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Dans le but d'étoffer nos propositions de contenus originaux et de ne pas être les seuls à donner notre avis via nos articles, Alsacréations a décidé de donner la parole à des professionnel·le·s du Web au travers de courtes interviews permettant de découvrir des profils aussi différents qu'intéressants. L'idée derrière cette initiative est de parler d'actualité, découvrir de nouveaux horizons, mais également de donner de la visibilité à certaines pratiques, parfois trop peu mises en avant.
Et c'est Sophie Drouvroy qui a accepté la lourde responsabilité d'être notre première invitée pour entamer cette nouvelle série de questions-réponses.
Sophie compte parmi les personnes qui font avancer le Web de qualité, le Web accessible à tous. Le sâchiez-vous ?
(Alsacréations) Peux-tu te présenter en quelques mots, ainsi que ton parcours ?
(Sophie Drouvroy) Je suis actuellement responsable front et qualité web chez numerik-ea, Intégratrice web et experte en accessibilité numérique. J’ai été formée à l’école des Gobelins en 1997. À ma sortie de l’école, j’ai fait des sites en flash mais aussi en HTML/CSS. J’ai appris par moi-même car les formations sont rarement accessibles.
(A) Quels outils mets-tu en œuvre au quotidien ?
(SD) Firefox, Chrome et Safari avec des extensions (liste non exhaustive : Stylus, Tota11y, Web Developer, headingsMap,…). Mes éditeurs favoris sont Sublime Text et parfois Visual Studio Code avec les snippets et extensions qui me facilitent la vie au quotidien.
Depuis quelques temps, j’utilise Git et Gulp en ligne de commande, j’ai mis beaucoup de temps à m’y faire car ce ne sont pas des interfaces graphiques.
Il m’arrive d’utiliser des logiciels comme Prepros pour compiler mes CSS sur mes projets personnels. Les éditeurs de texte et tableurs ainsi que VoiceOver font aussi partie de mes outils pour mes audits d’accessibilité.
Le site web sophie-drouvroy.com
(A) Peux-tu nous parler de ton rôle à Paris Web ? Comment l’accessibilité a-t-elle réussi à s’imposer dans ce genre d’événement de grande envergure ?
(SD) J’ai découvert Paris Web en 2008 parce que mon conjoint y allait et pas moi. La baseline de l’association est : « design, standards du web et accessibilité » et j’ai écrit au staff que j’étais au regret de ne pas pouvoir participer car ce n’était pas accessible pour moi. L’équipe a tout mis en œuvre pour que l’accessibilité totale soit mise en place (vélotypie et interprétation LSF, programme en braille).
Le jour où j’ai pu venir à Paris Web, c’était la deuxième édition accessible.
Je suis actuellement Secrétaire de Paris Web et j’ai en charge l’accessibilité de l’événement depuis 4 ans maintenant. C’est un poste qui demande du travail avant, pendant et après l’événement avec la mise en place d’une préparation du terrain pour les équipes qui rendent accessibles les contenus. Je suis heureuse de voir aujourd’hui que nous avons un public sourd et malentendant.
(A) Le web a beaucoup évolué depuis que le grand public y a accès : la surdité était-elle moins handicapante à ses débuts lorsque le web était plus “statique”, sans tous les contenus audio/vidéo qui nous entourent aujourd’hui ?
(SD) On ne peut pas comparer le web « statique » et le web « riche en médias ». Pour les sourds, la vraie révolution du web, c’était la mise en relation d’abord par les mails, ensuite les messageries instantanées et enfin les réseaux sociaux. Moi avant le web, je n’avais que le Minitel pour communiquer. Pouvoir apprendre seule, c’est le web qui me l’a permis. Le web « statique » n’était pas mieux c’est comme si on disait que lire un livre c’est mieux que d’aller voir un film au cinéma. Moi, je veux pouvoir faire les deux ????
L’explosion des contenus vidéos et audios est tellement importante que la quantité de contenus accessibles augmente elle aussi mais la proportion en pourcentage reste trop faible. Nous avons plus de contenus accessibles aujourd’hui mais nous en avons beaucoup moins que les autres.
(A) La spécification HTML ou CSS (ou autre) de tes rêves ce serait quoi ?
(SD) J’aimerais qu’on arrête de demander à l’intégrateur web (ou développeur front-end) d’avoir les compétences d’un développeur alors qu’on demande pas forcément l’inverse.
(A) Est-ce qu’il y a quelque chose de neuf dans ta vie professionnelle ou dans le web que tu aimerais nous partager/dont tu aimerais faire la promo parce que ça te tient à cœur ? Des initiatives ? Des projets ?
(SD) Depuis mon opération, un nouveau monde s’ouvre à moi : celui de la musique. C’est nouveau pour moi, je viens de découvrir qu’elle pouvait m’aider à me concentrer.
Sur Twitter, j’ai lancé le hashtag #musicOnEar pour pouvoir la découvrir. L’idée au départ était de provoquer des discussions avec les personnes qui me suivent. Mon répertoire musical était vierge, il s’enrichit de jour en jour grâce à ce hashtag.
Et finalement, je vois que certains enrichissent leur playlist aussi. J’aime beaucoup cette notion de partage.
(A) Et enfin... Tu préfères un dîner en tête à tête avec Trump ou devoir utiliser IE6 pour le restant de ta vie ?
(SD) Ni l’un, ni l’autre. Je suis libre, moi !
Merci encore pour avoir pensé à moi,
Sophie
Merci à Sophie d'avoir été notre crash test et de nous avoir parlé d'accessibilité.
Vous le savez sans-doute, chez Alsacréations nous accordons beaucoup d'importance à la thématique de l'accessibilité, et c'est donc avec plaisir que nous voyons les choses évoluer dans le bon sens.
Vous avez des questions sur l'accessibilité ou sur notre interviewée ? C'est dans les commentaires que ça se passe.