour lever une clause SA. Dire que les modifications doivent porter la même licence est beaucoup plus facile à appliquer, définir, et respecter, que de classifier des cas d’utilisations commerciales et non-commerciales. Ma position est donc claire là-dessus, je ne conseille pas la clause NC.
Pourquoi avoir créé Framazic ?
Il y a plusieurs raisons à cela. La première est que globalement la musique libre reste assez mal connue, même dans le monde du logiciel libre. Et plus généralement j’ai pu constater en parlant à des proches que le fonctionnement du droit d’auteur reste assez mal connu. Par exemple, nombre de personnes pensent que par défaut une création est libre, et qu’il faut faire un dépôt pour profiter de ses droits. Alors qu’en réalité, dès la création, même incomplète, d’une œuvre, elle est déjà protégée par le droit d’auteur. Une musique n’est donc par défaut pas libre. Et sans mention de licence, vous n’avez aucune autorisation sur les morceaux (à part les exceptions prévues par le droit d’auteur).
La deuxième raison, dont on a déjà commencé à parler, est que les plateformes de musique libre fournissent assez peu (ou de manière trop discrète) d’explications. Ou pire, introduisent sciemment ou non de la confusion pour ne pas dire plus. On pense bien sûr à Jamendo, qui, même si le site est joli, commence à se traîner une assez mauvaise réputation. Nous ne détaillerons pas les cas de respect tout relatif des licences et des artistes, mais concentrons nous sur la terminologie employée. Alors qu’après quelques plaintes les termes avaient changés, Jamendo continue de parler de musique « libre de droits ». Autant dire que l’image çi-dessous fait mal aux yeux… Même si libre de droits n’est utilisé qu’une seule fois, c’est dans le titre et donc ce que l’on retient le plus. Quelques explications : La musique libre n’est pas libre de droits. Le libre de droits signifie qu’il n’y a plus de droits d’auteur, on parle donc du domaine public. Ce n’est pas le cas de la musique présente sur Jamendo : elle est encore sous le régime du droit d’auteur. On pourrait résumer ce que dit une licence par « certains droits réservés », autrement dit, la licence libre ne donne pas tous les droits ! Il ne faut donc surtout pas confondre musique libre et musique libre de droits, sinon on piétine le principe du Copyleft.
Ce qui nous amène à un troisième point : j’espère que Framazic à son petit niveau contribuera à défendre l’intégrité de la musique libre. Ne pas confondre libre et libre diffusion, libre et domaine public (même si la musique du domaine public fait aussi partie de la musique libre) sont des points importants à défendre.
Un autre risque actuel de la musique en libre diffusion sur lequel j’ai voulu prendre position, est l’accord passé entre la Sacem et Creative Commons. Vous trouverez plus de détails sur Framazic, mais pour faire court, cet accord pose deux problèmes majeurs. Le premier est que les sociétaires de la Sacem peuvent choisir une licence Creative Commons pour leurs œuvres (ce qui est a priori une bonne nouvelle, puisque signe d’ouverture de la part de la Sacem), mais elle doit forcément comporter la clause NC. Cette obligation est encore un signe de l’axe plus économique que qualitatif qu’elle a pris. Le deuxième, plus pervers, est que la Sacem réinterprète la notion de commercialité, et donc de non-commercialité. Ainsi un grand nombre d’utilisations précédemment considérées comme non-commerciales le deviendront pour les oeuvres bénéficiant de cet accord. Nombre de petites structures sans trésorerie ne peuvent pas se permettre de payer les forfaits de la Sacem. Appliquera-t-elle réellement une vision aussi restreinte de la non-commercialité que ce qu’elle a annoncé dans sa FAQ ? Le mystère reste entier ! Mais ce flou juridique n’est pas de bon augure.
Enfin, Framazic est aussi destiné aux musiciens pour les encourager à utiliser (au moins sur une partie de leur répertoire) des licences libres. Ouvrir les permissions sur ses œuvres, c’est faire tomber les barrières et donc augmenter sa visibilité. Framazic propose aussi un accompagnement pratique, en guidant les musiciens à mettre leurs œuvres sous licences libres. J’espère que ce projet inspirera des musiciens et les encouragera à continuer de créer !
T’es quoi toi ?
Un inconnu qui fait de la trad’ pour Framalang et le Framablog depuis trois ans à mon rythme et plus ou moins souvent :) Je fais partie depuis décembre dernier de l’association (et à 21 ans je suis le plus jeune de l’asso[2]), et ce rôle me tient à cœur. Je dois avouer que gérer, discuter et prévoir l’avenir de ces initiatives aussi diverses que fédèrent Framasoft est aussi passionnant que chronophage ! J’ai réalisé Framazic pendant l’été, durant mes deux mois de stage chez Framasoft, plus environ un mois supplémentaire pour finir. Je suis assez content de vous présenter aujourd’hui ce projet puisque ça représente pas mal d’énergie et d’heures de travail, et parce que c’est ma première contribution de taille au sein de Framasoft.
Quelles évolutions sont à prévoir pour Framazic ?
À l’origine Framazic devait n’être qu’une présentation rapide de la musique libre, et surtout une compilation de morceaux sous licence libre distribuées en CD, DVD, voire sur d’autres supports. J’ai fait évoluer le projet différemment. Je trouvais qu’on pouvait difficilement effleurer le sujet, sans détailler les explications, et faire un travail de fond. De plus, réduire la quantité d’information aurait conduit à s’adresser à un public plus réduit. S’ouvrir par exemple aux diffuseurs est à la fois très intéressant pour la promotion de la musique libre, mais entraîne aussi plus de complexité et un certain niveau de responsabilité.
Bref, j’ai plus orienté le projet sur un travail de contenu assez détaillé, et sur la production de quelques ressources réutilisables (la transcription, traduction et VF d’une vidéo de présentation des Creative Commons, des représentations statistiques de l’extrême concentration qu’on observe sur le marché de la musique, etc.).
Cependant l’idée originelle de faire une sélection de musique plus étendue n’est pas abandonnée ! Nous devrions donc, dans un délai encore inconnu, proposer une sélection plus importante de musique et surtout la diffuser sous forme de supports physiques. Rien n’est figé, tout est envisageable concernant son évolution ! Donc si vous avez une idée géniale, partagez-la avec nous :)
Et si on veut participer ?
Je pense qu’il va en effet y avoir encore du travail. Quelques paragraphes ne sont pas encore rédigés et il doit rester, malgré les nombreuses relectures, des coquilles et fautes d’orthographe. Quelques soient le temps et l’énergie que vous voulez consacrer au projet, n’hésitez pas à nous faire des propositions et à nous remonter des erreurs grâce au formulaire de contact.
Des kids, du code et du cake…
Le 29 septembre dernier je me suis rendu avec Adrienne Alix (Wikimédia France), Frédéric Couchet (April, de dos sur la première photo) et nos enfants respectifs à un « Coding Goûter » parisien.
Jugeant l’expérience tout à fait intéressante, et ma fille aussi (au tableau sur la seconde photo, présentant son travail sur Scratch), j’ai proposé aux organisateurs Julien Dorra, Jonathan Perret et Raphaël Pierquin un entretien pour en savoir plus et donner éventuellement envie d’essaimer.
Bonjour, pouvez-vous vous présenter succinctement ?
Julien : J’anime des communautés techno-créatives :-) C’est à dire que je crée les bonnes conditions pour que des personnes d’horizons différents créent avec les technologies d’aujourd’hui. Dans des universités, pour des institutions, et bien sûr avec Dorkbot Paris, Museomix, ArtGame weekend… et Coding Goûter !
Jonathan et Raphaël : Nous sommes tous les deux papas et développeurs. Nous travaillons chez /ut7, une coopérative d’agilistes. Notre métier, c’est d’aider d’autres développeurs à travailler en équipe. Nous animons aussi des ateliers de co-apprentissage avec des enfants de plus de 25 ans : nos formations, mais aussi Dojo de Développement, Agile Open, Dojo Lean Startup, soirées Cambouis…
Alors un « Coding Goûter » c’est quoi ?
Raphaël : Un Coding Goûter, c’est un rendez-vous festif avec des gâteaux, où petits et grands apprennent à programmer, ensemble.
Julien : C’est aussi un moment pour partager le plaisir de créer des choses avec du code, et d’expérimenter. Et pour les adultes qui, comme moi, ont programmé quand ils étaient enfants mais ont ensuite arrêté d’écrire des programmes – c’est une manière de réveiller une pratique qui était passé au second plan. Il y a des peintres du dimanche, je me revendique comme codeur du dimanche !
Comment l’idée est-elle donc née ?
Julien : J’ai rencontré Jonathan lorsqu’il a participé au premier – et au second ! – ArtGame weekend. Après ça, on a beaucoup discuté de ce que pouvait signifier l’éducation au code, de l’impact des nouveaux outils, à quoi pouvait ressembler un jeu de programmation.
Jonathan : Je cherchais à partager avec mes filles mon métier de développeur, mon plaisir d’écrire des programmes. J’étais frustré de ne pas trouver les moments « à la maison ». D’où l’idée d’un goûter avec des enfants, où l’on programmerait.
Julien : J’ai lancé de mon côté une petite enquête pour mieux comprendre ce que les parents (non tech inclus) pensaient du sujet. Les dizaines de réactions extrêmement diverses nous ont assez étonnés. Cela allait de l’évidence, au dégoût de l’idée même d’apprendre aux enfants à programmer !
Jonathan : Finalement, un matin de décembre 2011, j’ai réalisé que nous avions déjà toutes les cartes en main. Il suffisait de choisir une date, lancer des invitations et ouvrir les bureaux de /ut7 un samedi après-midi.
Raphaël : Quand Jonathan a évoqué son idée, j’étais enthousiaste. Ma motivation première, était de montrer à mes enfants ce qu’était mon métier. Après plusieurs séances, ce qui persiste, c’est le même plaisir que celui de jouer aux LEGO avec mon fils : s’amuser en construisant des choses ensemble.
Vous en êtes désormais à huit Coding Goûters, quel retour d’expérience en faites-vous ? Qu’est-ce qui a bien fonctionné ? Qu’est-ce qui peut être amélioré ?
Julien : On sait qu’il ne faut pas trop d’enfants, 12 c’est bien. On sait aussi que à la maison, ça marche moins bien, on est pas assez hors-contexte. Il y a plein de sollicitations, y compris pour les grands !
Raphaël : Une leçon essentielle que j’ai apprise : quand il s’agit d’apprendre, les adultes sont des enfants comme les autres. Une autre encore : c’est important de ponctuer les goûters avec des pauses où l’on prend le temps de célébrer les réalisations des participants. Une piste d’amélioration : publier un petit manuel pour aider de potentiels organisateurs de Coding Goûters à se lancer.
Est-ce facile de gérer en même temps différentes classes d’âge (quant on sait par exemple les écarts qu’il peut y avoir entre un enfant de 6 ans et de 12 ans) ?
Julien : Cela ne se pose pas dans ces termes. On vient avec nos enfants. Chacun fait.
Raphaël : Nous utilisons le même principe que dans les formations pour adultes de /ut7 : une grande variété d’activités, et la liberté pour chacun de choisir ce dont il a besoin pour apprendre. Ça marche très bien, encore mieux qu’avec des groupes sans enfant.
Julien : Séparer les classes d’âge peut sembler plus facile, mais c’est une homogénéité fictive. Les enfants d’un même âge n’ont ni le même niveau, ni les mêmes envies. Par exemple un enfant de 10 ans avait envie de créer des applications iPad, ce qui l’a motivé pendant tout un goûter pour explorer Xcode et Objective-C. Un grand de 14 ans pendant ce temps-là faisait du RoboZZle.
Plutôt que des séances « one shot » envisagez-vous d’organiser à terme des « Coding Goûter » plus réguliers tout au long de l’année avec le même groupe d’enfants-parents ? Et de ce fait pouvoir alors proposer quelque chose de plus structuré et progressif ?
Julien : Ce ne sont déjà plus des séances uniques, puisque nous avons organisé près d’un Coding Goûter par mois tout au long de 2012. Selon leurs disponibilités, les enfants et les adultes reviennent d’un goûter à l’autre. Mais derrière cette régularité, il n’y a pas de volonté de structurer l’apprentissage, ni d’introduire de la progressivité. C’est un moment d’exploration, de découverte. Le but n’est pas d’enseigner. Le but n’est pas l’acquisition de compétence en soi. De la même manière que l’on ne fait pas faire du dessin aux enfants pour qu’ils acquièrent une compétence technique précise.
Raphaël : Pour moi, le Coding Goûter est avant tout un loisir créatif, famillial et social. De fait, les familles qui participent, ponctuellement ou régulièrement forment une communauté qui crée une continuité entre chaque séance. Néanmoins, nous ne suivons pas de plan d’une séance sur l’autre, et ce n’est pas prévu.
Je me lancerai peut-être un jour dans la construction d’un programme structuré, mais ça sera en plus du Coding Goûter.
Ne pensez-vous pas que les « Coding Goûter » viennent combler une lacune, un vide de l’Education nationale ? Un déficit aussi bien dans le fond (inviter à coder, à créer) que dans la forme (le dispositif pédagogique assez novateur que vous proposez). A moins que vous jugiez que tout va bien et que chacun est à sa place ?
Raphaël : La pauvreté du programme informatique de l’école m’attriste, et le potentiel de progression est énorme. Attention néanmoins : la recette des Coding Goûters n’est pas nécessairement adaptée au contexte de l’école.
Jonathan : Je regrette également de voir que l’école ne donne plus aux enfants l’occasion de découvrir la magie de la programmation, comme nous en avons eu la chance à l’époque du plan « Informatique pour tous », mais elle ne peut peut-être pas tout faire non plus…
Julien : Au cours des prochaines années, on va à nouveau beaucoup entendre parler de l’enseignement de la programmation. La discussion est actuellement très active au Royaume-Uni, cela va revenir en France.
Et tu peux être sûr que cela sera principalement axé sur le « besoin de développeurs pour l’économie numérique ». On n’est pas du tout sur cet axe. On a envie que nos enfants programment, et oui, c’est vrai qu’ils ne le font pas à l’école et c’est dommage – car ils vont passer beaucoup de temps à l’école. Mais on ne cherche pas à fournir des développeurs aux SSII françaises dans 15 ans ! Probablement même le contraire :-)
Est-ce qu’on comble un manque ? Avant tout, on comble un manque… pour nous et nos enfants ! Puis les enfants de nos amis, de nos collègues ;-)
D’une certaine manière, on a été obligés de reconnaître qu’on répondait à un besoin fort, car nous avons des emails réguliers de parents qui veulent en organiser dans leur ville, ou être avertis du prochain goûter. À peine visibles, nous étions déjà sollicités.
Est-ce qu’on peut-être une part de la réponse aux difficultés de l’école de s’ouvrir aux changements sociaux en cours ? Pour l’instant non : on est en parallèle du système scolaire, et nous n’avons aucun lien avec les instances scolaires.
Si je vous dis que les « Coding Goûter » c’est quand même encore un « truc de bobos », vous pensez que c’est juste un gros troll ou bien une remarque valide ?
Raphaël : Quand j’avais 8 ans, dans ma campagne, il y avait un « club informatique » (MO5 rul3z !). C’était comme un Coding Goûter, mais sans les gâteaux. Ça me passionnait, je n’étais pas le seul, et personne ne s’en étonnait. On ne connaissait pas encore le mot « bobo », ni le mot « troll », d’ailleurs. Cela dit, oui, je suis bobo, et troll-proof, aussi.
Jonathan : La contrainte que nous avons mise pour l’accès au Coding Goûter, à savoir le fait de faire participer parents et enfants ensemble, crée probablement une barrière pour certaines familles où tout simplement les activités partagées ne sont pas la norme. Je ne peux qu’espérer que d’autres formats existeront pour donner à chaque enfant une chance de découvrir la programmation.
Julien : Coding Goûter est issu de parents qui apprécient la culture du code, et qui ont envie de la partager avec leur enfants. Il y a eu des réactions vaguement négatives. La ligne de partage ne semble pas être le niveau d’études, le niveau d’intellectualisme ou le revenu, mais plus la vision de la technologie comme quelque chose de positif, créatif, avec un empowerment possible ou comme un aspect négatif et enfermant de la vie contemporaine.
À ma connaissance, il y a des enfants de tout milieu qui ont envie de coder.
À l’opposé, il y a des parents de milieux aisés qui n’ont aucune motivation pour encourager leurs enfants à programmer, et même au contraire, y sont hostiles.
Maintenant, si la vraie question est « quelle diversité pour les Coding Goûter ? » on peut noter que nous avons déjà une parité fille-garçon des enfants qui est unique pour des sessions de programmation mixte (en fait, on a même toujours eu plus de filles que de garçons…).
C’est un bon signe. Il y a un effet de réseau sur les parents, c’est certain, tout simplement car on est un tout petit groupe qui grandit de proche en proche. Mais du coup, il y a peu de pression de sélection sur les enfants.
Plus concrètement, quels sont, dans le détail, les logiciels que vous proposez ? Quels sont leurs spécificités ? Pourquoi les avoir choisis ?
Julien : On a testé beaucoup de choses, et on continue de tester des nouveaux outils. Il y a des choses incroyables qui se passent du côté des outils web, dans le navigateur. J’ai adoré faire du LiveCodeLab avec des ados, en particulier.
Mais les grands classiques comme Scratch sont toujours aussi intéressants.
Le choix se fait sur la facilité de prise en main, le niveau des enfants (et des adultes !), le but (si un enfant veut faire un jeu sur tablette, on va l’orienter vers GameSalad, par exemple), et les découvertes du moment.
Raphaël : Pour les logiciels : à chaque séance, on en essaye de nouveaux, et on garde ceux qui nous plaisent.
Je choisis les logiciels en fonction du ou des participants qui programment avec moi, par exemple avec un enfant qui ne sait pas encore lire, ou avec un ingénieur, j’aime bien commencer avec RoboZZle, tandis qu’avec des enfants de 5 à 7 ans, on se raconte une histoire, et on construit un jeu petit à petit sur Scratch. Même si ils ne conçoivent qu’une petite partie de l’algo, le plaisir d’avoir créé est bien là ! En général, on arrête de programmer quand ça devient plus amusant de jouer que de créer le jeu.
Scratch est aussi idéal pour la tranche d’âge intermédiaire : souvent, des groupes de deux ou trois enfants de 8 à 50 ans se forment. Ils suffit de les mettre sur la voie, et ils parviennent à créer des programmes, en s’appuyant sur les participants les plus expérimentés (pas nécessairement les plus âgés). Et avec des garçons pré-ados, on a tenté de construire un circuit logique dans un univers virtuel (Minecraft). Pas facile de faire collaborer tous ces avatars !
Comprenez-vous ceux qui (comme nous) souhaitent que les logiciels proposés soient « le plus libre possible » ?
Raphaël : Oui. Et d’ailleurs, goûter au plaisir d’utiliser du code que l’on a écrit soi-même, c’est faire un premier pas dans les traces qui mènent au logiciel libre, non ?
Jonathan : Je trouve cela assez sain. Au quotidien, je n’utilise pas que des logiciels libres, mais quand j’en ai l’occasion j’essaie d’expliquer à mes enfants ce qu’est un logiciel libre afin qu’elles puissent plus tard faire des choix informés.
Julien : Le logiciel libre fonctionne évidemment en harmonie avec les pratiques d’appropriations collectives.
Il y a des raisons idéologiques à ça, mais il y a aussi des raisons pratiques. Un exemple très concret : les enfants français ont besoin que les interfaces, la documentation, les exemples, soient traduits en français. Un outil libre est traduisible dès que la communauté le veut.
Par exemple, j’ai pris l’initiative de traduire LiveCodeLab, les tutoriaux en particulier, car je trouvais que c’était un outil fascinant, et je voulais voir comment les enfants et les ados allaient l’utiliser. Un code ouvert et un développeur amical, et cela a pris quelques heures !
Cela dit, j’aime les contradictions. Tester tous les outils, c’est se confronter, et confronter les enfants les plus grands, aux choix de leurs outils, aux système parfaits mais propriétaires et verticaux, aux possibilités des outils ouverts d’être modifiés, aux rythme d’évolutions des outils qui ne sont pas les mêmes.
De fait, des outils payants et fermés auront bien sûr bien moins de succès dans le contexte des Coding Goûters que des outils libres. La partie grise ce sont les outils propriétaires gratuits ou freemium très bien réalisés, comme GameSalad, qui ont une position unique et intéressante. On aime GameSalad comme on aime Photoshop, ou Google Docs. Un bel outil logiciel reste un bel outil logiciel.
Est-ce que vous avez déposé le nom et le concept de « Coding Goûter » ? Comme j’imagine que non, cela signifie que tout le monde peut en organiser ! Vous connaissant un peu, j’imagine même que c’est quelque chose que vous encouragez. Quels conseils donneriez-vous donc, comment vous contacter et trouver trace des « Coding Goûter » précédents ?
Jonathan : Pas de marque déposée effectivement. L’idéal serait au contraire que le mot devienne aussi banal que « week-end » ou « pique-nique » !
Julien : On encourage tout le monde à organiser des Coding Goûters, bien sûr !
On imagine que dans quelques temps, il y aura des Coding Goûter un peu partout en France, et ailleurs, et que nos enfants pourront y participer où qu’ils soient, se faire de nouvelles copines et de nouveaux copains.
Ce qui ne doit pas arriver, c’est de laisser le concept être avalé par les habitudes antérieures, et devenir trop scolaire ou trop orienté-animateur et donc moins exploratoire et moins dirigé par les désirs créatifs des enfants.
Si vous participez avec vos enfants à un Coding Goûter, vous savez que ça ne sera pas un cours ou un tutoriel, que vous pourrez rester avec vos enfants, qu’il y aura des démo-spectacles par les enfants – et des gâteaux ! Ce sont tous ces petits détails qui comptent pour nous.
Le format est encore en évolution, on teste des choses – mais on tient énormément à l’esprit.
Un dernier mot, un prochain rendez-vous ?
Julien : Il y a des Coding Goûter presque tous les mois. Pour être averti du prochain, il suffit d’envoyer un message à contact AT codinggouter.org, ou de fréquenter notre groupe Facebook.
Raphaël : A ceux qui voudraient organiser leur Coding Goûter : lancez-vous ! Si vous ne savez pas comment vous y prendre, venez nous voir, ou mieux : demandez de l’aide à vos enfants.
Nous sommes tellement contents de vous présenter ce nouvel opus Framabook que nous allons le faire deux fois :
(par son auteur même, c’était bien le moins)
(parce qu’on sait aussi être sérieux parfois)
Des journées portes-ouvertes dans un laboratoire de mathématiques fondamentales, ça n’a rien de très excitant. Sauf lorsqu’on y découvre un mystérieux modem temporel qui pourrait bien amener les trois amis bien plus loin qu’ils n’auraient pu l’imaginer…
Pour cette 4e aventure, Gee (Simon Giraudot) met sa verve et son humour au service d’un conte retourverslefuturiste à la morale joyeusement libertaire. Au programme : voyage dans le temps over-clocké, redémarrage de systèmes totalitaires, et compilation de piques sur les brevets et la propriété intellectuelle !
Depuis 3 ans qu’il tient le blog geektionnerd.net (sans oublier sa chronique hebdomadaire ici-même), Gee a eu le temps d’affiner sa plume. Sur son site, il alterne des planches de courtes définitions, et les longs récits publiés dans la collection Framabook. Cette 4e histoire est forte de cette expérience. Les références geeks sont présentes et pointues, tout en restant accessibles pour l’internaute lambda. Trouvant un bel équilibre entre narration et humour, le récit de Gee sort ses héros de leur quotidien, et séduit par son audace. Une BD libre à lire pour réfléchir, pour rire et pour le plaisir.
Quoi, Framalab ? Encore un néologisme au préfixe « Frama » !
Mais cette fois-ci ce n’est pas une nouveauté proprement dite. Il s’agit de l’espace portail où nous entreposons un certains nombres de nos projets, qu’ils soient encore dans le cartons ou déjà en production mais considérés pour plusieurs raisons comme des versions « alpha » ou « bêta ».
Si nous étions open source on pourrait parler de « lieu d’incubation », mais comme nous sommes plutôt logiciel libre on va dire que c’est notre joyeux bazar (plus ou moins) organisé ;)
Nous ne vous détaillerons pas ici les projets qui y figurent parce que le principe c’est que ça tourne tout le temps.
Certains deviendront, qui sait, de futurs grands succès de notre réseau (certains le sont même déjà un peu à notre échelle à nous). D’autres ne verront peut-être jamais le jour (surtout si on ne relève pas nos finances actuelles, rappel subtil et subliminal quant à la possibilité de nous soutenir). Et il y a tous ceux qui vont arriver dans le futur car ce ne sont pas les idées qui manquent (ce qui manque c’est… bon on ne va pas recommencer !).
Vous y trouverez des projets déjà connus, mais en descendant plus bas dans la page d’accueil, il se pourrait bien que vous fassiez quelques découvertes…
Aujourd’hui c’est le top départ de la désormais traditionnelle levée de fonds annuelle et internationale visant à financer et soutenir tous les projets de la fondation Wikimedia, l’encyclopédie Wikipédia en tête.
Vous ne le savez peut-être pas mais les dons collectés en France se partagent pour moitié entre la fondation et l’association Wikimédia France.
Il y a deux ans nous avions relayé un excellent reportage de la télévision suisse qui précisait la destination et illustrait l’usage des dons helvètes. Cette année nous vous proposons de mettre modestement en avant une action parmi tant d’autres de Wikimédia France : le partenariat avec le Musée de Cluny.
Je cite ce dernier (Elisabeth Taburet-Delahaye Conservateur général du Patrimoine, directrice du musée de Cluny et Claire Séguret Responsable adjointe Communication et Mécénat, musée de Cluny sur le blog du Ministère de la Culture) :
L’encyclopédie Wikipedia est aujourd’hui au cœur des pratiques quotidiennes de nos visiteurs, mais également des universitaires et des conservateurs. En mars 2012, Wikimedia Foundation se classe 5e groupe français en terme d’audience sur Internet.
En étant présent sur cette formidable plateforme, le musée répond à sa mission première de diffusion du savoir et va à la rencontre d’un large public. L’amélioration d’articles existants ou la création de nouvelles entrées sont également une possibilité pour l’établissement, au moment même de la refonte de son site, de sensibiliser ses équipes aux spécificités de l’écriture pour le web, mais aussi aux notions d’outil collaboratif ou à la question des licences libres. C’est également l’occasion d’un travail collectif au sein du musée, transcendant les habituels cloisonnements.
Et c’est ainsi que deux ateliers ont été organisés en juin dernier. Pour en savoir davantage nous vous invitons à écouter le très intéressant entretien ci-dessous (vidéo réalisée par Buzzeum).
Mais ce qui est également intéressant c’est l’originalité de la toute première prise de contact dont il est rapidement fait mention dans l’entretien : un simple tweet d’Adrienne Charmet-Alix, directrice des programmes de l’association, s’étonnant du peu d’informations concernant un objet du musée, le peigne liturgique. Et rien non plus sur Wikipédia, pas d’article !
Qu’à cela ne tienne, une fois à la maison elle s’attelle à la tâche pour réparer cette incongruité. Mais nouveau problème : l’absence d’image pour illustrer le propos, tant il est vrai qu’il y a des articles qui se bonifient grandement avec des photos ad hoc
Alors elle interpelle gentiment le compte Twitter du musée via son propre compte :
@museecluny j’ai créé sur #wikipedia l’article Peigne liturgique suite à ma visite dimanche http://bit.ly/kq8sGQ , vs auriez des photos 1/2
— Adrienne CharmetAlix (@AdrienneAlix) Mai 17, 2011
Et :
@museecluny à fournir à partir de vos collections (ou prises par vous) pr illustrer mieux l’article ? Et pourquoi pas du contenu ? 2/2
— Adrienne CharmetAlix (@AdrienneAlix) Mai 17, 2011
Ceci fit prendre conscience à l’animatrice du compte (en l’occurrence Claire Séguret) qu’il y avait une demande et un besoin. Et c’est ainsi que l’aventure commença…
Fin de l’histoire, Je peux désormais vous donner le lien vers l’article (illustré) Peigne liturgique de Wikipédia et vous inviter à suivre ce lien ;)
Pendant que nous sommes tout occupés à paramétrer notre smartphones ou à répondre par un « poke » à un « poke » de nos amis Facebook, l’industrie du copyright fait pression et participe à mettre en place des lois qui dessinent les contours d’un monde assez terrifiant pour nos libertés.
Et ce n’est pas, comme on l’affirme souvent, qu’elle ne capte rien à Internet. C’est au contraire parce qu’elle a trop bien compris les dangers qui la menacent.
Un billet cinglant de Rick Falkvinge, que nous aimons beaucoup traduire par ici, et qui vient d’ouvrir une section française de son blog grâce au dynamisme de Paul Neitse et de Jean-Marc Manach. D’ailleurs, zut alors, je m’aperçois au moment de la mise en ligne que ce dernier a déjà traduit l’article en question ! Bon, tant pis, ça fera deux versions, c’est aussi cela les licences libres ;)
How The Copyright Industry Drives A Big Brother Dystopia
Rick Falkvinge - 12 novembre 2012 - Blog personnel
(Traduction : Mnyo, ehsavoie, lgodard, @paul_playe, ordiclic, PostBlue)
Bien trop souvent, j’entends que l’industrie du copyright ne comprend pas Internet, ne comprend pas la génération du net, ne comprend pas à quel point la technologie a changé. Non seulement c’est faux, mais c’est dangereusement faux. Pour vaincre un adversaire, vous devez d’abord comprendre comment il pense plutôt que de le présenter comme le mal. L’industrie du copyright comprend exactement ce qu’est Internet, et qu’il doit être détruit pour que cette industrie garde un soupçon de pertinence.
Regardez les lois qui sont proposées en ce moment : écoutes téléphoniques généralisées. fichage des citoyens, exile par excommunication… Toutes ces lois poursuivent un dessein commun : elles ont pour but de recentraliser les autorisations pour publier idées, connaissances et culture, et punir avec une sévérité totalement disproportionnée quiconque se mettrait en travers du chemin des gardiens.
Être en position de gardien, ou avoir eu ce poste de gardien, apprend à quiconque ce qu’est le pouvoir, dans le pire sens du terme. Si vous pouvez décider quels seront la culture, le savoir et les idées dont pourront profiter les gens - si vous avez la position pour dire si oui ou non une idée sera publiée - alors cela va bien au-delà du pouvoir de la simple publication. Cela vous met en position de choisir. Cela vous met dans une position où vous décidez quel sera le cadre de référence pour tout le monde. Cela vous donne littéralement le pouvoir de décider ce que les gens diront, ressentiront et penseront.
La possibilité de partager idées, culture, et connaissance sans permission ou traçage est inscrite dans les fondements du net, comme c’était le cas pour le service postal lors de sa création. Quand nous envoyons une lettre par courrier, nous et nous seuls choisissons si nous nous identifions comme expéditeur sur l’enveloppe, dans le courrier pour le seul destinataire, ou pas du tout. De plus, personne n’ouvrira nos enveloppes scelées durant le voyage juste pour vérifier ce que nous envoyons.
L’internet reproduit cela. Il est parfaitement raisonnable que nos enfants y aient les même droits que ce qu’ont pu avoir leurs parents. Mais si nos enfants ont ces même droits, dans un milieu où ils communiquent, cela rend une partie de certaines industries obsolètes. C’est donc ce que l’industrie des ayant-droit essaie de détruire.
Ils font pression pour des lois qui introduisent l’identification et le traçage de nos logs de connexion. L’industrie du copyright a été l’un des plus forts soutien de la directive de rétention des données en Europe, qui impose l’enregistrement de nos communications, pas les contenus mais le journal et l’historique de nos sessions (qui avons-nous contacté ? quand ? pour quelle durée ? et ce pendant un temps significatif. Ce sont des données qu’il était absolument interdit de conserver auparavant pour des questions de vie privée. L’industrie du copyright s’est arrangée pour tourner cette interdiction en obligation.
Ils font pression pour introduire des lois impliquant la responsabilité (pénale) à tous les niveaux. Une famille de quatre personnes peut être traduite en justice par un cartel d’industries, dans un salle d’audience où la présomption d’innocence n’existe pas (en procédure au civil). Et ils militent pour que les transporteurs de courriers scellés soient responsables des messages qu’ils transportent. Cela va à l’encontre de siècles de pratique des services postaux en acceptant leurs desiderata extrajudiciaires, en dehors des salles d’audience où les gens ont encore des droits minimums à se défendre.
Ils font pression pour des lois qui introduisent les écoutes téléphoniques pour des populations entières et agissent en justice pour le droit de le faire avant que cela ne devienne la loi. Ils l’ont fait de toute façon sans le dire à personne.
Ils font pression pour des lois permettant d’envoyer des gens en exil (en leur supprimant l’accès au net), les empêchant d’exercer leur fonction dans la société, s’ils écrivent ce qu’il ne faut pas dans des lettres scellées.
Ils font pression pour des lois de censure active comme nous n’en avions plus connues depuis un siècle, utilisant la pédopornographie comme cheval de Troie (qui n’a aucun effet, bien au contraire, sur cette dernière).
Ils font pression pour des lois introduisant une traçabilité, même pour des délits mineurs, incluant spécifiquement le partage de la culture (qui ne devrait pas évidemment pas être un délit). Dans certains cas, lorsqu’il s’agit de violer la vie privée, ces lois donnent à l’industrie du copyright des droits plus forts qu’elle n’en donne aux forces de police.
Réunissons ces lois iniques et il va être enfin possible, enfin, de se de se débarrasser de notre liberté d’expression et de nos droits fondamentaux, tout ça pour soutenir une industrie non-nécessaire. Cela crée un Big Brother cauchemardesque, au delà de ce qu’auraient jamais pu imaginer les gens il y a à peine une décennie. Ma sempiternelle question est la suivante : pourquoi les gens préfèrent-ils s’accommoder de cela au lieu de fracasser la chaise la plus proche sur la tronche de ces bâtards ?
Par exemple, nous avons entendu dire que les FAI (Fournisseur d’Accès à Internet) des États-Unis d’Amérique vont commencer à se soumettre aux diktats de l’industrie du copyright dans le traitement de ses propres clients, jusqu’à les déposséder de leur citoyenneté et de leur droit à l’anonymat. Un jeu que l’on pourrait appeler : j’envoie mamie dans le box des accusés. Un cas d’école de mauvaises relations avec la clientèle dans les futurs manuels de marketing : faire en sorte que vos clients puissent être traduits en justice (et perdre) par des organisations industrielles dans un jeu truqué où ils ne sont mêmes pas présumés innocents. Sérieusement, à quoi pensent donc les FAI ?
Aujourd’hui, nous exerçons nos droits fondamentaux - le droit à la vie privée, le droit à l’expression, le droit à la correspondance, le droit de s’associer, le droit de se réunir, le droit à une presse indépendante, et bien d’autres droits - par le biais de l’Internet. Par conséquent, un accès anonyme et non censuré à Internet est devenu un droit aussi fondamental que les droits que nous exerçons à travers lui.
Si cela veut dire qu’une industrie stupide qui fait de fines galettes de plastique ne peut plus faire d’argent, peu me chaut qu’ils fassent faillite ou vendent de la mayonnaise à la place.
C’est leur problème.
Crédit photo : Thomas Leuthard (Creative Commons By)
Ce que la culture du libre dans la mode peut nous apprendre (en version originale Lessons from fashion’s free culture) , tel est le titre d’une conférence TED de Johanna Blakley.
Elle nous a tant est si bien impressionnés que nous avons décidé de l’extraire du millier d’excellentes autres interventions pour la mettre un peu en lumière ici, car elle entre souvent directement en résonance avec la ligne éditoriale de ce blog.
Et nous avons enfin compris pourquoi le diable s’habillait en Prada :)
Johanna Blakley: Lessons from fashion’s free culture
Licence Creative Comonns By-Nc-Nd
J’ai entendu une histoire incroyable sur Miuccia Prada. C’est une créatrice de mode italienne. Elle va dans une boutique vintage à Paris avec une amie. Elle fouille. Elle trouve une veste Balenciaga. Elle l’adore. Elle l’examine sous tous les angles. Elle regarde les coutures. Elle regarde la confection. Son amie lui dit « Mais achète-là. » Elle répond, « Je vais l’acheter, mais je vais aussi la reproduire. » Bon, les universitaires dans le public doivent se dire « C’est du plagiat, ça. » Mais en réalité, pour une fashionista, c’est le signe du génie de Miuccia Prada : elle peut fouiller dans l’histoire de la mode et choisir LA veste qui n’a pas besoin de changer d’un iota, et qui est actuelle, pile dans l’esprit du moment.
On peut aussi se demander si c’est illégal pour elle de faire cela. En fait, ce n’est pas illégal. Dans le secteur de la mode, il n’existe que très peu de protection de la propriété intellectuelle. Il y a la protection de la marque commerciale, mais pas de protection du droit d’auteur, et aucune véritable protection sous brevet. La seule vraie protection est celle de la marque commerciale. Cela implique que n’importe qui peut copier n’importe quel vêtement porté par n’importe qui dans cette pièce et le vendre comme sa propre création. La seule chose qui ne puisse pas être copiée, c’est l’étiquette de la marque commerciale attachée au vêtement. C’est une des raisons pour lesquelles on voit des logos affichés sur tous ces produits. C’est parce que c’est beaucoup plus dur pour les copieurs de copier ces créations parce qu’ils ne peuvent pas copier le logo. Mais si vous allez dans Santee Alley (ndlr : un quartier de Los Angeles connu pour la contrefaçon), oui. Oh, oui. Dans Canal Street (ndlr : une rue commerçante de New York), je sais. Et parfois c’est sympa, n’est-ce-pas.
Donc, la raison de tout cela, la raison pour laquelle le secteur de la mode n’a pas de protection du droit d’auteur c’est parce que les tribunaux ont décidé il y a longtemps que les vêtements ont un caractère trop utilitaire pour être éligible à la protection du droit d’auteur. Ils ne veulent pas qu’une poignée de créateurs détiennent les éléments de base de notre habillement. Sinon tous les autres devraient payer une licence pour un poignet ou une manche parce Machin Bidule en est propriétaire. Mais trop utilitaire ? C’est comme ça que vous qualifiez la mode ? C’est du Vivienne Westwood. Non. On peut éventuellement dire que la mode est trop bête, trop inutile.
Mais, ceux d’entre vous qui connaissent bien le raisonnement derrière la protection du droit d’auteur, qui est que sans droit de propriété, il n’y a pas de moteur à l’innovation, peuvent être réellement surpris par, à la fois, le succès critique du secteur de la mode ainsi que sa réussite économique. Ce que je vais vous présenter aujourd’hui est que parce qu’il n’y a pas de protection du droit d’auteur dans le secteur de la mode, les créateurs de mode ont en fait eu la possibilité d’élever la création utilitaire, des choses pour couvrir nos corps nus, à une chose perçue comme un art. Comme il n’y a pas de protection du droit d’auteur dans ce secteur, il y a un système de créativité très ouvert et créatif.
Contrairement à leurs cousins dans la création, les sculpteurs, les photographes, les réalisateurs ou les musiciens, les créateurs de mode peuvent piocher dans toutes les créations de leurs pairs. Ils peuvent prendre n’importe quel élément de n’importe quel vêtement dans l’histoire de la mode et l’intégrer à leur propre création. Ils sont également célèbres pour, vous savez, surfer sur l’air du temps. Et là, je les soupçonne d’avoir été influencés par les costumes d’Avatar. Peut-être un tout petit peu. Impossible aussi de déposer les droits sur un costume.
Donc, les créateurs de mode possèdent la palette la plus large qu’on puisse imaginer dans le secteur de la création. Cette robe de mariée, là, est faite de fourchettes jetables. Et cette robe est faite d’aluminium. J’ai entendu dire que cette robe fait un bruit de carillon éolien quand on marche. Donc, l’un des effets secondaires magiques d’une culture de la copie, ce qui est le cas ici en fait, c’est que des tendances se mettent en place. Les gens pensent que c’est magique. Comment ça se fait ? Eh bien, c’est parce que les gens ont le droit de se copier les uns les autres.
Certains croient que quelques personnes au sommet de la chaîne alimentaire de la mode dictent, en quelque sorte, ce que nous allons porter. Mais si on parle à un créateur de n’importe quel niveau, y compris ces créateurs de haut vol, ils disent toujours que leur principale source d’inspiration, c’est la rue, où les gens comme vous et moi refont à notre sauce personnelle nos propres looks vestimentaires, et c’est véritablement là qu’ils trouvent une bonne part de leur inspiration créatrice. Donc, c’est un secteur où le haut comme le bas dictent la tendance.
Maintenant, les géants de la mode à consommer ont probablement le plus bénéficié de l’absence de protection du droit d’auteur dans la mode. Ils sont réputés pour reproduire des créations de luxe et les vendre à très bas prix. Et ils ont dû subir beaucoup de procès, mais en général, les créateurs ne gagnent pas ces procès. Les tribunaux ont répété encore et encore, « Vous n’avez pas besoin d’une protection de propriété intellectuelle supplémentaire. » Quand on voit des copies comme celle-là, on se demande, mais comment les marques de luxe arrivent-elles à survivre ? Si on peut avoir ça pour 200 euros, pourquoi en payer mille ? C’est une des raisons pour laquelle nous avons fait une conférence ici, à l’USC (ndlr : University of Southern California - Université de Californie du Sud), il y a quelques années. On a invité Tom Ford. La conférence était intitulée : « Prêts à partager : la mode et la propriété de la créativité. » Et nous lui avons posé cette question, mot pour mot. Voilà sa réponse. Il venait de faire un passage réussi chez Gucci en tant que créateur principal, au cas où vous ne le saviez pas.
Tom Ford : « Et nous avons découvert après une recherche extensive pas si extensive que ça en fait, une recherche assez simple, que le client de la contrefaçon n’était pas notre client. »
Imaginez. Les clients des boutiques de Santee Alley ne sont pas ceux qui vont faire du shopping chez Gucci. (Rires) C’est un segment très différent. Et vous savez, une contrefaçon, ce n’est jamais pareil qu’une création originale de luxe, du moins en termes de matières, les matières sont toujours moins chères. Mais parfois, même une version moins chère peut avoir des côtés charmants, peut inspirer encore un peu de vie dans une tendance à l’agonie. La copie a beaucoup de qualités. L’une d’elles, soulignée par de nombreux critiques culturels, est que nous disposons maintenant d’un éventail de choix bien plus large que jamais auparavant dans les créations. En fait, c’est surtout grâce à la mode à consommer. Et c’est une bonne chose. Nous avons besoin d’un large éventail de choix.
La mode, que vous le vouliez ou non, vous aide à projeter votre identité face au monde. A cause de la mode à consommer, les tendances mondiales s’établissent bien plus vite qu’auparavant. Et en fait, c’est bon pour les faiseurs de tendance. Ils veulent que les tendances soient en place afin de pouvoir changer de produit. Les fashionistas veulent garder un temps d’avance sur la mode. Elles ne veulent pas porter la même chose que tout le monde. Ainsi, elles veulent passer à la prochaine tendance dès que possible.
Je vous le dis, pas de répit pour les modeux. A chaque saison, ces créateurs doivent lutter pour trouver la nouvelle idée formidable que tout le monde va adorer. Et ça, laissez-moi vous le dire, c’est très bon pour les bénéfices. Maintenant, bien sûr, il y a un tas d’effets secondaires provoqués par la culture de la copie sur le processus créatif. Stuart Weitzman est un créateur de chaussures qui a beaucoup de succès. Il s’est beaucoup plaint du fait que les gens le copient. Mais dans une interview que j’ai lue, il a dit que ça l’a vraiment forcé à améliorer sa production. Il a dû trouver de nouvelles idées, de nouvelles choses difficiles à copier. Il a trouvé ce talon compensé Bowden qui doit être fabriqué en acier ou en titane. Si on le fabrique à partir d’un matériau moins cher, il va se fissurer en deux. Ca l’a forcé à être un peu plus innovant.
Et en fait, ça m’a rappelé ce grand du jazz, Charlie Parker. Je ne sais pas si vous avez entendu cette anecdote, mais moi si. Il a dit que l’une des raisons pour lesquelles il avait inventé le be-bop c’est qu’il était quasiment sûr que les musiciens blancs ne sauraient pas reproduire la sonorité. Il voulait que ça soit difficile à copier. C’est ce que les créateurs de mode font tout le temps. Ils essayent de construire un look caractéristique, une esthétique, qui reflète leur identité. Quand d’autres le copient, tout le monde le sait parce qu’ils ont fait défiler ce look sur le podium, et que c’est une esthétique cohérente.
J’adore ces créations de Galliano. Ok, on passe à la suite.
C’est assez semblable au monde des comiques. Je ne sais pas si vous saviez que les blagues ne peuvent pas être non plus déposées sous droit d’auteur. Donc, quand les phrases drôles étaient vraiment à la mode, tout le monde se les piquait. Mais maintenant, nous avons un autre type de comique. Ils développent un personnage, un style caractéristique, vraiment comme les créateurs de mode. Et leurs blagues, comme les créations d’un créateur de mode, ne marchent vraiment que dans cette esthétique. Si quelqu’un vole une blague à Larry David (ndlr : un humoriste américain), par exemple, ce n’est pas aussi drôle.
Ce que font aussi les créateurs de mode pour survivre dans la culture de la copie, c’est d’apprendre à se copier eux-mêmes. Ils se copient tout seuls. Ils concluent des accords avec les géants de la mode à consommer, et ils trouvent un moyen de vendre leur produit à un tout nouveau segment du marché, le marché des clients de la contrefaçon.
Bon, certains créateurs de mode vont dire, « Il n’y a qu’aux Etats-Unis qu’on ne nous respecte pas. Dans les autres pays, il existe une protection pour nos créations artistiques. » Mais si on se penche sur les deux autres marchés majeurs du monde, il s’avère que la protection offerte est inefficace en réalité. Au Japon, par exemple, qui est le troisième marché, je crois, ils ont une loi sur les créations qui protège les vêtements mais le niveau pour prétendre à la nouveauté est si élevé qu’il faut prouver que le vêtement n’existait pas du tout auparavant. Il doit être totalement unique. C’est à peu près le niveau d’originalité d’un brevet aux Etats-Unis, que les créateurs de mode n’atteignent jamais, n’atteignent que rarement ici aux Etats-Unis.
Dans l’Union Européenne, ils ont choisi la direction opposée. Un niveau de nouveauté très bas, tout le monde peut déposer quelque chose. Mais même si c’est le foyer du secteur de la mode à consommer et qu’on y trouve beaucoup de créateurs de luxe, en général, ils ne déposent pas leurs vêtements, et il n’y a pas beaucoup de procès. Il s’avère que le niveau d’originalité est trop bas. Quelqu’un peut débarquer, prendre la robe de quelqu’un d’autre, couper sept centimètres en bas, aller en U.E. et le déposer en tant que création nouvelle et originale. Donc ça n’arrête pas les artistes de la contrefaçon. En fait, si on regarde le registre, bon nombre des créations qui y sont déposées sont des t-shirts Nike quasi identiques les uns aux autres.
Mais ça n’a pas découragé Diane von Furstenberg. Elle est la présidente du Comité des créateurs de mode d’Amérique, et a dit à ses électeurs qu’elle allait obtenir la protection du copyright pour les créations de mode. Cependant, les revendeurs ont pulvérisé ce concept. Je ne pense pas que la législation aboutisse à grand-chose. Parce qu’ils comprennent à quel point il est difficile de faire la distinction entre une création piratée et quelque chose qui fait partie d’une tendance mondiale. Qui est le propriétaire d’un look ? Il est très difficile de répondre à cette question. Pour cela, il faut beaucoup d’avocats et beaucoup de temps devant les tribunaux. Et les magasins ont décidé que ce serait bien trop cher.
Vous savez, le secteur de la mode n’est pas le seul à ne pas bénéficier la protection du droit d’auteur. Beaucoup d’autres secteurs n’ont pas de telle protection y compris le secteur alimentaire. On ne peut pas déposer légalement sur une recette de cuisine parce que c’est une série d’instructions, ce sont des faits. Et on ne peut pas déposer légalement l’apparence et la saveur d’un plat, aussi unique soit-il. Pareil pour les automobiles. Peu importe leur apparence déjantée ou cool, impossible de déposer légalement la création de la carrosserie. C’est un utilitaire, voilà pourquoi. Pareil pour le mobilier. C’est trop utilitaire. Les tours de magie, je crois que ce sont des instructions, un peu comme des recettes. Pas de protection du droit d’auteur non plus. Pour les coiffures, pas de protection aussi. Pour le logiciel en open source, les codeurs ont décidé qu’ils ne voulaient pas de la protection du droit d’auteur. Ils se sont dits qu’ils seraient plus innovants sans ça. C’est très dur d’obtenir une protection pour des bases de données. Les tatoueurs, ils n’en veulent pas ; ce n’est pas cool. Ils partagent leurs créations. Les blagues, pas de protection. Les feux d’artifice. Les règles des jeux. L’odeur d’un parfum, non. Et certains de ces secteurs peuvent vous paraître un peu en marge, mais voici les chiffres de vente bruts des secteurs avec une propriété intellectuelle faible, des secteurs avec très peu de protection du droit d’auteur. Et voilà les chiffres bruts des films et des livres. (Applaudissements) C’est pas beau à voir.
(Applaudissement)
Donc, on parle aux gens de la mode et ils font « Chut ! » Ne dites à personne qu’on a le droit de se voler nos créations. C’est gênant.« Mais vous savez quoi, c’est révolutionnaire. Et c’est un modèle que beaucoup d’autres secteurs, comme ceux qu’on vient juste de voir avec les toutes petites barres, ces secteurs pourraient y réfléchir, parce qu’en ce moment, ces secteurs fortement protégés par le droit d’auteur fonctionnent dans une atmosphère où il semble qu’ils n’aient aucune protection. Et ils ne savent pas quoi faire.
Quand j’ai découvert que tout un tas de secteurs n’étaient pas protégés, j’ai pensé : quelle est exactement la logique sous-jacente ? J’ai besoin d’une image, les avocats ne donnent pas d’image. Donc je m’en suis faite une. Voici les deux principales oppositions, en quelques sortes binaires, dans la logique du droit d’auteur. C’est plus complexe que ça, mais cette image fera l’affaire. Premièrement, l’objet est-elle un objet d’art ? Alors il mérite d’être protégé. Est-ce un objet utilitaire ? Alors non, il ne mérite pas d’être protégé. C’est une opposition binaire difficile et instable.
L’autre, c’est : est-ce une idée ? Est-ce une chose qui a besoin de circuler librement dans une société libre ? Pas de protection. Ou est-ce sur un support matériel, une expression d’une idée, une chose faite par quelqu’un, qui mérite de la posséder à un moment et de gagner de l’argent avec. Le problème est que la technologie numérique a complètement changé la logique de ce concept « support matériel contre idée. » De nos jours, on ne reconnaît pas vraiment un livre en tant qu’objet sur une étagère ou la musique comme une chose étant un objet matériel qu’on tient dans les mains. C’est un fichier numérique. C’est à peine reliée à une réalité matérielle dans notre esprit. Et ces choses, comme nous pouvons les copier et les transmettre si facilement, circulent dans notre culture beaucoup plus comme des idées que comme des objets ayant une substance matérielle.
Maintenant, les questions conceptuelles sont réellement profondes quand on parle de créativité et de propriété et je vous le dis, il vaut mieux que nous ne laissons pas les avocats, seulement, en décider. Ils sont malins. Je sors avec un avocat. C’est mon ami. Il est très bien. Il est malin. Il est intelligent. Mais il faut qu’une équipe interdisciplinaire analyse la question, tente de comprendre quel est le type de propriété dans un monde numérique, qui entraînera plus d’innovation. Ma proposition, c’est que la mode peut être un bon point de départ pour chercher un modèle pour les secteurs créatifs à l’avenir.
Si vous voulez en savoir plus sur ce projet de recherche, visitez notre site web : ReadyToShare.org Et je remercie sincèrement Veronica Jauriqui pour cette présentation très mode.
Merci beaucoup.
Ce que la culture du libre dans la mode peut nous apprendre (en version originale Lessons from fashion’s free culture) , tel est le titre d’une conférence TED de Johanna Blakley.
Elle nous a tant est si bien impressionnés que nous avons décidé de l’extraire du millier d’excellentes autres interventions pour la mettre un peu en lumière ici, car elle entre souvent directement en résonance avec la ligne éditoriale de ce blog.
« Dans le secteur de la mode, il n’existe que très peu de protection de la propriété intellectuelle. Il y a la protection de la marque commerciale, mais pas de protection du droit d’auteur, et aucune véritable protection sous brevet. La seule vraie protection est celle de la marque commerciale. Cela implique que n’importe qui peut copier n’importe quel vêtement porté par n’importe qui dans cette pièce et le vendre comme sa propre création. La seule chose qui ne puisse pas être copiée, c’est l’étiquette de la marque commerciale attachée au vêtement. »
Il en résulte un dynamisme propice à l’échange, au partage et à l’innovation. alors que dans le même temps, et nous le savons bien, c’est un secteur souvent très lucratif.
« Ma proposition, c’est que la mode peut être un bon point de départ pour chercher un modèle pour les secteurs créatifs à l’avenir. »
Et pour aller plus loin : De la mode à l’impression 3D : petit voyage dans les angles morts du droit d’auteur sur le blog S.I.Lex.
Johanna Blakley: Lessons from fashion’s free culture
Licence Creative Comonns By-Nc-Nd
J’ai entendu une histoire incroyable sur Miuccia Prada. C’est une créatrice de mode italienne. Elle va dans une boutique vintage à Paris avec une amie. Elle fouille. Elle trouve une veste Balenciaga. Elle l’adore. Elle l’examine sous tous les angles. Elle regarde les coutures. Elle regarde la confection. Son amie lui dit « Mais achète-là. » Elle répond, « Je vais l’acheter, mais je vais aussi la reproduire. » Bon, les universitaires dans le public doivent se dire « C’est du plagiat, ça. » Mais en réalité, pour une fashionista, c’est le signe du génie de Miuccia Prada : elle peut fouiller dans l’histoire de la mode et choisir LA veste qui n’a pas besoin de changer d’un iota, et qui est actuelle, pile dans l’esprit du moment.
On peut aussi se demander si c’est illégal pour elle de faire cela. En fait, ce n’est pas illégal. Dans le secteur de la mode, il n’existe que très peu de protection de la propriété intellectuelle. Il y a la protection de la marque commerciale, mais pas de protection du droit d’auteur, et aucune véritable protection sous brevet. La seule vraie protection est celle de la marque commerciale. Cela implique que n’importe qui peut copier n’importe quel vêtement porté par n’importe qui dans cette pièce et le vendre comme sa propre création. La seule chose qui ne puisse pas être copiée, c’est l’étiquette de la marque commerciale attachée au vêtement. C’est une des raisons pour lesquelles on voit des logos affichés sur tous ces produits. C’est parce que c’est beaucoup plus dur pour les copieurs de copier ces créations parce qu’ils ne peuvent pas copier le logo. Mais si vous allez dans Santee Alley (NdT : un quartier de Los Angeles connu pour la contrefaçon), oui. Oh, oui. Dans Canal Street (NdT : une rue commerçante de New York), je sais. Et parfois c’est sympa, n’est-ce-pas.
Donc, la raison de tout cela, la raison pour laquelle le secteur de la mode n’a pas de protection du droit d’auteur c’est parce que les tribunaux ont décidé il y a longtemps que les vêtements ont un caractère trop utilitaire pour être éligible à la protection du droit d’auteur. Ils ne veulent pas qu’une poignée de créateurs détiennent les éléments de base de notre habillement. Sinon tous les autres devraient payer une licence pour un poignet ou une manche parce Machin Bidule en est propriétaire. Mais trop utilitaire ? C’est comme ça que vous qualifiez la mode ? C’est du Vivienne Westwood. Non. On peut éventuellement dire que la mode est trop bête, trop inutile.
Mais, ceux d’entre vous qui connaissent bien le raisonnement derrière la protection du droit d’auteur, qui est que sans droit de propriété, il n’y a pas de moteur à l’innovation, peuvent être réellement surpris par, à la fois, le succès critique du secteur de la mode ainsi que sa réussite économique. Ce que je vais vous présenter aujourd’hui est que parce qu’il n’y a pas de protection du droit d’auteur dans le secteur de la mode, les créateurs de mode ont en fait eu la possibilité d’élever la création utilitaire, des choses pour couvrir nos corps nus, à une chose perçue comme un art. Comme il n’y a pas de protection du droit d’auteur dans ce secteur, il y a un système de créativité très ouvert et créatif.
Contrairement à leurs cousins dans la création, les sculpteurs, les photographes, les réalisateurs ou les musiciens, les créateurs de mode peuvent piocher dans toutes les créations de leurs pairs. Ils peuvent prendre n’importe quel élément de n’importe quel vêtement dans l’histoire de la mode et l’intégrer à leur propre création. Ils sont également célèbres pour, vous savez, surfer sur l’air du temps. Et là, je les soupçonne d’avoir été influencés par les costumes d’Avatar. Peut-être un tout petit peu. Impossible aussi de déposer les droits sur un costume.
Donc, les créateurs de mode possèdent la palette la plus large qu’on puisse imaginer dans le secteur de la création. Cette robe de mariée, là, est faite de fourchettes jetables. Et cette robe est faite d’aluminium. J’ai entendu dire que cette robe fait un bruit de carillon éolien quand on marche. Donc, l’un des effets secondaires magiques d’une culture de la copie, ce qui est le cas ici en fait, c’est que des tendances se mettent en place. Les gens pensent que c’est magique. Comment ça se fait ? Eh bien, c’est parce que les gens ont le droit de se copier les uns les autres.
Certains croient que quelques personnes au sommet de la chaîne alimentaire de la mode dictent, en quelque sorte, ce que nous allons porter. Mais si on parle à un créateur de n’importe quel niveau, y compris ces créateurs de haut vol, ils disent toujours que leur principale source d’inspiration, c’est la rue, où les gens comme vous et moi refont à notre sauce personnelle nos propres looks vestimentaires, et c’est véritablement là qu’ils trouvent une bonne part de leur inspiration créatrice. Donc, c’est un secteur où le haut comme le bas dictent la tendance.
Maintenant, les géants de la mode à consommer ont probablement le plus bénéficié de l’absence de protection du droit d’auteur dans la mode. Ils sont réputés pour reproduire des créations de luxe et les vendre à très bas prix. Et ils ont dû subir beaucoup de procès, mais en général, les créateurs ne gagnent pas ces procès. Les tribunaux ont répété encore et encore, « Vous n’avez pas besoin d’une protection de propriété intellectuelle supplémentaire. » Quand on voit des copies comme celle-là, on se demande, mais comment les marques de luxe arrivent-elles à survivre ? Si on peut avoir ça pour 200 euros, pourquoi en payer mille ? C’est une des raisons pour laquelle nous avons fait une conférence ici, à l’USC (NdT : University of Southern California - Université de Californie du Sud), il y a quelques années. On a invité Tom Ford. La conférence était intitulée : « Prêts à partager : la mode et la propriété de la créativité. » Et nous lui avons posé cette question, mot pour mot. Voilà sa réponse. Il venait de faire un passage réussi chez Gucci en tant que créateur principal, au cas où vous ne le saviez pas.
Tom Ford : « Et nous avons découvert après une recherche extensive pas si extensive que ça en fait, une recherche assez simple, que le client de la contrefaçon n’était pas notre client. »
Imaginez. Les clients des boutiques de Santee Alley ne sont pas ceux qui vont faire du shopping chez Gucci. (Rires) C’est un segment très différent. Et vous savez, une contrefaçon, ce n’est jamais pareil qu’une création originale de luxe, du moins en termes de matières, les matières sont toujours moins chères. Mais parfois, même une version moins chère peut avoir des côtés charmants, peut inspirer encore un peu de vie dans une tendance à l’agonie. La copie a beaucoup de qualités. L’une d’elles, soulignée par de nombreux critiques culturels, est que nous disposons maintenant d’un éventail de choix bien plus large que jamais auparavant dans les créations. En fait, c’est surtout grâce à la mode à consommer. Et c’est une bonne chose. Nous avons besoin d’un large éventail de choix.
La mode, que vous le vouliez ou non, vous aide à projeter votre identité face au monde. A cause de la mode à consommer, les tendances mondiales s’établissent bien plus vite qu’auparavant. Et en fait, c’est bon pour les faiseurs de tendance. Ils veulent que les tendances soient en place afin de pouvoir changer de produit. Les fashionistas veulent garder un temps d’avance sur la mode. Elles ne veulent pas porter la même chose que tout le monde. Ainsi, elles veulent passer à la prochaine tendance dès que possible.
Je vous le dis, pas de répit pour les modeux. A chaque saison, ces créateurs doivent lutter pour trouver la nouvelle idée formidable que tout le monde va adorer. Et ça, laissez-moi vous le dire, c’est très bon pour les bénéfices. Maintenant, bien sûr, il y a un tas d’effets secondaires provoqués par la culture de la copie sur le processus créatif. Stuart Weitzman est un créateur de chaussures qui a beaucoup de succès. Il s’est beaucoup plaint du fait que les gens le copient. Mais dans une interview que j’ai lue, il a dit que ça l’a vraiment forcé à améliorer sa production. Il a dû trouver de nouvelles idées, de nouvelles choses difficiles à copier. Il a trouvé ce talon compensé Bowden qui doit être fabriqué en acier ou en titane. Si on le fabrique à partir d’un matériau moins cher, il va se fissurer en deux. Ca l’a forcé à être un peu plus innovant.
Et en fait, ça m’a rappelé ce grand du jazz, Charlie Parker. Je ne sais pas si vous avez entendu cette anecdote, mais moi si. Il a dit que l’une des raisons pour lesquelles il avait inventé le be-bop c’est qu’il était quasiment sûr que les musiciens blancs ne sauraient pas reproduire la sonorité. Il voulait que ça soit difficile à copier. C’est ce que les créateurs de mode font tout le temps. Ils essayent de construire un look caractéristique, une esthétique, qui reflète leur identité. Quand d’autres le copient, tout le monde le sait parce qu’ils ont fait défiler ce look sur le podium, et que c’est une esthétique cohérente.
J’adore ces créations de Galliano. Ok, on passe à la suite.
C’est assez semblable au monde des comiques. Je ne sais pas si vous saviez que les blagues ne peuvent pas être non plus déposées sous droit d’auteur. Donc, quand les phrases drôles étaient vraiment à la mode, tout le monde se les piquait. Mais maintenant, nous avons un autre type de comique. Ils développent un personnage, un style caractéristique, vraiment comme les créateurs de mode. Et leurs blagues, comme les créations d’un créateur de mode, ne marchent vraiment que dans cette esthétique. Si quelqu’un vole une blague à Larry David (ndlr : un humoriste américain), par exemple, ce n’est pas aussi drôle.
Ce que font aussi les créateurs de mode pour survivre dans la culture de la copie, c’est d’apprendre à se copier eux-mêmes. Ils se copient tout seuls. Ils concluent des accords avec les géants de la mode à consommer, et ils trouvent un moyen de vendre leur produit à un tout nouveau segment du marché, le marché des clients de la contrefaçon.
Bon, certains créateurs de mode vont dire, « Il n’y a qu’aux Etats-Unis qu’on ne nous respecte pas. Dans les autres pays, il existe une protection pour nos créations artistiques. » Mais si on se penche sur les deux autres marchés majeurs du monde, il s’avère que la protection offerte est inefficace en réalité. Au Japon, par exemple, qui est le troisième marché, je crois, ils ont une loi sur les créations qui protège les vêtements mais le niveau pour prétendre à la nouveauté est si élevé qu’il faut prouver que le vêtement n’existait pas du tout auparavant. Il doit être totalement unique. C’est à peu près le niveau d’originalité d’un brevet aux Etats-Unis, que les créateurs de mode n’atteignent jamais, n’atteignent que rarement ici aux Etats-Unis.
Dans l’Union Européenne, ils ont choisi la direction opposée. Un niveau de nouveauté très bas, tout le monde peut déposer quelque chose. Mais même si c’est le foyer du secteur de la mode à consommer et qu’on y trouve beaucoup de créateurs de luxe, en général, ils ne déposent pas leurs vêtements, et il n’y a pas beaucoup de procès. Il s’avère que le niveau d’originalité est trop bas. Quelqu’un peut débarquer, prendre la robe de quelqu’un d’autre, couper sept centimètres en bas, aller en U.E. et le déposer en tant que création nouvelle et originale. Donc ça n’arrête pas les artistes de la contrefaçon. En fait, si on regarde le registre, bon nombre des créations qui y sont déposées sont des t-shirts Nike quasi identiques les uns aux autres.
Mais ça n’a pas découragé Diane von Furstenberg. Elle est la présidente du Comité des créateurs de mode d’Amérique, et a dit à ses électeurs qu’elle allait obtenir la protection du copyright pour les créations de mode. Cependant, les revendeurs ont pulvérisé ce concept. Je ne pense pas que la législation aboutisse à grand-chose. Parce qu’ils comprennent à quel point il est difficile de faire la distinction entre une création piratée et quelque chose qui fait partie d’une tendance mondiale. Qui est le propriétaire d’un look ? Il est très difficile de répondre à cette question. Pour cela, il faut beaucoup d’avocats et beaucoup de temps devant les tribunaux. Et les magasins ont décidé que ce serait bien trop cher.
Vous savez, le secteur de la mode n’est pas le seul à ne pas bénéficier la protection du droit d’auteur. Beaucoup d’autres secteurs n’ont pas de telle protection y compris le secteur alimentaire. On ne peut pas déposer légalement sur une recette de cuisine parce que c’est une série d’instructions, ce sont des faits. Et on ne peut pas déposer légalement l’apparence et la saveur d’un plat, aussi unique soit-il. Pareil pour les automobiles. Peu importe leur apparence déjantée ou cool, impossible de déposer légalement la création de la carrosserie. C’est un utilitaire, voilà pourquoi. Pareil pour le mobilier. C’est trop utilitaire. Les tours de magie, je crois que ce sont des instructions, un peu comme des recettes. Pas de protection du droit d’auteur non plus. Pour les coiffures, pas de protection aussi. Pour le logiciel en open source, les codeurs ont décidé qu’ils ne voulaient pas de la protection du droit d’auteur. Ils se sont dits qu’ils seraient plus innovants sans ça. C’est très dur d’obtenir une protection pour des bases de données. Les tatoueurs, ils n’en veulent pas ; ce n’est pas cool. Ils partagent leurs créations. Les blagues, pas de protection. Les feux d’artifice. Les règles des jeux. L’odeur d’un parfum, non. Et certains de ces secteurs peuvent vous paraître un peu en marge, mais voici les chiffres de vente bruts des secteurs avec une propriété intellectuelle faible, des secteurs avec très peu de protection du droit d’auteur. Et voilà les chiffres bruts des films et des livres. (Applaudissements) C’est pas beau à voir.
(Applaudissement)
Donc, on parle aux gens de la mode et ils font « Chut ! » Ne dites à personne qu’on a le droit de se voler nos créations. C’est gênant.« Mais vous savez quoi, c’est révolutionnaire. Et c’est un modèle que beaucoup d’autres secteurs, comme ceux qu’on vient juste de voir avec les toutes petites barres, ces secteurs pourraient y réfléchir, parce qu’en ce moment, ces secteurs fortement protégés par le droit d’auteur fonctionnent dans une atmosphère où il semble qu’ils n’aient aucune protection. Et ils ne savent pas quoi faire.
Quand j’ai découvert que tout un tas de secteurs n’étaient pas protégés, j’ai pensé : quelle est exactement la logique sous-jacente ? J’ai besoin d’une image, les avocats ne donnent pas d’image. Donc je m’en suis faite une. Voici les deux principales oppositions, en quelques sortes binaires, dans la logique du droit d’auteur. C’est plus complexe que ça, mais cette image fera l’affaire. Premièrement, l’objet est-elle un objet d’art ? Alors il mérite d’être protégé. Est-ce un objet utilitaire ? Alors non, il ne mérite pas d’être protégé. C’est une opposition binaire difficile et instable.
L’autre, c’est : est-ce une idée ? Est-ce une chose qui a besoin de circuler librement dans une société libre ? Pas de protection. Ou est-ce sur un support matériel, une expression d’une idée, une chose faite par quelqu’un, qui mérite de la posséder à un moment et de gagner de l’argent avec. Le problème est que la technologie numérique a complètement changé la logique de ce concept « support matériel contre idée. » De nos jours, on ne reconnaît pas vraiment un livre en tant qu’objet sur une étagère ou la musique comme une chose étant un objet matériel qu’on tient dans les mains. C’est un fichier numérique. C’est à peine reliée à une réalité matérielle dans notre esprit. Et ces choses, comme nous pouvons les copier et les transmettre si facilement, circulent dans notre culture beaucoup plus comme des idées que comme des objets ayant une substance matérielle.
Maintenant, les questions conceptuelles sont réellement profondes quand on parle de créativité et de propriété et je vous le dis, il vaut mieux que nous ne laissons pas les avocats, seulement, en décider. Ils sont malins. Je sors avec un avocat. C’est mon ami. Il est très bien. Il est malin. Il est intelligent. Mais il faut qu’une équipe interdisciplinaire analyse la question, tente de comprendre quel est le type de propriété dans un monde numérique, qui entraînera plus d’innovation. Ma proposition, c’est que la mode peut être un bon point de départ pour chercher un modèle pour les secteurs créatifs à l’avenir.
Si vous voulez en savoir plus sur ce projet de recherche, visitez notre site web : ReadyToShare.org. Et je remercie sincèrement Veronica Jauriqui pour cette présentation très mode.
Merci beaucoup.
Source : DRM espion : Microsoft veut compter les spectateurs chez vous ! (Numerama)
Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)
Après le dessin-soutien de Gee voici celui, inédit, de L.L. de Mars[1] qui a une place à part dans l’histoire déjà longue de Framasoft.
Il illustre (malheureusement) assez bien la situation !
Et donc pour ajouter quelques briques, c’est par ici ;)
Séquence flashback
Je me souviens du temps où j’étais tout seul en ces lieux et je me disais que ce serait pas mal de donner un visuel graphique à Framasoft. Sauf que, problème majeur, je ne savais pas dessiner ! (je vous rassure, c’est toujours le cas)
J’ai eu alors la chance de tomber par hasard (ou sérendipité) sur le site de L.L. de Mars, qui a bien mérité son article Wikipédia car il est présent depuis 1996 sur le Web et qu’il a fait très tôt le choix d’une licence qui nous est chère, la Licence Art Libre.
Du coup, copyleft oblige, il était autorisé (et même favorisé) de copier et modifier les œuvres pourvu que la licence soit respectée et conservée. C’est ce que je fis avec l’album Pingouins et notamment la planche ci-dessous que vous serez peut-être surpris(e) de découvrir en l’état d’origine ;)
La mascotte de Framasoft était née…
Merci L.L. de Mars et merci la Licence Art Libre !
[1] Pour les curieux : L.L. de Mars est le diminutif de Laurent le Lièvre de Mars, en référence à un personnage du roman Alice au pays des merveilles.
Nous imaginant technophiles béats, les gens sont souvent surpris de la prise de position de la grande majorité des partisans du logiciel libre en défaveur du vote électronique (quand bien même on ait accès au code source qui pilote la machine et le processus, ce qui semble être du bon sens mais non partagé).
Ce n’est pas l’expérience ci-dessous, au moment même où se déroulent les élections présidentielles américaines, qui risque de nous faire changer d’avis.
Roger Johnston (raconté par Suzanne LaBarre) - 5 novembre 2012 - PopSci.com
(Traduction : Zii, ehsavoie, plink, KoS, aKa, lgodard, MF, Ag3m, greygjhart)
How I Hacked An Electronic Voting Machine
De quoi avez-vous besoin pour truquer une élection ? Des connaissances basiques en électronique et 30 dollars d’équipement de RadioShack suffisent, révèle le hackeur professionnel Roger Johnston. La bonne nouvelle : nous pouvons empêcher cela.
Roger Johnston est à la tête de la « Vulnerability Assessment Team » au Laboratoire National d’Argonne. Récemment, lui et ses collègues ont lancé une attaque de sécurité sur des machines de vote électronique pour montrer la facilité déconcertante avec laquelle quelqu’un peut trafiquer les votes. Encore plus surprenant : les versions de ces ordinateurs seront présentes dans les bureaux de vote de toute l’Amérique ce mardi. Le magazine Harper a rapporté recemment que l’écran tactile Diebold Accuvote-TSX va être utilisé par plus de vingt-six millions de votants dans ving États et que l’ordinateur de vote à bouton pressoirs Sequoia AVC va être utilisée par presque neuf millions de votants dans quatre États. Dans cet article, Johnston révèle comment il a hacké ces machines — et que c’est à la portée du premier venu, du lycéen à la grand-mère de 80 ans.
La Vulnerability Assessment Team du Laboratoire National d’Argonne scrute une large variété d’équipements électroniques — serrures, sceaux, tags, contrôle d’accès, biometrie, sécurité des cargaisons, sécurité nucléaire — pour tenter de trouver des vulnérabilités et repérer des solutions potentielles. Malheureusement, on n’alloue pas assez de budget à l’analyse de la sécurité des élections dans ce pays. Alors nous nous sommes penchés dessus, histoire de nous occuper, un samedi après-midi.
On appelle cela une attaque de l’homme du milieu. C’est une attaque classique sur les appareils de sécurité. On implante un microprocesseur ou un autre appareil électronique dans la machine de vote, et cela vous permet de contrôler le vote et de tricher ou non. Basiquement, on interfère avec la transmission de l’intention du votant.
Nous avons utilisé un analyseur logique. La communication digitale est une série de zéros et de uns. Le voltage augmente, diminue. Un analyseur logique rassemble les voltages oscillants entre haut et bas et vous présentera ensuite les données digitales dans une variété de formats. Mais il y a plein de manières de faire. Vous pouvez utiliser un analyseur logique, un microprocesseur, un ordinateur — en gros, n’importe quoi qui vous permette de voir l’information qui est échangée et ensuite vous laisse comprendre ce qu’il faut faire pour imiter l’information.
Nous avons donc espionné les communications entre le votant et la machine. Dans un cas, le votant appuie sur des boutons (c’est une machine à voter avec des boutons poussoirs) et dans l’autre, il interagit avec un écran tactile. Puis, nous avons écouté les communications entre le logiciel de la machine et le votant. Disons que je veux que Jones gagne l’élection, et que vous votez pour Smith. Alors, mon microprocesseur va dire à la machine de voter pour Jones si vous essayez de voter pour Smith. Mais si vous votez pour Jones, je n’interviendrai pas dans les communications. Parfois on bloque les communications, parfois on les déforme, parfois on ne fait que les regarder et les laisser passer. C’est ça l’idée. Deviner quels sont les échanges en cours, puis les modifier si besoin est, y compris ce qui sera présenté au votant.
Nous pouvons faire ceci car la plupart des machines, autant que je sache, ne sont pas chiffrées. C’est simplement un format de communication standard. Il est donc très simple de deviner les informations échangées. N’importe quelle personne qui fait de l’électronique numérique — un amateur ou un fan d’électronique — peut le deviner.
Le dispositif que nous avons intégré dans la machine à écran tactile valait en gros 10 $. Si vous voulez une version de luxe où vous pouvez le contrôler à distance jusqu’à environ 800 mètres, il vous en coutera 26 $. Ce n’est pas très cher. Vous pouvez trouver ça chez RadioShack. Je suis allé à des salons scientifiques dans des lycées où les gosses avait des projets avec des processeurs plus sophistiqués que ceux nécessaires pour truquer ces machines.
Parce qu’il n’y a pas de financements pour ce genre de tests de sécurité, il faut compter sur des gens qui achètent des machines d’occasion sur eBay (dans ce cas l’écran tactile Diebold Accuvote TS Electronic Voting Machine et la machine à boutons Sequoia AVC Advantage Voting Machine). Ces deux machines étaient un peu vieilles, et nous n’avions pas de manuel ou de schéma de circuits. Mais, dans le cas du Sequoia AVC, nous avons deviné comment elle marchait en moins de deux heures. En deux heures nous avions une attaque viable. L’autre machine nous a pris un peu plus de temps car nous ne comprenions pas comment l’affichage sur un écran tactile fonctionnait. Nous avons dû donc apprendre, mais ce n’était qu’une question de jours. C’est un peu comme un tour de magie, vous devez le pratiquer beaucoup. Si nous avions pratiqué longtemps, voir mieux, si quelqu’un de très bon avait pratiqué pendant deux semaines, nous aurions mis 15 à 60 secondes pour exécuter ces attaques.
Les attaques nécessitent un accès physique à la machine. C’est facile pour les personnes en interne qui les programment pour une election ou les installent. Et nous pouvons supposer que ce n’est pas si difficile pour des personnes extérieures. Beaucoup de machines à voter gisent dans la cave de l’église, le gymnase ou le préau de l’école élémentaire, sans surveillance pendant une semaine ou deux avant l’election. Généralement elles ont des serrures très bon marché que n’importe qui peut ouvrir ; quelquefois elles n’en ont même aucune. Personne ne s’identifie auprès des machines quand il prend son poste. Personne n’est chargé de les surveiller. Leurs scellés ne sont pas si différents des dispositifs anti-fraude sur les paquets de nourriture et les médicaments en libre service. Falsifier un produit alimentaire ou un médicament, vous pensez que c’est difficile ? Ça ne l’est vraiment pas. Et un grand nombre de nos juges d’élections sont de petites vieilles à la retraite, et, Dieu les garde, c’est grâce à elles que les élections marchent, mais elles ne sont pas forcement fabuleusement efficaces pour détecter des attaques subtiles de sécurité.
Formez les personnels chargés de la vérification des scellés, et ils auront une chance de détecter une attaque raisonnablement sophistiquée. Faites des vérifications sur les personnes en interne et cette menace sera bien moins sérieuse. Dans l’ensemble il manque une bonne culture de la sécurité. Nous avons beau avoir des machines de vote avec des défauts, avec une bonne culture de la sécurité nous pouvons avoir des élections sans fraude. D’un autre côté, on peut avoir des machines fabuleuses, mais sans une culture de la sécurité à la hauteur, cela ne servira à rien. Il faut vraiment prendre du recul. Notre point de vue est qu’il sera toujours difficile d’arrêter un James Bond. Mais je veux faire avancer les choses jusqu’à un niveau où au moins ma grand-mère ne puisse pas truquer les élections, et nous en sommes encore loin.
Crédit photo : Steve Jurvetson (Creative Commons By)
On n’en donne pas forcément l’impression comme ça mais nous sommes fébrilement en mode « campagne de dons » et ce pendant tout le mois de novembre.
Il faut dire que l’arrivée d’un deuxième permanent, moi en l’occurrence, a certes participé à redynamiser la structure (tout du moins c’était l’objectif), mais aussi quelque peu grevé notre budget (puisque nous avons assez peu de frais fixes hors salaires).
Du coup on tente d’améliorer un peu notre communication autour de la possibilité de nous soutenir parce que, autant dire les choses telles qu’elles sont, nous ne sommes pas des as en marketing. Et puisque nous sommes dans la confidence, on peut aussi vous avouer qu’on ne risque pas de tenir longtemps à ce rythme-là !
Ainsi on réfléchit actuellement à rendre notre accueil du site Soutenir plus clair et « attractif » (au sens propre comme au sens figuré) qu’elle ne l’est actuellement. Parce qu’elle a le mérite d’exister mais elle est hautement perfectible. En résumé, pas très bon en marketing et pas très bon en webdesign non plus :)
Alors tout aide, conseil, avis, critique est la bienvenue dans les commentaires.
Le Framablog est un endroit un peu particulier du réseau dans la mesure où il concentre certainement les visiteurs les plus avertis et initiés « au Libre », les plus attachés à Framasoft aussi peut-être (un attachement qui n’exclut en rien la réprobation lorsque l’on vous déçoit, comme on peut parfois le lire en bas de certains billets). Nombreux sont ainsi les commentateurs ayant déjà participé de près ou de loin à nos projets, nombreux sont ceux également que l’on a déjà pressé comme des citrons par le passé (et qui acceptent de bonne grâce, parce que nécessité fait loi, cet énième appel à soutien). Vous avez toute notre gratitude soit dit en passant.
On a ainsi pensé ci-dessous à une énumération du pourquoi du comment que ce serait bien de nous soutenir à placer où bon nous semble (à définir).
Trop emphatique ? Trop « on s’la joue » ? Bon, d’un autre côté il faut convaincre dans ce genre d’exercice, non ?
Toujours est-il que vous êtes donc cordialement invité(e) à confirmer ou infirmer le principe même de cette liste et/ou, plus en détail, nous donner votre avis sur son contenu, quitte bien entendu à supprimer ou ajouter des points.
Merci de votre éventuelle participation et de votre fidélité (ouais, désolé, ça fait un peu animateur radio cette conclusion).
Plus de 10 ans d’existence, plus d’un million de visites par moi sur l’ensemble du réseau, près d’une vingtaine de projets en direction du grand public pour faire connaître et diffuser le logiciel libre, sa culture et son état d’esprit. Framasoft est l’une des portes d’entrée principale du logiciel libre francophone. Notre témoignage préféré : « J’ai découvert le logiciel libre grâce à Framasoft ».
Framasoft fut parmi les premiers à proposer en libre, dans la sphère francophone : un annuaire sous Windows (2001), une clé USB portables (2005) avec Ubuntu (2009) et Wikipédia (2012), un DVD (2009), un installateur (2010), une collection de livres (2006), une plateforme vidéo (2007), une boutique (2009), un éditeur (2011) ou un tableur collaboratif (2012)… et nous en avons d’autres dans nos cartons :)
Tout[1] ce que produit Framasoft au sein de son réseau est placé sous licence libre favorisant la confiance et la collaboration. Ce sont ainsi des centaines de personnes qui sont impliquées bénévolement au quotidien dans nos projets. Nous incubons et soutenons également des structures tierces et travaillons en partenariat étroit avec les autres acteurs du libre.
Toute cette activité a un coût et nécessite maintenance technique et coordination humaine. Ne bénéficiant ni de subventions publiques ni de fonds privé[2], Framasoft repose avant tout sur vos dons. En cas de succès, cette fragilité se transforme en force car cela nous garantit notre indépendance et porte le message que l’on peut agir dans le « Libre » et créer des emplois (2 permanents actuellement) à partir de la somme des générosités individuelles sollicitées sur Internet.
Framasoft s’appuie sur une association 1901 à but non lucratif qui bénéficie de la déduction fiscale liée à son caractère d’intérêt général. Ainsi, par exemple, pour un don récurrent de 120 € (soit 10 € par mois pendant un an), la réduction est de 79,20 € et donc le coût réel de votre don est de 40,80 €.
Au delà du logiciel, le « Libre » propose un modèle alternatif de société où la coopération prend le pas sur la compétition. Nous assumons notre optimisme, voire notre idéalisme, face à la « crise » qui n’est pas une fatalité. Proactifs, nous avançons en informant et démontrant par la pratique que bien des choses sont possibles. Comme on dit chez nous : « la route est longue mais la voie est libre ».
[1] Ce n’est pas tout à vrai, par exemple pour certaines traductions de ce blog. Est-ce selon vous publicité mensongère que d’exprimer pourtant cela ainsi ?
[2] Ce n’est pas tout à fait vrai non plus, avec la présence de la pub Google sur 2 des sites du réseau, l’annuaire et la Framakey. On a pensé un temps la retirer pendant toute la durée de cette campagne et voir un peu si on arrivait à atteindre et dépasser le seuil des 100 nouveaux donateurs récurrents (ce que cela rapporte mensuellement) pour pouvoir (enfin) la supprimer définitivement. Mais nous ne sommes pas encore assez solides et sereins pour l’envisager aujourd’hui, sauf donc à connaître un soudain pic de dons ;)
La société Ericsson a rassemblé quelques « grands penseurs de l’Internet éducatif de demain » pour nous proposer une vidéo d’une vingtaine de minutes, intitulée The Future of Learning, qu’on a jugé suffisamment importante pour faire l’effort de la traduction puis du sous-titrage.
On ne mesure pas forcément les grands bouleversements qui nous attendent dans le champ éducatif tant sont fortes l’inertie et la résistance des structures existantes. Il est aussi plus que probable que « le Libre » saura tirer son épingle du jeu car on ne peut désormais pleinement échanger et partager sans lui.
Permettez-moi cependant d’avoir de légers doutes quant à l’accès en masse de toutes ces merveilles promises en temps de crise. Je n’irais pas jusqu’à dire, comme le mouvement #Occupy que cela ne profitera qu’aux 1%, mais il est fort possible, si nous n’y prenons garde, que se développe un enseignement à deux vitesses : celui du vieux public sans le sous gardant ses traditionnelles écoles prisons-casernes et celui du privé captant presqu’à lui seul toute la modernité dont il est question ci-dessous.
(pour faire disparaître le sous-titrage anglais à l’arrière plan, cliquer sur l’icône CC dans la barre d’état du bas)
Traduction et transcription : GPif, LuD-up, PM, goguette, HgO, albahtaar, Goofy, aKa
Remarque : On peut considérer ce sous-titrage comme une sorte de perfectible « première version ». Si cela ne vous convient pas, c’est comme dans Wikipédia, il suffit d’aller sur Amara, la plateforme de sous-titrage et modifier.
Sugata Mitra : Tout semble plus excitant quand vous avez cinq ans. Alors, tout était grand, tout était étrange, et je me souviens avoir été un peu effrayé.
Stephen Heppell : Comme beaucoup d’enfants, je me souviens de mes années d’école avec tendresse mais le peu dont je me souvienne ainsi n’est pas le peu dont je devrais me souvenir. Je me souviens des jeux et du sport, de la méchanceté, des espiègleries et des bêtises. En fait, je me souviens du peu qui était hors-norme.
Daphne Koller : C’est un incroyable privilège pour moi d’avoir eu une éducation qui a pris et gardé une place si importante dans ma vie, encore aujourd’hui.
Jose Ferreira : Je me souviens m’être beaucoup ennuyé. Ça n’a pas révélé le meilleur de moi-même, je m’en suis sorti, quoi qu’il en soit. Je n’étais pas très adapté ou le système n’était pas très adapté pour moi. C’est un peu dingue quand on y pense. On prend les enfants et on les force à essayer de s’adapter à ce système bureaucratique vraiment complexe, alors que le système devrait s’adapter à eux.
Sugata Mitra : L’éducation traditionnelle tire ses origines du système militaire, en grande partie. L’armée avait besoin de personnes identiques ; soldats, administrateurs, etc…, elle a donc engendré ce système. Quand la révolution industrielle a eu lieu, on a encore voulu des personnes identiques pour les chaînes de montage. Même pour les consommateurs, on voulait qu’ils soient identiques afin que tous achètent les mêmes choses.
Seth Godin : Alors si on regarde l’école sous cet angle, si on considère le fait qu’on enseigne à vingt ou trente enfants à la fois, en série, exactement comme à l’usine. Si on considère le fait que si vous ratez votre CE2, (d’après Collins; ce qui convient mieux au sujet d’enfants), que vous arrive-t-il ? On vous retient et et on vous reconditionne. Tout correspond aux travaux d’usines, on l’a élaboré à dessein. Et c’était vraiment utile pour son fonctionnement. Mais on ne manque plus de travailleurs à l’usine.
Stephen Heppell : On assiste probablement à la mort de l’éducation, aujourd’hui. Je pense que les structures et les restrictions de l’école, qu’apprendre de neuf heures à quinze heures, en travaillant seul, sans travailler avec les autres ; je pense que tout ça, c’est un système mort ou moribond. Et je pense que l’apprentissage ne fait que commencer.
Seth Godin : J’ai souffert d’un trouble du déficit de l’attention en grandissant, comme beaucoup d’autres maintenant. Et ce sentiment persiste dans l’inconscient collectif qu’il y a quelque chose de brisé chez les enfants sujets à ce genre de troubles, car ils ne sont pas conformes au système. Donc ce que nous faisons, c’est donner des médicament aux enfants pour les rendre conformes au système, au lieu de dire : mais attendez, le système est là pour les enfants. Et il y a beaucoup de gens qui peuvent assez facilement rester assis pendant huit heures et prendre des notes, et ensuite, deux semaines après, répéter ce qu’ils ont écrit. Mais il y a également cette immense quantité de personnes extrêmement talentueuses et engagées qui ne peuvent pas apprendre de cette manière. Il y a une grande différence entre accéder à l’information et l’école, alors qu’auparavant, c’était la même chose. L’information est là, en ligne pour n’importe laquelle des milliards de personnes qui ont accès à internet. Donc cela signifie que si on donne accès à un enfant/quelqu’un de quatre, huit ou douze ans, ils prendront l’information s’ils la veulent.
Sugata Mitra : Savoir quelque chose est probablement une idée obsolète. Vous n’avez en fait pas besoin de savoir quoi que ce soit, vous pouvez le trouver au moment ou vous avez besoin de le savoir. C’est le travail des enseignants de diriger les jeunes esprits vers les bons types de questions. L’enseignant n’a pas besoin de donner les réponses, car les réponses sont partout. Et nous savons désormais après des années d’études que les élèves qui trouvent les réponses par eux-mêmes se souviennent mieux que si on leur avait donné la réponse.
Stephen Heppell : L’Education est très lente à appréhender les données, les nombres, à comprendre les analyses et ce qui en fait est en train de se passer. Nous effectuons un contrôle ici, et un examen là, mais les détails de ce qu’il se passe, nous ne les comprenons pas vraiment. Ce sera, à coup sûr, la prochaine étape importante de notre bagage, notre capacité d’analyser où que nous soyons. Certains de ceux qui regardent ceci seront déjà en train d’analyser leur santé et leur bien-être et les effets sur leur forme. Ils seront aussi en train d’analyser leur apprentissagen bientôt. Et ensuite nous serons vraiment bons à ça.
Jose Ferreira : Knewton est une plate-forme d’extraction de données et d’apprentissage adaptatif qui permet à n’importe qui, n’importe où de publier du contenu. Ça peut être un éditeur, un professeur en particulier, ou n’importe qui entre les deux. et il produit un cours qui va être personnalisé de manière unique pour chaque étudiant, en se basant sur ce qu’elle sait et comment elle apprend le mieux. Le manuel du futur sera distribué sur des appareils connectés. Ça signifie que le volume incroyable de données que les étudiants ont déjà produit, lors de leurs études, sont à présent à portée de main et utilisables. Donc Knewton et tous les dérivés de Knewton peuvent déterminer des choses comme ; vous apprenez les maths plus efficacement le matin entre 08h32 et 9h14. Vous apprenez les sciences plus efficacement par tranches de 40 minutes. À partir de la 42e minute, votre taux d’attention commence à baisser, nous devrions mettre ça de côté pour le moment et vous diriger vers quelque chose d’autre qui vous maintient attentif. Ce travail intense de 35 minutes, que vous faites tous les jours pendant la pause déjeuner : vous n’en retenez rien ; allez plutôt traîner avec vos amis, et vous ferez ce travail l’après midi quand vous serez plus disposé à apprendre. Vous apprenez mieux ceci avec des questions courtes; mieux celà avec des questions compliquées et difficiles. Nous devrions vous soumettre à nouveau ces informations dans quatre jours pour une mémorisation optimale. Et voici exactement les détails où vous allez batailler quand vous ferez vos devoirs ce soir, parce que vous n’avez pas appris certains concepts nécessaires à cet exercice. Et nous pouvons, en temps réel, allez chercher le petit bout de cours particulier, du mois dernier, ou de l’an dernier, et de manière transparente le placer sous vos yeux, pour que vous n’ayez pas à batailler. Nous pouvons prédire les échecs à l’avance et éviter qu’ils ne se produisent. Nous allons nous émanciper de ce modèle aliénant, parfois ennuyeux et parfois frustrant où tout le monde reçoit exactement la même chose, au même moment, rigoureusement dans le même ordre et avec le même niveau de difficulté. Pour la moitié de la classe, c’est trop difficile, et pour l’autre moitié, c’est trop lassant. On va proposer aux élèves qui ont le meilleur niveau les outils les plus stimulants. Cela leur permettra de libérer leur potentiel d’une manière innovante. Mais pour chaque enfant, quelles que soient ses difficultés, il existe une voie vers la réussite. Cela pourra prendre un peu plus longtemps, mais il existe toujours une voie vers la réussite. Et le système devient aussi de plus en plus performant à mesure que plus de gens s’en servent. Les différentes stratégies sont en compétition entre elles pour être réintroduites au sein de la génération suivante, de façon à ce que la stratégie qui est la plus efficace pour vous, une fois déterminée, n’importe quel enfant pourra ensuite profiter de cette stratégie. C’est complètement nouveau. Quand l’automobile a été inventée, ce n’est pas ce que les gens attendaient : ils demandaient des chevaux plus rapides. Et les gens ne demandent pas encore vraiment Knewton, car il ne savent pas encore ce que c’est, mais une fois qu’ils l’auront vu et essayé, alors ils l’adopteront tout de suite.
Stephen Heppell : On dit que l’éducation évolue très lentement. Mais tout à coup, il suffit d’être connecté. Ca change tout ; ça change les modalités de contribution, votre cerveau peut contribuer à distance.
Sugata Mitra : C’est une chose d’être assis là, dans le labo multimédia, et de discuter du futur. Je vais souvent dans des endroits aussi différents que possible d’un labo multimédia. Et je me demande, quelle est la valeur de toutes mes idées, ici. Mais il y a une grande raison d’avoir de l’espoir. Où que j’aille, la toute première chose que je demande, ou que je vérifie avec mon téléphone, c’est si la bande passante est suffisante pour avoir accès à Internet. Et en plein milieu de la jungle, parfois je constate qu’il y a toujours une connexion. Et je sais que tout ce que je dis peut aller n’importe où, et de la même manière. C’est une question de temps.
Lois Mbugua : La connectivité est réellement en train d’ouvrir le monde. Si vous connectez un village, par exemple Bonsaaso, les élèves peuvent alors réellement communiquer avec d’autres élèves, par exemple à Londres. Cela signifie qu’il peuvent commencer à voir le monde autrement. Éduquez un jeune, et vous éduquez une nation.
Margaret Kositany : “Connecter pour Apprendre” est un partenariat entre Ericsson, l‘“Earth institue” de l’université de Columbia, et la “Promesse du Millénaire”. Il y a deux aspects : cela fournit des bourses d’étude au filles, et “Connecter pour Apprendre” donne aux élèves des ordinateurs et un accès à internet, et leur montre comment s’en servir et comment récupérer des informations. L’éducation était limitée à ce que le professeur pouvait dire aux élèves, et le professeur s’appuyait sur un petit manuel scolaire, ou quelques rares livres, de sorte que l’enseignant n’était pas très impliqué. Maintenant il est possible d’avoir accès à beaucoup d’informations et les enfants discutent et échangent des informations, vous voyez qu’ils ont beaucoup plus de sujets de discussion, car ils ont le sentiment d’être plus impliqués. Et les enfants sont plus confiants.
Lois Mbugua : Ils ont l’énergie, ils ont toute la vie devant eux, et ils sont sur le point de commencer quelque chose de plus grand/à penser plus globalement. Si on leur apporte la connectivité, ils sont en fait capables de faire des transactions et ils peuvent commencer de petites affaires/choses, qui vont les transcender. Donc, je dirais qu’il s’agit en fait de l’ouverture de nos villages, de notre pays, et de tout le continent.
Margaret Kositany : Nous sommes en train de le mettre en oeuvre dans autant de pays que possible en Afrique, et aussi en Amérique du Sud. Il est possible de le développer à l’échelle de n’importe quel pays.
Seth Godin : La manière dont nous résolvons les problèmes captivants consiste à faire des erreurs, et des erreurs, et encore des erreurs, jusqu’à ce que nous réussissions. Et si vous avez eu l’occasion de parler à des gens qui ont réussi, de fait, la chose qu’ils ont presque tous en commun, c’est qu’ils ont essuyé une centaine d’échecs avant de réussir. Et ce qui les distingue des gens qui ne réussissent pas, ça n’est pas le fait qu’ils ont réussi, c’est qu’ils ont échoué plus que les autres.
Jose Ferreira : Je ne suis pas certain que les écoles puissent se permettre de dire : “nous devons nous perfectionner, afin de préparer le plus de gens possible à correspondre à ce système qui repose sur l’expérimentation.”
Stephen Heppell : C’est inimaginable, dans une société où l’on s’assoit pour passer un examen en se disant j’espère qu’il n’y aura pas de questions-pièges dans l’énoncé ; pendant que les professeurs pensent j’espère que je l’ai bien préparé pour tout. Comment cela pourrait-il préparer à un monde où chaque jour apporte son lot de questions-pièges. Un monde où la surprise est partout : dans l’économie, dans la société, dans la politique, dans les inventions, dans la technologie. Chaque jour est une surprise. L’apprentissage nous prépare à faire face aux surprises, l’éducation nous prépare à faire face aux certitudes. Alors qu’il n’y a pas de certitudes.
Sugata Mitra : Le professeur occupe une place entre l’enfant et l’éducation classique, en essayant de faire en sorte que l’enfant se confronte au système. Et jusqu’à ce que ce système s’écroule ou disparaisse, il/elle a un un rôle incroyablement compliqué qui consiste à maintenir la curiosité de l’enfant éveillée, tout en lui déclarant ; écoute, lorsque tu auras seize ans, tu devras commencer à mémoriser certaines choses, de manière à ce que tu puisses aller t’asseoir pour passer un examen, que tu le réussisses et que tu termines ta scolarité correctement.
Seth Godin : Je ne connais personne qui passe d’examen standardisé pour gagner sa vie. Pourquoi donc utilisons-nous les examens standardisés pour vérifier si vous allez être bons alors qu’il n’y aura plus d’examens standardisés après que vous l’aurez passé ? Cette façon de faire a contaminé la totalité de l’écosystème mercatique de l’éducation parce que les universités renommées le sont parce qu’elles sont extrêmement sélectives au regard des résultats du Scholastic Aptitude Test (test d’entrée pour les universités Américaines). Les parents veulent que leurs enfants aillent étudier dans une université renommée. Ils poussent donc les écoles à formater des élèves qui iront dans ces universités en obtenant de bons scores au SAT, ce qui dénature totalement les fondements de l’éducation. Si l’on pouvait faire en sorte que les parents, les enseignants, les enfants et les administrateurs aient cette discussion, qu’ils en parlent entre eux, qu’ensuite aux conseils d’administration des écoles ou aux réunions décennales les questions posées ne soient pas quels sont les résultats de vos élèves au SAT ? ; mais qu’on dise plutôt : le SAT n’a aucun sens, le système d’universités renommées est une escroquerie. On doit créer quelque chose de différent. Ce débat est possible. Ainsi le cours des choses pourra commencer à changer.
Daphne Koller : Coursera est une société d’entrepreneuriat social qui permet aux meilleurs universités de partager leurs meilleurs cours afin que n’importe qui autour du monde, dans la mesure où il possède une connexion internet, puisse jouir de l’accès à une éducation de qualité. À ce jour, c’est-à-dire fin septembre, on compte un million et demi d’étudiants qui viennent de 196 pays, même si la manière de compter les pays reste un peu discutable. On a 195 cours qui proviennent de 33 universités. Les cours les plus importants ont 130 000 inscrits, les cours moins fédérateurs sont suivis seulement par environ 10 000 personnes ; naturellement, ils continuent à se développer ; la plupart des cours n’a même pas commencé. Une classe moyenne, quand elle est lancée, est composée d’à peu près 50 ou 60 000 étudiants inscrits. L’ampleur est intéressante parce qu’elle permet de proposer un produit de grande qualité pour un coût différentiel par étudiant assez bas, ce qui nous autorise à accepter des gens qui ne peuvent vraiment pas se permettre de payer pour l’éducation et ainsi leur fournir une éducation gratuite. Une éducation gratuite de la plus grande qualité, parce que les coûts par étudiant sont si bas. La pratique, chez Coursera, c’est que le cours commence à une date donnée, et chaque semaine, l’étudiant a accès à de nombreuses rubriques. Chaque rubrique est un cours en vidéo, mais une vidéo interactive ; c’est-à-dire que vous ne restez pas assis là, pendant une heure, à regarder une vidéo, vous avez la possibilité d’interagir avec la vidéo. Il y a des contrôles rigoureux et significatifs de diverses catégories ; pas juste des questions à choix multiples, mais des exercices bien réels et approfondis. Et il y a une communauté d’étudiants avec laquelle interagir, à qui poser des questions, afin d’obtenir des réponses d’étudiants suivant le même cursus. Ainsi on a un meilleur apprentissage à travers l’aide réciproque, aussi bien qu’un échange social, de sorte qu’on a une réelle impression d’appartenir à une communauté d’étudiants autour de cette activité intellectuelle. Les gens nous demandent souvent si les universités appartiennent désormais au passé, si les universités vont disparaître… et je pense avec certitude que ce n’est pas le cas. Il y a quelque chose de formidable à l’idée de réunir des gens dans un endroit où des interactions fortuites peuvent voir le jour. Un endroit où on peut avoir un tutorat en face-à-face entre un étudiant et un instructeur, où les étudiants peuvent se parler entre eux, créer ensemble et apprendre à débattre d’idées. Cette expérience sur un campus physique n’a pour le moment aucun équivalent virtuel effectif. Notre but ici, et je pense qu’il faut être pragmatique sur ce sujet, n’est pas nécessairement d’ouvrir la voie, ni de donner un équivalent à des étudiants qui n’ont pas actuellement accès à ce à quoi les étudiants fortunés de Princeton ont accès. Ce qui serait réellement un but enviable, mais qui n’est pas forcément quelque chose que nous pouvons accomplir dans un délai aussi court. Ce que nous aimerions faire, c’est amener ces deux extrêmes à faire considérablement mieux que ce qu’ils peuvent faire actuellement, même s’ils ne se retrouvent pas égaux en fin de compte. Si nous améliorons beaucoup les choses, à la fois pour les étudiants du campus, et ceux qui n’y ont pas accès actuellement accès, je pense que nous aurons fait une chose géniale.
Seth Godin : Alors voyons comment les révolutions fonctionnent. Les révolutions détruisent le parfait et permettent l’impossible. Elles ne passent jamais d’un coup de “tout va bien” à “tout va bien”. Il y a beaucoup d’interférences entre les deux. Quand on observe le milieu musical : l’Internet a d’abord détruit les maisons de disque. Et cela permet seulement maintenant aux musiciens indépendants d’être entendus.
Jose Ferreira : L’éducation a tendance à évoluer par paliers, donc quand, effectivement, ça évolue, le changement est explosif. le mouvement qui va d’avant l’imprimerie à après l’imprimerie est une seule et même transition dans l’Histoire du monde, en termes d’éducation. L’éducation en ligne va bientôt être ainsi. Et nous voulons être sûrs, en tant qu’espèce, que l’espèce humaine fait bien les choses.
Daphne Koller : Une des révolutions que nous nous apprêtons à voir est : comment l’éducation est de moins en moins un pourvoyeur de contenu parce que ça va être une denrée disponible, espérons-le, elle va être accessible pour tous dans le monde entier. Et une partie beaucoup plus importante que ce que nous pensions de l’éducation est en route pour revenir aux origines de l’enseignement. Celle où l’éducateur engage la conversation avec les étudiants et les aide à développer leurs compétences intellectuelles, leur capacité à la résolution de problèmes, et leur passion pour la discipline. Le genre de choses qui sont bien plus faciles à faire dans un face à face et qui sont vraiment très dures à faire avec un format en ligne, mais pour lesquelles l’expérience des universités, comme nous la connaissons c’est : vous êtes à la bonne place pour ce genre de développement de compétences.
Seth Godin : Maintenant ce que je veux voir des écoles c’est : amener les enfants à la vouloir. Créer un environnement où les enfants sont sans repos jusqu’à ce que leur besoin d’informations soit satisfait.
Sugata Mitra : A chaque fois que j’ai une bonne question, j’obtiens un engagement immédiat. Je pense qu’un professeur doit rester en arrière et dire quel est le sujet du jour. Ouvrez vos cahiers et découvrez le vous-mêmes.
Seth Godin : Ce dont nous avons besoin, ce sont des professeurs qui vont regarder les gens dans les yeux et qui vont croire en eux, et les pousser à aller de l’avant, et c’est dur de faire ça sur Internet. Ça doit vraiment être fait en face de la personne.
Stephen Heppell : L’école a décidé d’être meilleure car elle voit les enfants devenir meilleurs. Et les professeurs… Que dit leur t-shirt ? Il dit : “on est là pour le résultat, pas pour le salaire !” Les professeurs sont là car ils peuvent voir le changement chez leurs élèves. Si vous ajoutez tous les enfants de l’histoire du monde, plus d’enfants vont quitter l’école dans les 30 prochaines années qu’ils ne l’ont fait au cours de toute l’histoire. Si je devais changer une seule chose, j’améliorerais juste un peu leur éducation. Et ça changerait l’histoire plus que tout le reste.
Megaupload était une système de partage de fichiers techniquement neutre. Oui, il contenait beaucoup de contenus enfreignant les lois sur le copyright. Mais il y avait également des utilisateurs qui y plaçaient leurs propres ressources dans la plus stricte légalité et qui se sont retrouvés du jour au lendemain dans l’incapacité d’y accéder lorsque le gouvernement américain a fait fermer Megaupload.
C’était le cas de Kyle Goodwin qui a déposé un recours pour tenter de les récupérer.
Mais le gouvernement américain ne l’entend pas de cette oreille en choisissant volontairement de mettre des bâtons dans les roues de la procédure. Pire encore il se permettrait d’aller fouiller sans autorisation dans le feu compte Megaupload de Kyle Goodwin afin d’y trouver d’éventuelles preuves d’une quelconque culpabilité (comme par exemple y puiser un fichier illégal).
Et ce n’est plus le seul problème de Kyle Goodwin avec Megaupload qui est en jeu ici, c’est le devenir de toutes les données personnelles que nous mettons dans le cloud computing, puisque rien ne semble empêcher demain le même gouvernement d’aller fouiller sans vous prévenir dans votre compte Google, Apple ou Amazon !
Nous devons lutter contre ces agissements brutaux et dangereux du gouvernement américain. Mais nous devons aussi nous interroger quant au devenir de nos données que nous laissons, parfois naïvement, dans le cloud, a fortiori si derrière ce cloud se cachent des serveurs sur territoire américain (et donc légalisation américaine).
Megaupload and the Government’s Attack on Cloud Computing
Cindy Cohn et Julie Samuels - 31 octobre 2012 - EFF.org
(Traduction : Zii, Husi10, A-xis, KoS, lgodard, Ag3m, Maxauvy, Ryoanji, 3josh)
Hier, EFF (Electronic Frontier Fondation), pour le compte de son client Kyle Goodwin, a déposé un recours en justice dans l’affaire Megaupload afin de rendre le gouvernement responsable des actions entreprises (et celles qu’il n’a pas reussi à entreprendre) lorsqu’il a fermé le service de Megaupload et ainsi empêché des tiers comme M. Goodwin d’accèder à leurs biens. Le gouvernement a également déposé son propre recours, imposant la mise en place d’un long et difficile processus qui demanderait à des tiers (souvent des anonymes ou des petites entreprises) de voyager jusqu’à de lointains tribunaux et de participer à de multiples audiences, uniquement pour récupérer ce qui leur revient de droit.
Pire, le gouvernement a reconnu avoir eu accès au compte Megaupload de M. Goodwin et en avoir examiné le contenu. En agissant ainsi, le gouvernement a franchi une étape significative et quelque peu effrayante. Il a apparemment fouillé les données saisies dans un but précis alors que sa cible était Megaupload, afin d’utiliser les preuves éventuellement découvertes contre M. Goodwin, qui a été atteint par ces actions mais qui n’est clairement pas l’objet d’une quelconque enquête criminelle, et encore moins concerné par celle visant Megaupload. Il s’agit bien sûr d’une vaine tentative pour attaquer M. Goodwin, en essayant de détourner l’attention de la presse et de la Cour de l’incapacité du gouvernement à prendre des mesures, et encore moins les mesures raisonnables requises par la loi, afin de protéger les droits de propriété des tiers, que ce soit avant ou après l’exécution d’un mandat. Et bien entendu, si le gouvernement est si bien placé qu’il peut fouiller dans les fichiers de M. Goodwin et donner son avis sur leur contenu (et il n’est pas certain que cette seconde fouille ait jamais été autorisée), il peut a priori trouver un moyen de les lui restituer.
Mais, en plus de cela, l’approche du gouvernement devrait terrifier tous les utilisateurs de services de cloud, sans compter les fournisseurs de ces services. Le gouvernement maintient que M. Goodwin a perdu ses droits de propriété sur ses données en les stockant sur un service de cloud computing. Spécifiquement, le gouvernement argumente qu’à la fois le contrat entre Megaupload et M. Goodwin (un contrat standard de cloud computing) et le contrat entre Megaupload et son hébergeur Carpathia (un accord standard également), « limite tout intérêt de propriété qu’il pourrait avoir » dans ses données. (Page 4). Si le gouvernement a raison, aucun fournisseur ne peut plus se protéger contre des pertes soudaines (comme celles dues à un ouragan), ni promettre à leurs clients que leurs droits de propriété seront maintenus en utilisant le service. Ils ne peuvent non plus garantir que leurs fichiers ne risquent pas de disparaître soudainement, sans aucun moyen raisonnable de les récupérer si le gouvernement décide de les saisir avec un mandat. Apparemment, vos droits de propriété « deviennent sévèrement limités » si vous autorisez une tierce personne à héberger vos données sous couvert d’un accord standard de cloud computing. Cet argument n’est aucunement limité à Mégaupload, il s’appliquerait aussi si la tierce partie était le S3 d’Amazon, Google Apps ou Apple iCloud.
La tactique du gouvernement nous démontre une chose effrayante : si les utilisateurs essaient d’obtenir leurs biens, le gouvernement n’hésitera pas à les passer au peigne fin afin d’essayer de trouver une preuve à utiliser contre eux. Le gouvernement cherche également à imposer un fardeau quasi insurmontable aux utilisateurs en demandant au tribunal d’avancer lentement et d’utiliser un processus à plusieurs étapes qui aurait lieu dans un tribunal éloigné. La plupart des personnes utilisant le service de cloud computing pour stocker leurs documents commerciaux ou personnels ne sont pas en mesure d’assister à une seule comparution devant le tribunal de Virginie, et encore moins aux multiples autres que le gouvernement envisage de soumette à la Cour.
Finalement, si le gouvernement ne ressent pas l’obligation de respecter le droit des utilisateurs de Megaupload, et c’est vraiment le cas, il ne va pas changer d’avis si la cible de sa prochaine investigation est un service de partage encore plus populaire. La portée de cette saisie a été sans précédent et ils n’ont pas engagé un processus que la loi nomme « minimisation », que ce soit en amont ou après coup, en faisant en sorte de rendre leurs données aux utilisateurs du cloud et ce en mesurant bien les dégâts. Et maintenant le gouvernement est en train d’essayer d’utiliser les clauses des contrats standards pour vendre le fait que les utilisateurs d’un service de cloud ont au mieux, « sévèrement limité » leurs droits de propriété sur leur propres données.
Tous ceux qui ont réfléchi sur ce qu’impliquent les problèmes soulevés par ce procès ont raison de penser que l’affaire Megaupload va bien au delà de Megaupload.
Crédit photo : Fernando (Creative Commons By-Sa)
On inspire vraiment tout ça ?
L’autre jour j’avais un petit coup de mou lié au « trop de choses à faire pour Framasoft simultanément dans un temps trop court ». Cela nous arrive de temps en temps parce que ce n’est pas l’activité qui manque au sein d’une galaxie qui avoisine désormais la vingtaine de projets.
Pierre-Yves (ci-dessous sur la photo) me dit alors : « Fais une pause en parcourant la page des témoignages, tu verras, ça te redonnera la patate ! »
Effectivement.
C’est vrai qu’on a tendance un peu à l’oublier cette page, emportés que l’on est par le tourbillon des listes de tâches. Et pourtant c’est peut-être pour nous la plus précieuse de toutes les pages du réseau.
Depuis 2008, nous proposons en effet aux visiteurs de nous laisser un message sur notre site de soutien. Et ce sont ainsi plusieurs centaines de témoignages divers et variés qui se sont accumulés.
Nous en avons sélectionné quelques-uns ci-après, pris dans le flux et le flot de ces deux dernières années.
Il ne s’agit pas tant de se faire plaisir en toute immodestie que d’illustrer notre utilité au moment même où nous relançons avec fébrilité notre campagne de dons.
On vous le concède, il y a sûrement trop de citations. Mais libre à vous de picorer. L’idée c’est de montrer que nous rendons service de plein de manières différentes, à tous les âges et aux quatre coins de la francophonie. Et puis il y a des passages qui font sourire comme ce jeune homme à qui on a donné envie de lire son tout premier livre à 22 ans ou encore cette prière mystique venue du fin fond de l’Afrique :)
Le plus frappant peut-être, c’est qu’au delà de Framasoft, le logiciel libre en particulier et « le Libre » en général, suscitent un véritable espoir…
Les photos sous licence Creative Commons By-Sa qui agrémentent les témoignages sont de Julien Reitzel.
Delila (Montpellier) :
Framasoft est MA référence pour les logiciels libres depuis bien longtemps. Aujourd’hui je fais le grand saut vers un système d’exploitation (je crois que c’est le bon mot ?) libre. Merci à vous tous pour votre engagement en actes concrets.
Dès que j’aurai trouvé du travail, je ne manquerai pas de faire un don et de m’offrir quelques articles de la boutique. Librement votre !
Anonyme (Lyon) :
Framasoft est mon site de référence pour les logiciels libres. J’y trouve toujours l’outil adapté à mon besoin. De surcroît les didacticiels sont épatants et téléchargeables librement.
C’est à moi de vous remercier pour votre soutien et de vous soutenir également. Un grand BRAVO et un grand MERCI.
Bruno C. (Louargat) :
Bonjour, je voulais vous remercier pour votre travail de qualité. Grâce à lui, j’ai pu découvrir des logiciels qui me sont très utiles (7zip, Gimp…) et me faire un avis avec toutes les informations qui nous sont à disposition. Je compte migrer vers Ubuntu, je vais donc acheter sur EnVenteLibre un CD Ubuntu pour pouvoir le tester et l’installer. Je compte aussi acheter votre framabook « Simple comme Ubuntu » dès qu’il aura été mis à jour. Je compte aussi me faire un petit plaisir (enfin, ça fait 3 plaisirs avec les 2 autres dont je parle juste avant) en achetant le t-shirt Framasoft sur la boutique car je le trouve plutôt beau, il est à ma taille (XXL), le prix est correct et cela permet de vous soutenir, de vous faire de la pub et d’exprimer ce en quoi je crois.
Continuez comme ça, c’est super ce que vous faites :)
Alex P. (Lille) :
Merci pour tout ce que vous faites et surtout dernièrement la clé avec le contenu Wikipédia en français.
Belle initiative.
Ministère de la Justice (Dakar) :
Une initiative hautement appréciable pour les administrations des pays en développement qui ont besoin d’outils performants tels que Drupal 7 pour mettre en oeuvre des projets impactant sur leur développement économique et social, surtout si l’on considère les ressources limitées dont elles disposent.
Ce qui est dommage, c’est qu’à partir de Dakar, il m’est difficile de faire une contribution en numéraire, mais un jour, arrivé en France, je n’y manquerai pas avec cœur.
J. Roux (Villenave d’Orgnon) :
Je ne vous remercierai jamais assez car, grâce à Framasoft, j’ai eu le courage de « chasser » Windows.
Et ma vie a changé car ma machine datant (1999) j’ai pu trouver confort et performance par le biais d’Ubuntu.
Rahul Avtar (Cannes) :
Je remercie Framasoft, Wikipédia, Ubuntu, VLC, Gimp… et le monde du logiciel libre où le partage du savoir et de la connaissance sont au cœur d’un projet fantastique.
Ely T. (Cassis) :
Bonjour, et merci pour votre travail pour non seulement nous apporter des outils souvent indispensables au plus grand nombre, mais surtout vous battre pour faire vivre une certaine idée d’Internet et du monde : un lieu d’échanges et de libertés où l’argent n’est plus un but mais redevient un moyen.
Toucau (Mont-de-Marsan) :
Merci de mettre à disposition de tous ce qui appartient à tous.
Stéphane L. :
Je promets ici, à vous comme à tous ceux qui produisent les logiciels libres dont je me sers, d’adresser une juste rémunération dès que je gagnerai ma vie. Et croyez bien que j’en suis aussi impatient que vous.
Oumarou H. (Ouagadougou ) :
C’est la première fois que je publie un message de soutien bien que j’utilise des logiciels libres depuis longtemps. C’est juste parce que je ne savais pas qui ils étaient vraiment.
Un grand grand merci pour ce travail titanesque…
Anonyme :
Vous êtes le rempart du savoir et de la connaissance universelle. Tout mon respect.
Clément R. (Lyon) :
Merci pour votre travail ! La Framakey m’a bien aidé il y a quelques années en m’offrant un environnement de travail mobile dans lequel Fontforge et Inkscape tournaient très bien. Cela m’a permis de créer ma première typographie numérique.
Pierre F.(Guyane) :
Le Libre c’est vital tout simplement.
Amine B. (Paris) :
Oui, tout travail mérite salaire. Oui tout idéal mérite sacrifices. Alors un don aussi petit qu’il soit a sa place.
Merci à toutes et à tous. Libérez nous !
B. :
Framasoft est une formidable source très ordonnée de diffusion des logiciels libres. J’incite mes élèves de collège à l’utiliser à chaque fois qu’ils recherchent un outil et j’utilise la logithèque Framakey abondamment.
Nul doute que Framasoft contribue a la diffusion et au partage des savoirs.
Anonyme :
Merci à Framasoft de permettre à tout le monde d’avoir accès à l’informatique, tout en n’attendant rien en retour. C’est un service honorable, symbolique et référentiel pour nous les jeunes qui doit nous motiver à l’avenir d’avoir des initiatives allant dans ce sens et dans tous les domaines.
Vous êtes d’une grandeur incomparable. Et encore merci vous me motivez de pousser mes études en informatique car suis tout nouveau dans ce monde du 0 et 1.
E. T. :
Un soutien sans faille pour Framasoft ! La liberté n’a pas de prix et elle ne devrait pas avoir à subir de perpétuelles questions financières. Quel dommage ! Cela devrait être soutenu par les pouvoirs publics comme un accès libre pour tous.
Christophe H. (Perpignan) :
Votre site m’aide énormément pour une reconversion comme webmaster, merci.
Anonyme :
Merci de vulgariser le savoir et de le rendre accessible même aux plus démunis.
Roland A. (Abidjan) :
Bonjour Framasoft, c’est une grande œuvre que vous faite là pour le monde du libre.
Sans vous le monde du libre ne serait pas autant vulgarisé.
Silvain P. :
Magnifique démarche, toute de générosité dans un monde de plus en plus égoïste.
GD (étudiant) :
Parce que les logiciels libres sont une bénédiction pour les étudiants et les budgets serrés, je ne peux que vous remercier du fond du coeur d’apporter votre pierre à l’édifice. Vous me (nous) permettez de pouvoir travailler avec des outils libres, et tous les avantages que cela implique (modulabilité, gratuité…). Je suis fier et heureux de pouvoir étudier ainsi, et c’est grâce à vous, et à toute la communauté du logiciel libre, du monde du hacking, que cela est possible. J’ai découvert la mine d’or que représente tout cela. Parce que vos initiatives sont importantes et ont grandement changé le cours de ma vie, je ne peux que vous remercier encore, et vous soutenir financièrement dès que possible.
Vous êtes à mes yeux bien plus importants et méritants qu’on ne pourrait le penser. Merci !
Anonyme (Belgique) :
Je remercie fabuleusement votre organisation pour l’ensemble des services proposés ; j’essaye également de mon côté, à mon humble niveau, de faire évoluer les mentalités vers le libre & l’open source mais c’est une tâche de très longue haleine tant les utilisateurs ont peur du changement… Par contre, une fois « convertis », ils ne veulent pas de retour en arrière :)
Anonyme :
Votre projet est plus qu’une voie vers la philosophie de libre pensée. C’est un pont vers d’autres continents ou sans ces actions un africain, un sud-américain, n’auraient pas accès au savoir.
Merci pour le temps que vous consacrez à ce travail pour d’autres hommes. Merci surtout pour cette bonté de vos âmes.
J. (Dijon) :
Depuis le temps que je fréquente Framasoft et que j’y puise informations et logiciels, je me devais de faire un petit geste. Je tiens à saluer votre travail et votre compétence, en espérant que vous continuerez très longtemps à nous rendre notre « vie informatique » plus douce et plus libre ! Encore merci et bravo.
Christian M. (Paris) :
Il est grand temps d’aider le libre si nous voulons le rester.
B. (Sapporo) :
Par votre biais, j’ai pu faire découvrir le monde du Libre aux Japonais de mon entourage. Courage et Merci.
Nour L. (Rabat) :
Je suis diplômé universitaire mais je n’ai jamais réussi à trouver de l’embauche à cause de mon handicap physique et sans Framasoft et le logiciel libre je n’aurais jamais pu accéder au savoir informatique dont je jouis aujourd’hui, ni à toute l’information disponible sur le Web. Sans tous ces bénévoles, au cœur charitable, épris de liberté et oeuvrant pour un monde meilleur, je me morfondrais seul dans mon coin.
Je n’ai hélas pas les moyens matériels de soutenir de telles actions, mais j’exhorte tous les esprits libres à participer financièrement pour leur pérennité. Un grand merci de ma part et de la part de tous ceux qui sont dans mon cas.
Eric M. (Bordeaux) :
Après avoir découvert le libre grâce à Firefox 1.0, Framasoft m’a aidé à poursuivre ma voie vers la libération, qui grâce à eux n’a pas été si longue que ça… En parcourant les rubriques de Framagora et les billets du Framablog, j’ai découvert la richesse de l’écosystème libre : les logiciels, d’abord, mais aussi la musique, les licences Creative Commons, bref, tous les contenus libres.
Quelques années plus tard, c’est tout naturellement que j’ai voulu contribuer à mon tour à la communauté en donnant un peu de mon temps et de mes compétences. Hélas, même le libre ne se nourrit pas que d’amour et d’eau fraîche, et un projet de l’ampleur de Framasoft a besoin de trésorerie pour fonctionner. Il me paraît important de soutenir financièrement Framasoft, pour l’aider à poursuivre son indispensable travail de promotion du Libre et se développer davantage dans les années à venir.
Encore un grand merci à tous les contributeurs bénévoles, passé et présent, et à toute la fine équipe de l’association, dont je suis fier de faire partie depuis trois ans maintenant. Votre passion et votre motivation sont une grande source d’inspiration !
Anonyme (Grenoble) :
Merci à toute l’équipe de Framasoft pour tous les services que vous me rendez au quotidien. Je pense aujourd’hui tout particulièrement à ceux/celles travaillant sur la Framakey. En me permettant d’utiliser un navigateur libre et safe sur ma clef USB vous préservez mon entourage de mes colères hulkiennes, dues à l’interdiction d’installer Firefox sur mon ordinateur professionnel.
B. (Anonyme) :
Un grand merci pour votre travail. J’ai offert la Framakey, donné des T-shirts. Bref je tente par tous les moyens de convaincre mon entourage que la voie est libre mais c’est long… J’installe beaucoup de logiciels que j’ai trouvé grâce à Framasoft sur les PC des amis sous Windows.
Pour les Linuxiens, dont je fait partie, la route est plus fleurie et respire moins l’odeur de la prison. Je soutiens également l’April, qui est proche de Framasoft.
J.M. (Courcy) :
Tout simplement indispensable…
Matthieu B. :
Je suis étudiant à Marne-la-Vallée et le moins que je puisse dire c’est que Framasoft nous apporte une aide inestimable, à moi et à mes amis. Et notamment Framapad qui nous permet de travailler en groupe via Internet pour préparer un exposé ou simplement refaire des exercices difficiles ensemble. Merci !
Karlito H. (Canada) :
Je découvre votre existence forcenée par l’intermédiaire de France Culture. Comme quoi les cellules fusiformes fonctionnent aussi entre les francs-tireurs du Net et la radio grande écoute ! Je vous garantie qu’elle va voyager la Framakey !
La classe ! Bravo et merci à toute l’équipe !
Romain B. (étudiant) :
Votre courage et persévérance ont déjà fait de nombreux adeptes dans mon entourage. Merci encore et bon courage !
Géraldine :
Vos solutions m’amènent à plus d’autonomie et d’indépendance. Depuis que j’utilise Ubuntu, je me sens en accord avec mes valeurs. Vive vous tous !
Antoine M. (Corenc) :
Ma transition vers un système Linux, libre de la suprématie d’un système commercial (ou pour mieux dire financier) que je ne nommerai pas ; traîne hélas en longueur. L’utilisateur a DROIT au choix d’un système d’exploitation et à des logiciels fiables et stables dans la durée, et à ce jour seule l’informatique libre offre ce choix.
L’informatique libre est une voie, un outil, vers une dimension plus digne, plus humaine du monde. C’est pourquoi j’apporte une brique de soutien à celles et ceux qui font des efforts pour diffuser et documenter librement Linux, pour le bien de tous les usagers, présents et à venir, pour un monde plus souriant. Merci à tous.
Anonyme :
Merci à Framasoft, qui est toujours pour moi le premier site ou j’effectue mes recherches pour trouver une solution libre à mes problèmes !
S. D. (Bédoin) :
Le libre, sa philosophie et son esprit sont l’avenir de l’humanité… Certains le voient comme une utopie, je le vois comme un immense espoir de rendre ses droits et devoirs à l’humain.
Romain G. (Tulle) :
Le monde du libre n’est pas simplement une histoire de logiciels. C’est une philosophie de partage qui constitue une alternative au modèle propriétaire en crise à l’heure actuelle. Utilisateur assidu des outils informatiques depuis longtemps, je n’ai vraiment compris la portée de ce mouvement que lors d’une conférence à la Fête de l’Huma, où divers intervenants m’ont ouvert les yeux sur ce que signifiait vraiment le mot « libre ».
Merci pour tous ce que vous avez fait jusque là, et surtout, ne baissez pas les bras.
Abdel : L
‘intérêt d’un site comme le vôtre est de répondre efficacement aux besoins des utilisateurs comme nous.
Tom Yao O. (Lomé) :
Bonjour, je suis enseignant dans un collège de Lomé au Togo. Et je trouve indispensable de garder cet esprit de liberté et ce vent d’altruisme qu’incarne le logiciel libre. Étant professeur d’informatique, il est important à mon sens d’encourager, de participer et de faire grandir cet esprit qui place l’homme au centre des préoccupations informatiques et non pas l’inverse. L’ordinateur reste une machine qui doit avant tout servir et aider l’Homme à dépasser sa propre condition. Aujourd’hui c’est l’homme qui est asservi par la technologie qui devient ainsi son maître.
Voila pourquoi les initiatives et entreprises comme Framasoft sont cruciales pour l’avenir de l’humanité. Les va-et-vient de la vie nous amènent souvent à oublier à quel point les entreprise telles que le logiciel libre sont des marques de la grandeur et de la haute qualité de l’âme humaine, que l’on devrait suivre et répandre pour tenter de « sauver ce monde ». C’est aussi pourquoi, tel un phare dans l’obscurité, Framasoft permet à des gens comme moi, perdu dans les méandres de la vie de se rappeler au détour d’une recherche sur Google, que « la vrai vie » est aussi dans la manière avec laquelle on pratique l’informatique.
Vasutek (auto-entrepreneur) :
Je suis un organisme de formation et propose un panel de formation en open source. Framasoft est de fait une plate-forme indispensable pour moi et un véritable outil de travail.
Anonyme (Suisse) :
Ce n’est pas à l’ordinateur, ni aux concepteurs de logiciels de nous contrôler… C’est à nous de contrôler l’ordinateur !
Dahmane B. (Algérie) :
C’un réel plaisir de sortir du diktat de Microsoft. Mon soutien, mes capacités, et mon énergie iront vers tout ce qui libre. La mondialisation est une réalité, mais partagée elle sera mieux supportée.
Merci pour tout.
Christian M. (Guadeloupe) :
La croisade du libre continue. Depuis des années maintenant, j’essaie de faire avancer le libre en motivant mes élèves à avoir leur machine sous Ubuntu, d’utiliser OOo, ou d’avoir à défaut une clé… Framasoft !
Jean-Guillaume N. (Chambéry) :
Bonjour, installé en libéral depuis peu, passer au libre m’a permis de me poser plus questions sur ce que veut dire « communauté », « solidarité » et « partage ». J’incite mes proches à essayer de sortir du « achat », « consommation » et « individualisme forcené ».
Daniel C. (Oise) :
Merci beaucoup à Framasoft qui représente à mes yeux le principe fondamental de liberté d’Internet et d’utilisation de l’ordinateur.
C’est grâce à des réseaux comme ceux-ci que notre civilisation évolue. Restons libre !
Thierry V. (EL Salvador) :
Je fréquente ce site extraordinaire que je recommande à tout le monde depuis des années. Des articles pertinents, une foultitude de logiciels, j’y ai trouvé de très nombreux programmes qui me servent tous les jours. Depuis quelques temps je participe en traduisant ou relisant sur Framalang.
Je viens de télécharger le framabook C en 20h, je l’aurais bien acheté mais le coût de l’envoi en Amérique Centrale est prohibitif. Donc j’ai décidé de soutenir ce site d’exception que je recommande à tous mes élèves et collègues..
Longue vie à Framasoft.
D. :
Merci beaucoup toute l’équipe de Framasoft de faire vivre la philosophie du libre à laquelle je suis très attaché, aussi bien politiquement que moralement.
Quand la coopération prouve qu’elle est bien plus riche que la concurrence, cela fait du bien.
Erwan F. (Paris) :
Je ne compte plus les trouvailles logicielles que j’ai pu faire par votre intermédiaire. Il était grand temps que je donne un petit quelque chose. Dont acte.
Fatouma A. (Djibouti) :
La valeur des logiciels libres ou de l’information ne peut pleinement se ressentir que dans les pays du Sud comme le mien où il est possible d’accéder à l’information et de la travailler sans que cela nous ruine !
Vous ne vous rendez pas compte à quel point vous êtes importants !
Yannick A. (Merville) :
Les logiciels libres sont l’exemple même de ce que l’on peut faire avec de l’intelligence et de la bonne volonté. Je vous souhaite de vous voir sortir de vos difficultés financières et de pouvoir continuer longtemps à nous rendre tous plus libres. Merci !
Christian H. (Sedan) :
Je suis un fan de Framasoft. Je parle de vous à qui veut l’entendre.
Anthony M. (Talence) :
Étant allergique aux livres mais passionné d’informatique, vous avez réussi à me donner envie de lire mon tout premier livre (la biographie de Richard Stallman) à 22 ans, c’est un exploit ! Vous méritez donc un don :)
J’ai profité de la lecture de cette biographie pour faire un exposé sur le sujet et ainsi faire passer le message dans mon université. Maintenant je viens de télécharger mon deuxième livre « Produire du Logiciel Libre » j’espère que cela sera passionnant et que je pourrais appliquer les conseils de ce livre.
J. C. (étudiant) :
Très bon site, pionnier en France, celui-ci m’as permit de faire connaissance avec le monde du libre alors qu’il n’était que bien peu répandu. Aujourd’hui que le grand publique s’ouvre au libre, votre site devient vraiment un acteur puissant du Web français.
G. (Paris) :
Merci au réseau Frama*. Merci pour avoir été une porte d’entrée dans le monde libre à une époque où je ne faisais pas la différence entre un logiciel libre, un « gratuiciel » ou encore un « partagiciel ».
Quelques années plus tard, me voila libriste convaincu, GNU/Linuxien de tous les instants, publiant à l’occasion quelques bouts de codes sous licence libre.
M. V. (Professeur) :
J’utilise assez peu (trop peu !) vos services, mais je serais vraiment ennuyée de ne plus pouvoir les utiliser du tout.
Sébastien W. (Belgique) :
Je trouve les billets du Framablog très intéressants (je n’ai malheureusement pas le temps de toujours tout lire) et je soutiens à fond Framasoft. Quand je dois donner l’adresse d’un site web à quelqu’un qui utilise encore Windows dans mon entourage pour savoir ce qu’il faut installer pour tel besoin, je donne toujours celle de Framasoft.
E. C. (Paris) :
Cela fait quelques années maintenant que je pratique les gratuiciels. C’est avec un grand plaisir que j’ai pu ajouter la notion de logiciel libre à ma pratique et que je la fait partager à mon entourage. Le site de Framasoft y est pour beaucoup puisqu’il est a ce jour ma référence pour trouver le soft qui me fait besoin.
Pas plus tard que dimanche dernier j’ai eu droit à un : « Où t’as trouvé ça ? C’est génial ». Ma réponse : « Framasoft est ton ami ».
K. A. (Montréal) :
Merci pour votre travail et surtout pour le livre Simple comme Ubuntu qui a facilité ma transition de Windows et OS X vers Ubuntu. J’utilise maintenant presque exclusivement Ubuntu sur mon propre ordi. Je viens de télécharger le framabook Pour aller plus loin avec la ligne de commande.
J’étudie pour devenir bibliothécaire et je pense que l’implantation du logiciel libre (avec des systèmes d’exploitation libre si possible) dans les bibliothèques est très importante et permettra d’introduire beaucoup de monde au logiciel libre. Pour ma part, le fait d’avoir utilisé Firefox à l’école et OpenOffice et GIMP chez moi depuis des années avant d’essayer Ubuntu m’a beaucoup aidé.
Anonyme (Dakar) :
Si tout le monde se contentait de vous dire merci seulement, Framasoft serait déjà de l’histoire ancienne.
Bravo et allez de l’avant !
Thomas M. (Marseille) :
Je suis de la génération qui a connu l’avant et l’après l’éclosion de l’informatique domestique. L’avant où étudiant j’ai pu voir l’arrivée de l’Internet dans les établissements de recherche scientifique, l’après lorsque le net a peu a peu conquis le monde de l’entreprise (à moins que ce ne soit le contraire). J’ai eu la chance d’être sensibilisé puis formé sur des systèmes UNIX, puis de prendre de plein fouet la vague Microsoft, pour revenir peu à peu à de plus sages résolutions vers Linux.
Aujourd’hui administrateur réseau et « dépatouilleur multitâche » dans une ONG, je dois une bonne part de mon expérience à des ressources issues du libre : toutes ces communautés qui partagent l’information sans arrière pensée, ces développeurs chevronnés qui créent sans rechercher ni la gloire ni le profit, ceux qui partagent pour le bien de tous. A mes yeux Framasoft fait partie de ce mouvement en faisant une promotion intelligente du libre, sans jamais stigmatiser tel ou tel choix, mais au contraire en apportant une aide à la décision à travers la pédagogie, la découverte et l’expérience.
Caroline G. (Massy) :
Merci pour vos logiciels libres… En tant qu’étudiant, ils m’ont permis de bosser de chez moi, car sans salaire, on ne peut pas acheter les licences. De plus, je trouve que bien souvent, vos logiciels sont plus intuitifs et surtout, avec la Framakey, j’ai pu mettre open office sur ma clé et travailler partout sans les problèmes de compatibilité.
David A. (Ardèche) :
Encore étudiant, je n’ai malheureusement pas de rentrée d’argent suffisante pour contribuer à l’évolution du réseau.
J’adhère (et je milite) énormément pour l’Open Source et j’utilise un maximum de logiciels développés sous cette philosophie. Je pense que les gens transhume, petit à petit, de leur « propriétarisme » au Libre mais il faut du temps. Comme dit Renaud : « Tous ces moutons effrayés par la Liberté » (Hexagone)
Tenez bon, je vous félicite pour tout votre travail et vous remercie encore !
Cédric V. :
Je voulais remercier Framasoft grâce à qui : - je suis sous GNU/LINUX depuis 5 ans après une phase de migration Windows + logiciels libres. J’ai pu découvrir une documentation importante dans un domaine qui m’intéressait (dernier exemple : je viens de finir la biographie de Stallman, terrible !). J’ai pu alors faire des conférences et des stages sur le logiciel libre dans le cadre d’un festival associatif.
Helem (Boé) :
Bon vent à Frama-doux qui synthétise et propose l’indispensable et le superflu de la sphère informatique libre et forcément un peu libertaire.
Guy H.L. (Louvigny) :
Tout récent adepte de la FUR alias Framakey Ubuntu Remix, je trouve votre concept absolument génial. Non seulement il permet de s’affranchir des logiciels et systèmes propriétaires qui représentent un danger majeur pour nos libertés et la sécurité informatique (Microsoft, Apple, Google, etc.) mais en plus il permet de rendre indépendantes les 3 fonctions de l’informatique que sont 1 la machine 2 le système 3 les données, que je stocke sur des supports amovibles.
Maintenant plus de virus, plus de cata quand ma machine casse ou que je ne l’ai pas sous la main et cela va bien plus vite qu’avec Windows. J’ai tout dans la poche ! Linux sur sa clé, mes données bureautiques sur une autre, les photos et vidéos sur un disque dur amovible ….et je peux retrouver mon environnement habituel sur n’importe quel machine !
C’est tellement simple et convivial que ma mère de 82ans qui n’a jamais pu se faire aux gadgets foireux de Microsoft, ne jure que par sa FUR qu’elle emmène dans sa poche chez ses enfants et petits enfants !
Génial, continuez et prospérez !
Xavier D. (Bazeilles) :
Linuxien depuis des années, je suis bien persuadé de la supériorité des logiciels libres, mais je soutiens Framasoft essentiellement parce ce site cultive le champ immense de la culture libre, champ voisin et fertile.
Dans la chaîne du savoir et de la culture partagés qui sont la culture d’aujourd’hui à l’heure d’internet, le maillon culturel et le maillon logiciel sont forgés chaque jour grâce à des organisations telles que Framasoft et je suis heureux de pouvoir les aider par un don modeste mais sincère.
Brise P. (Kinshasa) :
Je suis personnellement très émotionné de remarquer votre générosité : mettre en ligne et à disposition tous ces ouvrages en à peine publiés. C’est remarquable ! Je suis chrétien, tout ce que je demande est que mon Dieu bénisse votre oeuvre.
Alain L. (Pantin) :
J’ai le plaisir de participer au soutien de Framasoft, car dans une société ou la finance domine et entrave le monde, liberté et partage ont bien besoin d’être défendus.
E. B. (Limeil Brévannes) :
Cela fait quelques années que j’utilise des logiciels libres, pour la plupart découverts grâce à Framasoft. Firefox, bien sûr, The Gimp, évidemment, Inkscape, OOo, divers scripts PHP (Joomla, Wordpress…), 7zip, VLC… Sans être un puriste (j’utilise également des logiciels propriétaires), je trouve l’écosystème du libre fascinant et promis à un bel avenir.
Framasoft occupe une place unique dans cette grande communauté, se chargeant de l’aspect communication, diffusion, promotion. C’est un rôle qu’il faut à tout prix maintenir pour que ce monde puisse grandir encore.
Alors, une fois n’est pas coutume, j’ai fini par mettre la main au porte monnaie, petite contribution pour des années de bons et loyaux services.
Bonne continuation à toute l’équipe !
T. B. (Saintes) :
Entre le forum, la Framakey, ce catalogue magique d’applications libres, le blog, etc… impossible de laisser tomber Framasoft !
C’est bien grâce à vous et à ceux que vous mettez en lumière que j’ai découvert l’enjeu du libre. Grâce à vous l’informatique a changé de nature pour moi.
Continuez, continuez, la liberté a besoin de vous !
John J. (Paris) :
Vous roxez et on vous aime. Vous êtes politique et intelligent, vous êtes journaliste et philosophe. Vous apportez vraiment beaucoup aux informaticiens et aux noobs. Vous êtes une base qui remet en question la propriété. Et ça c’est la classe !
Martin M. (professeur des écoles) :
Vous êtes un phare en ce qui a trait à l’utilisation de la technologie en pédagogie. Que de projets ai-je réalisé grâce à ce que vous m’avez inspiré…
Nicolas G. (président d’association d’éducation populaire) :
En tant que militant associatif, j’ai toujours trouvé des informations pertinentes et des idées pour mettre en place des solutions à la fois efficaces, pérennes, et correspondant à l’éthique de mon engagement militant. Par exemple, la Framakey fait partie du kit militant que nous distribuons aux responsables locaux (avec les framabook pour aller plus loin avec Open Office et Thunderbird). De plus, les analyses regroupées sur Framablog sont une vraie source de réflexion sur les logiciels libres, les droits d’auteurs, les brevets etc. Bref un grand merci et surtout continuez !
A. O. (Professeur - Yaoundé) :
Salut Framasoft, juste pour vous marquer ma profonde reconnaissance pour l’immense travail que vous faites pour la communauté du libre. Je suis enseignant d’informatique de lycées et collège au Cameroun et je travaille aussi dans la diffusion des logiciels libres à travers l’initiation des élèves à l’outil informatique sur des logiciels libres. Car tant il est dit que on n’oublie jamais sa première langue d’expression donc mes élèves certainement n’oublieront jamais les logiciels libres. J’ai beaucoup bénéficié de vos productions et je vous en suis profondément reconnaissant.
Frederic B. (Biganos) :
Pour moi, Framasoft, c’est la bible francophone du logiciel libre.
G. V. (étudiant - Saint-Étienne) :
Dans un pays où les académies restreignent de plus en plus l’information dans les écoles et où Hadopi fais régner l’injustice juridique. Framasoft permet de donner les moyens via des logiciels portables libre, d’avoir quand même accès à l’information. De plus la fraternité et la liberté omniprésente dans le monde du libre, dont fait partie votre site, est un souffle d’air frai pour tous.
Farid Z. (Maroc) :
Un grand merci a toute personne contribuant au Libre, C’est peut-être l’un des derniers rempart contre une hégémonie de l’argent, qui efface malheureusement toute notion de partage, et quelque part une partie de notre humanité. Bon courage à tous, que Dieu vous garde.
Cyrille L. (Les Farges) :
Depuis plusieurs années maintenant, je me suis mis au libre. Votre site est un incontournable et je vous en remercie. La richesse et la diversité des logiciels présents font qu’il serait fou d’aller voir du coté du non-libre. J’ai souvent conseillé votre site à des élèves recherchant des logiciels : les retours ont été très souvent positifs et de plus, cela leur a permis de comprendre quelque peu les enjeux du logiciel libre. Merci beaucoup.
W. (Australie) :
Grâce à vous, j’ai pu convaincre quelques bilingues anglais-français australiens que le meilleur du Web pouvait aussi se trouver du côté francophone. « May the force be with you » ;-)
Anonyme (Afrique) :
Je veux juste vous dire un grand MERCI du fond du cœur. Je vis au Benin et je n’ai pas de carte de crédit pour vous soutenir financièrement. Mais heureusement, j’ai quelque chose de bien plus grand, une prière.
« Par la grâce du Dieu tout puissant, toutes les portes auxquelles vous frapperez pour demander soutien s’ouvriront et vous ne repartirez jamais les mains vides et votre activité ne cessera de grandir. Amen »
Continuez à faire ce que vous faites si bien avec un grand cœur. Essayez de voir dans quel mesure, nous qui somme dans des pays moins avancés nous pouvons vous faire parvenir notre petite contribution. Merci infiniment pour ce « Framamour du savoir libre ».
Anonyme :
Je suis un élève de 4ème, J’utilise la Framakey depuis que j’ai tapé par hasard sur Google (si je me souviens bien) « logiciel libre ». J’ai voulu essayer évidemment et ce fut le bonheur après la longue installation ! Nous devons tous soutenir le libre étant donné que c’est très pratique et pas cher ! Je suis un fan d’informatique et me promener avec cet utilitaire est ma fierté. Je l’ai fait découvrir à des élèves(et deux élève à côté de moi me regardent écrire ce texte).
Anonyme (professeur - Nantes) :
Merci depuis longtemps à vous pour les essais possibles de logiciels libres (vraiment libres, pas pseudo gratuiciels ou free-mes-couilles). Merci surtout pour votre indéfectible foi en un logiciel possiblement partagé et partageable (et toute la disponibilité dont vous avez su faire preuve et que j’admire tant elle me dépasse). Mais vous le savez : « Les créations de l’esprit humain appartiennent à l’humanité. ». Sommes de temps et d’argent n’étant point comptées mais seulement sommes de cultures humaines, incomptables par essence, puisque d’essence il n’y a point mais seulement une « sorte d’accumulation culturelle » que des paléo et autres anthropologues vous expliqueraient mieux que moi.
Philip S. (Marseille) :
La Framakey a libéré mon PC le PC sous Vista imposé par ma collectivité :-(
J’espère qu’un jour les logiciels libres deviendront le standard pour l’administration et les collectivités en France. Je ne peux tolérer que l’argent public soit utiliser pour reverser des rentes à une multinationale américaine !
Stéfanie D. (Paris) :
Merci Framasoft de contribuer à améliorer la visibilité des logiciels libres en France, dans l’éducation, auprès des jeunes et auprès du grand public. Merci pour tes projets, merci d’y croire et de continuer à soutenir les logiciels libres et les faire avancer. Merci pour les articles du Framablog qui m’ont beaucoup appris et que je n’ai pas manqué de relayer. Longue vie à votre association !
Ce billet clôt un sorte de « dossier Facebook » après les témoignage de la maman, du musicien et du blogueur.
Les deux premiers ont décidé de quitter le célèbre réseau social. Ce n’est pas tout à fait le cas ici, juste le constat d’une situation d’avant qui avait son charme, sa nostalgie, voire son authenticité…
Rian - 2 novembre 2012 - Elezea
(Traduction : doc_lucy, ehsavoie, geecko, levouko, Amargein, Munto, ordiclic, Marc)
En août 2003 — quelques mois avant notre mariage — ma femme et moi avons voyagé à travers l’Europe, sac sur le dos. Vous vous souvenez sûrement de cet été en particulier puisque c’était une des plus grandes vagues de chaleur qu’a connu l’Europe depuis une centaine d’années ou presque, il y avait donc une couverture médiatique assez importante. Les boutiques de Paris étaient en rupture de stock de ventilateurs. En sueur, des touristes à moitié dénudés inondaient les rues, ce qui, j’en suis sûr, a certainement rendu les habitants encore plus grincheux que d’habitude car ils devaient céder le contrôle de leur ville à de nombreux étrangers.
Quel voyage — 8 villes en 30 jours. Nous utilisions un service de bus à escales à volonté (« hop-on hop off ») et logions en auberges de jeunesse, comme on le fait lorsqu’on n’a pas d’argent. C’était épuisant, merveilleux, enrichissant, frustrant, superbe. J’adorerais vous montrer quelques photos, mais cela risque d’être difficile puisque mon album se trouve dans ma bibliothèque, chez moi.
Prendre des photos était différent à cette époque. Avant le voyage j’avais acheté dix pellicules Fujifilm ISO 400 de 24+3 vues pour mon Nikon SLR. Je devais prendre en considération l’importance de chaque photo, car non seulement la pellicule était chère, mais nous allions également avoir à faire développer ces fichus machins. Une fois le voyage terminé nous avons passé plusieurs jours à parcourir les photos, à revivre les moments, sélectionnant avec attention celles qui mériteraient d’être dans notre album.
Je feuillette souvent l’album. Il inclut quelques-unes des meilleures photos que j’ai jamais prises, durant l’une des périodes les plus tumultueuses de ma vie. Mes souvenirs de ces instants s’estompent lentement avec ces photos, mais jamais je n’oublierai l‘émotion de ce mois en particulier.
Le mois dernier, plusieurs de mes amis étaient en voyage en Europe. Je le sais parce que je suivais leurs moindres déplacements sur Instagram et Facebook. Parfois, leurs photos me rappelaient des lieux où nous étions allés pendant notre voyage. Parfois j’en étais jaloux. Parfois je me disais simplement, waouh, c’est joli.
Je me demande ce qu’il adviendrait si ma femme et moi faisions notre expédition maintenant, presque une décennie plus tard. J’imagine que je passerais le plus clair de mon temps à prendre des photos avec mon téléphone, ou à chercher du wifi gratuit avec mon téléphone. Parce si vous ne postez pas de photos de ce que vous faites, c’est que cela ne s’est pas vraiment passé, pas vrai ?
En un sens, je suis content que nous ayions fait notre grand voyage en Europe avant que les réseaux sociaux n’existent. Nous consultions nos emails éventuellement une fois dans chaque ville — à condition que nous arrivions à trouver un cyber-café. La plupart du temps nous étions laissés à nous-mêmes. Juste un couple parmi un océan de touristes. C’était la même chose concernant la bouteille de vin que nous avons prise dans ce restaurant italien. À l’exception que c’était notre bouteille de vin, et que nous la partagions juste entre nous. Avec personne d’autre. C’était tout un mois rempli de moments secrets en public, et nous étions juste… là. Nous n’avons pas pointé sur Foursquare, n’en n’avons pas parlé sur Facebook, n’avons posté aucune photo nulle part. Je regarde en arrière à présent et j’apprécie l’incroyable liberté que nous avions de vivre, avant que nous ne soyions tous connectés et que nous ne développions cette idée qui veut que la valeur d’un moment est directement proportionnelle au nombre de « J’aime » qu’il reçoit.
Je me suis levé hier matin pour lire quelques statuts Facebook de gens qui n’aiment pas Halloween, et qui ne laisseraient jamais leurs enfants participer à ces maudites quêtes de confiseries. Je me suis senti immédiatement coupable car j’avais laissé ma fille s’amuser la nuit précédente en la laissant s’habiller de son costume mi-sirène, mi-fée qu’elle avait elle-même choisi.
Et j’ai alors réalisé que je ressentais toujours la même chose sur Facebook. Culpabilité, colère, envie… Il s’agit des émotions qui produisent le plus d’activité sur les réseaux sociaux, mais peut-être encore plus sur Facebook que partout ailleurs. Ce sont les émotions qui nous font partager/aimer/commenter les choses. Et alors j’ai repensé à notre voyage en Europe et à combien je regrette ce temps-là, où nous n’étions pas encore obligés de porter le fardeau des pensées, des sentiments et des opinions de chacune des personnes à qui nous sommes liés en ligne. C’est ce que Franck Chimero a appelé une fois « cracher les gaz d’échappement des vies digitales des autres ».
Je ne dis pas que j’en ai fini avec Facebook — et de toute façon, publier sur son blog sa rupture avec Facebook est devenu tellement cliché que je ne voudrais pas que ce texte y ressemble. Je dis juste que je n’aime pas les émotions que me procure mon flux d’actualités Facebook ; je vais donc aller « voir d’autres personnes » pour un temps, et je verrai bien comment les choses évoluent. Et je vais essayer de retrouver les sensations de ce voyage en Europe, fait il y a une décennie, dans les vies des gens autour de moi.
Crédit photo : Jean-Louis Zimmermann (Creative Commons By)
Oui, c’est mal : Framasoft a une page Facebook !
Mon falacieux argument, sujet à caution et non partagé par tous en interne (et je vous attends dans les commentaires), est le suivant : en l’an 2000 nous n’avions pas de scrupule à aller chercher les utilisateurs sur Windows pour leur parler du Libre. Windows étant au système d’exploitation ce que Facebook est aujourd’hui à Internet, pourquoi en aurions-nous davantage 10 ans plus tard ?
Bon, ceci étant dit, cette page Facebook a toujours été en mode passif de chez passif. On a fait en sorte que, via les flux RSS, les billets de ce blog et nos gazouillis Identica/Twitter soient relayés automatiquement dessus et c’est tout.
Sauf que pas mal de choses ont changé dernièrement selon le bon vouloir du paramétrage des maîtres du lieu. La syndication automatique a semble-t-il été supprimée (je suis preneur d’une solution pour faire apparaître à nouveau les billets). Et pire encore, lorsque vous postez quelque chose sur votre page, vos fans (c’est-à-dire ceux qui ont cliqué benoîtement sur « J’aime » votre page) ne reçoivent plus l’information. Ou alors quelques uns oui, mais pas tous. Enfin c’est le bordel quoi !
Pour résumé, le « J’aime » d’avant n’est plus du tout le « J’aime » de maintenant. Heurement qu’il n’en va pas de même dans la vraie vie…
C’est fâcheux je vous l’accorde. Mais ouf, pour ce qui nous concerne on a d’autres canaux d’information. Je connais cependant des associations (de bénévoles) qui avaient tout misé (ou presque) sur Facebook et qui se retrouvent bien em…bêtée parce que maintenant il faut passer à la caisse des « billets sponsorisés » si vous souhaitez à nouveau toucher tout le monde d’un coup.
C’est ce qui est arrivé à l’auteur du blog Dangerous minds ci-dessous. Ayant l’habitude de poster beaucoup, et donc de relayer beaucoup sur Facebook, il a calculé que pour atteindre tous ces fans, il lui faudrait désormais payer 672 000 $ pour quelque chose qui était totalement gratuit quelques jours auparavant !
Tout ceci porte un nom simple : capitalisme. A fortiori lorsqu’on s’appelle Facebook, qu’on a raté son entrée en bourse et qu’on se retrouve sous la pression de ses actionnaires.
Et la trappe est en train de se refermer sur nous. Tout le monde est coincé. Car tout le monde a accepté volontairement d’aller s’enferrer et s’enfermer sur Facebook. Combien de structures ne prennent même plus la peine désormais d’indiquer l’adresse de leur site Web pour préférer signaler leur page Facebook dans leur communication ? (d’autres vont encore plus loin dans l’intégration comme La Poste avec cette publicité tellement emblématique de mon propos, photographiée d’ailleurs ci-dessous).
Les gros vont peut-être accepter de régler la nouvelle note mais pas les petits, créant un service à deux vitesses qui n’est pas dans les saines et ouvertes habitudes d’Internet.
Sauf à vivre dans le monde des bisounours, n’oubliez jamais qu’un certain gratuit se paye tôt ou tard…
N’oubliez pas non plus, si tout ceci vous fatigue, vous étouffe ou vous exaspère, que le Libre vous accueille en toute confiance à bras ouverts. Vous y perdrez sûrement quelques fans au début mais y gagnerez peut-être une communauté dans lequel votre « J’aime » sera actif et engagé en prenant du sens et de l’authenticité.
Horrible pub de La Poste près de son musée à Paris twitter.com/framaka/status…
— Alexis Kauffmann (@framaka) Novembre 1, 2012
Responding to criticism, Facebook adds a way for you to really, really ‘like’ something
Joel Johnson - 2 novembre 2011 - NBC
(Traduction : GPif, KoS, Yuston, RN, Robin Dupret, Gatitac, LuD-up, PM, bashr, RN, Tchevengour)
Richard Metzger n’est pas très content de Mark Zuckerberg.
Fondateur de Dangerous minds, un blog culturel peu connu au départ, Metzger a rassemblé plus de 50 000 fans sur sa page Facebook au cours de ces trois dernières années. Mais depuis l’introduction en bourse de Facebook en mai dernier, les changements d’algorithme du géant des réseaux sociaux ont rendu l’apparition du contenu publié par Dangerous Minds dans les fils d’actualités de ses fans de plus en plus rare.
Quand vous cliquez sur « J’aime » telle ou telle page, vous pensez peut-être que cela veut dire que votre « journal » recevra toutes les mises à jour postées par le détenteur de cette page. Et c’est bien ce que cela faisait avant. Mais dans sa tentative de soit-disant améliorer l’utilité des informations affichées sur votre journal, par exemple en masquant le contenu qui ne vous intéresse pas, Facebook a aussi semé le trouble chez les utilisateurs et les fournisseurs de contenu quant à la signification du « J’aime ». Pour essayer de clarifier cela, Facebook a ajouté un menu déroulant sous le bouton « J’aime », avec « Recevoir les notifications » et « Afficher dans le fil d’actualité », nécessitant maintenant que les utilisateurs modifient un à un les paramètres de ce qu’ils avaient déjà « aimé ».
Dans un billet passionné et public, Metzger a accusé Facebook d’avoit conçu « le plus gros leurre de l’histoire » en introduisant les « publications sponsorisées ». En somme, Facebook demande aujourd’hui à Dangerous Minds de payer pour mettre en avant ses billets auprès de ses propres fans, pour un montant pouvant dépasser 672 000 $ par an selon Metzger — alors que la même chose était totalement gratuite auparavant.
Metzer détaille son calcul :
Chez Dangerous Minds, on propose entre 10 et 16 publications chaque jour, un peu moins les week-ends. Pour atteindre 100% de nos plus de 50 000 fans (c’est-à-dire l’affichage de l’information sur leur « journal »], Facebook demanderait désormais 200 $ par publication. Ce qui nous coûterait entre 2 000 $ et 3 200 $ par jour, mais retenons uniquement la fourchette basse, plus facile à multiplier. On publie du contenu tous les jours de la semaine, soit 14 000$ par semaine, 56 000$ par mois… pour un total de 672 000 $ par an ! Pour quelque chose que nous pouvions faire gratuitement avant que Facebook ne ferme les vannes cet automne, comme par hasard juste au moment de leur entrée en bourse mal gérée !
Selon Metzger, Dangerous Minds a perdu ainsi entre la moitié et les deux tiers des visites provenant de Facebook, avec pour seul recours apparent de payer Facebook pour promouvoir les messages destinés aux fans. Un porte-parole de Facebook a déclaré à NBC News que Metzger a « mal interprété » l’idée sous-jacente de billets sponsorisés : ils concernent la qualité des billets, et non leur quantité.
« Nous continuons à améliorer le fil d’actualité pour mettre en avant les messages que les fans sont les plus enclins à consulter activement, de manière à leur assurer qu’ils lisent les nouvelles les plus intéressantes » a ajouté le porte-parole. « Cela coïncide avec notre vision que tout contenu publié devrait être aussi attrayant que les messages provenant de la famille ou des amis. »
Le sponsoring réalisé par Facebook est conçu — et tarifé — de manière à ce que « le contenu le plus attractif » soit promu, mais pas de la manière qu’on imagine : plus « l’activité naturelle » du contenu est importante (le temps effectif durant lequel les utilisateurs le consultent, le commentent, ou cliquent sur « J’aime ») moins Facebook facture le promoteur du message pour le mettre en évidence.
Le fait qu’un utilisateur clique sur « J’aime » sur une page ne signifie pas que cette personne, cet éditeur, cette organisation ou cette marque puisse envoyer ses infos sans entrave sur le « journal » de l’utilisateur (même s’il n’ y a pas si longtemps, c’est plus ou moins ainsi que Facebook fonctionnait).
Et cela est donc déroutant aujourd’hui pour des utilisateurs ou des éditeurs qui avaient pris l’habitude d’utiliser les précédentes versions de Facebook un peu comme Twitter ou comme un flux RSS, en montrant l’intégralité du contenu publié par les éditeurs ou les marques « aimées » dans le « journal » personnel.
Mais alors que peut bien signifier ce« J’aime » fluctuant ? Comme me le disait Allen Tingley sur Twitter, « le simple fait que « J’aime » quelque chose ne veut pas dire je veux votre publicité (de merde) à longueur de journée dans mon fil d’actualité. L’aspect « social » du réseau ne signifiant pas publicité gratuite ». Mais pour d’autres utilisateurs, cliquer sur « j’aime » peut signifier qu’ils veulent recevoir autant de mises à jour que possible de la part de la page choisie.
Cette confusion ne vient pas uniquement d’une nouvelle perception des utilisateurs de ce que signifie cliquer sur « J’aime », mais aussi des modifications que Facebook a faites ces dernières années (et continue de faire), sur le fonctionnement de l’algorithme qui fait apparaître les contenus sur le « journal » des utilisateurs.
Cliquer sur « J’aime », représente seulement « un dixième de ce qui est compté comme de l’engagement » selon Facebook (la seule façon de compter les désengagements pour ainsi dire, c’est de cliquer sur le bouton qui masque les publications de votre « journal »).
Ecrire une publication sur un mur, marquer une photo, commenter une page, toutes ces choses s’additionnent dans les coulisses pour informer Facebook de ce qu’il devrait ou ne devrait pas poster sur votre « journal ». Il tente alors de vous présenter en théorie le contenu qu’il estime le plus pertinent à vos yeux.
Plus vous vous engagez auprès d’une marque, une organisation, ou une personne, plus il est probable que vous voyiez son contenu dans votre « journal » (malheureusement, c’est un à peu près le seul contrôle que vous ayez sur votre journal puisqu’il n’existe pas de fonction « Tout voir de Untel ou Untel »).
À moins, bien sûr, qu’un annonceur, de la grande marque au petit éditeur comme Metzger en passant par l’un des vos amis, ne paie pour faire apparaître certains contenus sur votre « journal ». Comme Google, Facebook est fondamentalement une régie publicitaire. Ou du moins, tel semble être le désir des actionnaires qui veulent leur retour sur investissement.
Pour un petit éditeur comme Metzger, qui a passé des années à investir temps et ressources pour construire sur Facebook une communauté qui engendrait en retour du trafic vers son site, la récente commercialisation par Facebook de son travail sonne comme une trahison. « L’idée que la direction générale de Facebook n’ait pas prévu cela — une réaction très négative de ses utilisateurs les plus engagés — laisse pantois » a affirmé Metzger à NBC News. Selon lui, ces 50 000 personnes sont des amis — ou à tout le moins des « amis » — alors que Facebook les considère comme des clients partagés.
Mais, on le sait, Facebook ne peut continuer à offrir indéfiniment des services gratuitement, du moins pas à tout le monde. Comme il est peu probable que les particuliers paient pour leurs comptes Facebook, il ne reste que les annonceurs. Même si, dans le cas de Metzger et de Dangerous Minds, le réseau social ne le considère pas comme un annonceur, mais bien comme un utilisateur lambda.
C’est une nouvelle version du vieil aphorisme « si tu ne paies pas la marchandise, c’est que tu es la marchandise ». Cette fois, Dangerous Minds est à la fois la marchandise et le client. Le blog a construit une communauté et a fourni du contenu à Facebook ; Facebook a construit un réseau social qui, en retour, fournit gratuitement du trafic et des outils à Dangerous minds, jusqu’à ce que la communauté que Metzger a construite ait pris assez de valeur pour être vendue à des publicitaires, y compris Metzger.
Alors qu’il est peu probable que Facebook ne revienne à la version précédente « partage sans entrave » de son algorithme, la société a confirmé que les utilisateurs pourraient dorénavant choisir de recevoir toutes les publications d’une page « aimée » en activant la fonction Recevoir les notifications directement sur le bouton « J’aime ». Sauf que cela nécessite que les fans se rendent une à une sur les pages « aimées » et fassent eux-mêmes le réglage, ce que la plupart ne feront probablement pas…
Metzger voit cela comme une amélioration. « Evidemment, quelle que soit la façon dont je regarde la chose, c’est tout de même un changement positif important, mais si l’algorithme de Facebook avait été conçu initialement en « opt-in » (choix d’engagement et donc de tout recevoir par défaut) et non « opt-out » (choix du refus par défaut), Facebook ne se serait pas attiré les foudres de l’opinion lors de la mise en place des billets sponsorisés. » Metzger qualifie l’implémentation originale de « vautour capitalisme amateur ».
Toujours est-il que Metzger a peut être réveillé l’attention des autres utilisateurs de Facebook, car il a affirmé à NBC News qu’en 24h son coup de gueule a été « aimé » plus de 20 000 fois sur Facebook.
On le constate de plus en plus souvent aidé qu’il est en cela par Internet : quand l’esprit du Libre accoste un nouveau domaine, il interroge voire interpelle son modèle d’organisation antérieur (sans même le demander toujours explicitement).
Est-ce que la fermeture (ici les brevets) est la meilleurs voie vers le progrès et l’innovation ? Doit-on payer plusieurs fois l’usage d’une technologie qui devrait être au bénéfice de tous ?
Il pose alors des questions faussement naïves dont les réponses dessinent les contours du monde de demain.
Forget Patents: Why Open Source Licensing Concepts May Lead To Biotech Innovation
Glyn Moody - 2 novembre 2012 - TechDirt.com
(Traduction : aKa, KoS, Dryt, Amine Brikci-N, Cyrille L., alexis, mazerdan, tanguy)
En direct du département du partage…
L’une des idées directrices conduisant au libre accès dans le domaine de la recherche est que si le public a déjà payé par l’intermédiare des impôts (ou du mécénat), alors il n’est pas légitime de demander à nouveau aux citoyens de payer pour lire l’article publié. La force de cet argument est en partie à l’origine d’une plus grande reconnaissance du libre accès à travers le monde.
Mais le même raisonnement peut s’appliquer à la mise sur le marché de la recherche sur fonds publics. Pourquoi devrait-on céder aux entreprises (qui cherchent naturellement à maximiser leurs profits) des prix si élevés pour des produits qui ont été initialement financés sur fonds publics (rendant par là-même leur mise sur le marché possible) ?
Tout comme pour le libre accès, la difficulté tient de la mise en place d’une nouvelle approche permettant aux traitements médicaux d’être le plus accessible possible. @MaliciaRogue a mis en exergue un article de Frangioni, paru récemment dans Nature Biotechnology, qui propose une solution innovante basée sur un développement open source mené par une fondation à but non lucratif.
Dans ce modèle open source, les structures commerciales sont encouragées à acquérir des licences d’utilisation, mais de manière non exclusive. Les entreprises utilisant la technologie sont encouragées à innover sur la plateforme, qui leur fournira des droits d’auteurs pour leur propriété intellectuelle, qui les aidera à franchir les barrières pour entrer sur le marché et fournir aux patients une version améliorée de la technologie. L’échange et l’évolution des informations ouvertes est encouragé plutôt que découragé, en supposant que les connaissances renforceront les entreprises qui veulent se creuser une niche de contenu protégé tandis que les scientifiques pourront continuer à se saisir d’une technologie de pointe.
C’est un exemple détaillé et fascinant qui nous fait explorer les problèmes que posent la mise sur le marché de la recherche, à commencer par la loi Bay-Dole de 1980 et son échec dans l’accélération des transferts de technologies entre le monde académique et l’industrie :
Au début de Bayh-Dole, la politique de transfert technologique de beaucoup de CMA (centre médico-académique) a été de chercher à breveter le plus d’inventions possible (tout ça à grands frais), parfois sans même se demander si la découverte permettait de compter les brevets comme des actifs ou d’en faire leur commercialisation. De la même façon, trop souvent, des startups émergent des CMA sans qu’une analyse raisonnable n’ait eût lieu, conduisant à un sous-financement de beaucoup d’entreprises.
L’approche de Frangioni est très différente. Puisqu’une structure à but non lucratif est financée par le public, l’accent est mis sur l’optimisation du service rendu au patient, plutôt que sur le retour sur investissement. La nouvelle façon de faire est de demander une forme de réciprocité de la part de ceux qui utilisent ces connaissances.
Les utilisateurs (chercheurs, chirurgiens, et utilisateurs de licences) peuvent acheter la technologie, mais uniquement après s’être formellement engagés à apporter les connaissances acquises par cette technologie dans une sorte de banque publique de connaissances (une base de données publique), à travers ce que nous appelons une boucle de retour d’informations. Ici encore, est mis en œuvre le principe de donner après avoir reçu : l’acheteur doit créer de nouvelles connaissances pour le bien de tous, afin d’avoir accès à la technologie.
C’est ainsi que les logiciels open source fonctionnent : tout le monde peut utiliser le code et bâtir dessus mais il faut redonner ses contributions à la communauté, de manière à ce que les autres puissent, exactement de la même manière, bâtir dessus. Les résultats dans le domaine des logiciels, où l’open source domine l’Internet, les super-ordinateurs et - grâce à Android qui est basé sur Linux - les smartphones, parlent d’eux même. Il reste à voir s’il est possible de généraliser la mise en pratique de ces idées, comme le montre l’expérience de Frangioni avec sa FLARE Foundation. Mais c’est certainement une approche qui vaut le coup d’être tentée.
Crédit photo : Idaho National Laboratory (Creative Commons By)
Mélangez envie d’aider son prochain, Internet, le crowdfunding et l’esprit du Libre et vous obtenez l’un des modèles de développement les plus dynamiques à l’heure actuelle pour démarrer un projet.
Un modèle totalement impossible à envisager il y a à peine dix ans de cela.
Il s’agit ici de créer une prothèse du doigt très bon marché. Les deux inventeurs ont travaillé à distance et ont choisi d’ouvrir la conception plutôt que de déposer un brevet. L’argent n’est ici qu’on moyen pour continuer à travailler pour le bien commun et non un objectif d’enrichissement en soi.
Ce n’est pas autrement que nous changerons le monde…
Sauf que pour que cela modèle fonctionne et soit valide, il convient de participer à la campagne. Il reste à peine 10 jours pour trouver un peu plus 1000 dollars. C’est jouable non ?
Long-distance collaborators create inexpensive prosthetic finger
Adam Williams - 31 octobre 2012 - GizMag
(Traduction : ordiclic, geecko, seirl, greygjhart)
Quand l’artisan Sud-Africain Richard Van As perdit la plupart des doigts de sa main droite dans un accident d’origine industrielle, il décida d’essayer de créer une prothèse de doigt pour regagner une partie de sa mobilité perdue. Dans ce but, Richard demanda de l’aide auprès d’Ivan Owen, originaire de Washington, après avoir été impressionné par la vidéo que celui-ci, a postée sur YouTube, présentant une main mécanique. Le résultat pourrait être une aubaine pour tous les amputés, partout dans le monde.
Bien qu’ils vivent à plus de 15 000 kilomètres l’un de l’autre, Richard et Ivan se sont mis au travail en échangeant des courriels, des photos et des dessins tout en discutant par Skype pour construire un prototype fonctionnel. La tâche fastidieuse de produire la prothèse de doigt a commencé lorsque Richard a créé une réplique en plastique de sa main pour Ivan, de manière à s’assurer qu’ils travaillaient tous deux sur la même base, et de là le design a ensuite été peaufiné.
Le prototype en cours est tenu en place par un appareilllage, similaire à un gant, modelé pour correspondre à la main de la personne amputée. La prothèse de doigt, elle, consiste en un bras de levier rigide et un bout de doigt avec un tampon adhésif. C’est une approche qui relève beaucoup moins de la haute technologie que d’autres doigts prothésiques, comme ceux faits par Touch Bionics ? cependant, la prothèse est aussi bien plus abordable, et améliore significativement la capacité de Richard à attraper des objets.
Richard et Ivan tentent aujourd’hui de collecter des fonds pour leur permettre d’améliorer le prototype, et il ne leur reste que deux semaines pour atteindre le seuil des 5000$ (soit environ 3 900€) qu’ils se sont fixés. L’argent collecté jusqu’à maintenant a servi à payer une fraiseuse, alors que les donations futures serviront à amortir le coût du matériel, des outils et du voyage.
Plutot que de faire breveter leurs travaux, Richard et Ivan ont décidé de distribuer les plans librement afin de faire profiter d’autres personnes de leurs recherches, et l’objectif final est de proposer une prothèse de doigt sans autre coût que les matières premières. Le duo a aussi émis l’idée de proposer la prothèse sous la forme d’un kit peu coûteux à assembler soi-même.
La vidéo qui suit montre une démonstration du prototype de la prothèse de doigt par Richard et Ivan :
Je suis professeur de mathématiques et à l’initiative de Framasoft. Un tel projet ne pouvait me faire plus plaisir. Vous verrez qu’un jour de plus en plus de manuels seront rédigés ainsi…
Imaginez un groupe d’enseignants qui se retrouvent le week-end pour rédiger ensemble et de A à Z un manuel scolaire sous licence libre ! (La licence libre est la Creative Commons By, d’où mention sur leur blog, d’où notre traduction ci-dessous).
Il n’ont pas tout à fait achevé l’entreprise dans le temps imparti puisque le livre se trouve aujourd’hui en version 0.92 (et en LaTeX) sur GitHub. Vous pouvez de suite vous rendre compte du résultat actuel en cliquant directement sur le PDF (dont les premières pages vous proposent de soutenir le projet via Flattr et Bitcoin !).
Au delà de son ô combien utile finalité ce fut également une belle et libre aventure humaine…
Oppikirjamaraton: How to Write an Open Textbook in a Weekend
Elliot Harmon - 31 octobre 2012 - Creative Commons Blog
(Traduction : Cyrille L., Kodoque, Nyx, kamui57, Naar, pac)
Il y a quelques semaines de cela nous avons vu passer ce tweet surprenant :
@creativecommons You need to know: ~30 maths enthusiasts begin a CC-BY course book hackathon in five hours in Helsinki, Finland.
— Joonas Mäkinen (@JoonasD6) Septembre 28, 2012
Il nous fallait en savoir plus. J’ai donc contacté Joonas Mäkinen pour avoir davantage d’informations, et il m’expliqua qu’il a participé à monter une équipe pour écrire un manuel scolaire de mathématiques de cycle secondaire tout le long d’un week-end, lors d’un évènement appelé Oppikirjamaraton (marathon du livre scolaire). Le choix de la licence du livre s’est porté sur la Creative COmmons BY, pour que chacun puisse le réutiliser, le modifier et le traduire, en Finlande et dans le reste du monde.
Le texte, désormais en version 0.91 sur GitHub, s’intitule Vapaa Matikka. Le titre se traduit par « Mathématiques libres et gratuites », mais sachant que matikka signifie également lotte en finlandais, on peut aussi le lire comme du « Poisson libre ». Et son slogan, Matikka verkosta vapauteen, devient alors soit un cri de ralliement pour garder les ressources éducatives libres et gratuites, soit un mode d’emploi pour libérer un poisson d’un filet ! (d’où la forme suggérée du poisson sur la couverture du livre)
Mais au delà des jeux de mots mathématico-finlandais, je souhaitais comprendre comment la rédaction express de ce livre s’était déroulée, ce que l’équipe prévoyait de faire du manuel, et quels conseils ils pouvaient donner à d’autres personnes organisant un évènement similaire.
Que couvre le livre comme concepts mathématiques ?
C’est un manuel pour le premier cours de mathématiques de niveau avancé du collège finlandais. Bien que les élèves débutant ce cursus viennent en général de finir l’école primaire obligatoire, nous avons décidé d’avoir une approche « pour les nuls » en essayant de minimiser les prérequis.
Nous introduisons l’arithmétique, les nombres rationnels, les nombres réels en général. Viennent ensuite les règles de priorité et les racines qui mènent aux bases de la résolution d’équation puis au concept de fonction. Puis leurs mises en application concernent la proportionnalité et le calcul de pourcentages. Nous nous devions de respecter le programme scolaire.
Dites-m’en plus sur les exigences du programme. Sont-elles les mêmes pour toute la Finlande ?
Il y a un programme national en Finlande et tout le monde le suit. Du coup tous les manuels se ressemblent même s’ils approchent les sujets dans un ordre légèrement différent les une des autres. Mais le seul test standardisé est l’examen de fin d’année et donc Il y a un peu de flexibilité, ce qui a facilité les choses.
Qui a participé ? Étaient-ils tous des formateurs ? Les participants avaient-ils déjà écrit ou édité des manuels scolaires ?
Environ 20 personnes ont participé à l’écriture du manuel durant le week-end. Nous avions des professeurs ordinaires du secondaire, des étudiants à l’université (mathématiques et informatique), un professeur d’électronique pour automobile, mes propres étudiants et quelques professeurs d’université travaillant sur place ou à distance. Nous avions même notre propre petit cercle d‘intégristes de la grammaire et de l’orthographe pour nous aider à rédiger de meilleurs contenus formels que ceux que l’on peut habituellement trouver dans le devanture des grosses maisons d’édition. La diversité des participants s’est révélée être une très bonne chose pour produire une variété de problèmes et de perspectives.
Seules quelques personnes avaient l’expérience de l’écriture et publication d’un manuel classique, commercial et à l’ancienne, mais cela n’a pas été clivant quand nous avons commencé à travailler.
Comment vous êtes-vous organisés ? Les rôles des participants avaient-ils été déterminés en amont du week-end ?
Vesa Linja-aho, qui a eu l’idée de ce book sprint (ou livrathon) était de facto notre coordinateur et s’occupait de la logistique, de l’administratif et de la communication. Lauri Hellsten s’est engagé à prendre le rôle principal pour la maquette et la création de graphiques indispensables à l’ensemble. Mais eux mis à part, aucun auteur n’avait d’assignation prédéfinie. Quelques uns d’entre nous avaient bien leurs sujets de prédilection, mais dans l’ensemble le processus d’écriture fut très spontané et dynamique.
Video in English: youtu.be/ThbUiky4AKA RT @slashdot: Teachers Write an Open Textbook In a Weekend Hackathon bit.ly/Rr78RZ
— Joonas Mäkinen (@JoonasD6) Septembre 30, 2012
Y a-t-il eu beaucoup de préparation à l’avance ? Avez-vous commencé le week-end avec un plan du livre ? Un emploi du temps ?
Le projet était ambitieux. Nous avons attendu que nos amis et les amis de nos amis remplissent un sondage Doodle pour savoir quel week-end réserver (NdT : ils ne connaissaient pas Framadate). J’avais préparé une table des matières pour avoir un point de départ, mais elle a été passablement modifiée vendredi et samedi. Juhapekka Tolvanen nous avait concocté un modèle LaTeX, et on a aussi eu une réunion préalable pour planifier les choses, choisir les outils techniques (quel système de contrôle de versions utiliser, etc.), mais rien sur le contenu en tant que tel. Il s’agissait également de trouver d’éventuels sponsors, écrire un communiqué de presse, trouver un local, vérifier si nous avions assez d’ordinateurs…
Une anecdote sur le droit d’auteur : nous avions réuni plus ou moins tous les livres disponibles sur le sujet. Pour voir un peu comment les autres avaient expliqué ceci ou cela. mais aussi parce que, dans l’enseignement mathématique (et manifestement dans d’autres disciplines aussi), il y a beaucoup d’exemples et d’exercices pathologiques qu’il est bon de faire mais qui finissent par être excessivement récurrents. Et Vesa Linja-aho avait reçu une décision écrite du conseil local confirmant que les exercices ne sont pas des travaux soumis au droit d’auteur. Or un enseignant qui avait écrit un des livres que nous avions nous a laissé un commentaire sur Facebook pour nous rappeler que ce n’est pas bien de copier le travail des autres. Cela nous a bien fait rire :)
Que retirez-vous de cette expérience ? Qu’est ce qui a été plus difficile que prévu ? Quels conseils donneriez vous à d’autres envisageant un projet similaire ?
Le principal conseil est de bien mettre en place l’aspect technique avant de commencer. Cela évitera d’inutiles moments de tension pour vous consacrer pleinement et exclusivement à la rédaction du contenu. On a utilisé LaTeX pour le texte et sa mise en forme et GitHub pour gérer les versions, mais on a connu des soucis qui nous ont retardés. Tout le monde n’était pas forcément familiarisé avec ces outils et les ordinateurs pas toujours bien préparés et optimisés pour leurs usages. Ceci nous a malheureusement fait perdre du temps.
De plus certains étaient encore en train de discuter pour savoir si nous devions ajouter ceci ou cela le samedi voire le dimanche, et c’est quelque chose qu’il faut éviter. Dans un tel projet, c’est toujours mieux de simplement continuer à écrire davantage de contenu pour éventuellement le commenter ou le modifier plus tard. On a même connu quelques discussions houleuses, peut-être liées au manque de sommeil. Restez calmes et n’oubliez pas d’y prendre plaisir !
Et après ? Y a-t-il une période de relecture/modification prévue ? Des professeurs pensent-ils utiliser d’ores et déjà votre manuel ?
Le sentiment général, unanime et immédiat après avoir fini le marathon dimanche était l’euphorie. Tout le monde était d’accord pour organiser un autre book sprint. Les retards techniques et le manque de graphistes ont fait que le livre n’a pas atteint le niveau de finition que nous voulions pour l’envoyer à l’impression. Mais c’est vivant maintenant : les gens nous envoient des rapports de bug sur Github et les participants ont continué à apporter des améliorations : corriger les coquilles, ajouter des exercices, corriger les incohérences…
Notre livre existe maintenant en version 0.9, et nous allons attendre quelques semaines avant de décider s’il est prêt à être imprimé et traduit. Cependant, on nous a déjà rapporté que le livre avait été utilisé comme manuel par quelques professeurs en proposant notamment à leurs élèves des exercices du livre. Bien entendu, d’autres auteurs et moi-même l’avons aussi utilisé pour enseigner à nos propres élèves. Lorsque nous l’aurons un peu peaufiné, nous sommes confiants quant à sa diffusion.
Le projet était si sympa et son accueil si bien reçu que nous ferons un autre book sprint très bientôt !
Crédit photos : Senja Opettaa (Creative Commons By)
Au cours de ce mois de novembre nous allons relancer notre appel à soutien car nous en avons bien besoin.
Il y a une corrélation directe entre la venue d’un deuxième permanent et, comme illustré ci-dessous par notre ami Gee, le dynamisme actuel de notre réseau qui a vu la sortie ou mises à jour de nombreux projets (et, vous verrez, ce n’est pas fini !). Mais cela a un coût.
Nous avons pleinement conscience que les temps sont durs. Nous savons également que certains d’entre vous nous ont déjà aidé par le passé.
On ne demande pas la lune (ou alors une tout petite), juste une base de donateurs (idéalement récurrents, par exemple à 10€/mois défiscalisable) pour nous permettre en toute indépendance de pérenniser la structure et continuer à assurer ensemble son futur développement.
Merci.
Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)