Issu du monde éducatif, Framasoft est un réseau de sites web collaboratifs à géométrie variable dont le dénominateur commun est le logiciel libre.
Framasoft présent au JM2L 2013 grâce à Gee ;)
Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)
Foin des clichés touristico-cuculinaires (rosette-traboules-gastronomie-bouchon-capitale-des-gaules-fourvière-croix-rousse-canuts-guignol-part-dieu), Lyon est une étape importante pour le marathon de notre tapuscribe car il y retrouve la chaleur amicale de Pierre-Yves (le bon-gentil-géant-chauve-et-barbu qui est le cœur battant de la framatrice) et ses potes. Loin d’être en terre inconnue, il est en terrain connu, littéralement chez Framasoft qui a son siège et sa permanence chez Locauxmotiv.
Le voici donc déterminé à mener un ultime contre-la-montre, anticipant déjà sur les classiques d’arrière-saison (relectures, hibernation, rumination sur le tome suivant de la saga…).
On pourrait croire que j’ai bouffé du Lyon, mais non : c’était du Mont d’Or. Quoi qu’il en soit, entre de belles rencontres et de grandes discussions, je suis revenu dans la course avec des mots par milliers. Ça tombe bien : nawel approche !
Départ de Toulouse, revigoré et reposé, mais légèrement culpabilisant. J’ai six jours d’écriture dans les dents : autant dire que le seuil des 50 000 mots paraît loin. Alors je peux arguer qu’avec tous les billets de blog écrits, il y a facilement 10 000 mots de plus. Je peux mégoter : 50 000 mots ne suffiront pas à boucler ce livre III, donc ce seuil ne fait pas sens. Mais, alors que je pars pour Lyon, je me dis que ça le ferait bien. Pour la beauté du geste, atteindre même sur le fil la symbolique barre placée là par Le Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley. Saint Christophe, patron des voyageurs, doit m’avoir à la bonne. Comme j’étais bien inspiré dans ce train, il m’a ajouté 1h40 de bonus-retard. J’écris ma plus grosse journée aux côtés d’un pote retrouvé par hasard dans le wagon. La classe américaine, quoi.
L’enthousiasme de PYG, historique salarié de Framasoft, pour ce « J’irai écrire chez vous » fait chaud au cœur. C’est, je trouve, la personne qui définit le mieux ce qui est au cœur du principe : « Tu vois Pouhiou, même si je sais qu’un don c’est participer, là c’est encore mieux. Car en t’invitant chez moi, à ma table, je participe — même à la marge — à ton processus d’écriture de manière encore plus… personnelle. Je sais que ce qu’on va vivre va t’inspirer à un moment ou à un autre, et j’ai vraiment l’impression que tu m’inclus dans le truc. » Voilà. Pas mieux. C’est ça l’idée. Vous demander de participer… personnellement. Trouver comment appliquer les astuces de Miss Amanda Palmer quand on ne tourne pas en concert. À priori : ça marche.
<— Photo par Ana_Rey licence CC-BY-SA 2.0
Pierre-Yves est quelqu’un< de généreux, et cela se voit dans son attention. Il est de ces gens qui tentent d’écouter ce que tu veux dire, et d’y répondre de manière réfléchie, constructive. De ces potes qui ont toujours un gentil mot, une bonne bière et de la belle boustifaille à partager avec toi. Quelqu’un qui sait être là tout en te laissant disponible l’espace dont tu as besoin. J’ai bien écrit chez Pyg. J’ai bouclé le chapitre V qui pourtant au départ me donnait bien du mal. Il me tarde vraiment d’entamer mes premières relectures de décembre car ce livre-là peut être un délire assez casse-gueule… C’est un exercice à la fois exigeant et qui demande beaucoup d’abandon. Mais si ça fonctionne, ce sera redoutable (c’est très dur de ne pas détailler pour ne pas vous spoiler, j’ai l’impression d’être méga flou !).
Bon le petit truc pas classe, c’est qu’en m’invitant, ben le Pierre-Yves il s’est retrouvé du boulot qui l’attendait le soir à la maison. Car le soir on a — aussi — parlé boutique : Framasoft. Si Framasoft peut se permettre de payer ses salariés, qui communiquent, animent, refondent l’infrastructure, se tapent l’administratif, accueillent et assurent la technique de sites web tels que noenaute.fr ou geektionnerd.net… C’est grâce à vos dons. Et on a besoin que ça continue, car ces projets on veut les poursuivre, tout en montant ceux qui sont dans les frama-cartons. Par exemple, cet atelier d’écriture qui n’a pas pu se faire à Lyon, ben avec un peu de temps salarié et d’huile de coude, ça pourrait devenir un atelier d’écriture… en ligne. Pour l’instant on en rêve, mais on est pas si loin d’y arriver…
C’est marrant le nombre de personnes que j’aime à Lyon. Il y a Thomas que j’ai vu sur Toulouse et dans le train. Il y a Muche que je râle d’avoir ratée cette fois-ci. J’ai eu le plaisir de faire goûter mes outrageous cookies à Mathias, avec qui j’aime tant rire… Puis Pyg a organisé une soirée « Mont d’Or ». Le Mont d’Or est un petit fromage serti dans du bois qui, une fois passé au four et posé près de patates chaudes, se partage entre amis avec une bonne bouteille de vin et des chouteurs de rhum. Et là, tu deviens le témoin privilégié d’une bande de potes qui sont juste heureux d’être ensemble. De partager, de revisiter le monde en allant à fond dans la collaboration cuisinière, coquetaillière, philosophique et amicale. Ils sont l’essence du libre sans même s’en rendre compte, la table et les oreilles toujours grandes ouvertes.
Dans sa vidéo The Art of Asking[1], Amanda Palmer se questionne quand elle voit que les gens qui hébergent son groupe pour le couchsurfing du soir se serrent dans une chambre pour LUI faire de la place… Est-ce que je mérite cela ? Comment se fait-il que l’on m’offre autant de choses, qu’est-ce que j’apporte en retour ? Elle trouve bien vite la réponse : elle apporte ce que les gens y trouvent. La possibilité d’échanger avec quelqu’un qui essaie de mettre ses tripes sur la table, qui essaie de s’exprimer avec sincérité. C’est peut-être à ça que ça sert, d’écrire des fariboles… À partager des fromages chauds, des pensées évanescentes et des amitiés.
Photo par traaf licence CC BY-SA 2.0
Déjà se pose la question de partager le livre IV… Mais pour l’instant, j’ai un défi à relever !
À dans trois jours,
— Pouhiou.
[1] Pour lire la transcription en français, cliquer sur Show transcript en bas à droite et choisir français
On nous en voudra peut-être, pour ne pas dire sûrement, d’avoir traduit ci-dessous un communiqué de Canonical faisant la promotion d’offres Ubuntu[1] de son partenaire Asus sur Amazon (uniquement aux US), mais il s’agit surtout de souligner que GNU/Linux est aujourd’hui totalement mûr pour être dans les ordinateurs de nos établissements scolaires (payés par le contribuable).
Franchement il n’y a plus d’excuses là (d’autant que le support de Windows XP c’est bientôt fini et qu’il reste des milliers d’ordinateurs dans nos écoles sous cette version du système d’exploitation de Microsoft).
Pour les puristes, on pourra préférer l’offre de ThinkPenguin.com avec la distribution Trisquel dedans par défaut, certifiée 100% libre par la FSF ;)
Et en France, dans toute la francophonie, que conseillez-vous actuellement comme distributeurs d’ordinateurs avec GNU/Linux par défaut dedans (voire rien du tout pour évoquer la question de la vente liée) ?
Sur Racketiciel.info (Aful) il y a cette page qui est intéressante.
Asus and Ubuntu deliver affordable world-class laptops to USA Education
Canonical - 26 novembre 2013 - Ubuntu.com
(Traduction : Jeff_, Dimitri, chr, MFolschette, Catalaburro, Penguin, ttoine, P + anonymes)
Une révolution silencieuse est en train de se dérouler dans le monde de l’éducation : de plus en plus d’institutions et d’étudiants découvrent l’intérêt du système d’exploitation Ubuntu.
Aux USA, le partenaire d’Ubuntu, ASUS, a rajouté des modèles à sa longue liste de PC portables sous Ubuntu. Les X201E et 1015E sont d’excellents portables sous Ubuntu, avec un rapport qualité prix/performance parfait pour l’éducation.
Comme Ubuntu et tous les logiciels inclus sont libres et gratuits (NdT : free en anglais), il n’y a pas de coût d’acquisition de licence dans le prix d’achat, ce qui réduit considérablement les coûts. C’est idéal pour les étudiants et les institutions, car les deux peuvent avoir des budgets serrés.
LibreOffice regroupe les applications de bureautique. Faciles d’utilisation, elles offrent toutes les fonctionnalités nécessaires pour les étudiants, et sont complètement compatibles avec les fichiers de la suite propriétaire leader du marché. Il y a d’autres applications incluses pour le courriel et la navigation web.
En plus de ces applications de base, des milliers d’autres applications libres et gratuites sont disponibles pour répondre à des besoins plus spécifiques comme la retouche d’image, l’animation 3D, les antivirus ou la comptabilité.
Nous connaissons l’importance des ordinateurs pour les étudiants et les institutions, c’est donc vraiment intéressant pour nous de travailler avec nos partenaires pour proposer au secteur de l’éducation ces solutions performantes à bas coûts.
Pour plus d’informations, rendez-vous sur Amazon.com ou sur d’autres sites web de vente de matériel en ligne.
[1] On notera qu’ils ne citent jamais Linux dans l’article, c’est Ubuntu tout seul :(
Lorsque nos voitures ressembleront définitivement à des iPhones, nous ne pourrons les conduire que sur des autoroutes Apple…
Renault will remotely lock down electric cars
Gerloff - 31 octobre 2013 - FSFE Blog
(Traduction : Jeff_, Dimitri, chr, MFolschette, Catalaburro, Penguin, ttoine, P + anonymes)
Longtemps, les voitures ont été un symbole de liberté et d’indépendance. Plus maintenant. Dans sa voiture électrique Zoe, le fabricant automobile Renault a apparemment la possibilité d’empêcher à distance la batterie de se recharger. Et c’est plus inquiétant qu’il n’y paraît.
Lorsque vous achetez une Renault Zoe, la batterie n’est pas incluse. Au lieu de ça, vous signez avec le constructeur un contrat de location pour la batterie. Sur un forum de possesseurs de Zoe, l’utilisateur Franko30 dénonce le fait qu’une clause de ce contrat donne le droit à Renault d’interdire à la batterie de se recharger lorsque la durée de location contractuelle prend fin. D’après un article du journal Der Spiegel, le constructeur peut aussi le faire en cas de défaut de paiement de votre part.
Cela signifie que Renault a les moyens de contrôler à distance le processus de rechargement de la batterie. Selon le même article, la Zoe (et la plupart des autres voitures électriques) collecte une multitude de données concernant votre utilisation du véhicule, et les envoie au constructeur à votre insu. Ces données indiquent au constructeur où vous allez, quand et à quelle vitesse, où vous rechargez la batterie, et plein d’autres choses encore. Nous savions déjà que Tesla faisait cela depuis la prise de bec publique avec un journaliste qui avait publié une critique de leurs voitures dans le New York Times. Voir un constructeur grand public comme Renault faire la même chose révèle à quel point cette pratique est dangereuse.
Ce genre de choses cadre bien avec le tableau dystopique que brossait Cory Doctorow dans son discours de 2011 « La guerre imminente contre nos libertés d’utilisateurs » (que vous devriez absolument regarder, si ce n’est pas déjà fait, d’autant que traduit en français par le Framablog NdT), au cours duquel il dit que « nous n’avons plus de voitures, mais des ordinateurs que l’on peut conduire ». La question est alors de savoir qui contrôle cet ordinateur. Vous, le constructeur, ou quelqu’un d’autre ?
S’il y a un mécanisme qui permet de contrôler à distance ce que fait votre voiture, certains feront usage de ce mécanisme à un moment donné. Il pourrait s’agir du constructeur qui verrouille votre voiture car vous ne pouvez pas poursuivre la location de la batterie parce que vous avez perdu votre emploi, ce qui signifie qu’il devient plus difficile pour vous de trouver du travail. Il pourrait s’agir du gouvernement, qui forcerait le constructeur à faire ce qu’il lui demande. Dans son post sur le forum, Franko30 prédit que les gouvernements pourraient simplement demander aux constructeurs de voitures de bloquer le rechargement des batteries à proximité d’événements politiques controversés (un sommet du G8 par exemple) afin d’empêcher la participation à des manifestations. Sans oublier la possibilité pour une personne malveillante d’obtenir l’accès à ce mécanisme en soudoyant un employé de chez Renault.
Le seul moyen de se prémunir de tout cela est de se tenir éloigné des voitures et autres ordinateurs que vous ne pouvez pas totalement contrôler, et de créer des systèmes qui responsabilisent les utilisateurs. À la Free Software Foundation Europe, nous soutenons les personnes qui créent des systèmes donnant le contrôle à l’utilisateur.
Nous avons tout récemment reçu le mail ci-dessous envoyé par l’Hadopi.
Il s’agit d’une invitation à participer, dans des établissements scolaires, à des ateliers « pour sensibiliser le jeune public au droit d’auteur et à la création » (une dizaine de dates sont programmées aux quatre coins de la France pour le premier trimestre 2014).
« Parmi les éclairages divers que nous souhaiterions apporter aux élèves, le regard de Framasoft nous semblerait évidemment très intéressant. »
L’Hadopi agit là dans le cadre de ses missions puisqu’il est explicitement dit dans la loi : « Les élèves reçoivent une information sur les dangers du téléchargement et de la mise à disposition illicites d’œuvres ou d’objets protégés par un droit d’auteur ou un droit voisin pour la création artistique (…) Cette information porte également sur l’existence d’une offre légale d’œuvres ou d’objets protégés par un droit d’auteur ou un droit voisin sur les services de communication au public en ligne. »
Première réaction, presque instinctive, au sein de notre association : sourire narquois, méfiance et forte propension à décliner (gentiment) l’invitation. Pas envie de se faire récupérer et servir de caution ou d’alibi.
Il fait dire que quelques ateliers ont déjà eu lieu et qu’à lire les articles suivants de PC INpact, cela incite à une certaine prudence (litote) : Avec la Hadopi, les sites PUR investissent les salles de classe et On a testé la journée portes ouvertes fermées de la Hadopi.
Non, donc, a priori très peu pour nous.
D’un autre côté, c’est tout de même contrariant de laisser des Hadopi, ou pire encore des Calysto et Microsoft, avoir le champ libre (sic) pour pénétrer ainsi l’école et y tenir un discours pas forcément en phase avec le nôtre (nouvelle litote).
Serait-ce une bonne idée d’y aller quand même, sous certaines conditions et en avançant groupés ?
Dans les conditions préalables, il pourrait y avoir l’assurance de disposer d’un réel temps d’intervention dans une totale liberté de parole (avec droit de distribuer quelques petits flyers aux élèves à la fin) ainsi que de pouvoir en toute objectivité relater la journée sur nos sites. Et avancer groupés, cela signifie contacter tous nos petits amis : April, AFUL, La Quadrature du Net, SavoirsCom1, etc. pour se coordonner et être présents à toutes les journées.
Telle est la question que nous vous posons dans les commentaires.
Bonjour,
Pour sensibiliser le jeune public au droit d’auteur et à la création, l’Hadopi anime des ateliers auprès des élèves de collège-lycée, en collaboration avec les rectorats.
Ces ateliers visent à informer les élèves sur le droit d’auteur et les mécanismes de la création afin d’encourager la responsabilité et l’esprit critique face aux pratiques culturelles sur Internet. Ils visent également à initier les élèves à la création de façon concrète et ludique et à leur permettre de découvrir un univers culturel.
Pour cela, des artistes et des professionnels sont invités à apporter leur témoignage, leur expertise et leur savoir-faire. Parmi les éclairages divers que nous souhaiterions apporter aux élèves, le regard de Framasoft nous semblerait évidemment très intéressant. Aussi, nous serions ravis que vous puissiez participer à un atelier dans les mois à venir.
Pourrions-nous convenir d’une rencontre prochaine pour vous apporter plus de précisions et - je l’espère - pour envisager ensemble les contours d’une participation ?
Vous trouverez ci-joint un calendrier prévisionnel pour les ateliers des mois à venir, nous vous remercions de nous indiquer si vous pourriez être intéressés par une participation à l’un d’entre eux.
Dans l’attente de votre retour, je me tiens à votre entière disposition.
Et pour conclure ce billet sur un son de cloche différent, voici un autre message que nous reçu il y a deux semaines.
Bonjour, je suis élève de Terminale Scientifique et engagé comme beaucoup dans la promotion du logiciel libre. Je vous laisse consulter mon profil sur Wikipédia pour connaitre mes actions.
J’ai proposé à l’animateur culturel de mon lycée d’organiser trois séances de débats sur trois sujets qui me semblent important : les logiciels libres, Internet, le travail collaboratif et les licences libres.
J’aurais aimé savoir si vous aviez des informations à me fournir pour débuter mon travail : dépliants, documents, affiches que je pourrais acheter à l’association et qui permettraient aux intervenants de ces sessions de discussion de repartir avec quelque chose. Il est bien évident que je fournirai un don à l’association[1].
Un travail collaboratif entre les membres de la communauté sur ces sujets pourrait aussi grandement m’aider, pour ne rien omettre et trier les informations les plus importantes. L’idée étant d’intervenir de façon pertinente sur ces sujets et de laisser aux invités le message du débat. D’avance, merci beaucoup de l’aide que vous pourriez m’apporter.
Nous lui avons conseillé de prendre contact avec le Groupe d’utilisateurs de Logiciels libres[2] de son département .
Ce qui fut fait : « ils m’ont tous assuré de leur soutien pour l’écriture et la relecture de mes travaux. Ils m’ont aussi proposé de venir intervenir au sein du lycée. »
[1] Petit PS en passant à l’Hadopi puisque le lycéen évoque les dons. Framasoft est en campagne de soutien actuellement. Si vous êtes capables de dépenser 3,2 millions d’euros pour une campagne de communication, vous pouvez bien faire un petit geste, non ? ;)
[2] Pour rappel : la liste des GULL francophones sur le site de l’AFUL.
Sortie d’une nouvelle version majeure des fameuses licences Creative Commons, assouplissant le droit d’auteur et mieux adaptées au partage de la culture sur Internet.
Pour célébrer l’événement comme il se doit nous ne vous proposons pas une mais deux traductions issues du site officiel des Creative Commons.
Dans la mesure où le sujet et les notions sont fortement juridiques, il est possible que notre traduction soit parfois sujette à caution. Nous vous invitons à signaler les potentielles améliorations dans les commentaires.
PS1 : Que ceci ne nous fasse pas oublier la Licence Art Libre.
PS2 : L’occasion peut-être aussi de relire notre article : La « politique » Framabook et les licences libres.
CC’s Next Generation Licenses — Welcome Version 4.0!
Diane Peters - 25 novembre 2013 - Creative Commons Blog
(Traduction : Peekmo, Frash - omjcinfo, MFolschette, lamessen, Tr4sK, goofy, Spanti Nicola, P, NotAnAnonymousAnymore, M0tty)
Nous sommes fiers de vous présenter nos licences 4.0, maintenant prêtes à être adoptées dans le monde entier. Ces licences 4.0 — il a fallu plus de deux ans pour les élaborer — sont à ce jour les plus globales et les plus solides légalement que les CC aient proposées. Nous leur avons intégré des dizaines d’améliorations qui rendent le partage et la réutilisation de ressources sous licences CC plus faciles et plus sûrs que jamais.
Nous avions en tête des objectifs ambitieux lorsque nous nous sommes lancés dans le processus de versionnage à l’issue du sommet mondial des CC de Varsovie en 2011. Les nouvelles licences atteignent ces objectifs et vont même au-delà. Les licences 4.0 sont très bien adaptées à une utilisation par les gouvernements et les services publics d’information, en particulier ceux de l’Union Européenne. Cela vient de l’extension du champ d’application des licences, qui couvre maintenant les droits sur les bases de données sui generis existantes sur ce continent et dans une poignée d’autres pays.
Parmi les autres nouvelles caractéristiques on trouve les améliorations qui portent sur la lisibilité et l’organisation, l’attribution de bon sens ainsi qu’un nouveau mécanisme qui permet à ceux qui auraient violé les termes d’une licence par inadvertance de retrouver leurs droits si leur erreur est rectifiée d’une manière appropriée (NdT : Vous avez par exemple 30 jours pour ne plus publier une photo ayant une clause ND modifiée par vous sans autorisation).
Vous pouvez trouver les résumés des améliorations les plus importantes sur notre site (NdT : page traduite juste ci-dessous !), suivre le cours de la discussion publique et l’évolution des brouillons de la licence sur la page wiki 4.0, et consulter un récapitulatif des décisions principales qui ont été prises au cours du processus de gestion des versions.
Le processus de versionnage de la 4.0 a été un véritable travail collaboratif au sein du réseau de nos brillants et dévoués experts mais également avec la communauté, ouverte, participative et vocale. Les licences 4.0, le processus de développement de la licence et l’organisation Creative Commons se sont trouvés renforcés par l’implication continue de tous les participants.
Avec la publication des licences 4.0, nous allons tourner notre attention vers les traductions officielles du code juridique en partenariat avec notre réseau associé et une communauté plus large. Les traductions de nos nouvelles actions sont également en cours, un nombre significatif d’entre elles sont déjà achevées.
Merci, et félicitations à tous ceux qui ont permis à la version 4.0 d’exister !
Creative Commons travaille depuis plus de 2 ans à développer la prochaine génération de licences CC : la version 4.0. Ces nouvelles licences sont plus user-friendly et plus robustes que jamais à l’échelle internationale.
Nous avons apporté des dizaines d’améliorations aux licences. La plupart ne vont pas être remarquées par beaucoup d’utilisateurs de CC, que ce soit ceux qui les concèdent ou ceux qui les acceptent, mais un certain nombre méritent une attention particulière.
Visitez également notre wiki pour une vision plus approfondie des décisions qui se concrétisent dans les versions 4.0.
Durant les six dernières années, Creative Commons a œuvré avec des centaines de volontaires du monde entier — à proprement parler, quelques-un(e)s des plus brillant(e)s juristes spécialisé(e)s dans le copyright et les licences libres au monde — pour traduire et adapter la 3.0 et les licences antérieures aux lois locales dans plus de 60 juridictions (ce que nous appellons « le portage »). Dans ce processus, nous avons beaucoup appris de la manière dont nos licences sont utilisées internationalement et comment elles ont été impactées par les diverses juridictions locales.
Nous avons profité de cette expérience dans le processus de développement de la version 4.0. Nous avons travaillé d’une manière rapprochée avec notre vaste réseau d’affilié(e)s, d’innombrables autres expert(e)s et les parties prenantes pour faire des licences CC 4.0 l’ensemble le plus internationalement applicable à ce jour. Les licences 4.0 sont prêtes à l’emploi à travers le monde, sans portage.
Les nouvelles licences emploient une terminologie qui est mieux comprise internationalement. Avec la sortie de la version 4.0, nous proposons également des traductions officielles des licences CC, afin que toute personne sur la planète utilisant une licence CC puisse la lire et la comprendre entièrement dans sa langue d’origine.
D’autres droits au-delà du copyright peuvent compliquer la réutilisation de travaux sous CC. Dans la mesure où ces droits ne sont pas directement inclus dans un copyright, la situation pour les utilisateurs des œuvres peut être confuse. La version 4.0 répond à ce défi en identifiant les droits qui pourraient (si non licenciés) interférer avec la réutilisation de l’œuvre. Prendre en compte ces droits et d’autres encore qui auraient été oubliés permettra aux utilisateurs de travaux sous licence CC une meilleure réutilisation, en respectant aussi bien leurs souhaits que ceux de l’auteur d’origine.
En particulier, le fait que les droits concernant les bases de données sui generis ne soient pas explicitement couverts par les licences 3.0 non migrées (NdT unported) a créé une confusion dans les juridictions qui reconnaissent ces droits. La version 4.0 lève les doutes, incorporant carrément des droits sui generis applicables dans le champ de la licence, à moins que ça ne soit explicitement exclu par le concédant. Cela permet également au fournisseur de la base de données d’utiliser les licences CC pour explicitement licencier ces droits.
L’ensemble des licences 4.0 permet à l’auteur de renoncer de façon uniforme et explicite à ses droits moraux, lorsque c’est possible, et dans la limite de ce que permet la réutilisation du contenu tel que stipulé par la licence. Même si l’abandon de ces droits était globalement compris lors de l’utilisation des licences 3.0 et précédentes, la version 4.0 insiste sur son aspect volontaire.
La version 4.0 comporte un léger changement concernant les conditions d’attribution, pour mieux correspondre aux pratiques courantes. Les licences permettent explicitement de remplir la condition d’attribution à l’aide d’un lien vers une page différenciée contenant les informations de la licence. C’était déjà une pratique répandue sur internet et déjà possible dans les versions antérieures des licences, et la version 4.0 dissipe les doutes à ce propos.
La version 3.0 présentait une clause autorisant le concédant à demander à ce que la personne cessionnaire supprime l’attribution de son adaptation, si elle ne souhaitait pas que son nom lui soit associé. La version 4.0 étend cette clause dans la mesure où celle-ci s’applique non seulement aux adaptations mais aussi aux reproductions verbatim (telles quelles) d’une œuvre. Les licences sont maintenant particulièrement adaptées aux situations dans lesquelles les concédants ne souhaitent pas être associés aux usages de l’œuvre qu’ils désapprouvent, même si leur travail n’a pas été modifié ni publié avec d’autres œuvres.
Toutes les licences CC se terminent et ne s’appliquent plus quand une personne réutilisant du contenu sous licence CC n’en respecte pas les termes, mais sous la 4.0 les droits de cette personne sont rétablis automatiquement si elle corrige le problème dans un délai de 30 jours après l’avoir découvert. Cette période de résolution prend exemple sur d’autres licences libres et reflète mieux la façon dont les conflits de licence devraient être réglés en pratique. Elle donne aussi la garantie aux utilisateur de pouvoir continuer à utiliser des travaux sous licence CC, sans la peur d’avoir définitivement perdu tout droit de réutilisation, sous réserve qu’ils réagissent rapidement.
L’ensemble de licences 4.0 est manifestement plus facile à lire et plus compréhensible que les versions précédentes, mais les licences sont aussi bien plus courtes et mieux organisées. La structure simplifiée des licences et l’utilisation d’un langage clair, quand c’est possible, améliorent la probabilité que les concédants et les réutilisateurs comprennent correctement leurs droits et obligations. Cela améliore l’applicabilité des licences et réduit la confusion et les désaccords sur la façon dont elles fonctionnent.
Les licences BY et BY-NC 4.0 sont plus claires concernant les termes sous lesquels doivent être placées les adaptations, ce qui pouvait être une source de confusion avec les versions précédentes. Maintenant, ces licences précisent que l’on peut utiliser n’importe quelle licence pour ses contributions, dans la mesure où celle-ci n’empêche pas les utilisateurs de la version modifiée de se conformer à la licence originale. Même si c’est ainsi que l’on comprend les versions 3.0 et les précédentes, les licences 4.0 sont plus claires sur ce point et permettront à ceux qui les réutilisent de mieux comprendre leurs obligations.
« Ces révélations ont changé notre Internet à jamais. La vie privée en ligne a-t-elle seulement un avenir ? »
L’excellent journal The Guardian, très actif dans l’affaire Snowden, a récemment mis en ligne une vidéo simple et percutante sur la NSA et la problématique de la surveillance en ligne.
Nous vous en proposons sa transcription traduite ci-dessous. Et nous lançons un appel pour en faire des sous-titres à adjoindre à la vidéo (afin de vous faciliter la tâche, voici notre pad de travail)
Une vidéo à voir et à faire voir tant elle fait peur et démontre que nous avons changé de paradigme dans une indifférence presque générale.
Scott Cawley, Jemima Kiss, Paul Boyd et James Ball - 26 novembre 2013 - The Guardian
(Traduction : Goofy, Mounoux, T, Paul + anonymes)
Maintenant que nous sommes presque tous en ligne, et connectés d’une façon ou d’une autre, les espions ne ciblent plus une ou deux personnes mal intentionnées. Au lieu de cela, les gouvernements du Royaume-Uni et des États-Unis pratiquent tous deux une collecte massive d’informations sur ce que nous faisons avec nos téléphones et sur Internet.
Comment font-ils ?
Deux grandes méthodes sont utilisées pour récupérer ces informations.
La première, c’est de travailler avec les entreprises qui font fonctionner les réseaux et « d’écouter » les câbles qui sont essentiels pour faire circuler toute cette information. Ils s’installent au beau milieu de l’énorme flux de données, moissonnent tout ce qui circule puis le stockent dans d’immenses bases de données.
La deuxième technique implique d’utiliser leurs relations privilégiées avec les entreprises high-tech (Google, Facebook, Microsoft…) pour s’emparer de nos informations comme les courriers électroniques en les captant directement sur les services basés aux USA.
Que font-il avec ?
Les agences d’espionnage jettent la plupart des contenus qu’ils collectent. Ils les gardent sur leur système pendant trois jours environ et rejettent tout ce qui ne provient pas d’une de leurs cibles.
Il en va autrement pour les métadonnées. Qui a envoyé un message ? pour qui ? quand ? bien d’autres détails encore. Les services secrets conservent presque toutes les métadonnées collectées pendant environ un mois au Royaume-Uni et jusqu’à un an aux États-Unis. Cela leur permet de créer les profils de millions de gens. Qui parle à qui ? qui connaît qui ? et, si nécessaire, où sont localisés les gens ?
Ces révélations soulèvent un certain nombre de questions.
Où se situe la frontière entre notre droit à la vie privée et le devoir des autorités de nous protéger ? Les gouvernements en Amérique du Nord et au Royaume-Uni prétendent que ces programmes de surveillance aident à nous prémunir du terrorisme.
Mais que se passerait-il si vous étiez injustement accusé ? Et doit-on accepter le fait que désormais Internet est un endroit bien différent de ce qu’il a été, dirigé par des entreprises et des gouvernements qui peuvent le surveiller quand et comme ils le veulent ?
Maintenant que vous savez que vous êtes surveillé, votre comportement va-t-il changer ? Comment allez-vous parler à vos amis et jusqu’à quel point allez-vous faire confiance au monde qui vous entoure ?
Ces révélations ont changé notre Internet à jamais. La vie privée en ligne a-t-elle seulement un avenir ?
S’investissant corps et âme pour la cause du Libre, Pouhiou ne pouvait qu’être fidèle au rendez-vous du Capitole du libre à Toulouse, autant dire chez lui ou presque. Dopé par les rencontres, les échanges et l’accueil qu’il y reçoit, il ne perd pas de vue son objectif et pense dans un dernier sprint atteindre l’objectif initial. Mais au fond peu importe, son tour de France du libre, cette expérience d’un nomadisme épuisant, l’aura aussi enrichi d’un réservoir à fictions où sans le savoir encore, il pourra puiser dans le semaines et mois à venir.
Mais avant le temps de la décantation génératrice, le voici encore dans celui de l’urgence et de l’instantané, comme dans ses ateliers d’écriture où en régulateur improbable d’une liberté qu’il a malicieusement donnée, il frétille à son aise.
De retour dans ma ville rose. Prononcer villeuh raâzeuh. Alors que je reviens dans mon fief, je ne m’accorde même pas la grâce de passer par mon chez moi… récit d’un repos mouvementé en plein Capitole du Libre.
Les lecteurices de #MonOrchide le savent, j’ai eu habité[1] un appartement dans le quartier Saint Aubin, en haut de la rue de la Colombette (célèbre à Toulouse pour ses kébabs épongeant la bière du Café Populaire). À l’époque je suis devenu ami (à coup de cookies, pancakes et soirées tricot) avec ma voisine. Lorsque Claire s’est proposée pour m’héberger lors de mon passage toulousain, j’ai sauté sur l’occasion. Cela fait quelques mois qu’on se loupe, et que tu coup on se manque. Claire est un peu une madame Marquet sans le côté concierge post soixante-huitarde. Geekette qui collectionne les Livres Dont Vous Êtes le Héros, gameuse, à la fois femme-enfant et femme de tête… Parler avec elle, c’est l’occasion d’échanger plein de petits bouts de culture pulp et de pensées hors-piste : j’adore. Et en plus, Claire habite près de l’ENSEITT
Car c’est là, à moins de 100 m de chez Claire que s’est tenu le Capitole du Libre 2013. La très active association Toulibre a, cette année encore, organisé de main de maitre cette édition des rencontres libristes Toulousaines. Avec FraMartin, nous avons eu le plaisir de tenir le stand Framasoft et d’échanger avec un public présent, averti et nombreux. Vous êtes plusieurs à soutenir Framasoft de vos dons, c’est beau de voir toute l’affection que remporte ce réseau. N’hésitez pas à continuer et relayer notre campagne de dons, on en a besoin ! J’ai aussi eu le plaisir de participer au Supplément Week-End de Xavier sur radio FMR pour une interview culture libre où j’aurais été “cash”… Ce qui ne me ressemble pas du tout du tout ! J’ai enfin fait une conférence sur mes romans (qui choisissent d’être libres) où j’ai été surpris par le nombre de participants. À la fin, un certain Jérémie Z posa de belles questions sur la liberté intrinsèque de la création. Et il me donna ensuite de forts bons conseils sur mes diapos (que je n’aime pas non plus) donc profitez de cette présentation, parce que je ne la diffuserai plus ;)
Faisons une ellipse temporelle discrète sur la soirée du samedi, qui, comme toute soirée toulousaine qui se respecte, a des allures de 3e mi-temps option “aie-lendemain-bobo-ma-tête-elle-a-rencontré-un-pilier-de-ruddeby”. Le dimanche, toujours dans le cadre du Capitole du Libre, j’anime donc un atelier où l’on écrit à plein un épisode « hors série » des NoéNautes. Une dizaine de participant-e-s sont là, et on démarre. Certains veulent écrire et voir ensuite. D’autres veulent se mettre d’accord auparavant. D’aucunes posent des questions au groupe qui est parfois pris dans d’autres ajustements et corrections. C’est foutraque. Diablement organique. Mais le plus incroyable c’est que ça fonctionne. Je me retrouve en monsieur loyal/agent de circulation, tentant ici de nous faire prendre le temps de l’écoute, là d’activer les choix et l’écriture. J’accompagne le mouvement, conseille, questionne. Mais, in fine, c’est la nouvelle qui s’écrit comme elle l’entend, et le résultat m’époustoufle. J’aime animer ces ateliers. Celui d’aujourd’hui à Lyon est annulé (on s’y est pris trop tard, trop peu d’inscrit-e-s), mais si tu as envie d’en organiser par chez toi, je répondrai présent !
la Reine Victoria (photo via Wikimedia Commons) approuve pleinement la démarche libératrice du DIY littéraire
Nope. Pas un mot. J’ai un retard fou mais je suis assez taré pour y croire encore, à ce seuil des 50 k mots. Mais je n’ai pas écrit à Toulouse. J’étais juste trop naze. Tout le samedi, sur le stand de Framasoft, dès qu’une connaissance me demandait « alors, comment ça va ? » je répondais dans un sourire sincère : « épuisé ». J’étais clairement vidé. À Toulouse, je me suis reposé. Ce n’est pas parce que les lieux me sont familiers : je suis allé à Foix, une ville où j’ai vécu des années, et chez mon petit frère. Je crois que c’était juste le moment de faire une pause. Alors entre le stand, la conférence, les soirées arrosées, l’atelier d’écriture, les discussions… je ne dis pas que ce fut de tout repos. Mais il y a moins de pression. Et bizarrement, la même page Wikipédia (spoiler alert : ce lien dévoile certaines de mes recherches) qui ne m’inspirait pas il y a trois jours est depuis devenue un mine de détails croustillants à inclure dans mon chapitre. Je sais bien que je dois faire confiance au roman : il s’écrit quand il le désire et connait son rythme… sauf que cette confiance ne me vient pas hyper naturellement.
Je crois que cette sensation d’être « passé à l’essoreuse » vient aussi du voyage. J’ai l’impression étrange que cette expérimentation me lave, genre ça récure la personnalité au Jex four. Quand tu changes de maison tous les trois jours, quand tu n’es jamais chez toi, il y a des choses qu’il te faut abandonner. Depuis début novembre, je ne sais jamais où se trouve le sel. Je ne sens jamais le même savon, le même shampoing. Les gens vivent tou-te-s à une température différente, je dois m’y adapter. Les heures de repas, de réveil, les ambiances sonores, la fumée, la lumière : cela change à chaque fois. C’était des conforts que je prenais pour acquis. Pour certains je n’avais même pas conscience d’y être attaché. Et, au fur et à mesure de mes pérégrinations, je me rends compte qu’ils importent peu. Que mes points de repère peuvent être utiles, mais ne sont pas indispensables. Qu’on peut se passer de beaucoup de choses, en fait… Je rappelle juste que je n’aurais pas pu lancer une telle aventure d’échanges et découvertes sans Framasoft, et que Framasoft ne peut pas se passer de vos dons et participations pour continuer à répandre du libre parmi les gens.
Ceci étant dit, j’ai 17200 mots à trouver en 6 jours…
Donc vite, on file à Lyon écrire tout ça.
À dans 3 jours,
— Pouhiou.
[1] [NdE] Ceci est un passé surcomposé, l’équivalent grammatical d’une délicieuse petite pointe d’accent du midi.
À l’occasion de notre présence lors des RMLLd sur l’île de la Réunion, voir cet article, nous avons eu l’occasion de rencontrer Jean-Noël Rouchon, qui fait partie de ces « artisans du libre » de plus en plus nombreux, sa structure (Mithril) proposant de nombreux services autour du logiciel libre.
Mais Jean-Noël est aussi le développeur du logiciel de gestion pour le suivi d’exploitations agricoles Agritux. Et l’histoire de la naissance de ce logiciel étant plutôt intéressante, nous souhaitions vous la faire partager.
Bonjour Jean-Noël, peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Jean-Noël Rouchon, j’ai 32 ans et je vis à Saint-Joseph, sur l’île de la Réunion. Je suis passionné d’informatique depuis tout jeune ce qui m’a poussé à en faire mon métier. J’ai découvert Linux et monde du logiciel libre quand j’étais étudiant en 2000 avec une mandrake (la 7.2 si je me souviens bien) et j’ai très vite été happé par cet univers-là et la philosophie qui en découle.
Après ma maîtrise, j’ai travaillé pour une entreprise spécialisée dans le logiciel de gestion, mais je ne me trouvais pas à l’aise dans le monde du logiciel propriétaire. J’ai donc fini par créer ma petite entreprise, Mithril Informatique.
Quelles sont les activités principales de Mithril ?
Je travaille sur trois grands axes en même temps :
L’ensemble des mes prestations est consultable sur le site.
Tu es le développeur d’Agritux, mais… c’est quoi Agritux ?
Agritux est un logiciel de gestion pour le suivi d’exploitations agricoles.
Il permet de faire le suivi par parcelles et par cultures de la production de cultures végétales en gardant une trace des intrants et de la main d’oeuvre utilisée.
Le but étant surtout de pouvoir éditer un « cahier de culture », document officiel qui peut être demandé lors d’un contrôle de l’exploitation par exemple. Il est développé en Ruby avec une interface en Gtk, il fonctionne sous Linux et Windows (et probablement Mac OS aussi mais je n’ai pas eu l’occasion de le tester). Il est bien sûr sous licence libre (GPLv3) et le code source est téléchargeable sur gitorious.
Comment est né ce logiciel ?
L’idée du logiciel a commencé à naître lors des RMLLd de 2011 à St-Joseph. J’ai participé à ces premières Rencontres Mondiales du Logiciel Libre décentralisées en tant que membre d’un GUL de la Réunion (Libre974) et j’ai eu l’occasion de rencontrer pas mal de monde et en particulier plusieurs agriculteurs faisant le parallèle entre les semences libres et le logiciel libre. J’ai pu longuement discuter avec un agriculteur bio, venu là par curiosité.
L’idée du logiciel libre lui a trotté dans la tête un bon moment puisqu’au début de cette année 2013, il me rappelle pour lui installer une distribution Linux sur son ordinateur et pour lui créer un logiciel de suivi d’exploitation agricole, qu’il n’arrive pas à trouver parmi les logiciels libres déjà existants. Les premières lignes de code d’Agritux sont écrites en avril 2013.
J’ai pu constater qu’Agritux interessait pas mal d’agriculteurs (et d’enseignants de lycée agricoles) à la Réunion. Mais sais-tu si le logiciel interesse des publics similaires en métropole ou à l’étranger ? Comment envisages-tu l’avenir d’Agritux ?
Il y a eu en effet un intérêt certain pour Agritux lors des dernières RMLLd, plus que je ne l’imaginais. J’en déduis que ce type de logiciel correspond à un besoin réel de beaucoup d’agriculteurs.
Depuis ces dernières rencontres, j’ai eu plusieurs contacts de la Réunion mais aussi de la métropole et de Madagascar m’apportant des idées pour la suite.
Le logiciel est encore très jeune, et il y a plein de pistes à explorer pour l’améliorer. Dans le désordre :
Pour mutualiser les coûts de développement, je pense essayer de faire financer les futures évolutions en passant par du crowdfunding et en particulier par la plateforme Openfunding qui est spécialisée dans le financement de logiciels libres.
Étant le seul développeur, il n’y a pas pour le moment de communauté autour de Agritux, juste quelques utilisateurs qui me font parfois des remontées par mail, bien qu’un bug tracker soit disponible.
Si d’autres développeurs sont intéressés pour m’aider à faire évoluer Agritux, ils seront accueillis à bras ouverts !
La Réunion, de par son éloignement avec la métropole, est-elle un terrain propice au développement du logiciel libre, ou des structures comme la tienne sont-elles complètement marginales ?
Je ne connais pas bien la situation du développement de logiciels libres en métropole, mais il me semble que la Réunion est plus propice au développement de petits logiciels spécifiques créé par de petites structures. D’abord parce que les entreprises préfèrent généralement avoir à faire à des prestataires locaux et ensuite parce qu’il y a peu de grosses entreprises et donc peu d’intérêt pour de grosses sociétés d’édition de logiciel d’être présentes ici.
Le souci du coup, c’est que nous devons travailler avec plein de petites entreprises, très différentes les unes des autres, ce qui nous oblige à nous diversifier (ou même nous éparpiller dans mon cas ;)).
C’est pour cette raison qu’un groupement de prestataires de logiciels libres a été créé sur l’île. Il s’agit ici de fédérer nos compétences tout en restant indépendants et de proposer un site web répertoriant un maximum de prestations autour des logiciels libres à la Réunion. Ce groupement s’appelle Prestalibre et l’annuaire est disponible sur le site.
Un petit mot pour la fin ?
Concernant Agritux, toutes remontées de bugs, demandes, propositions, critiques (même mauvaises) sont les bienvenues. De même si des personnes sont intéressées pour participer au développement, à la traduction ou aux tests du logiciel, vous pouvez me contacter à mail AT mithril.re. Agritux a besoin de vous ;) !
Il y a peu nous publiions un communiqué commun avec SavoirCom1, Vecam, l’April et la Quadrature du Net : Livre numérique : DRM gouvernemental contre l’amendement Attard !
Nous réitérons ici pour faire en sorte que l’amendement supprimé à l’Assemblée soit redéposé puis voté lors du passage imminent de la loi au Sénat, le vendredi 29 novembre prochain.
Dans le cadre du projet de loi de finances, les députés d’Europe Écologie-Les Verts avaient déposé un amendement n° 22 imposant une TVA pleine pour tous les livres numériques verrouillés.
Actuellement, tous les livres, quel que soit leur support, sont soumis à un taux de TVA réduit (5,5%). Les députés proposaient de faire la distinction entre les livres dont l’acheteur a la pleine propriété, c’est-à-dire les livres sans DRM et dans un format ouvert, où l’utilisateur dispose des mêmes droits que pour les livres papiers (possibilité de les prêter, de les lire autant de fois qu’il le souhaite, de les lire partout, …), et les livres pour lesquels les consommateurs n’ont que des droits limités. Seuls les premiers seraient considérés comme des livres à part entière et pourraient donc bénéficier de la TVA à taux réduit. Les livres numériques verrouillés se verraient appliquer le taux en vigueur pour les services (19,6%).
Le texte de l’amendement n° 22 :
I. – Le 3° du A de l’article 278-0 bis du code général des impôts est complété par les mots suivants : « sauf si le ou les fichiers comportent des mesures techniques de protection, au sens de l’article L331-5 du code de la propriété intellectuelle ou s’il ne sont pas dans un format de données ouvert, au sens de l’article 4 de la Loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique. »
II. – Le présent article s’applique à compter du 1er janvier 2015.
Cet amendement a d’abord été adopté par l’Assemblée nationale en séance publique le jeudi 14 novembre 2013 avant d’être supprimé le lendemain par un amendement du gouvernement. Le gouvernement a utilisé comme argument un supposé risque juridique pour masquer une absence de volonté politique de lutter contre les systèmes qui enferment les utilisateurs et les rendent captifs. L’argument étant que l’amendement des Verts risquerait de fragiliser la négociation que mène la France auprès de la Commission européenne pour généraliser le taux réduit de TVA à tous les livres numériques. La députée Isabelle Attard a par la suite publié une réponse montrant qu’au contraire, cette proposition de TVA différenciée peut ouvrir une piste de conciliation avec la Commission..
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter la déclaration commune de SavoirsCom1, Framasoft, April, Vecam et La Quadrature du Net Livre numérique : DRM gouvernemental contre l’amendement Attard ! Cette déclaration commune a été communiquée aux sénateurs, afin que l’amendement soit réintroduit et fasse à nouveau l’objet d’un véritable débat.
Vous pouvez agir sur ce dossier.
Vous pouvez déjà agir en signant la pétition lancée par un citoyen (voir également sa proposition de lettre au gouvernement et aux parlementaires).
Vu l’imminence du vote, le meilleur moyen d’agir efficacement est de contacter dès maintenant par courriel les sénateurs voire (et/ou) de les appeler au téléphone. Le projet de loi sera en effet examiné vendredi 29 novembre en séance publique au Sénat. Contactez les sénateurs pour qu’ils redéposent l’amendement n°22 ou pour qu’ils votent en faveur de cet amendement si celui-ci est redéposé.
Tous les sénateurs ne participeront pas forcément aux débats et aux votes. Mais n’hésitez pas à contacter le rapporteur (Christian ECKERT) et/ou votre sénateur de circonscription et/ou les secrétariats groupes politiques et/ou les sénateurs qui ont participé au rapport pour avis de la commission des affaires culturelles ou tout autre sénateur.
Le site NosSénateurs.fr et celui du Sénat vous permettent de trouver les informations utiles (courriel, téléphone) sur les sénateurs. Vous pouvez également appeler directement le standard du Sénat au 01 42.34.20.00 pour être mis en relation avec un sénateur. Le site NosSénateurs.fr propose aussi la liste des principaux orateurs sur le dossier.
Un appel téléphonique est beaucoup plus efficace qu’un courriel. Un coup de fil est plus personnel et beaucoup plus dur à éviter. Une bonne technique consiste à envoyer un courriel, puis appeler quelques heures après pour demander s’il a bien été reçu, poser des questions à son sujet, demander ce que le sénateur compte faire. Un courriel copié/collé à partir d’un courriel type a un impact négatif : cela affaiblit le contenu et le fait ressembler à du spam. Il vaut toujours mieux envoyer des courriels personnalisés, même et surtout s’ils sont écrits dans un style personnel.
Si vous avez des questions ou si vous souhaitez nous remonter les réactions des sénateurs, vous pouvez nous contacter par courriel (contact@april.org) ou sur le canal de discussion #april sur irc.freenode.net pour des échanges instantanés ( accès via webchat).
Cet été, Framasoft était invité à participer aux Rencontres Mondiales Décentralisées du Logiciel Libre (RMLLd), qui se déroulaient dans la commune de St-Joseph, sur l’île de la Réunion.
En dehors d’un cadre on ne peut plus propice à la randonnée (sur les sentiers parfois escarpés du logiciel libre, évidemment), nous avons été impressionnés par la capacité d’une commune d’une taille modeste à mobiliser non seulement ses services, mais aussi les acteurs public locaux (comme par exemple les étudiants du BTS informatique pour la mise en place du réseau WiFi).
La ville ne s’est pas contentée d’accueillir ces rencontres mondiales, elle en a été l’un des moteurs. Par ailleurs, la commune à fait le choix (encore trop rare aujourd’hui) de publier sous licence libre les logiciels qu’elle a elle-même développés. Permettant ainsi à d’autres collectivités de ne pas réinventer la roue, tout en faisant faire des économies aux contribuables.
Nous avons souhaité poser quelques questions au dynamique Directeur Informatique de la ville de St-Joseph, Dominique Leperlier.
Bonjour Dominique, peux-tu te présenter et nous dire quelques mots sur ton parcours ?
Je suis ingénieur territorial et directeur informatique en charge des projets numériques à la Ville de Saint-Joseph de la Réunion, située à l’extrême sud de l’île (37 000 hab.) - C’est d’ailleurs la ville la plus australe d’Europe. A la sortie des mes études en 1990, j’ai intégré la mairie de Saint-Joseph en tant que responsable. A l’époque, le service se résumait à moi seul ! Après une intermède d’un an dans une autre collectivité je suis revenu en 2001 dans ma ville de cœur avec de nouveaux projets et une nouvelle dynamique. Aujourd’hui la direction informatique c’est 8 agents à temps plein dont 4 titulaires et 3 CDI.
Comme tu le vois, je suis de la génération Microsoft, de la grande époque du passage de MSDOS à Windows 3.11.
La commune de St-Joseph semble avoir une démarche très active en faveur du logiciel libre. Peux-tu nous expliquer pourquoi ?
Même si dès mon retour en 2001, nous avions déjà effectué quelques changements avec la généralisation de Firefox ou l’installation de Nagios, le choix du logiciel libre s’est véritablement opéré en 2008. L’idée est venue lorsque la commune a mis en œuvre pour les services techniques « l’entreprise municipale », un service à part entière composé de plusieurs corps de métier et qui réalisent divers grands travaux (aménagement routier, construction de bâtiments publics, etc) sur les projets qui n’étaient plus financés.
En tant que cadre, tu es force de proposition et à Saint-Joseph, nous avons cette chance en d’être aussi écouté. L’idée était de construire cette fois-ci une entreprise municipale du numérique avec pour idée directrice de nous réapproprier notre système d’information.
Nous avions déjà anticipé cette évolution, un an plus tôt, en recrutant 2 agents pour créer une équipe de développement au sein de la direction. Toutefois, le point de départ reste selon moi la note de service signée du Député-Maire en novembre 2008, où il est clairement dit que la collectivité fait le choix du logiciel libre et oriente désormais son système d’information en ce sens, à commencer par la migration vers OpenOffice. Le fonds du message a bien été compris par les agents. Cependant, quand tu portes un projet aussi transversal que la migration d’une suite bureautique et qui va de surcroît bouleverser certaines habitudes, tu te heurtes tout naturellement à certaines résistances (surtout en pleine phase transitoire). Mais la grande majorité des agents ont joué le jeu. Cette note de service a vraiment fait la différence. Il ne s’agissait pas d’une lubie de quelques informaticiens, c’était un choix stratégique approuvé par l’autorité territoriale. Cela ne te dédouane pas non plus d’accompagner ce changement. Nous avons pour cela créé un comité de pilotage, un comité technique avec des référents dans les services.
Nous avons aussi organisé des demi-journées de transition. Pour information, le projet s’est étalé sur une année pour environ 300 postes. Derrière cela, il faut aussi l’avouer, il y a avait une dimension économique. Nous économisions près de 30 000 euros par an. Enfin, cela nous permettait dorénavant de valoriser les compétences internes, en investissant sur des hommes et non plus sur des licences. Le libre a pour avantage de favoriser les initiatives locales et j’espère par ailleurs que les entreprises de la Réunion vont davantage se tourner vers ce modèle économique.
Quelles sont les principales actions mises en œuvre par la commune ?
Nous avons depuis quelques années une politique numérique assez active, avec une certaine notoriété dans le département. Sans toutes les citer, nous avons notamment été à l’origine de plusieurs initiatives novatrices à l’échelle de l’île :
Enfin , il ne faut pas oublier que la ville a ouvert 5 espaces publics numériques d’une dizaine de postes en moyenne (tous sous des systèmes libres). Deux autres devraient s’ouvrir dans les deux prochaines années.
Pour en revenir au logiciel libre, comme je te l’ai dit, nous avons officiellement basculé avec la migration vers OpenOffice. Et étrangement c’est Microsoft qui nous a facilité cette mutation avec l’arrivé d’Office 2007 avec son interface totalement remaniée. C’était une opportunité que nous ne pouvions pas laisser passer. On a donc abandonné la suite propriétaire, ce qui nous a obligé aussi à changer notre client de messagerie pour Thunderbird. Parallèlement, nous avons décidé d’abandonner Microsoft Exchange pour OBM à l’époque (nous sommes depuis passés sous Zimbra). Nous avons bien entendu mené d’autres projets comme l’informatisation de toutes nos écoles avec la solution AmonEcole, la ré-informatisation de la bibliothèque avec PhpMyBibli (PMB) que nous avons légèrement adapté à nos besoins.
Outre le fait d’être un utilisateur de logiciels libres, nous sommes aussi devenu des contributeurs depuis 2 ans, puisque nous avons mis en libre sur la forge de l’Adullact plusieurs logiciels développés en interne :
Les 2 premières sont disponibles depuis 2011 dans leur version stable. Les 2 dernières le sont depuis peu, mais nous devrions publier prochainement une version nettement améliorée, surtout pour Papangue.
Utilisateur, contributeur, nous sommes aussi devenu promoteur depuis notre rencontre avec les CEMEA de la Réunion en organisant les Rencontres Mondiales du Logiciel Libre décentralisées en 2011 et 2013. Nous ne voulions pas être une simple ville hôte. Nous voulions prendre au part au projet, parce que cela a du sens, au regard des actions que nous avions déjà mené sur le libre. C’est la première chose qui surprend pour les habitués des RMLL nationales, voire ainsi la ville qui accueille s’impliquer totalement et notamment dans l’organisation. Nous ne voulions pas que d’un rendez-vous de passionnés ou de convaincus, mais une manifestation qui s’ouvre sur la société. Ce public hétérogène c’est vraiment particulier aux RMLLd.
Et pourtant, le pari n’était pas gagné d’avance… surtout quand tu organises une manifestation autour d’un thème encore très peu connu du grand public (parfois même de certaines administrations), dans une commune rurale et à l’opposé des centres d’affaires. Nous avons réussi, malgré tout, à mobiliser le grand public venu de toute l’île, des agents de collectivités territoriales, le monde associatif, le monde de l’éducation, les acteurs économiques ainsi que la presse écrite et audiovisuelle. On a certes parlé de Saint-Joseph au cours de ces 4 journées, mais on a surtout beaucoup parlé du libre. Et tout cela est rendu possible grâce évidemment aux CEMEA, à la mobilisation d’une dizaine de services communaux (que je tiens vraiment à remercier !) mais aussi à d’autres partenaires tels que le BTS SIO de Saint-Joseph et Libre974.
Utilisez-vous à Saint-Joseph d’autres logiciels libres développés par d’autres communes ? Et, à l’inverse - as-tu connaissance de l’utilisation de “vos” logiciels dans d’autres villes ?
Nous n’avons pas réellement trouvé de logiciels développés par d’autres communes et qui présentent pour le moment un intérêt pour nous. Toutefois, nous avons depuis mars 2013 ouvert notre portail citoyen, qui permet aux usagers de disposer d’un compte famille pour effectuer des demandes d’actes d’état civil et de payer la restauration scolaire en ligne. Cette plate-forme, CapDemat, a été conçue par le conseil général du Val d’Oise. Nous avons fait appel à une entreprise locale pour son déploiement. Nous suivons aussi de près le logiciel de gestion des marchés publics EPM mise en code source libre par la Ville de Paris.
En ce qui concerne les logiciels que nous avons développé, je sais que ADEL par exemple a été repris par une commune de l’est de la Réunion qui a d’ailleurs intégré un module SSO pour ses propres besoins, mais qui ne l’a malheureusement pas publié sur la forge. Je pense qu’avec Papangue et ParkPool, on pourrait avoir de belles surprises et pas seulement du coté des administrations… à suivre donc !
Que dirais-tu (ou que dis-tu déjà !) lorsque tu rencontre un Directeur Informatique d’une autre commune (de la Réunion ou de métropole) pour le convaincre d’utiliser des logiciels libres ?
C’est la question piège celle-là. Beaucoup utilisent déjà des logiciels libres, mais sur un périmètre très limité et déjà très balayé comme la sécurité du SI ou la supervision des équipements, du très banal quoi. Mais bon, ça reste invisible de l’utilisateur, c’est un truc d’informaticien. A mon sens tu franchis vraiment le pas quand tu t’attaques à des secteurs déjà bien établis. La suite bureautique en est une, le système encore un autre. Quand tu dois faire face à plusieurs dizaines d’années de pratiques comme cette « logique microsoft» qui veut que pour formater une page, tu dois passer par le menu fichier… c’est là que les choses se compliquent ! Je ne connais pas beaucoup de directeur informatique qui ne soient pas convaincu par le libre. C’est d’ailleurs une décision qui n’est pas de son seul ressort, c’est un choix stratégique (peut être même politique) qui doit être validé au plus haut. Je me sens au final pas très à l’aise et encore moins légitime pour convaincre qui que ce soit. Chacun doit faire face à son environnement et ses contraintes. Au mieux, je ne pourrais que témoigner de mon expérience.
La ville de St-Joseph a accueilli les RMLLd en 2011 et 2013, vous pensez rempiler en 2015 ?
Quand tu vois une responsable d’association venir le samedi s’informer et participer aux différents ateliers, faire le ménage sur son ordinateur toute la nuit et revenir le lendemain pour qu’on lui installe les logiciels qu’elle a repéré, je te répondrai tout de suite « oui ! ». D’ailleurs le Député-Maire, lors du discours inaugural, a déjà donné rendez-vous pour 2015. Mais cela ne pourrait se faire qu’avec les CEMEA qui portent depuis bien plus longtemps que nous la voix du libre. C’est un partenaire incontournable, c’est aussi leur décision, et la ville de Saint-Joseph ne pourrait anticiper celle-ci. Après les RMLLd 2013, le plus important à l’heure actuelle est de ne pas laisser retomber le soufflet. Nous avons déjà des pistes, notamment à l’échelle de notre territoire, pour continuer dans cette dynamique.
Un petit mot pour la fin ?
Pour la ville de Saint-Joseph, les projets ne s’arrêtent pas là. Nous sommes en pleine dématérialisation des processus comptables. Nous avons d’ores et déjà fais le choix du logiciel libre pour ce projet, à travers i-parapheur, pour la mise en place d’un parapheur électronique, ou Nuxeo pour la partie gestion électronique de documents Nous avons aussi entamé le déploiement d’Ubuntu sur la base du volontariat dans certains services, notamment ceux qui n’ont pas de contraintes liées à leur applicatif métier. Cela reste encore marginal, mais Saint-Joseph a vraiment mis le cap sur le libre. À notre rythme, nous avançons, inébranlablement, mais, comme tu le sais, même si la route est longue, parfois semée d’embûches, la voie, elle, est plus que jamais libre ;)
Cette semaine a été officiellement lancé un projet d’envergure : Data, une bibliothèque numérique de ressources éducatives francophones, forte de 14 000 références, libres et adaptées au quotidien des enseignants. Cette réalisation est le fruit d’un travail de longue haleine (la genèse du projet remonte à plus de 10 ans) de la société Ryxéo et de l’association Abulédu-fr, qui a entre autres lancé le site de micro-blogue Babytwit.
Tout enseignant peut aisément rechercher puis télécharger une ressource depuis le site dédié. Comme celles-ci sont toutes sous licence libre, il n’y a pas de contrainte légale pour leur utilisation en milieu scolaire (et même ailleurs). Pour ceux qui utilisent un tableau interactif, le plugin pour Open-Sankoré permettra une utilisation directe de cette bibliothèque dans votre logiciel de TBI favori.
Au premier abord on peut se demander pourquoi créer une nouvelle bibliothèque de ressources quand d’autres plates-formes de qualité existent, telles Wikimedia. Les plus-values de Data sont importantes :
Plusieurs moyens s’offrent à vous.
Data est une avancée importante pour tous les enseignants francophones qui créent leurs propres cours, car elle leur offre une bibliothèque de ressources riche, pertinente et référencée. N’hésitez donc pas à en parler autour de vous et à le faire découvrir aux enseignants que vous connaissez (donnez-leur un petit flyer )
Le projet Data est soutenu par l’Organisation Internationale de la Francophonie, le Conseil Régional d’Aquitaine, les associations Framasoft, AFUL, CEMEA La Réunion, Aquinetic, April et ABUL et… peut-être vous.
Là-bas tout au sud au pied des montagnes, là où l’Arget joint l’Ariège, Nelwyn et Kiro ont joint leur vie sous l’œil attendri de Pouhiou, ce grand romantique. Cet épisode est l’occasion d’une pause salutaire pour notre horizontal ludion qui éprouve, et c’est bien compréhensible, une certaine fatigue à force de disperser son énergie entre les rencontres, les déplacements et le défi d’écriture.
Le voilà pourtant déjà prêt à partir à la rencontre des libristes, représentant Framasoft avec un dynamisme sans faille dès aujourd’hui ! Passez le voir et l’encourager, vous lui donnerez son carburant préféré : l’échange.
C’est un peu de la triche. Je viens de passer trois jours chez mon petit frère. Qui, avec sa chérie, s’avèrent tous deux être des lecteurs des NoéNautes. Mais si j’ai choisi de m’arrêter là, c’est que j’ai une bonne excuse et elle est en forme d’histoire.
Nelwynn est une amie de lycée. On a traversé beaucoup de pérégrinations passionnées durant nos folles jeunesses ariégeoises et toulousaines.
Foix, la rue des Grands Ducs, photo Jean-Louis Venet CC-BY-SA-3.0 via Wikimedia Commons
Kiro est mon cadet de huit ans. Le petit dernier à qui j’ai filé ses premières capotes, son premier magazine de cul (plus le conseil « le pr0n c’est pas comme la vraie vie ») et le « kit de survie du jeune hétéro » (localisation du clitoris + importance des préliminaires = ayé tu as les bases maintenant file te faire ton éducation).
Un jour, alors que Nelwynn était passée à la maison familiale, Kiro salue son départ d’un « Roh ! elle est toujours aussi belle, Nel’. Tu vois j’oserais pas, mais… elle me plaît bien, quoi. » Quelques jours plus tard, c’est à Nelwynn de m’avouer : « Putain ton petit frère, ça fait bizarre. Je l’ai connu ado, mais là il a 20 ans, et… c’est un beau mec, quoi… »
Au bout de deux ou trois remarques d’un côté et de l’autre, je n’y tins plus : « Mais arrêtez de me faire chier et couchez ensemble, bon sang ! Vous semblez en avoir envie tous les deux ! » Puis, avisé, je modère d’un « par contre, me faites pas le coup de tomber amoureux l’un de l’autre, j’ai aucune envie d’être pris entre deux feux, hein ! »
Résultat ? Près de cinq ans après ils sont toujours ensemble, un beau petit couple de goths geeks qui vivent dans le péché et une jolie maison aux 10 000 statuettes… Mais il y a quelques jours, mon petit frère a demandé la main de ma meilleure amie. Je ne pouvais décemment pas manquer ça. D’où ce bel arrêt sur les hauteurs enneigées de Foix.
Honnêtement : je fatigue. Les voyages, les discussions, les rencontres et les idées se bousculent les unes les autres, et tout passe de manière floue comme par la fenêtre d’un train. Qu’on ne s’y trompe pas : j’adore cette expérience. Mais si je commence à me coller la pression, je me bloque et n’écris pas. Du coup je fatigue. Au moment où j’écris ces lignes, je n’ai pas tapé les 1667 mots du jour et je dois en avoir 2200 de retard. J’ai décidé de m’en foutre. Du moins de ne pas laisser l’amusement de ce défi se transformer en une obligation, une tâche, une peine. J’essaie au contraire de profiter des rencontres, qui nourrissent l’écriture de manière très… directe. Je ne peux rien dire sans spoiler, mais plus que les discussions, ce sont les vies des gens qui m’inspirent.
J’ai peu écrit du chapitre V mais ce que j’ai pu écrire m’a surpris. Plus l’intrigue se resserre, plus certaines choses ressortent des personnages avec une profondeur que je ne leur soupçonnais pas. Je ne veux rien te dévoiler mais j’ai bien envie de te mettre l’eau à la bouche. Genre avec un petit extrait du début :
Il faut que je rassemble mes pensées. Pas facile, quand tu occupes un manoir rempli de télépathes. Mais je dois essayer de remettre un peu d’ordre dans toutes ces calembredaines. Rassembler mes pelotes d’indices, tricoter le fil de l’Histoire pour que se dessine à mes yeux le patron de ce jacquard qui se répète dans le temps
Alors oui : une nouvel narrateurice succèdera à Enguerrand et Cassandre. Oui, après Fulbert puis Enguerrand, un nouveau NoéNaute sera au cœur de l’intrigue de ce roman. Non, l’intrigue ne se déroulera pas en temps réel comme lorsque les romans sont blogués sur 4 mois… Ça donne envie ?
Non parce que tu vas avoir l’embarras du choix ! Les 23 et 24 novembre, je tiens le stand Framasoft avec FraMartin au Capitole du Libre, où je pourrais faire des dédicaces. Avec de superconférences : Benjamin Jean, Jérémie Zimmerman, Benjamin Bayart… et même moi !
Le dimanche, on fait un atelier d’écriture collaborative : un épisode hors série des NoéNautes écrit à plein de mains ! D’ailleurs, on réitère cet atelier dans les locaux Lyonnais de Framasoft le mardi 26 novembre entre 18 et 20h avec Pyg himself. Pense à t’inscrire auprès de pyg chez framasoft point org et à apporter ton ordinateur portable ! Le but sera de faire un joli épisode et de l’élever dans le Domaine Public Vivant. Sinon, on peut aussi se retrouver avec Gee à Nice durant les derniers jours du NaNoWriMo (29 et 30 novembre) à l’occasion des Journées Méditerranéennes du Logiciel Libre, où nous dédicacerons nos fictions libres.
C’est limite frustrant de ne pouvoir tout suivre que de loin. C’est un mois admirable pour la culture libre, j’ai l’impression, quand tant de positions bougent, que tant de gens expérimentent… De Ploum qui parle brillamment de financement libre, à Neil Jomunsi qui se lance dans la libre diffusion. De l’amendement sur les locked-books (ebooks fermés par un écosystème ou des DRM) adopté puis aboli en 24h au parlement ; à la Hadopi qui dit que partager des fichiers ne nuit pas à la culture et ne devrait pas entraîner de compensation. Des billets inspirants et inspirés de Thierry Crouzet à cette loi sur le Domaine Public qui représente une opportunité rare…
Tant de choses se passent. Dont une qui me tient à cœur : la campagne pour soutenir Framasoft. Voilà trois semaines que je bats la campagne dans ce but : montrer qu’il faut des lieux numériques où l’on peut abriter et faire grandir de libres expériences. Une auberge du libre, en quelque sorte, où on y trouve forcément bien plus que ce qu’on y apporte, tant les projets se nourrissent. J’espère que cette dynamique pourra perdurer et s’étendre… Et cela dépend de vos soutiens. Alors : « Allons-y ! »
À dans trois jours,
— Pouhiou.
Ce beau projet est né voilà presque un an. La caractéristique principale de sa conception c’est le travail collaboratif, depuis sa composition par 42 auteurs jusqu’à son édition en Framabook en passant par les presque 100 traducteurs bénévoles qui ont contribué à la version française.
Ce livre apporte 42 réponses à la question : « Qu’auriez-vous aimé savoir quand vous avez commencé à contribuer ? » — à contribuer au Libre ou à l’open source, bien entendu.
Vous trouverez sur la page Framabook de Libres conseils le rappel détaillé de ce que furent les mois d’activité autour de ce projet : les rendez-vous rituels du jeudi soir ouvert à tous, la publication en feuilleton sur le blog, les relectures sur le booktype puis sur les versions en PDF, la confection de l’epub…
Mais aujourd’hui l’heure est au lancement et voici une invitation pour les plus rapides
16 bis, Boulevard Montmartre dans le 9e - Station de métro : Grands Boulevards
Venez découvrir ce livre sous licence libre (CC BY-SA 3.0) autour d’un verre dans les locaux de Mozilla, avec l’équipe du projet, en présence de Tristan (Mozilla) qui a signé la préface. Vous aurez la possibilité de contribuer à votre tour à cet ouvrage en écrivant votre témoignage sur le Libre !
Inscrivez-vous librement pour recevoir votre invitation en cliquant sur ce lien.
L’ouvrage collectif Libres conseils est disponible ici pour 16 euros, mais vous pouvez télécharger gratuitement une version électronique. Vous serez sollicité pour un don (facultatif), Ce qui vous rappelle que nous venons de lancer notre campagne de soutien !
À bientôt !
Ce beau projet est né voilà presque un an. La caractéristique principale de sa conception c’est le travail collaboratif, depuis sa composition par 42 auteurs jusqu’à son édition en Framabook en passant par les presque 100 traducteurs bénévoles qui ont contribué à la version française.
Ce livre apporte 42 réponses à la question : « Qu’auriez-vous aimé savoir quand vous avez commencé à contribuer ? » — à contribuer au Libre ou à l’open source, bien entendu.
Vous trouverez sur la page Framabook de Libres conseils le rappel détaillé de ce que furent les mois d’activité autour de ce projet : les rendez-vous rituels du jeudi soir ouvert à tous, la publication en feuilleton sur le blog, les relectures sur le booktype puis sur les versions en PDF, la confection de l’epub…
Mais aujourd’hui l’heure est au lancement et voici une invitation pour les plus rapides
*16 bis, Boulevard Montmartre dans le 9e - Station de métro : Grands Boulevards)
Venez découvrir ce livre sous licence libre (CC BY-SA 3.0) autour d’un verre dans les locaux de Mozilla, avec l’équipe du projet, en présence de Tristan (Mozilla) qui a signé la préface. Vous aurez la possibilité de contribuer à votre tour à cet ouvrage en écrivant votre témoignage sur le Libre !
Inscrivez-vous librement pour recevoir votre invitation en cliquant sur ce lien.
L’ouvrage collectif Libres conseils est disponible ici pour 16 euros, mais vous pouvez télécharger gratuitement une version électronique. Vous serez sollicité pour un don (facultatif), Ce qui vous rappelle que nous venons de lancer notre campagne de soutien !
À bientôt !
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Merci ;)
Source :
Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)
Il est souvent question de libre accès sur le Framablog. Par exemple avec ce manifeste du regretté Aaron Swartz ou cette limpide explication vidéo de Jean-Claude Guédon.
Avec Internet et la numérisation, il est désormais possible de consulter l’ensemble des ressources scientifiques et académiques. En théorie oui mais il peut en aller tout autrement dans la pratique, ce qui n’est pas sans poser de nombreux problèmes. Deux étudiants proposent ici de signaler tout péage rencontré pour accéder à ces ressources et de le mentionner sur un site commun.
On notera au passage que c’est OpenStreetMap qui fournit la carte.
Students Launch “Button” to Put Denied Access to Research on the Map
18 novembre 2013 - Open Acess Button
(Traduction : Penguin, Gilles, r0u, sinma, Paul)
Traquer et cartographier l’impact des péages, un clic à la fois.
Aujourd’hui, lors d’un congrès international d’étudiants défendant un accès plus important aux publications universitaires, deux étudiants anglais de premier cycle ont annoncé le lancement fortement attendu du bouton Open Access (NdT : Accès libre), un outil adossé au navigateur qui permet de cartographier l’épidémie de refus d’accès aux articles de la recherche universitaire et qui aide les utilisateurs à trouver les recherches dont ils ont besoin.
Les étudiants David Carroll et Joseph McArthur ont créé le bouton Open Access en réaction au sentiment de frustration que leur causait l’impossibilité d’accéder aux travaux de la recherche universitaire.
« J’ai réalisé qu’il y avait un problème à force de continuellement me heurter à des obstacles pour accéder à des articles pertinents pour mes recherches », explique Carroll, étudiant en médecine à l’université Queen’s de Belfast. « Mon université peut s’offrir un abonnement à de nombreuses publications et, pourtant, je ne peux pas accéder à tout ce dont j’ai besoin. Cela m’a amené à me demander combien d’autres que moi rencontraient le même problème et comment cela affectait les gens partout dans le monde ».
Chaque jour, des personnes essaient d’accéder à des articles de la recherche universitaire - des médecins cherchant de nouveaux traitements, des scientifiques travaillant à la mise au point de nouvelles technologies, des étudiants essayant de parfaire leur formation. Or au lieu d’avoir immédiatement accès aux informations essentielles qu’ils cherchent, ces personnes se retrouvent trop souvent confrontées à un système de péage qui subordonne leur accès à l’information leur demandant un paiement en échange de l’accès, parfois jusqu’à 40$ par article. Ces péages existent parce qu’une grande partie des ressources académiques est publiée dans des journaux onéreux, basés sur des abonnements dont les augmentations de prix ont largement dépassé l’inflation depuis plusieurs décennies.
« Vu la capacité actuelle de partager la connaissance sur le Web, il est absurde que la majorité de la population dans le monde se voit barrer l’accès à de si nombreux travaux » indique McArthur, étudiant en pharmacologie au University College de Londres. « Jusqu’à maintenant, ce déni d’accès était invisible car chacun le vivait de son côté. Nous avons créé le bouton Open Access pour rassembler toutes ces expériences séparées et mettre en lumière l’ampleur mondiale du problème ».
Le bouton Open Access est un outil adossé au navigateur qui permet aux utilisateurs de garder la trace d’un refus d’accès à une publication, puis de chercher des moyens alternatifs d’accéder à ladite publication. Chaque fois qu’un utilisateur se heurte à un péage, il clique simplement sur le bouton dans sa barre de favoris, remplit ,s’il le souhaite, une boîte de dialogue optionnelle, et son expérience vient s’ajouter à celle des autres utilisateurs sur une carte. Il reçoit ensuite un lien pour rechercher un accès libre et gratuit à l’article en utilisant par exemple des ressources comme Google Scholar. L’initiative Open Access Button espère créer une carte mondiale montrant l’impact du refus d’accès aux publications scientifiques.
Le bouton Open Access tire son nom du mouvement mondial pour le libre accès (NdT : Open Access en anglais) : la disponibilité gratuite et immédiate en ligne d’articles de recherche, accompagnés du droit intégral d’utilisation de ces articles dans l’espace numérique.
« Le mouvement pour l’Open Access est une solution puissante contre les barrières auxquelles se heurtent les chercheurs des pays en développement ou en phase de transition économique dans leurs tentatives d’accéder et de partager des recherches cruciales pour l’amélioration de la vie », déclare Iryna Kuchma, responsable du programme Open Acces à l’EIFL (Electronic Information for Libraries ou Information électronique pour bibliothèques), une organisation qui travaille avec des bibliothèques à travers le monde pour permettre l’accès des populations des pays en voie de développement ou en phase de transition économique aux informations numériques. « L’accès aux dernières publications scientifiques ne doit pas être confiné à la sphère universitaire, mais ouvert à tout personne intéressée : médecins et patients, agriculteurs* et entrepreneurs, formateurs et étudiants ».
Pour Jack Andraka, étudiant américain de 16 ans, récompensé par l’Intel Science Fair pour avoir inventé un test révolutionnaire de diagnostic du cancer du pancréas, « Le bouton Open Access aide à démocratiser la connaissance ». Andraka a raconté comment il s’était lui-même heurté aux les refus d’accès aux publications scientifiques quand il développait son test. « La connaissance ne doit pas être une marchandise. Elle doit être librement accessible pour permettre aux patients et familles d’être pleinement parties prenantes. »
David Carroll et Joseph McArthur ont annoncé le lancement du bouton Open Access aujourd’hui devant un parterre de plus de 80 personnes réunies à l’occasion de la Berlin 11 Student and Early Stage Researcher Satellite Conference, une rencontre internationale pour les étudiants intéressés par la promotion de l’Open Access. Cette rencontre précède la conférence Open Access de Berlin, une convention de leaders d’opinion à travers le monde sur la question de l’Open Access, qui a débuté mardi.
« Ne perdons jamais de vue que nous tenons trop souvent pour immuable ce qui n’est qu’un état de fait, mais les développeurs du bouton Open Access nous rappellent qu’en tant qu’individus, nous avons réellement le pouvoir de changer les choses », déclare Heither Joseph, directeur exécutif de la coalition SPARC (Scholarly Publishing and Academic Resources Coalition), un regroupement international de bibliothèques universitaires et de recherche) et leader de renommée internationale au sein du mouvement Open Access. « C’est une idée simple, mais incroyablement créative, qui devrait nous aider à montrer combien l’accès libre répond à un véritable besoin ».
Plus d’informations à propos du bouton Open Access ainsi que des instructions pour son installation sont disponibles sur le site www.OpenAccessButton.org.
Suivez la conversation sur Twitter à @OA_Button avec le hashtag #aobuttonlaunch.
Sorti en octobre 2013, No Es Una Crisis est un passionnant documentaire de Fabien Benoit et Julien Malassigné traitant de la situation politique et économique en Espagne dans le sillage du mouvement des Indignés.
Sa particularité : c’est, à notre connaissance, le premier web-documentaire professionnel créé et diffusé sous licence Creative Commons BY-SA[1] . Les images, les sons, les sous-titres, sont donc en effet réutilisables librement (à condition de citer les auteurs et de conserver les œuvres dérivées sous la même licence). Ce qui fait plus de 3h de média de qualité professionnelle accessibles pour tous.
Mais, ami-e libriste, ne te jette pas à clic perdu sur ce lien, ou ta déception risque d’être grande ! En effet, la diffusion se fait dans un format fermé (Flash), ce qui empêche sa visualisation sur de nombreux supports : smartphones, tablettes, GNU/Linux et même Windows XP (dont le support des dernières version de Flash était incomplet jusqu’à il y a peu).
Or, il se trouve que Framasoft partage le même bureau[2] que l’équipe de production de ce web-documentaire ! Nous leur avons donc proposé notre aide à deux niveaux.
D’abord, nous avons hébergé les fichiers vidéos du web-documentaire, particulièrement sollicités lors de l’annonce sur différents sites de la presse nationale et espagnole. Grâce à l’aide précieuse de Rézopole (pour la mise à disposition de serveurs et surtout de bande passante) et de Fabien Bourgeois (notre autre voisin de bureau, pour l’aide à la configuration de ces serveurs), le webdoc a pu dépasser sans encombre les 60 000 visualisations, avec des pics à 2x200Mbps et plus de 6To transmis sur quelques jours.
Mais surtout, nous avons proposé aux auteurs de les aider à « libérer » totalement leur oeuvre en organisant mi-décembre un week-end de « conversion » de leur documentaire en Flash dans une technologie libre et ouverte (HTML5). Un « liberathon », en quelque sorte !
Vous en apprendrez plus à la fin de cette entrevue avec Jean-Baptiste Fribourg, producteur du documentaire à la Société de Apaches.
La Société des Apaches est une jeune structure de production audiovisuelle, elle a tout juste un an. Elle s’est montée autour du projet de Julien et Fabien, ce web-documentaire NO ES UNA CRISIS. Au-delà de cette première réalisation, son objectif est de faire travailler de jeunes auteurs et réalisateurs de documentaires, pour qui il peut être parfois compliqué d’avoir une écoute auprès de sociétés de production déjà dans la place. Notre ligne éditoriale, pour la résumer en quelques mots, consiste à témoigner de notre époque comme un moment charnière, entre les soubresauts d’une époque révolue et les prémices d’un monde en train de se réinventer. Je m’occupe du suivi administratif des projets développés par La Société des Apaches, du travail de production en somme. Par ailleurs je suis preneur de son pour le cinéma documentaire, et réalisateur de documentaires radiophoniques.
Fabien et Julien sont partis à Madrid à l’été 2011, intrigués par le mouvement indigné qui avait secoué l’Espagne à partir du 15 mai 2011 (d’ailleurs là-bas, ce mouvement s’appelle le 15M, en référence à cette date fondatrice). Frappés par ce mouvement social nouvelle génération, ils sont revenus en France avec la conviction qu’il y avait là une histoire à raconter, qu’il était essentiel même de transmettre cette expérience en France, où le traitement médiatique du 15M avait été au mieux léger, au pire caricatural.
Au cours du travail d’écriture, il leur est apparu que pour parler du mouvement 15M, il fallait aussi parler de son contexte, à savoir la crise économique qui a déstabilisé l’Espagne suite à l’explosion de la bulle immobilière, et la sévère politique de rigueur qui a été l’unique réponse des gouvernants, de gauche comme de droite, face à cette crise. Ainsi, peu à peu, le propos de Julien et Fabien s’est élargi, pour parler de l’Espagne comme un double laboratoire : celui d’un système économique à bout de souffle qui cherche à se renouveler dans l’austérité, et celui de nouvelles pratiques sociales et politiques dans le sillage du mouvement du 15M. Quant au choix du format web-documentaire, il nous a semblé qu’il était tout à fait adapté pour traiter d’un mouvement social qui a su utiliser toute la puissance d’internet et des réseaux sociaux. Nous avons aussi pensé qu’il faciliterait une diffusion hors de France, ce qui s’est avéré avec un nombre de visites plus important en Espagne qu’en France.
Pour en savoir plus, voir http://blog.noesunacrisis.com/le-projet/
Ça a été un long processus, où nous avons sollicité différents guichets. D’abord, en tant qu’auteurs du projet, Fabien et Julien ont sollicité, et obtenu, une aide à l’écriture du CNC, dédiée aux projets dits « nouveaux médias ». C’était au printemps 2012, et forts de ce qui constituait en somme une « validation » de l’intérêt de leur projet, ils ont alors lancé une campagne de financement participatif, sur KissKissBankBank. L’idée était de pouvoir se payer un tournage en Espagne : 10 000€ sont alors levés. Parallèlement, un dossier de mécénat déposé à la Fondation Un Monde Par Tous nous permet d’obtenir 15 000€ supplémentaires. Avec toutes ces bonnes nouvelles, nous nous disons alors qu’il est temps de se doter de notre propre outil de travail, pour sortir un peu de l’esprit Do It Yourself qui avait prévalu jusque-là : La Société des Apaches est créée. Avec elle, nous serons en mesure de solliciter à nouveau le CNC, pour une aide à la production cette fois-ci, puis la Région Rhône-Alpes. Parallèlement nous avons développé des partenariats pour l’hébergement des vidéos, la conception du blog qui accompagne le webdoc, la communication autour du lancement, etc.
En fait ça nous a semblé une évidence dès le départ. Nous avons eu du mal à imaginer plaquer le modèle classique du droit d’auteur, qui doit concerner 99% de la production audiovisuelle, sur un format dédié au web. Il y avait pour nous quelque chose d’incongru d’apposer sur le web-doc la mention habituelle « tous droits réservés, toute duplication interdite, toute projection interdite, etc. ». Non ! Justement, le choix du webdoc était principalement motivé par la facilité de circulation du projet que ce format suppose.
On trouvait aussi le principe du CC tout à fait en accord avec le financement participatif qu’on avait sollicité. Quant au choix de la licence, on était d’abord parti sur quelque chose de plus restrictif, à savoir NC[3] . Et puis on s’est dit qu’on ne prenait pas grand risque à l’ouvrir complètement, que le NC était restrictif sans raison : pour le dire autrement, une chaîne de TV privée ou une agence de pub va-t-elle réutiliser nos images ? On peut sérieusement en douter, d’où le choix au final évident du BY-SA. L’aboutissement de cette démarche a été de proposer en téléchargement toutes les séquences vidéo qui constituent le webdoc, avec leurs fichiers de sous-titrage. Ainsi chacun peut s’approprier notre matériel.
Alors d’abord je dois dire qu’on n’est absolument pas des spécialistes du CC ! Personnellement j’avais découvert ces licences en 2006, quand j’ai commencé à réaliser des documentaires radiophoniques pour ARTE Radio.com, la webradio d’Arte, qui diffuse toutes ses productions en CC-BY-SA-NC. A l’époque d’ailleurs, il me semble qu’ils étaient un peu des pionniers du CC. Mais à part ça, on a quand même beaucoup défriché tout ça tout seuls ! Ce qui nous a conduit à faire des erreurs, comme avec certaines musiques d’illustration, qui ont une licence BY-SA attribuée à NO ES UNA CRISIS, donc qui ne devraient pas être amenées à pouvoir circuler librement avec le reste du webdoc. Ca fait que NO ES UNA CRISIS est libre à 99% en vérité : on va dire que c’est cohérent avec le slogan « We are the 99% » cher aux mouvements Occupy et 15M ! Plus sérieusement, on constate que les cadres de production, même pour les webdocs, sont très inspirés des cadres classiques de la production audiovisuelle. Par exemple, pour prouver à un financeur public (CNC ou collectivité locale) que le producteur et l’auteur sont engagés l’un envers l’autre, le contrat qui les lie doit être accompagné d’un versement de droits d’auteur. Et pas de dossier de demande de subvention valable sans les justificatifs AGESSA correspondant ! (l’AGESSA est la Sécurité Sociale des auteurs). Je trouve ça curieux.
Nous avions convenu d’un partenariat avec Dailymotion, à propos de l’hébergement des vidéos du webdoc. Nous étions très heureux de ça, pensant avoir accès au nouveau service de Dailymotion, DM Cloud, qui nous permettait de développer notre propre player, de faire gérer les différentes versions linguistiques par Flash, etc; Sauf que, tout contents de ça, nous n’avions alors pas pris la peine de préciser les modalités de ce partenariat. Erreur de débutant de notre part, c’est clair… Du coup ça a été un peu terrible pour nous quand le malentendu est devenu flagrant, à savoir quand notre web-développeur a voulu récupérer les codes d’accès au service DM Cloud, et qu’on lui a répondu que c’était Dailymotion Premium qui était prévu ! Le hic, c’est que ça ne pouvait pas du tout fonctionner avec l’interface développée ! Nos contacts chez DM étaient conscients de la situation dans laquelle nous nous trouvions, aussi ils nous ont fait une proposition commerciale allégée pour l’accès à leur service Cloud. Mais ça restait très problématique pour nous, puisque la facture finale dépendant du débit utilisé : pour le dire autrement, plus NO ES UNA CRISIS serait vu, plus on paierait. Voire, s’il devait cartonner, nous mettrions la clé sous la porte ! On a donc eu quelques heures de sueurs froides, et c’est là que la magie de la mutualisation a opéré, et que nous voyant dans le pétrin, tu nous as dit peut-être pouvoir faire quelque chose…
Sans hésiter, nous referions le même choix, qui est cohérent par rapport au propos de NO ES UNA CRISIS et qui est en parfaite adéquation avec le format web-documentaire. En plus, de façon tout à fait pragmatique, ça nous donne un angle supplémentaire de communication pour parler du projet. Je suis toujours un peu étonné de voir que peu de webdocs sont diffusés en CC. Après il ne faut pas se leurrer, pour des projets futurs qui seraient amenés à être diffusés en télévision, l’enjeu économique ferait que le choix serait plus cornélien : vue la fragilité économique des auteurs dans le documentaire (ils peuvent parfois être les moins bien rémunérés dans une équipe de production), les droits d’auteurs leur sont indispensables.
Il y a même une perversion du système, où le producteur va négocier à la baisse le salaire de l’auteur, en lui faisant miroiter les futurs droits d’auteur qu’il percevra de la SCAM après la diffusion télé. Personnellement, je ne suis pas contre le droit d’auteur par principe. Je suis même sociétaire de la SCAM pour mon activité radiophonique ! Mais j’estime que la licence libre a un immense intérêt pour permettre une meilleure diffusion des œuvres, et finalement, plus que les droits des auteurs, c’est les droits des producteurs qu’elle conteste, ces droits qui peuvent parfois être une rente. Je trouve dommage que des institutions comme la SCAM soit un peu obtue sur cette question du libre, elle gagnerait à mettre ses compétences au service des réflexions qui entourent ces nouveaux modes de diffusion, et les auteurs aussi y seraient gagnants.
Le choix de Flash est une très bonne illustration de ce que je disais tout à l’heure sur les licences CC : ce n’était pas notre univers, on s’y est mis peu à peu, on a voulu bien faire… et on s’est planté ! On a choisi Flash sans aucune idée des implications que ça pourrait avoir sur l’accessibilité du webdoc, un comble ! Le choix s’est principalement fait pour des raisons de budget. Notre web-développeur nous avait indiqué que Flash serait moins coûteux que HTML5, et comme à l’époque, on avait accepté son devis sans avoir encore bouclé le financement du projet, le choix de Flash nous permettait de réduire le risque financier. En plus, si on savait bien qu’avec Flash nous n’aurions pas accès aux tablettes, on s’était dit que l’audience des webdocs y étant encore assez confidentielle, on pouvait s’en passer. Par contre on ne savait pas que ça allait coincer sous Linux ! Donc Flash, c’est une erreur de débutant, mais dans un contexte budgétaire contraint.
Effectivement, on invite tous ceux qui seraient prêts à nous aider sur ce challenge de basculer NO ES UNA CRISIS en HTML5 à nous rejoindre à Lyon les 14 et 15 décembre. Ça se passera à Locaux Motiv’ où nous avons nos bureaux, La Société des Apaches et Framasoft. Nous pourrons accueillir 15 personnes max (il faut donc se préinscrire). Venez avec vos machines, nous on s’occupe des conditions d’accueil (café à gogo, repas le midi, apéro). Puisque NO ES UNA CRISIS est captif de Flash, il s’agira de le libérer ! L’objectif est d’avoir, le dimanche soir, un webdoc aussi proche que possible de la version originale sous Flash.
En me heurtant aux problèmes techniques qu’a connus NO ES UNA CRISIS (hébergement des vidéos, Flash…), et en étant aidé sur ces questions par Framasoft et Fabien Bourgeois, j’ai découvert que l’informatique était un monde de solutions.
[1] Il existe plusieurs documentaires sous licence Creative Commons avec clause non commerciale, comme « Collaborative Cities », ou l’excellent « RIP! A remix Manifesto », mais si vous avez connaissance d’autres web-documentaires sous licence CC BY ou CC BY-SA, n’hésitez pas à nous le signaler en commentaire
[2] Pour rappel, le siège social de Framasoft est désormais situé à Lyon, à Locaux Motiv’, un espace mutualisé ouvert aux structures formelles ou informelles et qui entend favoriser l’implication de chacun, qu’il soit bénévole, salarié ou usager des lieux, en suscitant la coopération et l’échange.
[3] « Non Commercial », imposant une entente préalable avec les auteurs pour une utilisation dans un cadre commercial
Crédits images : La Société des Apaches, licence Creative Commons BY-SA
« Le logiciel libre est plus important que jamais », affirmait il y a peu Richard Stallman sur le Framablog. Nous le pensons également.
Depuis 12 ans, Framasoft fait œuvre d’éducation populaire et agit en faveur de la promotion et diffusion de ce que l’on appelle désormais « le Libre ».
L’année écoulée fut une année bien remplie. Nous comptons désormais une vingtaine de projets déployés, regroupés en trois grandes catégories : logiciels libres, cultures libres et services libres.
Avec votre soutien, nous allons évidemment poursuivre le développement de nos projets liés directement à nos chers logiciels libres (un partenariat vient d’être contracté pour améliorer notre annuaire Framalibre, de nouvelles clés Framakey sont en préparation…) ainsi que ceux liés à la culture libre (de nombreux livres sont récemment sortis et d’autres arriveront sous peu). Mais nous comptons également mettre l’accent sur nos services libres qui ont connu un franc succès en 2013.
Cette campagne s’inscrit dans un contexte, celui du monopole des services web contre les besoins de choix et de liberté des individus. Il s’agit bien moins de montrer du doigt ou diaboliser des entreprises comme Google que d’alerter sur les phénomènes de concentration sur Internet qui captent nos applications et exploitent nos données[1].
Alerter mais aussi et surtout continuer à travailler sur la maintenance et le déploiement de nos petites alternatives regroupées sous le nom global de « Framacloud ». En effet, Framapad, Framadate, Framacalc, Framindmap, Framavectoriel… sont autant de projets certes bien moins évolués qu’un Google Docs par exemple mais qui rendent leurs services et répondent à de réels besoins. Vous avez été très nombreux à les utiliser (et faire preuve de patience lorsque nos serveurs étaient en difficulté pour cause de trafic élevé).
Le challenge pour nous désormais c’est d’abord de stabiliser l’infrastructure technique et de participer avec vous à les améliorer (ce qui signifie que nous allons de plus en plus souvent mettre les doigts dans le code). C’est également de faciliter la tâche de ceux qui souhaitent les installer sur leurs propres serveurs (participant à décentraliser le web). Enfin nous avons d’autres applications dans nos cartons qui pourraient venir s’adjoindre aux services déjà existants.
Google c’est dix milliards d’euros de chiffre d’affaire par trimestre et une trésorerie avoisinant les cinquante milliards[2]. Chiche de proposer ensemble une alternative avec un budget représentant 1 à 2 minutes de leur CA soit 0,0004% de leur trésorerie !
L’association qui soutient le réseau et sa communauté de bénévoles compte aujourd’hui 3 permanents, financés presque exclusivement par vos dons (défiscalisables). Nous vous remercions pour votre attention et votre don éventuel.
L’équipe Framasoft
PS : Ajoutons également que nous allons en profiter pour nous séparer nous-mêmes des traces de Google qui traînent sur le réseau (Publicité, Analytics…), histoire de montrer l’exemple et d’être cohérent. A fortiori si cette campagne rencontre adhésion.
[1] Grand merci à L.L. de Mars pour son dessin original de soutien que vous trouverez en format haute définition. Il est également disponible au format badge parmi d’autres anciennes illustrations dans le générateur de bannières. N’hésitez pas à le partager ;)
[2] Voir par exemple ce site qui calcule en temps réel les revenus de certaines multinationales.
Écrire, c’est faire des listes.
Depuis longtemps le site echolalie s’adonne aux délices des listes et méta-listes tous terrains, mais la prolifération virale des listes sur Internet et quelques magazines encore en papier est une mode récente. Nous retrouvons ainsi une très archaïque pratique dont certains estiment qu’elle est à l’origine même de l’écriture, et qu’elle répond au besoin de dénombrer.
C’est ce même besoin peut-être qui a poussé notre ami Pouhiou, le vagabond duraille, à établir une sorte de bilan de ses déplacements et de leur coût financier, de même qu’il fait sans doute quotidiennement le bilan de son travail d’écriture en nombre de mots et de chapitres ou séquences.
Nous le retrouvons aujourd’hui à Limoges, c’est-à-dire autant chez lui qu’il est possible, parmi ceux qui l’entourent de leur amitié et contribuent ainsi à la création.
Limoges est un passage obligé dans mes pérégrinations scripturales. Non pas pour la ville en elle-même (et certainement pas pour les porcelaines !)… Mais parce que j’y retrouve l’ami qui a tant de fois hébergé ma plume… et initié, quelque part ce défi fou.
C’était pourtant mon espoir secret. Durant mon voyage, je suis tombé sur une promo SNCF, qui mettait le train au même pris que le co-voiturage. Ce qu’il y a de bien dans le co-voiturage, c’est qu’on y parle. C’est aussi mon problème : quand je parle, je n’écris pas. Voyant la promo, je me suis dit : en préférant le train, je pourrai bosser durant les temps de transports, et gagner ainsi quelques précieux mots. Car voyager tous les trois jours, c’est perdre quasiment une journée d’écriture à chaque fois.
Je n’avais pas prévu que mon voisin de train poserait un magazine sur la tablette que nous partagions. Que ce magazine serait ouvert à l’article « Numérisation des livres : l’enjeu de demain » (ou un truc du genre). Et que je pouffe devant ce titre, pensant au BookScanner de Benjamin Sonntag.
Résultat : 4 heures de train ET de discussions passionnées avec un inconnu dont je n’ai même pas su le prénom.
À Limoges, il y a Étienne. Étienne, c’est le mec qui m’a appris à dire « et alors ? ». À mettre un peu de légèreté dans la gravitas avec laquelle je prenais la vie. Étienne, c’est le mec à qui je peux dire : « écoute ça fait trois mois que je fais mes recherches, ma structure, etc. là il faudrait que je me mette à taper ma pièce de théâtre, mais c’est la première, et je sais pas, et j’ai peur, et… » Et il va me fermer ma gueule. Me dire de venir dans sa chambre d’étudiant à Nancy. De décompresser.
Bandeau du site http://et-alors.net/
J’ai réussi à entamer l’écriture de Tocante chez lui. Puis j’y re-squatté chez lui, pour la 2e version de cette pièce, pour le théâtre en appartement. J’ai testé le principe des NoéNautes chez lui et Valérie, le fameux « cul de Fulbert » est né alors qu’il m’apprenait à couper du bois. J’ai fini #MonOrchide chez eux, inspiré par les phrases des lecteurs dont une d’Étienne. Je ne pouvais pas ne pas aller écrire chez eux.
Résumé des épisodes précédents : le dernier jour chez Adrienne, premier jour du chapitre IV, je n’écris que 600 mots. Le jour suivant je n’écris pas dans le train vers Limoges. Le temps d’arriver, de retrouver Étienne et Valérie, manger un morceau ensemble (avec des amies communes), etc. On est déjà le soir. Je m’éclipse devant ma tablette et finalise le billet de blog contant le retour sur Paris. Il est minuit quand je m’attèle enfin au chapitre IV. Je n’en peux plus j’ai les yeux qui partent en couilles d’hirondelle (comme le dirait madame Marquet). Bien, on n’y arrivera pas aujourd’hui, on verra demain. Le lendemain, coup de mou. 2700 mots, presque 2 jours à rattraper, et aucune avance. Il est grand temps d’appliquer ce qu’Étienne m’a appris : le fameux “et alors ?”. Je me promène et j’écris. Je papote avec Étienne, Valérie et leurs proches et j’écris. On regarde United States of Tara et j’écris…
Tout cela parce qu’au dîner la veille, on échangeait nos madeleines proustiennes. L’odeur du chocolat qui rappelle le papa menant à l’école en vélo, glissant une barre de chocolat dans le cartable avant de laisser l’enfant. Souvenirs, madeleines de Proust… J’ai eu envie de parler de deux collectionneurs de madeleines. C’est un premier jet. Le clavier bluetooth de ma tablette ajoute ses fautes de frappes aux miennes. Il y a beaucoup d’approximations qu’il faudra vérifier, mais pas le temps d’affiner les recherches. C’est un premier jet qui file entre les doigts… en 3 jours le chapitre est bouclé. Mais what a fucking premier jet ! Ça va tout seul, ça va loin, ça me ramène dans “mon” Palais des Papes (j’y ai été guide stagiaire dans une autre vie)… Et j’en profite pour explorer des angles littéraires qui ne devraient pas exister dans toute géométrie qui se respecte. Comme le dirait madame Marquet : ce livre m’espante de plus en plus.
Mine de rien, ça coûte de la thune, de voyager. Surtout quand t’as pas beaucoup pour entamer le mois. On a commencé à Paris. Afin que je participe à la journée Domaine Public à l’assemblée Nationale, Framasoft m’a payé le billet de train (ce qui est une belle raison de plus de les soutenir de vos dons — et ce sera déductible des impôts en plus).
Mais profitant d’une promo SNCF, j’ai fini d’acheter mes billets de train. Du coup, juste en transports j’en suis à :
Tout cela c’est sans compter les tickets Ratp, les bus à Rouen, Rennes, etc. ni le billet de retour Nice-Toulouse. Bref : 189 € en tout, comme quoi être vagabond ça coûte !
Qu’à cela ne tienne, j’ai eu des dons. 270 € de dons déjà ce mois-ci. Les deux derniers dons Paypal me touchent particulièrement. Deux personnes qui me connaissent, avec qui on bosse, qui m’ont déjà beaucoup aidé de leurs collaborations et soutiens indéfectibles… Qui en plus me soutiennent de leur argent. C’est un vrai privilège que de pouvoir instiguer ce genre d’échanges, de dynamiques. Alors voilà, tu vois que mes comptes s’équilibrent (plutôt peu que prou, mais bon…) Donc n’hésite pas à soutenir Framasoft qui permet abrite et relaie ce genre de vies, et à venir flattrer mes articles sur NoeNaute.fr (même que sur octobre j’ai touché 10 € 55 de Flattr !)
J’arrête là mes comptes, mon train arrive en gare de Foix…
La cité comtale pour y écrire des contes… Forcément !À dans trois jours,
— Pouhiou.
« Le logiciel libre est plus important que jamais », affirmait il y a peu Richard Stallman sur le Framablog. Nous le pensons également.
Depuis 12 ans, Framasoft fait œuvre d’éducation populaire et agit en faveur de la promotion et diffusion de ce que l’on appelle désormais « le Libre ».
L’année écoulée fut une année bien remplie. Nous comptons désormais une vingtaine de projets déployés, regroupés en trois grandes catégories : logiciels libres, cultures libres et services libres.
Avec votre soutien, nous allons évidemment poursuivre le développement de nos projets liés directement à nos chers logiciels libres (un partenariat vient d’être contracté pour améliorer notre annuaire Framalibre, de nouvelles clés Framakey sont en préparation…) ainsi que ceux liés à la culture libre (de nombreux livres sont récemment sortis et d’autres arriveront sous peu). Mais nous comptons également mettre l’accent sur nos services libres qui ont connu un franc succès en 2013.
Cette campagne s’inscrit dans un contexte, celui du monopole des services web contre les besoins de choix et de liberté des individus. Il s’agit bien moins de montrer du doigt ou diaboliser des entreprises comme Google que d’alerter sur les phénomènes de concentration sur Internet qui captent nos applications et exploitent nos données[1].
Alerter mais aussi et surtout continuer à travailler sur la maintenance et le déploiement de nos petites alternatives regroupées sous le nom global de « Framacloud ». En effet, Framapad, Framadate, Framacalc, Framindmap, Framavectoriel… sont autant de projets certes bien moins évolués qu’un Google Docs par exemple mais qui rendent leurs services et répondent à de réels besoins. Vous avez été très nombreux à les utiliser (et faire preuve de patience lorsque nos serveurs étaient en difficulté pour cause de trafic élevé).
Le challenge pour nous désormais c’est d’abord de stabiliser l’infrastructure technique et de participer avec vous à les améliorer (ce qui signifie que nous allons de plus en plus souvent mettre les doigts dans le code). C’est également de faciliter la tâche de ceux qui souhaitent les installer sur leurs propres serveurs (participant à décentraliser le web). Enfin nous avons d’autres applications dans nos cartons qui pourraient venir s’adjoindre aux services déjà existants.
Google c’est dix milliards d’euros de chiffre d’affaire par trimestre et une trésorerie avoisinant les cinquante milliards[2]. Chiche de proposer ensemble une alternative avec un budget représentant 1 à 2 minutes de leur CA soit 0,0004% de leur trésorerie !
L’association qui soutient le réseau et sa communauté de bénévoles compte aujourd’hui 3 permanents, financés presque exclusivement par vos dons (défiscalisables). Nous vous remercions pour votre attention et votre éventuel donation.
L’équipe Framasoft
PS : Ajoutons également que nous allons en profiter pour nous séparer nous-mêmes des traces de Google qui traînent sur le réseau (Publicité, Analytics…), histoire de montrer l’exemple et d’être cohérent. A fortiori si cette campagne rencontre adhésion.
[1] Grand merci à L.L. de Mars pour son dessin original de soutien que vous trouverez en format haute définition ci-dessous. N’hésitez pas à la partager ;)
[2] Voir par exemple ce site qui calcule en temps réel les revenus de certaines multinationales.
Lionel ou plutôt Ploum dans sa vie en ligne, beaucoup de lecteurs réguliers du Framablog le connaissent : non content de prendre position pour la monnaie électronique ou le revenu de base, il s’efforce de mettre en œuvre concrètement les solutions qu’il prêche. C’est ainsi qu’il a décidé de monnayer de façon originale ses billets de blog depuis quelque temps.
Tandis qu’il est sur la route du nanowrimo comme son copain Pouhiou en ce mois de novembre, nous avons souhaité faire le point avec lui sur l’état de son expérience, son évolution probable, et recueillir ses réponses et autres prédictions sur le développement ou non de ces pratiques numériques qui pourraient changer le monde.
1. Bonjour Ploum. Tu pourrais te présenter un peu pour nos lecteurs qui ne te connaîtraient pas encore ?
Je suis blogueur, développeur de logiciel libre, ingénieur. J’aime écrire, je m’intéresse au futur et à notre société en général. J’ai même écrit des articles pour le Framablog.
2. Tu peux nous présenter aussi un peu Bitcoin et Flattr ?
Bitcoin est une monnaie, un moyen d’échange. Flattr est un moyen de transmettre des euros à un créateur. Les deux ne sont pas liés, même si on peut charger son compte Flattr avec des bitcoins (ils seront automatiquement convertis en euros). Mais le mieux c’est que je vous renvoie aux articles à ce sujet. J’ai écrit Bitcoin pour les nuls ainsi qu’une présentation du bitcoin pour Framasoft. Quand à Flattr, je le décris dans cet article.
5. Qu’est-ce qui t’a décidé à proposer ces modes de soutien sur ton blog ? Tu y trouves quoi par rapport à des moyens classiques comme le virement, la CB ou Paypal ?
Au départ, l’idée était de simplement jouer avec ces technologies. Sur le forum Bitcoin, tout le monde s’encourageait à accepter les bitcoins dans son business. Mais moi, mon blog n’était pas un business. Je ne gagnais strictement rien. Je me suis dit que j’allais donc accepter les dons à titre symbolique et pour tester. Pareil pour Flattr. En parallèle, en tant que membre du Parti Pirate, je me posais pas mal de questions sur les « business models » liés à la création. Comment trouver une alternative au traditionnel « Si on pirate de la musique, les musiciens n’auront plus de sous » ? C’est un processus assez long que j’ai nourri d’expériences, de lectures, de rencontres.
J’ai fini par prendre conscience que, sans m’en rendre compte, moi aussi je créais. Et que donc, si je voulais avoir des arguments clairs, il fallait que j’arrive à monétiser ma création. Pas dans le but d’en vivre, mais simplement pour prouver que c’était possible. Si moi, avec un blog qui reste somme toute confidentiel, je peux faire un peu d’argent, c’est que le modèle existe. Ce que j’essaye de montrer aussi, c’est que je gagne un peu d’argent avec des créations qui sont libres et gratuites (mon blog est sous licence CC By) mais que je ne pourrais rien gagner du tout si, au contraire, je décidais de me protéger et tentais d’empêcher mes lecteurs de partager ce que j’écris.
22. Quels ont été les retours des lecteurs ?
Comme je l’ai dit, tout cela s’est fait progressivement, sans que j’en aie forcément conscience. Mon premier article sur bitcoin et Flattr date de 2010. Le véritable changement a eu lieu lorsque j’ai décidé de « rendre mon blog payant », en juillet 2013. Pour tout avouer, j’avais commencé cet article comme un texte générique d’encouragement à donner aux créateurs sur le Web. Et puis j’ai trouvé particulièrement amusant de le tourner d’une manière provocante. Je trouvais cela plus efficace, plus parlant. À vrai dire, je n’étais pas certain que cela fonctionnerait. Je m’attendais à beaucoup de retours de type « Mais pour qui tu te prends ? » ou « Franchement, tu te considères à ce point important qu’il faille te payer ? ». Mais je n’ai eu que très très peu de retours négatifs. Peut-être même pas du tout.
En fait, la démarche a été extrêmement bien comprise et j’ai réellement senti que j’avais mis les mots sur quelque chose qui était déjà partagé par beaucoup de monde. Je ne m’attendais pas à ce que ça fonctionne réellement mais j’ai reçu des dizaines de soutiens concrets. J’en ai été personnellement tout retourné. Pour la première fois, je me rendais compte que ce que je faisais pouvait avoir de l’importance pour les gens. C’est même tombé dans l’extrême inverse avec des lecteurs s’excusant de ne pas pouvoir payer. Du coup, j’essaie maintenant d’insister : si ce que j’écris est disponible gratuitement c’est justement pour que tout le monde puisse y avoir accès, sans contrainte. Si j’ai été utile ou si j’ai fait plaisir à quelqu’un qui a du mal à joindre les deux bouts, c’est merveilleux. J’espère que cette personne me sera reconnaissante et, qu’à son tour, elle décidera d’être utile ou de faire plaisir à quelqu’un d’autre.
31. Tu saurais nous donner une estimation chiffrée de ce que tu as gagné avec Flattr ? Avec Bitcoin ? Sur combien de temps ?
J’envoie chaque année les comptes détaillés de mes gains Flattr à mes supporters Flattr. Mais je vais faire quelques révélations en primeur pour Framasoft.
Jusqu’à l’année 2012, Flattr me rapportait entre 4 et 40 € par mois. J’ai gagné 155 € en 2011 et 240 € en 2012. En 2013, les choses ont commencé à exploser. Suite à mon article suggérant de tester Flattr, mes gains sont montés entre 80 € et 120 € par mois. L’article pour rendre mon blog payant m’a propulsé sur orbite avec des gains entre 160 et 225 € par mois, rien que sur Flattr. Donc oui, l’article pour rendre mon blog payant a été un véritable déclencheur auprès de mon public.
Pour tous les créateurs, je le dis et le répète : vous devez convaincre votre public. Vous devez expliquer pourquoi le public devrait vous payer. Et il faut répéter cela régulièrement tout en évitant d’être lassant. C’est un équilibre très difficile. Juste mettre un bouton Flattr et attendre ne sert à rien. Flattr est un moyen de paiement. Mais il faut donner envie au public de payer.
Pour les autres moyens de paiement, j’avoue ne pas tenir de comptes car cela m’ennuie profondément. Mais rendre mon blog payant fait que, de temps en temps, je reçois un don Paypal ou un virement surprise. C’est quand même toujours très agréable et c’est extrêmement motivant ! Même un petit don me donne envie de me jeter sur mon clavier pour me surpasser. Cela me donne l’impression d’être utile.
Après, il faut relativiser. Je ne peux pas vivre de mon blog. Mais on n’en est pas tellement loin. En discutant autour de moi, j’ai découvert qu’il y avait des journalistes freelance, des musiciens ou des écrivains qui gagnaient moins que moi ! Les chiffres sont donc devenus assez importants pour me permettre d’affirmer que le modèle fonctionne et qu’il pourrait même se révéler préférable pour les créateurs par rapport au modèle actuel.
24. Dans ton billet, tu poussais les développeurs, les artistes, etc. à utiliser ces moyens de soutien. Tu as convaincu beaucoup de gens ? Tu as eu des retours ?
J’observe de temps en temps des blogueurs qui copient un de mes billets sur le sujet pour faire un appel au don. Cela me fait plaisir (je précise qu’ils me préviennent. Mais je fais partie d’une mouvance plus large où je ne suis qu’un élément parmi tant d’autres. Lorsqu’on observe un auteur comme Neil Jomunsi se poser des questions sur un modèle traditionnel (il vend ses nouvelles et livres sur Amazon/Kobo/etc) et observer qu’il gagne plus avec Flattr qu’avec Amazon, on ne peut pas dire « Il a été convaincu par Ploum ». Non, il baigne tout simplement dans un écosystème qui remet certaines choses en question.
Je fais partie de cet écosystème et si je peux aider des lecteurs à se poser des questions, c’est génial. D’ailleurs, je me remets moi-même sans arrêt en question en lisant d’autres personnes. Mais, au final, ce n’est pas un qui convainc l’autre. C’est un groupe qui évolue. Et je trouve cela très positif. Il n’y a pas une bonne solution qui va supplanter une mauvaise. Il faut juste remettre en marche l’évolution permanente que certains s’entêtent à vouloir freiner.
Ploum voit loin. Aux avant-postes des nouveaux usages numériques, il nous confirme que la voie est libre, depuis cette percée vers l’avenir où se cache étrangement le profil de la Castafiore.
25. Que réponds-tu aux créateurs qui disent que le modèle du don, c’est revenir à une forme de mendicité ?
Je comprends très bien cette position car j’étais comme eux. Comme je l’explique, je pensais qu’on pouvait donner de l’argent de deux façons : soit parce qu’on avait besoin/envie de quelque chose qui n’était pas disponible gratuitement (on parle alors d’un « achat ») soit en donnant volontairement (la « charité »). Et demander la charité a souvent une connotation négative.
Mais cette vision vient tout simplement de l’erreur que nous faisons de confondre prix et valeur. Cette erreur est tellement forte qu’il a été observé que les livres électroniques en dessous de 3-4 € ne se vendent pas car les gens considèrent que, si c’est bon marché, c’est nul.
Pourtant, rien n’est plus faux ! Prenez un MP3 téléchargé d’une musique. Et prenez la même musique issue du CD collector avec boîte platinée or. L’un est gratuit, l’autre est très cher. Pourtant, au moment de l’écoute, vous ne pourrez pas les différencier ! La valeur est exactement la même ! Et si la musique est bonne, cela peut être une très grande valeur même si le MP3 est gratuit.
En conclusion, on peut donc dire que, aujourd’hui, pousser les gens à acheter un CD ou de la musique en ligne payante, c’est de la mendicité. En effet, la même musique est disponible gratuitement ! Demandez d’ailleurs à ceux qui achètent leur musique en ligne pourquoi ils ne téléchargent pas sur The Pirate Bay. Dans la plupart des cas, la réponse sera « Pour soutenir l’artiste ».
C’est donc un non-sens de parler de mendicité alors que nous sommes déjà dans cette situation. Le paiement est déjà volontaire. Ce que je reproche c’est que l’incitation à payer est extrêmement négative (on nous menace, on nous insulte, on détruit la notion du partage) alors qu’avec le prix libre, l’incitant est positif (payez comme vous le voulez, autant que vous pouvez pour soutenir l’auteur et l’aider à diffuser son art auprès de ceux qui ne peuvent pas payer). D’ailleurs, l’expérience In Rainbows de Radiohead ou les Humble Bundles prouvent amplement que l’incitant positif est commercialement bien plus rentable que le négatif !
26. Si tu pouvais changer quelque chose à Bitcoin ou Flattr, ce serait quoi ?
À Bitcoin, ce serait la facilité d’utilisation. J’y avais réfléchi et je pense que beaucoup de gens se penchent dessus. Cela va prendre du temps et, aujourd’hui, c’est vraiment le problème le plus critique (la sécurité étant notamment affaiblie par la complexité de Bitcoin). Avec Flattr, j’ai quelques idées mais j’en discute justement avec l’équipe de Flattr. Du coup, je vais garder la surprise ;-)
29. …et la valeur fluctuante du Bitcoin ? Elle ne te gène pas ? Le bitcoin qui passe de 150 à 300 € en une semaine, t’en penses quoi ?
Que l’euro fluctue beaucoup par rapport à mes bitcoins ;-) Plus sérieusement, il faut garder à l’esprit que la valeur qui importe c’est celle du moment où on dépense ses bitcoins. J’ai découvert que pizza.be et pizza.fr acceptaient les bitcoins. Du coup, c’est moins la valeur en euro du bitcoin qui importe que le prix de la pizza. Plus il y aura de sites acceptant les bitcoins, moins on se préoccupera de la valeur en euros.
Ceci dit, c’est aussi une excellente leçon d’économie. Je suis de l’avis de Rick Falkvinge qui estime que Bitcoin va complètement révolutionner la société.
J’entends beaucoup dire que le problème de Bitcoin, c’est qu’il est inégal. Que les premiers arrivés sont les plus riches. Mais, historiquement, ça a toujours été comme ça. La plupart des fortunes de France remontent à la noblesse d’empire. Les riches n’ont jamais rien fait qu’hériter des situations qu’ils ont parfois fait fructifier. Mais c’est facile de devenir encore plus riche quand on est déjà riche. Bitcoin n’est, malheureusement, pas un outil social. En revanche, je suis persuadé qu’il va justement permettre l’émergence de nouveaux paradigmes sociaux. Je pourrais vous en parler pendant des heures ;-)
Crédit photo Antanacoins licence CC BY-SA 2.0.
61. Tu expérimentes Patreon, ça fonctionne ? Et Gittip alors, pourquoi tu n’es pas convaincu ?
Patreon est très brouillon. Le site est à la limite de l’incompréhensible et le modèle de versement rend les charges très lourdes. Pour certains dons de 1$, je n’ai reçu que 40 centimes ! C’est quand même dérangeant surtout que j’ai suggéré plusieurs fois des améliorations mais je n’ai jamais eu de réponse. Patreon bénéficie de l’aura de son créateur, Jack Conte, mais, au contraire de Flattr, je le trouve très mal géré, mal pensé. J’espère qu’ils vont s’améliorer.
À l’inverse, Flattr est très bien léché mais ne bénéficie pas de l’aura d’un artiste renommé. De plus, Flattr n’est pas dans la Silicon Valley et, blasphème absolu, n’est pas en dollars !
Quand à Gittip, j’ai testé mais je n’ai tout simplement pas compris l’intérêt. Flattr et Patreon tente chacun de résoudre un problème clair. Je n’ai pas perçu le problème que Gittip tentait de résoudre. Je trouve plus simple de faire un don par Paypal/Bitcoin que par Gittip. Ceci dit, j’ai un compte sur Gittip et peut-être que cela va s’améliorer.
28. Comment perçois-tu l’évolution de ces solutions de financements alternatifs dans les prochains mois/années ?
Tout comme on a observé une explosion des acteurs du crowdfunding (Kickstarter, Ulule, Kisskissbankbank, etc), je pense qu’on va voir une explosion des solutions de micro-financement. Et puis qu’un filtre va se faire. C’est assez logique. Je prédis par contre de plus en plus de sites qui vont accepter les bitcoins et qui vont même en faire leur monnaie courante. En effet, le problème pour un européen sur Patreon, c’est que tout se fait en dollars. Il est donc dépendant du cours du dollar. Pour un américain sur Flattr, il est en euros. Pour le reste du monde, les deux situations sont problématiques. Je pense qu’on va observer graduellement un mouvement vers le bitcoin comme étalon de la monnaie internet.
J’ai également prédit, dans une petite fiction appelée « Le blogueur de demain », l’arrivée d’outils de financements à l’échelle individuelle. On va en arriver à un niveau où chacun pourra faire sa comptabilité et ses petits projets personnels directement en ligne. Un voyage avec des amis ? Un repas de Noël en famille ? L’achat d’une voiture en couple ? Le budget sera établi sur un service en ligne et l’argent sera directement dessus.
Au final, de moins en moins d’argent transitera par les banques. On paiera directement avec son smartphone et on achètera des cartes de crédit prépayées. La notion même de « salaire » va s’effilocher. Les gens seront de plus en plus auto-entrepreneurs et travailleront au coup par coup.
Ce scénario peut se révéler idyllique, chacun ayant plus de temps pour les projets qui lui tiennent à cœur, l’argent perdant de l’importance, tout comme il peut être apocalyptique s’il est nécessaire de travailler 80h par semaine pour se payer de quoi manger. C’est la raison pour laquelle je suis un fervent supporter du revenu de base : avec un revenu de base et une indépendance vis-à-vis des banques, le net sera un véritable outil de libération sociale.
33. Selon toi, quelles sont leurs principaux inconvénients et freins à l’adoption ?
Je suis toujours surpris de voir que des gens éduqués, des intellectuels, refusent d’acheter en ligne par simple crainte irrationnelle de « l’arnaque ». Il y a un réel souci à ce niveau. Parfois, des lecteurs me disent qu’ils veulent me soutenir mais ils n’ont pas de carte de crédit, ils n’ont pas d’argent en ligne. J’avoue que, au 21e siècle, c’est tout de même un frein à l’utilisation de beaucoup de services.
La France est spécialement en retard par rapport à la Belgique. En Belgique, toutes les banques sont entièrement accessibles en webbanking depuis des années et il est possible de faire gratuitement, en un seul clic, un virement vers n’importe quel compte en banque européen (zone SEPA). Lorsque j’entends des Français qui me disent devoir se rendre au guichet pour effectuer un virement ou des suisses me dire qu’effectuer un virement vers la Belgique coûte 10-15 € (ce qui me semble illégal selon l’accord SEPA), j’en reste effaré. J’ai l’impression que nous ne vivons pas dans la même époque. C’est une des raisons qui rendent les USA si attirants pour les sociétés web : un système bancaire unifié, une langue quasi-unique.
D’une manière générale, c’est très difficile d’expliquer un modèle basé sur Flattr et Bitcoin à une personne pour qui acheter un livre sur Amazon relève de la témérité absolue ou de la science-fiction. Peut-être que je vais parfois un peu trop vite en besogne mais il ne faut pas sous-estimer la vitesse à laquelle peut se produire un changement total de mentalités. Il y a un point de non-retour où, tout d’un coup, l’opinion bascule. Aujourd’hui encore, le net est relativement « accessoire » dans la société actuelle. Beaucoup pointent du doigt qu’il est moins important que ce que les geeks disent. C’est vrai. Mais je prédis qu’il sera beaucoup plus important dans le futur que tout ce qu’on peut imaginer.
42. Un petit mot de la fin ?
mmmh Aka m’a promis plusieurs fois d’intégrer Flattr sur le Framablog. S’il ne le fait pas, la prochaine fois ça se règlera à coup de frites dans les narines, une fois.
Jeudi dernier, l’Assemblée nationale approuvait un amendement à la loi rectificative de finances pour 2013, écrit par la députée Isabelle Attard et présenté par le groupe EELV.
Cet amendement constitue une réponse appropriée à plusieurs graves dérives du marché du livre numérique.
Il tire les pleines conséquences de la modification du statut économique du livre numérique « verrouillé », par des mesures techniques de protection (MTP ou DRM). Un livre que son lecteur ne peut consulter sur tous les appareils, ni céder, ni revendre ne constitue pas une propriété, tout au plus une licence d’utilisation. L’usage fait l’objet : un livre « infirmé », qui ne respecte pas les droits fondamentaux du lecteur, ne peut être qualifié de livre, ni recevoir les avantages matériels et fiscaux qu’accompagne cette qualification. C’est pourquoi il était proposé que les livres numériques vendus sans DRM et dans des formats ouverts se voient appliquer un taux de TVA favorable de 5,5%, alors que les livres verrouillés auraient été soumis à un taux de 19,6%.
Cette solution contribue à réguler les pratiques problématiques de nouveaux intermédiaires. Amazon se donne ainsi les moyens de pratiquer des prix inférieurs au marché en recourant à une politique d’optimisation fiscale intensive. Face aux difficultés qu’ils posaient aux consommateurs, Apple de son côté a abandonné les DRM sur les fichiers musicaux, mais pas pour les eBooks. Les mesures de protection de type DRM et les formats propriétaires étant privilégiés par ces nouveaux acteurs de l’économie numérique, une telle mesure fiscale serait de nature à rééquilibrer le marché.
Enfin, l’amendement pourrait faciliter les négociations actuellement en cours entre la France et l’Union Européenne autour de la fiscalité du livre. Pour l’Union Européenne, le livre numérique verrouillé serait assimilé à un service : il ne pourrait ainsi bénéficier d’une TVA réduite.
L’amendement n’a pas tenu 24 heures.
Dès vendredi le gouvernement appelait à le supprimer, au motif qu’il « existe un risque d’entraîner la condamnation de la France pour l’application du taux réduit de TVA au livre numérique ». L’amendement fragiliserait la position de la France vis-à-vis de la commission européenne, alors qu’il constitue justement une bonne piste de compromis. Le gouvernement souligne également que « la modulation de la TVA n’est pas le bon moyen » pour parvenir à réfréner les tendances monopolistiques du marché du livre numérique. Or, aucune mesure alternative n’est évoquée. En repoussant cet amendement, le gouvernement aura finalement défendu les DRM « au nom de l’accès pour tous à la culture et du livre ». Est-ce cela la conception française de l’exception culturelle ?
Cette intervention du gouvernement a manifestement eu lieu sous la pression de grands éditeurs français. Car bien que ces derniers soient prompts à se plaindre des acteurs comme Amazon ou Apple, ils ne sont pas plus respectueux des droits des utilisateurs et vendent leurs livres numériques verrouillés par des DRM. L’amendement ne visait pas spécifiquement Amazon ou Apple, il défendait le droit de lire, comme un bien commun, et l’attitude de ces éditeurs est instructive à cet égard.
La réaction du gouvernement n’est pas seulement infondée sur le fond. Elle constitue un déni de démocratie sur la forme. Voté par l’Assemblée nationale en pleine connaissance de cause, au terme d’un débat assez animé, l’amendement est retiré en toute discrétion. Le retrait a été proposé in extremis à la fin de la session de vendredi soir aux quelques députés présents. Il n’a fait l’objet d’aucun débat, ni même d’aucune présentation orale. Aucun nouvel argument n’a été apporté : le gouvernement s’est contenté de répéter une postion qui n’avait pas emporté l’adhésion la veille. Ajoutons que la Ministre de la Culture et de la Communication déclarait pourtant le 7 novembre dernier vouloir « mettre le public au cœur de l’acte de création, lui donner sa place dans l’espace numérique. Il s’agit de passer d’une politique de l’accès aux ressources culturelles numériques à une politique des usages ». Quelle ironie !
Dans un pays qui se targue d’être un modèle de démocratie, il n’est pas concevable que la moindre mesure allant à l’encontre des intérêts de quelques grands éditeurs soit immédiatement court-circuitée, au mépris des principes élémentaires du débat démocratique. Les députés, par leur vote, et la société civile, par ses nombreuses réactions favorables, montrent que cette mesure répond à une attente forte. Les évolutions accélérées de l’économie du livre appellent une révision rapide du cadre législatif existant, qui jusqu’à maintenant n’a pas eu lieu. Le levier fiscal est celui qui doit être privilégié pour réguler les rapports entre les acteurs du livre numérique et aboutir à une plus juste répartition de la valeur, plutôt que de passer par des mesures qui rognent sur les droits des utilisateurs, comme par exemple la remise en cause de la revente d’occasion qui a été annoncée récemment.
Le rapport Lescure lui-même, qui rappelons-le portait sur l’exception culturelle, considère que « le manque d’interopérabilité lié aux DRM limite les droits du consommateur et peut nuire au développement de l’offre licite de contenus culturels ». Il ajoute qu’ « en contribuant à la constitution d’écosystèmes fermés et oligopolistiques, il constitue une barrière à l’entrée, une entrave à la concurrence et un frein à l’innovation ». En repoussant cet amendement, le gouvernement socialiste et les députés qui l’ont suivi ont privé la France d’une solution pour remédier à ces problèmes, qui nuisent depuis trop longtemps à la culture.
Le débat sur la loi rectificative de finances va à présent se poursuivre au Sénat. SavoirsCom1 et Framasoft, signataires de cette déclaration commune, appelons les sénateurs attachés au débat démocratique à réintroduire cet amendement afin qu’il puisse être discuté à nouveau. Nous invitons le gouvernement à ne pas entraver de nouveau un débat nécessaire. Nous appelons également tous les collectifs, associations et acteurs de l’édition numérique, soucieux de défendre les droits fondamentaux des lecteurs et l’accès à la culture, à se joindre à cette déclaration.
Ça devait arriver. Comme tout héros de bon road-movie, Pouhiou repasse sur ses traces et dévoile les dessous des nuits parisiennes du Libre : on y chante du Brel et du Brassens (sans le déclarer à la Sacem !) devant une chouette machine à libérer les livres de leur support matériel.
Mais le plus important c’est tout de même que Pouhiou envisage de renoncer à sa thèse de narratologie, tétanisé tout à coup par la pratique de l’écriture de deux gamins doués : eh oui c’est aussi ça le nanowrimo, redécouvrir qu’écrire est un jeu !
Ben oui : retour à la capitale, à mi-chemin de l’aventure. Pas par jacobinisme, mais parce que Paris est au centre des routes. Et qu’on y découvre de merveilleuses personnes.
J’avais rencontré Adrienne sur Toulouse. Sur une conférence « culture libre » à la médiathèque. Lors de mon premier Capitole du Libre l’année dernière. D’ailleurs, cet évènement libriste toulousain aura lieu les 23 et 24 novembre prochains, j’y serai et j’en serai… si vous voulez qu’on s’y retrouve…
Sous un premier abord courtois et modéré, on sent vite que cette illustre wikipédienne a un caractère passionné et un humour pétillant. Néanmoins, si on s’était croisés et appréciés, on n’avait pas vraiment eu le temps de beaucoup échanger. Du coup, quand elle a proposé de m’héberger dans ce romanesque tour de France, je me suis dit que l’occasion était trop belle de découvrir et la personne et son univers.
Mes aïeux, quelle découverte ! Des soirées de papotages jusqu’à trois heures du matin, où tous les sujets se rencontrent, se répondent. Je ne connais pas, ou mal, le milieu libriste. Adrienne, avec ses nombreuses activités au sein de Wikimédia France, a rencontré tout ce joli monde et m’en a fait visiter une partie, telle une guide bienveillante. On a parlé histoire, littérature, anecdotes familiales, société, éducation, mentalités… J’ai découvert le projet Afripédia qui vise avec pertinence et respect à entrainer le continent africain (et ses cultures) dans cette aventure du savoir encyclopédique partagé… Quand on voit les résultats humains de projets nés du numérique, on ne peut plus dire que « le net, c’est pas de l’IRL, de la vraie vie ». Un peu à l’image de ces partages qui jalonnent mon voyage d’écriture : vrais, intenses, des moments où on est juste contents d’être humains.
Des personnes au caractère vif, épanoui. Deux êtres mus par une vraie soif de découvrir l’autre en échangeant avec lui. C’est très agréable de voir des enfants qui n’essaient pas jouer à faire l’enfant, ou alors avec un second degré bien dosé. Le deuxième soir, j’ai eu droit à un joli cadeau : ils m’ont lu leurs histoires. Le récit fantastique qu’ils écrivent. Ils maîtrisent si bien les codes harrypotteriens (jeune héros découvre son pouvoir / va dans une école / découvre un univers magique et ses castes) qu’ils en jouent avec une aisance folle. Magie élémentaliste, portes dimensionnelles, architecture, moyens de transports, uniformes : tout est pensé, tout fait sens dans une belle unité.
Jusque dans le style et la narration, leur travail est admirable. L’histoire est écrite avec un vrai sens de la mise en scène. Le premier chapitre débute sur un dialogue pour nous immerger, puis des explications parsèment les descriptions quand le héros découvre/nous fait découvrir le monde imaginaire… Une découverte faite de dialogues et anecdotes qui rendent l’exploration vivante et amusante. Le lendemain, juste avant mon départ, ils ont une remarque — à priori anodine — qui me parle terriblement. Je leur dis l’admiration que je porte à leur compréhension/maitrise des codes et à l’inventivité qu’ils y insufflent. Là ils me répondent de manière très naturelle : « mais tu sais, c’est un jeu… » #Blam. Oui, je sais que c’est un jeu. J’ai juste mis 15 ans à me le rappeler. Je peux pérorer, du haut de mes grandes théories de « je n’écris pas, je digère », ou de « je joue avec mes amis imaginaires et ainsi j’écris mes romans »… Eux ils savent déjà, et n’ont eu aucun besoin de rationaliser tout cela dans des addenda (lis ceux de #MonOrchide et tu comprendras).
Non parce que mine de rien, on a bouclé le chapitre III. Un chapitre où j’ai pas mal joué avec des savoirs acquis lors de mes études, souvent en les démontant. Du coup, premier jour du chapitre 4, je n’ai écrit qu’une pauvre page (genre 600 mots). Il y a un schéma qui commence à poindre : débuter un chapitre est long. Une journée de tâtonnements, de recherches, à user un plancher qui n’est pas le mien en faisant les cent pas… Ben oui : je n’ai pas préparé mon roman à l’avance pour mieux le laisser me surprendre. Sauf que cette fois-ci le temps est resserré. Qu’importe, il me faut le prendre pour laisser éclore ces débuts de chapitre. Un démarrage difficile, diesel, suivi de journées d’écritures prolixes, appliquées et prenantes. J’explose de rire quand je me vois tout triste d’écrire la tristesse d’un personnage. Je tergiverse et trépigne lorsque je ne veux pas écrire une scène qui sera horrible dans sa violence minimaliste et déshumanisée…
Bon, vu que ça ne sortira pas des internetz, je peux l’avouer : on s’est rendus au Quadrapéro. Les apéros ouverts tenus mensuellement par la Quadrature du Net. Si je veux faire sérieux, je peux dire que cette soirée est l’occasion de faire un point informel et informatif sur tous les sujets liberticides du moment.
Je peux ajouter que découvrir le BookScanner monté par Benjamin Sonntag est un émerveillement, dont on a envie de voir plein de petits émules tourner constamment à plein régime.
Je peux aussi dire que découvrir Benjamin, parler avec Sylvain, retrouver Lionel ou observer Jérémie en monsieur Loyal… Bref que voir tous ces gens est une joie, un réconfort pour les petits combats qui nous tiennent à cœur et demandent nos énergies. Mais ce serait éclipser que les pizzas coulent à flots (parfois aidées de quelque liqueur) et qu’on peut finir par entendre quelques paroles de Brel et Brassens s’élever dans les voix…
Et, au lendemain de la fête, on part vers Limoges…
À la fois fatigué et empli.
À dans trois jours,
— Pouhiou.
Cet article est le fruit d’une traduction collaborative menée via la liste linuxedu sur un framapad.
Le titre original est : « Why Microsoft Word must Die? ». Son auteur Charles Stross est un écrivain britannique de science fiction. Très connu dans le milieu de la science fiction et du fantasy, il a obtenu plusieurs prix dont le prix Hugo.
Avant de pouvoir traduire son texte, nous lui avons demandé son autorisation ainsi que la licence qu’il souhaitait poser. Le texte suivant est donc en CC-By-Nc-Sa. Un grand merci à lui pour sa réactivité et surtout cet article très intéressant.
En tant qu’enseignants, nous ne pouvons que recommander cette lecture. On entend parfois comme argument que le système éducatif doit former à Word car c’est ce qui est présent dans le monde professionnel. Ceci est une véritable insulte à nos missions. Cela signifie que la qualité de notre enseignement est pauvre au point que nos élèves soient incapables de s’adapter à divers contextes logiciels ! Notre rôle est de les former à une classe de logiciel pas à un « outil » particulier aussi bon ou aussi mauvais soit-il. Vu les programmes actuels, peu d’élèves sortent en sachant utiliser correctement un traitement de texte. Le paradigme de la machine à écrire améliorée perdure.
Je hais Microsoft Word. Je veux la mort de Microsoft Word. Je hais Microsoft Word avec une passion ardente et enflammée. Je hais Microsoft Word à la manière dont Winston Smith haïssait Big Brother. Et, de manière alarmante, nos raisons ne sont pas si différentes…
Microsoft Word est un tyran pour l’imagination, un dictateur mesquin, sans imagination et inconséquent qui est mal adapté à une quelconque utilisation créative par un écrivain. Pire : Il est en situation de quasi-monopole, dominant l’univers des traitements de texte. Son statut quasi monopolistique envahissant a fait un lavage de cerveaux aux développeurs de logiciels, à un point tel que peu d’entre eux peuvent imaginer un traitement de texte comme autre chose qu’une pâle copie du Monstre de Redmond. Mais qu’est-ce qui ne va pas exactement ?
J’utilise des traitements de texte et des éditeurs de texte depuis environ 30 ans. Il y eut une époque, avant la domination de Microsoft Word, où plusieurs paradigmes radicalement différents pour la préparation et le formatage de texte étaient en compétition dans un marché ouvert des idées. L’une des premières combinaisons, particulièrement efficace, était l’idée d’avoir un fichier texte, contenant des commandes imbriquées ou des macros, qui pouvait être édité avec un éditeur de texte pour les programmeurs (comme ed ou teco, ou plus tard vi ou emacs) puis alimenter divers outils : vérificateurs d’orthographe, correcteurs de grammaire, et des outils de mise en page tels que scribe, troff ou latex qui produisaient une image binaire de la page pouvant être envoyée à une imprimante.
Ces outils étaient rapides, puissants, élégants et extrêmement exigeants vis-à-vis de l’utilisateur. Quand les premiers ordinateurs personnels 8 bits apparurent (pour l’essentiel, l’Apple II et l’écosystème concurrent CP/M), les programmeurs tentèrent de développer un outil hybride, appelé traitement de texte : l’édition se faisait à l’écran et masquait à l’auteur les commandes compliquées et rébarbatives destinées à l’imprimante, en les remplaçant par une mise en surbrillance et en ne les affichant que lorsque que l’auteur demandait au logiciel de « montrer le code ».
Des logiciels comme WordStar ont ouvert la voie, jusqu’à ce que WordPerfect prenne le marché au début des années 1980 en introduisant la possibilité d’éditer simultanément deux fichiers ou plus, en scindant l’affichage à l’écran.
Puis, vers la fin des années soixante-dix et le début des années quatre-vingts, des groupes de recherche au MIT (l’Institut Universitaire de Technologie du Massachusetts à Boston) et au centre de recherche de Xerox à Palo Alto en Californie ont commencé à développer des outils qui ont étoffé l’interface graphique de l’utilisateur des stations de travail comme le Xerox Star et, plus tard, l’ordinateur Lisa et Macintosh – et finalement l’imitateur nouveau venu Microsoft Windows. Une guerre éclata puis fit rage entre deux factions.
Une faction voulait prendre le modèle classique des codes imbriqués dans un ficher, et l’améliorer pour un affichage graphique : l’utilisateur sélectionnait une section de texte, le marquait « italique » ou « gras », et le traitement de texte injectait le code associé dans le fichier puis, au moment d’imprimer, modifiait le rendu graphique envoyé à l’imprimante à cette phase-là du processus.
Mais un autre groupe voulait utiliser un modèle beaucoup plus puissant : les feuilles de style hiérarchiques. Dans un système à feuilles de style, les unités de texte — mots ou paragraphes — sont étiquetées avec un nom de style regroupant un ensemble d’attributs qui sont appliqués à ce morceau de texte lors de l’impression.
Microsoft était au début des années 80 une entreprise de développement logiciel, surtout connue pour son interpréteur BASIC et le système d’exploitation MS-DOS. Steve Job approcha Bill Gates en 1984 pour écrire des applications pour le nouveau système Macintosh, et il accepta.
L’un de ses premiers travaux fut d’organiser le premier véritable traitement de texte WYSIWYG pour un ordinateur personnel – Microsoft Word pour Macintosh. La controverse faisait rage en interne : devait-on utiliser les codes de contrôle ou bien les feuilles de style hiérarchiques ?
Finalement, le verdict tomba : Word devrait mettre en œuvre les deux paradigmes de formatage. Bien qu’ils soient fondamentalement incompatibles et qu’on puisse tomber dans une confusion horrible en appliquant un simple formatage de caractères à un document à base de feuille de style, ou vice versa. Word souffrait en réalité d’un vice de conception, dès le début – et cela n’a fait qu’empirer depuis.
Entre la fin des années 80 et le début des années 90, Microsoft est devenu un mastodonte en situation de quasi-monopole dans le monde du logiciel. L’une de ses tactiques est devenue bien connue (et redoutée) dans l’industrie : adopter et étendre (NdT: il y a l’idée du « baiser de la mort » : étreindre pour mieux étouffer).
Confronté à un nouveau type de logiciel à succès, Microsoft rachètait l’une des entreprises à la pointe du secteur et déversait alors des moyens pour intégrer le produit à son propre écosystème Microsoft, si nécessaire en abaissant ses prix pour éjecter ses concurrents du marché. La croissance de Microsoft Word s’est faite par l’acquisition de nouveaux modules : publipostage, correcteurs orthographiques et grammaticaux, outils de chapitrage et d’index.
Toutes ces entreprises étaient des sociétés artisanales dynamiques, formant une communauté prospère d’éditeurs de produits concurrents qui tous luttaient pour produire de meilleurs logiciels qui leur permettaient de cibler leurs parts de marché. Mais Microsoft s’est infiltré dans chaque secteur et a intégré un par un les concurrents à Word, tuant de fait la concurrence et étouffant l’innovation. Microsoft a tué les outils d’index et de chapitrage sur Windows, a stoppé net le développement du correcteur grammatical, a étouffé celui des correcteurs orthographiques. Il existe un cimetière entier d’écosystèmes jadis prometteurs, et il s’appelle Microsoft Word.
Alors que le logiciel se développait, Microsoft déploya sa tactique « Adopte étend et étouffe » en vue de rendre les mises à jours incontournables, rendant ainsi les utilisateurs de Word captifs, par le biais de mutations constantes du format de fichier utilisé. Les premières versions de Word étaient interopérables avec ses rivaux comme Word Perfect, elles pouvaient importer et exporter dans les formats de fichier des autres logiciels. Mais au fur et à mesure que la domination de Word devenait établie, Microsoft a à plusieurs reprises modifié son format de fichier – avec Word 95, Word 97, en 2000, encore en 2003 et plus récemment encore.
Chaque nouvelle version de Word utilisait par défaut un nouveau format de fichier qui n’était plus reconnu par les versions précédentes. Pour échanger des documents avec quelqu’un d’autre, vous pouviez tenter d’utiliser le format RTF — mais la plupart des utilisateurs professionnels occasionnels ne prenaient pas la peine de regarder les différents formats du menu « Enregistrer sous… », et donc si vous deviez travailler avec d’autres, vous vous trouviez dans l’obligation de payer régulièrement la dime Microsoft même si aucune nouvelle fonctionnalité ne vous était utile.
Le format de fichier .doc a lui aussi été délibérément rendu opaque : au lieu d’un document interprétable contenant des métadonnées de formatage ou de macros, c’est en fait l’image mémoire des structures de données logicielles qu’utilise Word, avec les adresses pointant sur les sous-routines qui fournissent les données de formatage ou celles des macros. Et la « sauvegarde rapide » aggrava encore la situation en ajoutant un journal des différents changements à l’image mémoire du programme.
Pour analyser un fichier .doc vous devez virtuellement réécrire un mini Microsoft Word. Ce n’est pas un format de fichier contenant des données : c’est un cauchemar ! Au 21e siècle, ils ont essayé d’améliorer le tableau en le remplaçant par un schéma XML… mais ils n’ont réussi qu’à ajouter à la confusion en utilisant des balises XML qui se réfèrent à des points d’entrée de fonctions dans le code de Word, au lieu de décrire la structure sémantique réelle du document. Difficile d’imaginer qu’une multinationale telle que Microsoft, aussi importante et (habituellement) gérée avec compétence puisse commettre accidentellement une telle erreur…
Cette obsolescence programmée n’a pas d’importance pour la plupart des entreprises, dans lesquelles la durée moyenne de vie d’un document est inférieure à six mois. Mais d’autres domaines réclament la conservation des documents. En droit, en médecine ou encore en littérature, la durée de vie d’un fichier se compte en décennies si ce n’est en siècles. Les pratiques commerciales de Microsoft vont à l’encontre des intérêts de ces utilisateurs.
D’ailleurs Microsoft Word n’est même pas facile à utiliser. Son interface alambiquée, baroque, rend difficile ce qui est simple et quasi impossible ce qui est difficile. Ceci garantit la sécurité de l’emploi pour le gourou, mais pas la transparence pour l’utilisateur éclairé et intuitif qui souhaiterait simplement se concentrer sur son travail et pas sur l’outil avec lequel la tâche doit être accomplie. Word impose à l’auteur sa propre conception de la façon dont un document doit être structuré, une structure bien plus adaptée aux lettres commerciales et aux bilans (tâches pour lesquelles il est utilisé par la majorité de ses utilisateurs).
Ses outils de vérification et de suivi des modifications sont baroques, truffés d’erreurs et ne conviennent pas à un vrai travail collaboratif de conception d’un document ; ses possibilités de chapitrage et de notes sont piteusement primitives face aux besoins d’un écrivain ou d’un thésard. Quant aux recommandations à l’emporte-pièce de son correcteur grammatical, elles pourraient n’être qu’amusantes si les tournures commerciales qu’il impose, dignes d’un potache besogneux, n’étaient désormais si largement répandues.
Mais ce n’est pas pour cela que je veux la mort de Microsoft Office.
La raison pour laquelle je veux sa mort est que, tant que celle-ci ne sera pas arrivée, on ne pourra éviter Word. Je n’écris pas mes romans avec Microsoft Word. J’utilise toute une palette d’autres outils, depuis Scrivener (un logiciel conçu pour la structuration et l’édition de documents composites qui est à Word ce qu’un environnement de développement intégré est à un éditeur de texte rudimentaire) jusqu’à des éditeurs de texte classiques comme Vim. Mais d’une façon ou d’une autre, les principales maisons d’édition se sont laissé intimider et persuader que Word était l’incontournable clef-de-voûte des systèmes de production de documents.
Pire, cette prédominance nous rend aveugles aux possibilités d’amélioration de nos outils de création de documents. On nous a imposé presque 25 ans d’immobilisme, j’espère que nous trouverons bientôt quelque chose de mieux pour le remplacer.
En réalité, avec Apple ou Amazon, ce ne sont pas des livres qui sont vendus, mais des licences de lecture…
« C’est inattendu et complètement fou », s’enthousiaste à juste titre le site ActuaLitté, qui poursuit : « Durant l’examen du Projet de loi de Finance 2014, le député Éric Alauzet est venu défendre l’amendement de la députée Isabelle Attard. L’idée était simple : imposer une TVA maximale pour les vendeurs comme Apple ou Amazon, qui ne proposent que des licences d’utilisation et non la vente de fichiers en propre. »
Or, contre tout attente, c’est-à-dire ici aussi bien l’avis défavorable du rapporteur que du gouvernement, l’amendement a été adopté hier à l’Assemblée !
Vous trouverez ci-dessous toute la (savoureuse) séquence en vidéo accompagnée de sa transcription[1]. Avec notamment un Noël Mamère qui conclut ainsi son propos : « C’est aussi donc un droit à l’information, un droit à la culture et un droit à la lecture qui doit être un droit inaliénable et considéré comme un bien commun. »
La TVA réduite concerne aujourd’hui les livres papiers. Si on veut qu’il en aille de même avec les livres numériques alors il faut qu’ils soient sans DRM sinon ce ne sont plus des livres. Tel est le message important qui est passé hier à l’Assemblée. Apple et Amazon en encapsulant leurs fichiers numériques et en imposant leurs périphériques ne nous vendent pas des livres mais un service à usage restreint et durée limitée dans le temps.
Merci au groupe écologiste en tout cas pour cette véritable avancée qui pourrait bien appeler d’autres conquêtes, comme en témoigne l’échange ci-dessous que nous avons eu avec Isabelle Attard sur Twitter
@framasoft Chaque chose en son temps ;) FT
— Team Isabelle Attard (@TeamIsaAttard) November 14, 2013
Remarque 1 : Rien n’est joué cependant, comme nous le rappelle l’April, la loi de finances doit désormais être examinée par le Sénat puis par la navette parlementaire avant son adoption définitive.
Remarque 2 : Isabelle Attard vient également de déposer une proposition de loi visant à consacrer, élargir et garantir le domaine public (voir aussi cette vidéo qui évoque la question spécifique des musées).
Mme la présidente. La parole est à M. Éric Alauzet, pour soutenir l’amendement no 22.
M. Éric Alauzet. Alors que la vente de livres sous forme dématérialisée est en pleine croissance, deux types de produits sont disponibles. En proposant des livres en système fermé, les acteurs historiques ont trouvé le moyen de verrouiller leur clientèle : en réalité, ce ne sont pas des livres qui sont vendus, mais des licences de lecture, assorties de contraintes qui n’existent pas pour le livre de papier. Ainsi, quand vous achetez un livre numérique chez Amazon ou chez Apple, vous ne pouvez le lire que sur un appareil autorisé par cette entreprise.
Parallèlement, il existe des livres numériques en système dit ouvert, soutenus par la majorité des acteurs concernés – auteurs, éditeurs, bibliothécaires, responsables politiques –, qui revendiquent un plus grand respect des droits du lecteur, notamment en essayant de promouvoir l’interopérabilité des livres au format électronique. Le statut de ces livres est très proche de celui des livres de papier : vous pouvez les lire, les prêter, même les revendre – bref, en disposer à votre guise. De ce fait, nous considérons que, contrairement aux livres en système fermé, les livres en système ouvert ont toute légitimité pour bénéficier de la même TVA que les livres de papier, et c’est ce que nous proposons par cet amendement. Pour conclure, je souligne que, sur cette question, nous sommes observés par la Commission européenne, car il ne s’agit pas vraiment d’un livre, mais d’un service.
Mme la présidente. Quel est l’avis de la commission ?
M. Christian Eckert, rapporteur général. La commission estime qu’il s’agit là d’un sujet intéressant, mais complexe. Comme vous le savez, la France se bat pour que la TVA à taux réduit puisse s’appliquer aux livres électroniques. Or, vous proposez de faire de ce principe une exception. Je comprends votre intention, mais cela risque de fragiliser la position de la France dans les négociations en cours, où nous espérons obtenir une généralisation du taux réduit de TVA à tous les livres, quel que soit leur support. Je vous invite par conséquent à retirer votre amendement, monsieur Alauzet ; à défaut, je demanderai à notre Assemblée de le repousser.
Mme la présidente. Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Bernard Cazeneuve, ministre délégué. Nous nous battons, au sein de l’Union européenne, pour que l’ensemble des supports de lecture bénéficie du taux réduit de TVA. C’est l’un des éléments de notre combat en faveur de l’exception culturelle, de l’accès pour tous à la culture et du livre. Comme vient de le dire M. le rapporteur général, prendre des dispositions dérogatoires ne peut que porter atteinte à la portée de notre combat, qui n’est déjà pas si facile à mener. En adoptant un tel amendement, nous risquons d’affaiblir notre position vis-à-vis de nos interlocuteurs, et de mettre en péril notre capacité à atteindre l’objectif que nous nous sommes fixé. Je vous invite donc également à retirer cet amendement, monsieur le député.
Mme la présidente. La parole est à M. Noël Mamère.
M. Marc Le Fur. Allez-vous nous parler de la Bretagne, monsieur Mamère ?
M. Noël Mamère. Nous pourrions effectivement en parler, puisque nous parlons de livres et qu’il est de très bons auteurs bretons. Malheureusement, si ces livres sont publiés sous la licence d’Apple ou d’Amazon, nous ne pourrons pas les faire lire à nos enfants. De même, sous licence fermée, nous ne pourrons prêter aux personnes de notre entourage les excellents livres de Svetlana Alexievitch, qu’il s’agisse de La Fin de l’Homme rouge ou de La Supplication, ouvrage très instructif sur les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl.
M. le ministre nous dit, à juste titre, qu’il ne faut pas mettre en péril les négociations en cours, dans le cadre desquelles nous cherchons à nous opposer à l’accord sur le marché transatlantique qui se dessine entre l’Union européenne et les États-Unis. Nous avons, paraît-il, sauvé l’exception culturelle. Fort bien, mais si notre amendement n’était pas adopté, nous risquerions de lui porter un coup fatal en laissant libre cours à Apple et Amazon, sinon pour exercer leur dictature – le mot est un peu fort –, du moins pour mettre à bas l’exception culturelle dans le cadre du marché transatlantique.
Bref, nous devons nous protéger, au niveau français comme au niveau européen. Tel est l’objet de notre amendement, qui vise à sauver le droit à la lecture, notamment le droit à revenir sur un livre que l’on a déjà lu. Nous sommes sans doute nombreux ici à avoir apprécié des auteurs, dans les ouvrages desquels nous souhaitons à nouveau nous plonger. Or, avec le système d’Apple et d’Amazon, ce sera impossible. En même temps que le droit à la lecture, c’est donc aussi le droit à l’information et le droit à la culture que nous défendons, car il s’agit de droits inaliénables, considérés comme des biens communs.
Mme la présidente. La parole est à M. Éric Alauzet.
M. Éric Alauzet. Je n’ai pas l’expérience de M. le ministre en ce qui concerne les négociations européennes, mais je pense que le risque qu’il évoque n’existe pas. Au contraire, si risque il y a, c’est celui lié au fait de défendre le taux réduit de TVA sur ce qui est en réalité un service, et ce qui est à craindre ensuite, c’est que le livre électronique ouvert ne suive le livre électronique vendu sous système fermé. La transparence n’est pas vraiment le maître-mot en la matière, et les personnes achetant des livres électroniques vont finir par s’apercevoir, au bout de quelques semaines ou quelques mois, que le livre en leur possession ne fonctionne plus et qu’elles n’ont en réalité acquis qu’une licence, qu’elles vont devoir racheter au même distributeur ! Il y a, je le répète, un grand risque à ne pas dissocier le livre électronique vendu sous système fermé de celui vendu sous système ouvert.
Mme la présidente. Si j’ai bien compris, vous maintenez votre amendement, monsieur Alauzet ?
M. Éric Alauzet. Je le maintiens, madame la présidente.
(L’amendement no 22 est adopté.)
Merci à Wikileaks d’avoir révélé hier une version de travail tenue secrète de l’accord Trans-Pacific Strategic Economic Partnership, plus connu sous l’acronyme TPP.
La France ne faisant pas partie des pays directement concernés, on n’en parle pas beaucoup dans nos médias. Mais on sait depuis longtemps que ce sont les USA qui donnent le la dans tout ce qui touche au copyright international.
Plus que donner le la, ils dictent la loi. Et celle qui se prépare ici est tout simplement scélérate…
TPP IP Chapter Leaked, Confirming It’s Worse Than ACTA
Glyn Moody - 13 novembre 2013 - TechDirt.com
(Traduction : Barbidule, Penguin, Genma, MFolschette, baba, mlah, aKa, Alexis Ids, Scailyna, @paul_playe, Mooshka, Omegax)
par le service du pas-étonnant-que-le-secret-soit-si-bien-gardé
Cela fait longtemps que nous attendions une fuite majeure du Partenariat Trans-Pacifique (TPP) rédigé en secret ; grâce à Wikileaks, nous en avons enfin une (voir aussi directement le pdf). Le texte est long et lourd à lire, en partie à cause de toutes les parties entre parenthèses sur les points où les négociateurs ne se sont pas encore mis d’accord. Même si le brouillon est assez récent — il est daté du 30 août 2013 — un grand nombre de ces points y restent ouverts. Heureusement, KEI a déjà rassemblé une analyse détaillée mais facilement compréhensible, que je vous encourage vivement à lire en entier. En voici un résumé :
Le document confirme les craintes sur le fait que les différentes parties sont prêtes à étendre les limites du droit de la propriété intellectuelle, et à restreindre les droits et libertés du consommateur.
En comparaison des accords multilatéraux existants, l’accord du TPP sur la propriété intellectuelle propose l’octroi de nouveaux brevets, la création d’une propriété intellectuelle sur les données, l’extension des termes de protection pour les brevets et copyrights, l’accroissement des privilèges des ayants droit, et l’augmentation des peines pour infraction à la propriété intellectuelle. Le texte du TPP réduit le champ des exceptions pour tous les types de propriété intellectuelle. Négocié dans le secret, le texte proposé est néfaste pour l’accès au savoir, néfaste pour l’accès aux soins, et profondément néfaste pour l’innovation.
Bien que de nombreux domaines soient concernés par les propositions de la copie de travail — l’accès aux soins vitaux seraient restreints, tandis que la portée des brevets serait étendue aux méthodes chirurgicales par exemple — les effets sur le copyright sont particulièrement significatifs et troublants :
Collectivement, les dispositions du droit d’auteur (dans le TPP) sont configurées de manière à étendre les termes du droit d’auteur de la convention de Berne au-delà de la vie plus 50 ans, créant de nouveaux droits exclusifs, et fournissant bon nombre de nouvelles directives spécifiques pour gérer le copyright dans l’environnement numérique.
Voici quelques-unes des extensions de durée proposées :
Concernant les durées de copyright, le TPP définit les bases comme suit. Les États-Unis, l’Australie, le Pérou, Singapour et le Chili proposent une durée de 70 ans après la mort de l’auteur pour les personnes physiques. Pour des œuvres appartenant à une entreprise, les États-Unis proposent 95 ans de droits exclusifs, alors que l’Australie, le Pérou, Singapour et le Chili proposent 70 ans. Le Mexique veut une durée de 100 ans après la mort de l’auteur pour les personnes physiques et 75 ans après la mort de l’auteur pour des œuvres appartenant à une entreprise. Pour des travaux non publiés, les États-Unis veulent une durée de 120 ans.
Un problème plus technique concerne l’utilisation du « test en trois étapes » qui agira comme une contrainte supplémentaire sur de possibles exceptions au copyright :
Dans sa forme actuelle, l’espace des exceptions tel que défini par le TPP est moins vaste et plus restrictif que celui du traité 2012 de l’OMPI à Pékin ou celui du traité 2013 de l’OMPI à Marrakech, et bien pire que l’accord ADPIC. Bien que cela implique des problèmes légaux complexes, les ramifications politiques sont simples. Les gouvernements auraient une marge de manœuvre plus restreinte pour évaluer les exceptions dans l’éducation, dans les citations, dans les affaires publiques, dans les actualités et dans les autres exceptions « spéciales » de la Convention de Berne ? Pourquoi un gouvernement voudrait-il abandonner son autorité générale pour réfléchir à l’aménagement de nouvelles exceptions, ou pour contrôler les abus des détenteurs de droits ?
Ceci est un bon exemple de comment le TPP n’essaie pas seulement de changer le copyright en faveur de ceux qui veulent l’étendre au maximum, mais essaie aussi d’instaurer un copyright qui serait facile à renforcer à l’avenir. En voici un autre, dans lequel le TPP veut empêcher le retour à un système de copyright qui nécessite une inscription — ce genre de système ayant été proposé comme un moyen de pallier aux problèmes qui surviennent à cause de la nature automatique de l’attribution du copyright :
Le TPP va au-delà de l’accord ADPIC pour ce qui est de l’interdiction de l’instauration de formalités pour le copyright. Bien que le problème des formalités puisse sembler être un problème facile à résoudre, il y a un bon nombre de flexibilités qui seront éliminées par le TPP. À l’heure actuelle, il est possible d’avoir des exigences de formalités pour des œuvres appartenant à la sphère nationale et d’imposer des formalités à de nombreux types de droits liés, incluant ceux protégés par la Convention de Rome. Ces dernières années, les créateurs et les théoriciens de la politique du copyright ont commencé à remettre en question les bénéfices de l’enregistrement des œuvres et autres formalités, en particulier à la lumière des problèmes liés aux durées de copyright étendues sur de nombreuses oeuvres orphelines.
Comme vous pouvez vous en douter, le TPP demande à ce qu’il y ait des protections solides de type DRM ; mais ici encore, il cherche à rendre les choses pires qu’elles ne le sont déjà :
La section sur le droit d’auteur inclut également un long discours sur les mesures de protection technique, et en particulier, la création d’un motif de poursuites spécifique contre le fait de casser les mesures techniques de protection. Les USA veulent que ce motif de poursuites spécifique s’étende même aux cas où le droit d’auteur n’est pas applicable, comme par exemple les œuvres du domaine public, ou bien les données qui ne sont pas protégées par le droit d’auteur.
Cela rendrait illégal le fait de contourner les DRM, même si ceux-ci sont appliqués à du contenu qui se trouve dans le domaine public — les enfermant alors une fois de plus, de façon efficace et permanente. Enfin, il est intéressant de remarquer que dans la sous-section fixant les dommages et intérêts pour violation de copyright, on peut y lire ce qui suit :
Pour déterminer le montant des dommages et intérêts en vertu du paragraphe 2, les autorités judiciaires seront habilitées à examiner, entre autres, toute mesure légitime de valeur que le détenteur du droit soumet, ce qui peut comprendre les bénéfices perdus, la valeur des biens ou des services concernés, mesurée en se basant sur le prix du marché, ou sur le prix de vente au détail suggéré.
C’est exactement la tournure qui a été utilisée pour ACTA, et qui a été retrouvée dans le récent accord de libre-échange entre l’UE et Singapour. Cela résume assez bien comment le TPP s’appuie directement sur ACTA, tandis que les autres mesures évoquées ci-dessus montrent comment il va bien au-delà et ce à plusieurs égards.
Voilà pour les mauvaises nouvelles. La bonne nouvelle, c’est que nous avons maintenant une version très récente de ce qui pourrait être la partie la plus controversée de l’accord. Dans les semaines à venir, nous sommes susceptibles de voir de nombreuses analyses détaillées exposant au grand jour le caractère ô combien pernicieux cet accord pour le public des pays participant aux négociations.
L’espoir étant qu’une fois qu’il en sera informé, il fera connaître son sentiment à ses représentants politiques comme il l’a fait avec SOPA et ACTA — et avec le même résultat final.
Quand Pouhiou s’arrête à Rennes, il y retrouve des connaissances et donc des occasions d’échanges et de découvertes. Le défi d’écriture est en roue libre mais continue sa trajectoire par à-coups : une fois qu’il a négocié un virage délicat, le vaillant écrivain relance la machine et hop, reprend la route.
Si vous souhaitez retrouver les grandes heures de la geste Pouhiouesque, voici le lien magique. Et n’oubliez pas de lui envoyer un petit message d’encouragement @pouhiou.
Le mois dernier j’ai participé à Rennes en Biens Communs, pour une conférence, un atelier d’écriture et une rencontre au CGLBT. Il était impensable que je n’y revienne pas.
Dans le covoiturage intensément breton, nous avons repéré les portiques des radars. Ceux qui se sont fait brûler par des bonnets rouges. Ceux qui tiennent encore debout, avec des gendarmes en faction à leurs pieds. C’est marrant, sur la route on a beaucoup parlé de péages. Les péages d’écotaxe, bien sûr, mais aussi les péages pour l’accès à la culture. Payer un livre ou un CD semble normal, j’achète un objet culturel. Un objet auquel je peux accéder gratuitement en bibliothèque (mais je l’achète malgré tout, tiens donc !).
Or, tout notre rapport à l’appropriation des œuvres s’est construit sur ce principe de posséder un objet-support de l’œuvre. Le droit d’auteur, lui même, fut créé pour favoriser les auteurs-éditeur-imprimeurs-libraires (Beaumarchais était en plus de tout cela un industriel papetier).
Un fichier ne se possède pas : il se transfère par la copie. Du coup, me faire payer pour accéder à un fichier (epub, mp3, avi…) c’est mettre un mur d’argent entre un roman, un album, un film… et moi. Et vu tous les chatons qui trainent sur YouTube, tous les 10 conseils pour… en embuscade sur facebook, toutes les œuvres accessibles par torrents : je vais naturellement aller là où je circule librement. C’est curieux comme peu de créateurs se souviennent qu’avant d’être payé (et pour l’être) mieux vaut être lu, entendu, vu. Que la monétisation d’une œuvre dépendra directement de son rayonnement, et que c’est donc celui-ci qu’il faut favoriser. Le péage, c’est la meilleure solution pour ne pas être payé, en fait… Comme quoi, si les créateurs étaient un peu plus vénaux, stratèges et opportunistes, ils fonceraient vers la culture libre.
J’ai rencontré Orianne au centre gay, lesbien bi et trans de Rennes, lorsque je suis venu y parler culture libérée dans la culture gay. Elle a adoré papoter sur ces sujets. Et elle a fini par me dire : « si tu reviens à Rennes, passe chez moi ! » Orianne est une jeune femme discrète, classieuse, mais d’une espièglerie et d’une sagacité rares. Chez elle, les livres de psycho et les grands classiques côtoient les BD de Buffy (parce que Josh Whedon c’est le bien). Et puis chez elle, j’ai trouvé la meilleure machine de l’univers intergalactique : l’épluche-vide-tranche pommes.
C’est marrant : Orianne et moi on a pris le temps de se respecter, de se laisser geeker l’un-e l’autre… mais on finissait toujours les soirées à parler et refaire le monde.
Je sais bien que ça arrive à tout homme à un moment ou à un autre, mais ça fait bizarre : j’ai eu une panne. Mon premier jour à Rennes, je n’ai pas écrit. Ou quasiment pas : une pauvre relecture où, à force de quelques retouches, j’ai ajouté 270 mots au compteur… bien loin des 1667 quotidiens du défi. Alors je sais que je dois me faire confiance. Je sais bien que c’est l’histoire qui m’impose son rythme, et non l’inverse. Toute exigence est futile, toute résistance une perte de temps. Je n’écris pas, je laisse un roman s’écrire, se dévoiler à moi, en un strip-tease excitant et frustrant… Eh ben on a beau savoir tout ça, il reste la croyance que « je maîtrise ». #EpicFail.
L’histoire avait besoin de se nourrir. J’ai fait des recherches. Plein de détails, de jalons, de repères se sont construits. Le roman avait besoin de faire une pause pour prendre forme. Le lendemain, je fais mon quota. les jours suivants je tourne à 2000 mots. Là j’ai hâte de finir ce billet et m’y remettre.
C’est compliqué de trouver le temps pour tout faire. Écrire les scènes du roman. Écrire ces billets de blog, ce journal de bord. Organiser les trajets et voyager. Parler, échanger avec mes accueillant-e-s. Et retrouver des gens. Mais ça se goupille. Un restau avec Yann, Antonin, Orianne et Camille (la bande du CGLBT de Rennes). Un thé avec miss @Auregann, la wikipédienne qui m’a permis de venir sur Rennes le mois dernier. La découverte de son boss, de ses amis, et de MuséoMix. Puis une soirée finale avec le scooby-gang du CGBLT immortalisée par cette photo.
Ce ne sont pas de simples lecteurices, juste un prénom sur une dédicace. Ce sont des gens avec qui j’ai parlé, bu, refait le monde. Des gens que j’aime et dont je sais qu’illes m’apprécient. Je me demande combien d’auteurs peuvent dire ça… Mais moi, perso, je kiffe !
L’épisode 3 de mes aventures a dû donner des idées. J’ai reçu un don par paypal, et un en liquide, de la main à la main. Recevoir un billet comme don, c’est très concret. Étrangement, à ce moment là, le moraliste en moi me dit « tu devrais être gêné ». Ce moraliste croit que ça relève de la mendicité, et la condamne. Ce serait renier l’échange véritable qui sous-tend ces gestes, renier l’envie de soutenir une démarche, une œuvre. J’apporte des histoires : que ce soit celles que j’écris ou celles que je vis et fait vivre, les dons viennent encourager ces histoires à grandir. Croire que ça relève d’une « mendicité immorale » c’est croire que produire des histoires, qu’expérimenter d’autres façons de faire/vivre/interagir n’est pas un « vrai travail ». C’est aussi croire que l’argent salit l’échange, donnant une importance grandiloquente et morale à un simple outil : le fric.
Quand je reçois des dons, je ne suis pas gêné : je suis reconnaissant. Reconnaissant que mes propositions entraînent des élans de générosité. Heureux de voir que le courant est passé, qu’on a envie que ça continue. Comme quand je reçois un mot, un commentaire. Donc : merci. Et si tu veux donner des sous, fais-le à Framasoft. Frama travaille à défendre et soutenir des initiatives aussi tarées que les miennes, parce que ce sont les fous qui changent le monde. Or il est grand temps qu’on apporte un peu plus de Libres dingueries dans nos vies et celles de la famille Michu. Bref : on a besoin de sous pour perpétuer et améliorer les projets en cours, donc n’hésite pas : http://soutenir.framasoft.org !
À dans 3 jours pour conter des soirées parisiennes,
— Pouhiou.
La forte mobilisation de la communauté OpenStreetMap après le passage du terrible typhon Haiyan aux Philippines fournit une aide précieuse à la la Croix-Rouge sur le terrain.
« Quand les défenseurs des données ouvertes discutent à propos des licences de données, ils discutent rarement en termes de vie ou de mort. »
How Online Mapmakers Are Helping the Red Cross Save Lives in the Philippines
Robinson Meyer - 12 novembre 2013 - The Atlantic
(Traduction : Garburst, Penguin, Genma, goofy, MFolschette, JLoDoesIT, fcharton, bob, Lydie, Mooshka, aKa, Omegax)
Des bénévoles à travers le monde sont en train de construire une infrastructure géo-numérique pour aider l’organisation des secours aux victimes du typhon Haiyan.
Il faudra des mois avant que nous ne connaissions les réels dégâts provoqués par le terrible typhon Haiyan. Les pertes actuelles de vies humaines liées à la tempête ne sont pour l’instant qu’une estimation. Les humanitaires venant du monde entier s’envolent maintenant vers l’archipel, ou sont seulement en train d’arriver. Avec les Philippins, ils vont venir en aide aux survivants et commencer à reconstruire.
Mais ils pourront être aidés par une technologie formidable, une collaboration humanitaire mondiale et massive rendue possible par le biais d’Internet.
De quoi s’agit-il ? D’une carte détaillée des zones touchées par le typhon Haiyan, qui n’existait pas il y a trois jours lorsque le typhon a frappé.
Depuis samedi, plus de 400 contributeurs ont effectué près de 750 000 ajouts sur la carte en ligne libre des Philippines et de ses environs.
Ces contributions reflètent l’état de la carte avant le passage du typhon, mais elles aideront les sauveteurs de la Croix-Rouge et les bénévoles à prendre des décisions cruciales afin de savoir où envoyer de la nourriture, de l’eau , des équipements.
Il est très facile ici d’exagérer, mais il est très probable qu’aux Philippines à l’heure actuelle, les données et logiciels de cartographie libres — ainsi que la communauté qui les supporte — sauveront des vies.
Les changements ont été faits dans OpenStreetMap (OSM), une sorte de Wikipédia des cartes. OSM se veut être une carte complète du monde, libre d’utilisation et modifiable par tous. Créée en 2004, la plateforme a maintenant plus d’un million d’utilisateurs.
J’ai parlé avec Dale Kunce, un ingénieur de géolocalisation senior de la Croix-Rouge américaine, sur la façon dont l’aide apportée par les volontaires créant les cartes pouvait améliorer la situation aux Philippines.
La Croix-Rouge, à l’échelle internationale, a commencé récemment à utiliser des logiciels et des données libres au sein de ses différents projets, dit-il. Les logiciels libres réduisent ou éliminent les coûts cachés, ou le montant nécessaire pour que les choses continuent de fonctionner après le départ de la Croix-Rouge. N’importe quel logiciel ou donnée issu de la Croix-Rouge est aujourd’hui sous licence libre ou Creative Commons.
Bien qu’OpenStreetMap ait déjà été utilisé dans des crises humanitaires, c’est ici la première fois où la Croix-Rouge coordonne son utilisation avec celle des volontaires.
Les quelques 400 bénévoles qui ont édité OSM ces derniers trois jours ne sont pas tous des cartographes professionnels. À l’initiative de la branche humanitaire d’OpenStreetMap sur Twitter, l’appel fut lancé pour cartographier les zones qui se sont trouvées sur le chemin de la tempête.
À quoi ressemble la cartographie ? Généralement, il s’agit de « traçage » des routes dans OSM en se basant sur des données satellitaires. L’éditeur d’OSM met les images satellite en arrière-plan — sur lesquelles les infrastructures comme les routes sont clairement visibles — et au-dessus, la représentation du monde tel qu’il est cartographié par OSM. Les bénévoles peuvent alors tracer le chemin d’une route, comme cela est montré dans cette image GIF animée, créé par MapBox, une startup originaire de Washington :
Les bénévoles peuvent également dessiner les immeubles dans la partie Mapbox, en utilisant le même éditeur visuel. Depuis que Haiyan a frappé, les bénévoles ont ainsi retracé quelque 30 000 bâtiments.
Comment des données cartographiques aident-elles les personnes sur le sol des Philippines ? Tout d’abord, elles leur permettent d’imprimer sur place des cartes en utilisant les donnée d’OSM pour ensuite les redistribuer sur le terrain. La Croix-Rouge américaine a envoyé quatre responsables de haut niveau aux Philippines, et parmi eux, Helen Welch, une spécialiste de la gestion de l’information, a apporté avec elle plus de 50 cartes papier décrivant la ville de Tacloban et d’autres zones fortement touchées.
La ligne rouge montre la trajectoire du super-typhon Haiyan et les zones colorées montrent où les volontaires ont complété OpenStreetMap ce week-end. Notez l’étendue des modifications à Tacloban, une ville de plus de 220 000 habitants et qui est la plus touchée par le phénomène climatique.
Ces cartes ont été imprimées le samedi, avant que les volontaires n’aient fait la majorité des changements dans les zones concernées sur OSM. Quand ces nouvelles données seront imprimées sur le terrain, elles incluront presque tous les tracés des bâtiments, et les secouristes auront une meilleure représentation de l’endroit où les bâtiments « fantômes » devraient se trouver. Elles seront aussi sur papier, de manière à ce que les sauveteurs puissent y écrire, y dessiner et y indiquer des lieux.
Welch a atterri il y a 12 heures, et Kunce a dit qu’on lui avait déjà envoyé trois ou quatre cartes actualisées.
Une partie de la ville de Tacloban avant puis après qu’elle soit cartographiée par l’équique d’OpenStreetMap Humanitarian (HOT). Les routes, les immeubles et les plans d’eau n’existaient pas avant que les contributeurs les ajoutent (@RBanick).
La Croix-Rouge a commencé à vouloir utiliser des données géospatiales après le gigantesque tremblement de terre en Haïti en 2010. En utilisant des données satellitaires pré-existantes, les volontaires ont cartographié la quasi totalité de Port-au-Prince dans OSM, créant des données qui devinrent la colonne vertébrale pour le logiciel qui a aidé à organiser l’aide et à gérer les opérations de recherche.
Les efforts considérables des volontaires ont convaincu les dirigeants de la Croix-Rouge américaine d’augmenter les équipes travaillant sur la cartographie numérique et les systèmes d’information géographique (SIG). Depuis cette décison, ils ont constaté une augmentation énorme de la qualité et de la quantité de cartes.
La National Geospatial-Intelligence Agency (NGA, agence nationale de renseignement géospatiale), gérée par le département de la Défense des États-Unis, a déjà récupéré des images satellitaires des Philippines. Cette agence a décidé où se situaient les dégâts les plus importants, et a envoyé les coordonnées de ces zones à la Croix-Rouge. Mais, ce lundi à 19 h, la Croix-Rouge n’avait toujours pas les images pour ces zones.
Le but de l’équipe géospatiale de la Croix-Rouge, déclare Kunce, était d’aider les hommes sur le terrain à « prendre des décisions basées sur des preuves, pas des intuitions ». L’équipe « leur a fourni toutes les données possibles ». Qu’est-ce que cela signifie ? Grâce aux volontaires, la Croix-Rouge sait où les routes et bâtiments devraient être. Mais jusqu’à ce qu’ils aient le second jeu de données, décrivant la zone après le typhon, ils ne savent pas où se trouvent effectivement les routes et bâtiments. Tant qu’ils n’ont pas ces nouvelles données, les volontaires ne peuvent décider, par exemple, quel itinéraire parmi trois ils peuvent utiliser pour envoyer de l’eau à un village isolé.
À l’heure actuelle, ils ne peuvent pas prendre ces décisions.
Kunce a déclaré que le Département d’État américain était en négociation avec la NGA pour que les images satellites puissent être mises à la disposition de la Croix-Rouge. Mais, pour le moment, rien n’a encore été publié.
Quand les défenseurs des données ouvertes discutent à propos des licences de données, ils discutent rarement en termes de vie ou de mort. Mais à chaque heure qui passe pendant lesquelles la Croix-Rouge ne reçoit pas d’images satellite, ce sont des décisions optimales qui ne peuvent pas être prises, pour savoir où envoyer des équipements ou encore où mener des opérations de sauvetage.
Et une fois que les images satellites seront arrivées, les bénévoles OSM à travers le monde pourront alors les comparer aux structures d’avant la tempête, marquant chacun des 30 000 bâtiments comme indemnes, endommagés ou détruits. Cette phase, qui n’a pas encore commencé, va aider les secouristes à hiérarchiser leurs efforts.
OSM n’est pas la seule organisation à solliciter l’aide de volontaires en ligne afin d’aider les Philippines : MicroMappers, dirigé par un vétéran des efforts d’OSM en Haïti, a également fait des appels à des bénévoles pour trier des tweets, et ainsi déterminer les zones où les secours étaient les plus nécessaires.
Kunce m’a dit que la plus large diffusion commerciale des cartes électroniques a contribué de manière générale à leur croissance tant en quantité qu’en qualité au travers des différentes organisations humanitaires.
« Si vous mettez une carte entre les mains des gens, ils vont vous en demander une autre », a déclaré Kunce. Espérons que le gouvernement va fournir de meilleures cartes à la Croix-Rouge — et aux secours qui sont sur le terrain — et ce aussi vite que possible.
Toujours plus à l’ouest, notre écriveur de fond est de passage à Brest, où l’on trouve par ailleurs des initiatives et des activités libristes bien intéressantes.
Le monde qui l’entoure, le Pouhiou le reluque et le relooke, il fait son équi-libriste sans fil et sans filet entre les rencontres roboratives, les jouissances de l’écriture et les fins de mois difficiles qui commencent le 10 novembre. Accompagnez Pouhiou, envoyez-lui de gros poutous et de petits touittes, encouragez-le tandis qu’il en est bientôt à mi-parcours de son défi graphomane.
Lisez-le.
3 jours à Brest… c’est un peu frustrant tant ça passe vite. Les rencontres, les échanges sont si riches que j’ai parfois du mal à trouver le temps d’écrire. Mais mine de rien, on avance…
Pour aller de Rouen à Brest, j’ai retrouvé le bon vieux covoiturage. Avec la question qui tue : « qu’est-ce que tu vas faire là bas ? » — Je vais écrire. Mon 3e roman. Qui est libre de droits. Et je passe novembre à l’écrire chez les gens… Le voyage avec Eric, Cynthia et les autres fut une longue discussion passionnante : est-ce que le Libre, si ça se généralise, ça peut marcher ? Et là on rêve du monde de demain, genre relooking sociétal. Sous la pluie entre Rouen et Brest. On a envie d’y croire. On a peur des abus. On découvre que nous on n’a pas envie d’abuser. On réalise que certains (genre Apple) abusent. On s’échange des séries à télécharger, aussi. Et on partage la voiture d’Eric. C’est marrant comme parfois, le monde de demain s’invite dans aujourd’hui.
Arrivé à Brest, je suis rejoint par Moosh et Igor. Qui crient « Ninjaaa ! » pour traverser le passage piéton me séparant d’eux. Avec ses longs cheveux et sa frange encadrant son visage, Moosh pourrait avoir l’air d’une maîtresse d’école. Si ce n’était la joie pure, la gourmandise et la malice qui l’habitent constamment. Igor, lui, est un matou à la jolie barbe. Moosh et Igor, chez eux, illes se parlent avec des voix kawaï. Ils ont un panneau Keep Calm and Eat Cupcake et un grrros chat qui semble avoir suivi le conseil. Et tout leur décor est à l’avenant : coloré, épicé de petites touches qui, simplement, mettent en joie. Moosh et Igor semblent jouer à vivre, mais jouent avec le sérieux d’enfants espiègles et appliqués. Du coup, je leur ai fait des Outrageous Cookies.
Plus je voyage, et plus je rencontre des gens qui, à leur niveau, parfois même sans s’en rendre compte, créent. Peut-être que ça vient de moi. Il est possible que je n’attire que de dangereux esprits fertiles qui goupillent du code, des images, des histoires (et autres artisanaleries) dans leur coin. Mais n’empêche. C’est beau à voir. Les amis étudiants en cinéma. Le pote webdéveloppeur et photographe (résultat à suivre). La Moosh qui travaille à son roman à grand renfort de post-it sur de grandes feuilles. Moosh, elle, écrit comme un besoin : un besoin aussi impitoyable que la hauteur des barres qu’elle veut atteindre. Écrire c’est un jeu, et jouer est une affaire sérieuse. Moi, j’ai juste hâte de la lire.
Moosh me fait découvrir des grands noms du story-telling. Des théoriciens qui ont passé beaucoup d’énergie à développer leur méthode pour expliquer le racontage d’histoire. La scénarisation. La caractérisation. Je sais que ce sont des outils passionnants. Quand j’ai fait du théâtre, j’ai fait le tour des méthodes : Jouvet, Stanislavsky, Artaud, Boal… Et je n’y arrive toujours pas. À chaque fois que je lis une théorie, je ne vois qu’un enfermement. Un angle toujours trop fermé, une formalisation forcément étriquée. Parce que personne n’est capable de couvrir toutes les façons de créer. Car aucune rationalisation n’a assez de mots et de concepts pour y parvenir. Un metteur en scène / prof de théâtre me disait : « on n’enseigne que soi ». Du coup, les maîtres qu’on présente comme des autorités : ça m’énerve. C’est marrant, c’est justement le thème du livre III : grands maitres et petits disciples.
Le livre III se porte bien. Je viens de finir le chapitre 2 (sur huit) et je suis vraiment surpris par les formes qu’il prend. Il visite l’histoire des NoéNautes à contre-courant, et c’est assez jouissif. Je sais maintenant que le premier jet ne sera probablement pas achevé au 30 novembre. Je crois réussir à écrire 50 000 mots, mais je vois que ce roman sera plus long. J’essaie de prendre le temps, mais le temps de vivre et le temps d’écrire ne sont pas séparables : ils se nourrissent. Et c’est là le nerf de la guerre : le temps. Du temps libéré par l’argent, comme toujours. On devrait pouvoir avoir le temps de vivre, d’écrire, d’échanger… sans qu’une journée ne coûte forcément X heures de SMIC. Mais non. Le revenu de base n’est pas à l’ordre du jour. Quoiqu’il y ait des citoyen-ne-s d’Europe qui croient que ça peut changer.
Donc je regarde le compte en banque. Il me reste 200 € (et le découvert ˆˆ) pour finir le mois. Trajets inclus. Ooops. Et là je reçois un email qui fait chaud au cœur. Un mec qui souhaite me faire un don, mais ne veut pas passer par des intermédiaires type paypal ou Flattr. Qui souhaite me faire un virement. Je lui envoie mon RIB. Et je découvre peu après qu’il m’a soutenu comme si tu achetais 30 livres des NoéNautes. Juste parce que (à l’instar de Ploum qu’il te FAUT suivre) j’expérimente des manières de se libérer de l’emploi. Voilà une aide inespérée qui tombe à point ! Ça et tous les flattr reçus le mois dernier (encore une fois : essaie flattr, teste le web payant et la reconnaissance directe !), et je suis paré pour continuer !
N’oublie pas que tu peux aussi (et surtout) faire un don à Framasoft, qui offre un cadre, un soutien et une voix aux expériences comme les miennes.
Moi, je file écrire et découvrir le chapitre III !
À tout biental,
Une traduction un brin polémique autour du fameux masque symbolisant les Anonymous.
Aussi joli soit-il, il pose quelques problèmes qui peuvent effectivement contrarier la posture et brouiller le message des actions de cet étrange et fuyant collectif.
Le masque fait référence à Guy Fawkes, personne historique anglais du XVIIe siècle, mais il a pour auteur le dessinateur contemporain David Lloyd de V pour Vendetta. Il est devenu célèbre après l’adaptation de la BD au cinéma. Film produit par Time Warner qui détient les droits à l’image sur le masque et à qui on doit payer une obole à chaque exemplaire du masque vendu (légalement).
Premier problème, le masque est sous copyright classique. Deuxième problème, il appartient à l’une de ces multinationales souvent prises pour cible par les Anonymous. Et, dernier problème, il semblerait qu’il soit produit dans les pires conditions du capitalisme mondialisé, c’est en tout cas ce que le laisse croire cette photo qui a semé le trouble et provoqué l’article très critique ci-dessous.
On aurait aimé qu’il fut dans le domaine public. Chiche qu’on demande tous à Time Warner combien ils veulent pour qu’il en soit ainsi et qu’on monte un crowdfunding dans la foulée pour récolter la somme ;)
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Anonymous have been exposed as hypocrites. Watch them try to wriggle out of it
Martha Gill - 6 novembre 2013 - The Telegraph (blog)
”(Traduction : lyn, Eiyeron, MFolschette, Catalaburro, Sky, M0tty + anonymes)’
Anonymous est une organisation définie surtout par ce que ses membres ont choisi de se mettre sur la tête, le fameux masque de V pour Vendetta. Mais depuis hier le masque a connu quelques problèmes techniques. Il semblerait qu’il défigure celui qui le porte.
Le jour de Guy Fawkes, juste à temps pour l’opération Million Mask March, cette photo de Reuters est apparue en page d’accueil de Reddit. Elle montre les masques fabriqués en masse dans une usine au Brésil. Ce n’est peut-être pas un atelier clandestin, mais c’est pourtant le mot que beaucoup ont à la bouche actuellement (d’autres photographies en suivant ce lien).
Cela ne correspond guère avec l’image du groupe. Anonymous lutte contre les effets du capitalisme globalisé – protestant contre de grandes entreprises menant la vie dure aux ouvriers. Et pourtant, on peut voir ces ouvriers, dans de mauvaises conditions de travail, fabriquant les masques des protestataires. Par ailleurs, on sait depuis pas mal de temps que Time Warner, une des plus grandes entreprises audiovisuelles au monde, fait du bénéfice chaque fois qu’un de ces masques est vendu.
Tout cela n’est-il pas légèrement… hypocrite ?
Le compte pro-Anomymous @youranoncentral a essayé de calmer Twitter : « Ecoutez tous, nos masques ont été fabriqués dans un pays en voie de développement. Nous sommes les seuls hypocrites. »
Et plusieurs personnes partagèrent des points de vue similaires à sayheykid24 sur Reddit : « Comment les gens pensent que ces masques ont été faits ? Pensaient-ils qu’ils étaient fait à la main et avec amour par des artisans opposés au grand capital ? »
En effet, que croyions-nous ? Il serait plus simple, plus économique et plus efficace pour les Anonymous de faire fabriquer des masques à la chaîne dans des pays en voie de développement. C’est généralement comme ça que de tels objets sont fabriqués. Cela serait également beaucoup demander à Anonymous que de s’assurer qu’aucune grande entreprise ne tire profit de leurs protestations. Et forcément, étant donné qu’Anonymous est un petit groupe faisant face à de grosses organisations sans scrupules, ils voudront réaliser l’opération la plus percutante possible, quitte à être aussi sans scrupules. Ils peuvent difficilement se permettre de ne pas l’être.
Mais si nous pensions cela nous aurions tort. Ces pressions économiques sont la raison pour laquelle l’industrie du disque a réprimé le piratage numérique et aussi pourquoi Mastercard et Visa ont mal agi envers certains clients – tous des ennemis, tous des Anonymous attaqués pour ces mêmes raisons. Étant donné qu’Anonymous demande aux entreprises de prendre une position inconfortable mais morale contre le système auquel elles sont soumises, si eux-mêmes n’y parviennent pas, ils sont alors eux-mêmes hypocrites. (Fabriquer un masque de Guy Fawkes est plus simple à réaliser chez soi, non ?)
Est-ce important ?
Bien sûr que ça l’est. C’est vrai que les Anonymous ne sont pas les seuls hypocrites. Mais tous les hypocrites ne sont pas entièrement dépendants de leur posture morale. Le fait de punir le mauvais comportement d’autrui fait partie intégrante du message des Anonymous – ils suggèrent de les rejoindre pour être de côté des gentils. Cela signifie que le groupe repose uniquement sur son intégrité morale – et s’ils ne peuvent se permettre de jouer selon leurs propres règles, ils ne peuvent certainement pas non plus se permettre de les enfreindre.
Le dernier problème avec le masque recensé à cette date a montré son (pas si vilain) visage hier. Il s’avère que, bien que cet accessoire soit pratique pour les vendettas masquées, il l’est moins pour se mettre publiquement en valeur. Que se passe-t-il quand la marche organisée, basée sur la notion d’anonymat, attire une célébrité tel que Russel Brand parmi ses rangs ? Brand a résolu le problème en tweetant des photos de lui-même portant son masque. Encore une fois, quelle ironie…
Avant de poursuivre vers l’ouest, le vrai, son périple scriptural et libérateur, le sémillant Pouhiou est passé par Rouen. Dans le sprint final, il a disposé facilement du régional de l’étape, un néophyte du nom de Flaubert, sponsorisé par Charpentier, Le voici maintenant moulinant du mot par milliers, un peu inquiet tout de même à l’idée de ne pas tenir la cadence. Mais qu’importe ! Retrouver un forçat de la route qui comme lui s’est donné le défi du nanowrimo lui a permis de comprendre que compter les mots n’est pas très sérieux et que beaucoup d’auteurs sont encore capables de dire : « Madame Marquet, c’est moi ».
Me voilà tout juste parti de Rouen, arrivé à Brest. Rouen, où j’ai été hébergé chez un NaNoteur : autant dire que les échanges furent riches.
La première chose qu’on remarque, chez Mathias, c’est son rire. Un rire franc, communicatif, un rire toujours content de se faire surprendre par la vie. J’ai connu Mathias chez Voisine (celle que je remercie à la fin de #MonOrchide). Il y couchsurfait pour pouvoir assister à un concert de Mars Volta. J’y connais rien en musique, mais je leur ai fait des pancakes avec de la pâte d’Ovomaltine. Et ça, ça facilite les échanges. Depuis, on se côtoie sur Facebook. On partage beaucoup des liens de féministes, LGBT, et autres infos qui font bondir les pensées bleu marine. Le 28 octobre, quand j’annonce que je me lance dans un NaNoWriMo, Mathias dit « cool ! on s’inscrit où ? » Et, sur un coup de tête, sans avoir la moindre foutue idée de où il va, ce mec se lance dans l’écriture d’un roman. Faut avoir une sacrée paire d’ovaires, quoi…
C’est un peu mon sport favori, et en côtoyant l’univers de Mathias, j’ai pu le pratiquer intensément. J’ai échangé avec Ben, dans une brasserie estudiantine, sur les radios associatives, les expériences prostatiques et les mises en scène. J’ai discuté avec JB (co-animateur de l’émission de musique de Mathias sur la radio Campus rouennaise sur la culture libre, le rôle prescripteur des bibliothécaires, les envies de mort et de bromure (sur lesquelles j’ai écrit deux pièces de théâtre librement diffusées sur http://pouhiou.com). Avec Anka, on a parlé de Roumanie, d’éducation, d’exigence et de chatons. On a rencontré Lutine, autre NaNoteuse rouennaise, qui se jugeait trop et n’arrivait plus à écrire. On lui a lancé le défi d’écrire une bonne grosse page de merde… Elle a échoué : ce qu’elle a écrit était bon. Et avec Mathias, on a partagé nos expériences de NaNoteurs…
On avait tous deux déjà trois jours dans les pattes. Et Mathias commence à m’expliquer qu’il ressent déjà ses personnages lui échapper. Un en particulier, qui ne devait être que secondaire, une sorte de faire-valoir à son héroïne, mais qui prend de l’importance en lui et s’accapare le chapitre suivant. Moi, les voix de mes persos m’habitent. J’imagine des dialogues sous la douche puis je réalise où je suis et me demande si je n’ai pas vidé le ballon d’eau chaude. Plus tard, Mathias m’explique que le libre, c’est pas pour lui. Qu’il avait trop peur que l’on touche à son œuvre. Ça me semblait pas cohérent avec le côté avenant du gars, donc je le questionne…
— Mais tu as vraiment l’impression que c’est toi qui écris, que ça se fait dans l’effort ?
— Non… Je mets mon casque, de la bonne zique et je laisse le truc couler. J’ai un peu l’impression que l’histoire est par là et que j’en suis le scribe.
— Du coup, est-ce que ce que tu écris parle de toi ? Est-ce que ton histoire définit quel auteur, quelle personne que tu es ?
— Ah ben non, en fait… C’est juste une histoire que j’ai écrite, pas un morceau de moi…
Et là on touche le nœud du truc. Je comprends tous les auteurs qui sont d’un protectionnisme féroce avec leurs œuvres. Qui ont peur, qui ont des peurs, tant et si bien qu’ils arrivent à accepter la position de victime et celle de dragon-sur-son-tas-d’or. Des postures que le système, crée par et pour les industries de la culture, nous font prendre de manière insidieuse. Des poses que j’ai prises tant que j’ai eu peur, que j’ai eu des peurs. Des peurs qu’en touchant à mes histoires, mes contes, mes écrits… on touche à ma personne. Alors qu’aujourd’hui, ça n’a plus rien à voir…
C’est bien beau de parler, rencontrer, échanger… D’aller voir Rouen qui est une ville magnifique, emplie de colombages et de toits en tuiles… Mais c’est pas ça qui va écrire le livre III. Alors j’écris. 2300 mots le lundi pour finir le premier chapitre qui développe une ambiance paisible très étrange. 1500 mots le jour suivant, ce qui me fait culpabiliser, un peu : je suis en dessous des 1667 quotidiens indispensables. 2200 mots le mercredi : ouf, on remonte et passe au dessus de la barre des 10 000, du cinquième. Sauf que Mathias est ingénieur en maths. Et que les maths sont impitoyables. On calcule : 8 chapitres d’environ 8000 mots. Je n’écrirai pas lors du Capitole du Libre (22-23 novembre sur Toulouse) ni lors des journée méditerranéennes du logiciel libre (29-30 novembre). Du coup, 64 000 mots en 26 jours, il faut écrire 2500 mots par jour (à une vache près, les maths c’est pas une science exacte). J’en suis méga loin. #MicroDéprime. C’est là que tu réalises que compter les mots, ce doit juste être un plaisir. Pas une tâche. J’écrirai ce que je peux. Si mon roman s’achève en décembre : ce n’est pas grave. Je ferai comme tous les auteurs, comme tous les NaNoteurs : de mon mieux.
Pouhiou regonflé. Des bisous, des mercis, une caresse à Kali (leur chatounette) et hop !
Co-voiturage direction Brest ! On se retrouve dans 3 jours ?
— Pouhiou.
Crédits photos :
Paris, le 7 novembre 2013. Communiqué de presse.
Deux ans après la convocation d’une centaine d’inspecteurs de l’Éducation nationale au siège de Microsoft France, l’April, Framasoft, le CNLL, SavoirsCom1 et l’Aful s’étonnent d’une nouvelle entorse à la neutralité scolaire et à l’intérêt du service public d’éducation.
Le 19 novembre 2013, plusieurs responsables de l’Éducation nationale se déplacent au siège de la société Microsoft1. Michel Pérez, Inspecteur général de l’Éducation nationale, Catherine Becchetti-Bizot, Inspectrice générale, Directrice du Comité Stratégique pour le Numérique à l‘École ainsi que des représentations des associations de collectivités viennent découvrir une étude coordonnée par Ludovia Magazine, en association avec Microsoft, Intel et SFR2.
Le titre de l’étude se veut neutre : « Investissement des collectivités en matière de numérique à l’école ». Le dispositif de communication ne l’est pas. Par leur présence à la table ronde organisée par Microsoft, les Inspecteurs généraux légitiment l’appropriation de l’Éducation nationale par une société privée. Les signataires de ce communiqué dénoncent fermement cette nouvelle entorse à la neutralité scolaire et à la mission de service public de l’éducation nationale.
Les collectivités territoriales souhaitent-elles vraiment favoriser l’exploitation commerciale de l’école par quelques grandes sociétés pour lesquelles l’éducation est exclusivement un marché captif ?
Ce n’est pas la première fois que des responsables de l’Éducation nationale se déplacent au siège de la société Microsoft. Lors du salon Éducatec-Éducatice 2011, les inspecteurs de l’Éducation nationale chargés de mission nouvelles technologies (IEN-TICE) s’étaient vu convoqués par leur hiérarchie pour tenir leur journée annuelle au siège de la société Microsoft. L’April et Framasoft avaient déjà dénoncé « une véritable entorse à la neutralité scolaire et vivement regretté que les programmes de ces journées ne mentionnaient pas les logiciels et ressources libres3. Malgré la circulaire du premier ministre « Pour l’usage des logiciels libres dans l’administration »4.
Ce n’est pas non plus qu’un accident de parcours. Les services de l’Éducation nationale envoient depuis plusieurs mois des signaux inquiétants. Le rapport de l’Inspection générale sur « La structuration de la filière du numérique éducatif : un enjeu pédagogique et industriel »5 est très peu documenté sur les logiciels et ressources libres ou, au mieux minimise leur apport. Et le rapport n’aborde que très succinctement l’une des dispositions importantes du texte de loi pour la refondation de l’école qui recommande : « l’incitation au développement de ressources numériques se fera notamment en faveur de logiciels libres et de contenus aux formats ouverts »6. Les signataires de ce communiqué auraient pu, avec d’autres, aider les rédacteurs dans leur travail afin d’arriver à un rapport plus exhaustif.
« L’école ne doit pas être un marché captif des éditeurs privateurs du numérique. L’école que nous appelons de nos vœux, ne doit pas enseigner « avec » le numérique sur des produits privateurs dans une approche de type B2i qui forme avant tout des consommateurs passifs » déclare Rémi Boulle, vice-président de l’April, en charge du groupe de travail Éducation. Dans la continuité des principes hérités du siècle des Lumières, elle doit former des futurs citoyens responsables, capables de réfléchir de façon libre, indépendante voire les créateurs de demain.
Stefane Fermigier, Vice-Président du CNLL, rappelle pour sa part « La place du logiciel libre dans le système éducatif français est un enjeu majeur pour la compétitivité de notre économie. Pour continuer d’être à sa place de leader mondial du logiciel libre, la France doit aussi se doter d’une politique éducative forte dans ce domaine, en privilégiant l’usage d’outils pédagogiques libres, en fondant l’apprentissage du numérique à l’École sur les logiciels libres, et en enseignant les technologies et méthodologies propres au logiciel libre dans les filières informatiques et scientifiques ».
Enseigner « avec » le « numérique » dans toutes les disciplines nécessiterait a minima :
C’est également enseigner l’apprentissage du travail collaboratif, incompatible avec des ressources privatrices DRMisées, des formats de fichiers non interopérables, des licences qui ne permettent pas la libre circulation et le libre partage des savoirs. L’École ne doit plus être contrainte dans des systèmes privateurs et fermés.
Nous nous tenons à la disposition de l’Inspection générale et de Mme Catherine Becchetti-Bizot pour toute information complémentaire sur les logiciels et ressources libres pour l’éducation et leur souhaitons un riche salon Éducatec-Éducatice.
Pionnière du logiciel libre en France, l’April est depuis 1996 un acteur majeur de la démocratisation et de la diffusion du Logiciel Libre et des standards ouverts auprès du grand public, des professionnels et des institutions dans l’espace francophone. Elle veille aussi, dans leurre numérique, à sensibiliser l’opinion sur les dangers d’une appropriation exclusive de l’information et du savoir par des intérêts privés.
L’association est constituée de plus de 3 600 membres utilisateurs et producteurs de logiciels libres.
Pour plus d’informations, vous pouvez vous rendre sur le site Web à l’adresse suivante : http://www.april.org/, nous contacter par téléphone au +33 1 78 76 92 80 ou par notre formulaire de contact.
Contacts presse :
Issu du monde éducatif, Framasoft est un réseau d’éducation populaire consacré principalement au logiciel libre et s’organise en trois axes sur un mode collaboratif : promotion, diffusion et développement de logiciels libres, enrichissement de la culture libre et offre de services libres en ligne.
Pour plus d’informations, vous pouvez vous rendre sur le site Web à l’adresse suivante : http://www.framasoft.org/ et nous contacter par notre formulaire de contact.
Contact presse :
Le Conseil National du Logiciel Libre est l’instance représentative, au niveau national, des associations et groupements d’entreprises du logiciel libre en France. Le CNLL représente 13 associations et groupements, et par leur intermédiaire plus de 300 entreprises françaises spécialisées ou avec une activité significative dans le logiciel libre.
Le CNLL a pour principale mission de représenter l’écosystème du logiciel libre auprès des pouvoirs publics et des organisations nationales et internationales existantes.
Contact Presse :
SavoirsCom1 est un collectif qui s”intéresse aux politiques des biens communs de la connaissance. Son action vise à faire en sorte que les politiques publiques favorisent la création, la diffusion et la mise en partage de biens communs informationnels. SavoirsCom1 défend lespositions exprimées dans son Manifeste.
Contact presse :Association Francophone des Utilisateurs de Logiciels Libres, l’AFUL a pour principal objectif de promouvoir les logiciels libres ainsi que l’utilisation des standards ouverts. Ses membres, utilisateurs, professionnels du logiciel libre, entreprises ainsi que d’autres associations, sont issus d’une dizaine de pays ou de régions francophones (France, Belgique, Suisse, Afrique francophone, Québec).
Interlocuteur de nombreux médias, l’AFUL est présente sur nombre de salons, conférences et rencontres. Elle agit notamment activement contre la vente liée (site Non aux Racketiciels, comparatif bons-vendeurs-ordinateurs.info et bons-constructeurs-ordinateurs.info), pour l’interopérabilité (membre de l’AFNOR, participation aux référentiels d’interopérabilité et d’accessibilité de la DGME, site formats-ouverts.org, etc.), intervient sur les problématiques du droit d’auteur ainsi que pour la promotion de l’utilisation de logiciels et ressources pédagogiques libres pour l’éducation entendue au sens large.
Contacts presse :
Nous nous sommes engagés avec la société Smile, spécialisée dans l’intégration de solutions libres, dans un mécénat de compétences autour de la refonte de notre annuaire de logiciels libres, appelé désormais « Framalibre ». Sa mise en œuvre et son suivi seront assurés par Cyrille Assire pour Smile (ci-dessous à droite) et Alexis Kauffmann pour Framasoft (à gauche).
L’annuaire de logiciels libres est le premier projet du réseau Framasoft. C’est celui pour lequel tout a commencé pour nous et même s’il côtoie désormais une vingtaine d’autres projets, il demeure encore le plus fréquenté. Mais force est de constater qu’il a pris la poussière avec le temps, dans le fond comme dans le forme. Il continue à rendre ses services au quotidien mais il a grand besoin d’être mis à jour. Smile va ainsi participer à la refonte ergonomique et graphique du site en nous aidant à repenser globalement le projet et proposer une interface plus fonctionnelle et aboutie.
Le mécénat se distingue du parrainage (sponsoring en anglais) en ce qu’il n’y a pas de contrepartie. Si le mécénat financier ou en nature sont connus, le mécénat de compétences reste un dispositif encore peu répandu. Il permet ici à Smile de mettre à disposition de Framasoft les compétences professionnelles de ses employés pendant leur temps de travail (et sans aucune perte financière). Il donne un nouveau visage au mécénat en le rendant plus solidaire et participatif et permet de faire en sorte que les entreprises et les associations se rencontrent et se rapprochent. Framasoft étant une association reconnue d’intérêt général, Smile va pouvoir déduire de son IS (Impôt sur les Sociétés) 60% des salaires chargés des collaborateurs missionnés, au prorata des heures effectuées pour nous.
Nous vous tiendrons régulièrement au courant des avancées de ce partenariat. Et nous serions ravis de voir d’autres entreprises prendre le sillage de Smile dans le mécénat de compétences parce que ce ne sont pas les besoins qui manquent dans le Libre associatif.
Avant Snowden, nous criions dans le désert.
Il en va tout autrement aujourd’hui. Et les gouvernements réalisent soudainement le danger d’avoir choisi des logiciels propriétaires qu’on ne peut évaluer et auditer faute d’accès au code source.
Il ne va pas être facile pour Microsoft, Apple et consorts de répondre ici aux exigences de transparence des autorités brésiliennes qui se tourneront naturellement vers le logiciel libre.
En attendant le tour de la France…
Governo vai barrar compra de software que impeça auditoria
Natuza Nery et Julia Borba - 5 novembre 2013 - Folha de S. Paolo
(Traduction : Ulan, Pierre, JonathanMM)
A partir de l’année prochaine, le gouvernement (brésilien) n’achètera plus d’ordinateurs ou de logiciels qui ne peuvent être pleinement audités par les pouvoirs publics. La directive a été publiée le 5 novembre dernier dans le journal officiel « Diario official da Uniao ».
Ainsi, les systèmes d’exploitation comme Windows (Microsoft) et MacOS (Apple) ne seront plus utilisés si les entreprises concernées font obstacle aux enquêtes sur l’espionnage informatique.
Actuellement, à l’installation d’un logiciel (propriétaire), les utilisateurs acceptent les termes d’utilisation de l’éditeur autorisant éventuellement celui-ci à accéder à leur ordinateur.
Le gouvernement brésilien souhaite avoir le droit de surveiller qui surveille ses concitoyens, et ce dans le but de pouvoir identifier et tracer les tentatives d’espionnage.
Selon le journal « Folha de São Paulo », l’intention n’est pas de promouvoir une conversion massive des parcs informatiques, mais prévenir que les produits actuels ne sont plus conformes aux nouvelles exigences.
De cette manière, il y aura un substitution graduelle des programmes traditionnels (propriétaires) pour des logiciels libres, comme Linux, si nous ne parvenons pas à négocier avec les grandes entreprises.
L’importance accordée par le gouvernement à l’espionnage a augmenté depuis qu’ont été publiés les dénonciations sur l’accès par les services américains aux archives des autorités et entreprises brésiliennes.
Le gouvernement considère que, en plus d’augmenter la sécurité, la directive entraînera des économies. L’utilisation de logiciels libres met un terme au renouvellement obligatoire des licences de ces programmes.
Interrogé pour la rédaction de cet article, Apple n’a pas souhaité répondre à cette décision.
Microsoft a informé qu’il fournit aux gouvernements « l’accès contrôlé au code source et aux autres informations techniques pour les aider à évaluer la sécurité des produits ». La société a également déclaré qu’elle se met à disposition du gouvernement brésilien pour discuter des détails de la mesure.
Il n’y a pas encore d’estimation de l’impact de cette décision sur les dépenses gouvernementales. Les informations plus précises sur ces coûts ne seront dévoilées qu’après l’application de la directive, quand aura lieu une enquête sur les contrats actuellement en vigueur et les dates d’expirations de ceux-ci. Comme ces licences ont été obtenues à des moments différents, il n’est pas encore possible de faire d’estimation.
Le journal précise que le gouvernement de Dilma Rousseff étudie également avec détermination une autre mesure de sécurité informatique : installer le client de messagerie libre Expresso (Serpro) comme référence sur tout ordinateur public à la place de Outlook, ce qui engendrera des économies supérieures à 60 millions de reais par an (environ 20 millions d’euros).
Crédit photo : Laura Poitras (Creative Commons By)
Robert Douglass qui mène le projet Open Goldberg Variations a fait publier la lettre d’Eunah Choi ci-dessous sur Reddit.
Nous en avions parlé dans ce récent billet : L’un des plus beaux projets qui soit : libérer la musique tout en aidant les malvoyants.
Il reste deux jours pour atteindre la somme demandée sur Kickstarter. On croise les doigts…
Open letter from a blind musician
Eunah Choi - 6 novembre 2013 - Reddit
(Traduction : Asta, Peekmo, goofy, sinma, audionuma, Scailyna, barbaturc, Sphinx + anonymes)
Bonjour, je m’appelle Eunah Choi. J’ai contribué au projet Open WTC (Well-Tempered Clavier) et j’ai émis une demande pour faire une édition en braille des partitions de l’Open WTC pour les musiciens aveugles. Grâce à la générosité de tous les contributeurs Kickstarter, j’ai le plaisir d’annoncer que nous avons atteint avec succès les 30 000 $ dont nous avions besoin initialement pour ce projet. Merci !
Mais nous avons encore une chose à finir avant que la levée de fond ne se termine, le 8 novembre. Nous avons besoin d’atteindre au minimum 50 000 $ afin de produire des partitions en braille pour les musiciens aveugles. Si nous n’y parvenons pas, le prochain pianiste aveugle sud coréen n’aura d’autre choix que de faire ce fastidieux travail de copie manuelle à partir d’une fragile et ancienne partition en braille, à l’aide d’une ardoise et d’un stylet. Pour les musiciens voyants, recopier à la main une partition est juste une chose démodée dont nous pouvons parler en en riant. Nous voyons des personnes recopier manuellement des partitions de musique dans des romans ou des films du XIXe siècle ou plus anciens encore. Et pourtant aujourd’hui, des malvoyants, dans le monde entier, ne peuvent obtenir la majorité des partitions dont ils ont besoin uniquement par le biais de cet antique, inefficace et long processus. Tout cela, au XXIe siècle !
C’est inacceptable, un point c’est tout. C’est ce à quoi une pénurie de partition ressemble. Or désormais, grâce à de nombreux ingénieurs et développeurs, nous disposons d’un format solide (MusicXML) et pouvons développer des logiciels pour convertir 50 000 partitions MuseScore en braille. Tout ce dont nous avons besoin, c’est une preuve de la générosité des donateurs de la campagne.
Certains se demanderont : « on m’a dit qu’il y avait des bibliothèques brailles fournissant des partitions en braille pour les personnes aveugles. » Oui, il y A des bibliothèques brailles, mais l’offre NE PEUT satisfaire la demande, c’est à dire qu’il y a beaucoup, beaucoup plus de personnes aveugles qui ont besoin de partitions en braille que la quantité que ces bibliothèques peuvent prendre en charge. Et à cause des graves limitations sur le partage de fichiers sous roits d’auteur en braille entre pays, inscrites dans les lois sur le copyright, les personnes aveugles en Corée du Sud ne sont même pas autorisées à s’inscrire auprès de services de bibliothèques dans les pays soit-disant développés comme les États-Unis, le Royaume Uni ou le Canada. Donc, quand je parle de famine pénurie à propos des partitions de musique, je ne suis pas en train d’exagérer.
Quand j’étais au lycée, je m’apitoyais souvent sur mon sort faute de pouvoir obtenir des partitions en braille sur le site américan du NLS. Le NLS ne permet qu’aux citoyens américains aveugles de s’inscrire et de créer un profil. Je fus automatiquement rejetée de cette inscription, simplement parce que je suis née en Corée du Sud et pas aux États-Unis. J’irai jusqu’à dire que cela représente une discrimination sur la nationalité et sur le handicap, créée de manière artificielle par des lois sur le copyright !
Certains diront que les aveugles ont souvent l’oreille parfaite et peuvent se contenter d’écouter des enregistrements pour ensuite s’entraîner afin de reproduire les sons le plus fidèlement possible. On peut également penser qu’il y a des vidéos YouTube ou des émissions télé qui présentent des enfants aveugles, jouant de la musique simplement en ayant écouté l’original. Il faut regarder la réalité en face : « pouvoir écouter ne signifie pas pouvoir lire. » Tout comme les enfants qui doivent apprendre à lire et à écrire pour étudier et faire partie de la société, les musiciens aveugles ont besoin de partitions en braille pour pouvoir participer à la musique et jouer les morceaux qu’ils ont envie de jouer. Il est possible de découvrir une fraction de la musique qui vous plait, juste en écoutant ; mais vous ne pourrez pas découvrir toutes les expressions musicales, les pensées et le processus d’écriture du compositeur juste en écoutant sa musique. Il FAUT des partitions brailles pour le faire ! Et aujourd’hui, moins de 1% de l’ensemble des partitions est disponible sous forme de partitions brailles.
Est-ce que cela serait normal pour vous si votre enfant n’avait accès qu’à un très faible pourcentage des livres, ceux en braille ? Nous DEVONS corriger cela ! Nous POUVONS commencer à libérer toutes nos partitions du domaine public et les donner aux musiciens non-voyants dans le monde entier ! Mais, seulement si nous récoltons 50 000 $ (~37 000€) ! Et seulement si nos soutiens diffusent et propagent le message ! S’il vous plait, essayez de penser à ceux que vous aimez et qui sont aveugles ! Ils méritent de participer à notre merveilleux héritage musical comme n’importe qui d’autre. Nous devons leur donner des partitions en braille faites pour le XXIème siècle !
À travers l’histoire, les aveugles ont trop longtemps chanté sur des accords mineurs. Il est temps de sécher nos larmes et d’offrir aux musiciens non-voyants une fin heureuse, un accord majeur, avec ces 50 000 partitions du domaine public.
Cordialement,
Eunah Choi
Pour se passer de Powerpoint, il y a Impress de LibreOffice bien sûr.
Mais il existe aussi de nombreuses solutions web issues du trio gagnant : JavaScript, HTML5 et CSS3).
Nous avons choisi avec cette traduction de mettre en valeur Reveal.js, avec une méthode de geek pour assurer l’archivage et retrouver facilement les différentes versions de vos présentations.
Teaching with open source presentation service Reveal.js
Luis Ibanez - 30 octobre 2013 - OpenSource.com
(Traduction : Penguin, Genma, audionuma, cyrille, Omegax, Garburst)
OpenSource.com a un programme pour les modérateurs de communautés, et je suis fier d’en faire partie. Nous nous sommes récemment réunis dans le centre ville de Raleigh (en Caroline du Nord). L’une de nos discussions portait sur les logiciels open source pour l’éducation, et Ruth Suehle, qui dirige l’équipe marketing de Fedora tout en conseillant et en écrivant pour Opensource.com, a attiré notre attention sur les merveilles de Reveal.js, un nouvel outil de préparation de diapositives pour les présentations.
« C’est ce que les gens cool utilisent »dit-elle. Et dieu sait qu’elle avait raison !
Un rapide détour par la page d’exemples et de présentations permet de convaincre les plus sceptiques.
Les principales caractéristiques qui sortent du lot sont :
Voici quelques-unes des présentations qui ont été faites lors de notre cours « Pratiques des logiciels open-source » à l’École polytechnique Rensselaer et à l’université de l’État de New-York à Albany :
Pour ceux qui ne sont pas à l’aise avec l’écriture de code HTML, il y a un éditeur interactif : Slid.es, au sein duquel vous pouvez créer vos diapositives en utilisant une interface simple. Les présentations sont également hébergées, ainsi vous n’avez pas besoin de vous préoccuper de trouver un serveur web.
Pour ceux à qui écrire du code HTML plaît, la façon la plus facile de commencer est la suivante :
La façon de faire pour du long terme est la suivante :
Enfin, le partager en retour !
Vous pouvez ajouter vos présentations en guise d’exemple pour les autres, en modifiant simplement les exemples de la page de présentation.
Remarquez que l’usage de Git (ou GitHub) n’est pas une nécessité, vous pouvez profitez de la joie d’utiliser Reveal.js comme un simple framework web. C’est juste qu’ajouter les fonctionnalités de Github tel que le contrôle de version, l’hébergement, le partage, donne une nouvelle dimension à la facilité d’usage de ce merveilleux outil.
Remarquez qu’il n’est pas nécessaire d’héberger vos présentations sur un serveur web. Vous pouvez toujours faire la présentation depuis votre pc portable en indiquant à votre navigateur web où se trouvent les fichiers HTML sur votre disque dur. Ce qui peut s’avérer très pratique quand on arrive en retard en classe, ou lorsque l’on a des changements à faire en dernière minute sur la présentation (ce qui bien sûr n’arrive jamais…:)).
Les nombreux services de Google sont généralement gratuits mais ils sont aussi propriétaires.
Ainsi les utilisateurs de Gmail s’en sont rendu compte dernièrement : Google modifie quand bon lui semble son interface et ses fonctionnalités. Et nous sommes mis devant le fait accompli de changements qui vont bien plus dans le sens d’une intégration toujours plus poussée avec les autres services Google (Google+ notamment) que d’un réel souci du confort des utilisateurs.
C’est également ce qui est en train de se produire actuellement avec Google Maps qui change d’interface et donc de version de son API, signifiant par là-même que tous ceux qui avaient développé des applications spécifiques avec la version précédente de l’API devront tout recoder avec la nouvelle version.
Une bonne occasion de migrer vers la carte libre OpenStreetMap[1] à l’aide du site Switch2OSM[2].
Upgrading from Google v2 API? Free yourself and upgrade to OpenStreetMap
5 novembre 2013 - OpenStreetMap Blog
(Traduction : goofy, lyn, GregR, Britz, Sphinx + anonymes)
Avez-vous reçu un courrier électronique comme celui-là (cf image ci-dessus) ?
Nous ne pouvons vous garantir que vous pourrez disposer de vos cartes. Nous vous recommandons vivement de migrer vers la version 3 de Google Maps avant le 19 novembre.
Oui, Google Maps a décidé de fermer sa vieille API JavaScript de Maps (v2). Ils vous conseillent de passer beaucoup de temps à ré-écrire votre code pour passer à la nouvelle API v3.
Mais pourquoi ne pas utiliser ce temps pour passer à un meilleur service ?
OpenStreetMap (OSM) est une carte créée par des experts, à savoir les habitants mêmes du territoire qu’ils cartographient. On y trouve les sentiers pédestres et les pistes cyclables, les canaux, les espaces verts et les espaces publics, de même que toutes les routes et les chemins de fer. Elle est continuellement mise à jour : pas besoin d’attendre le prochain passage de la voiture Google. Pas étonnant que Foursquare, Github et Mapquest aient déjà opté pour OSM.
Passer de Google Maps à OpenStreetMap est plus facile que vous ne le pensez. Si vous vous êtes déjà confronté à l’ancienne API de Google Map, vous allez trouver en notre équivalent, Leaflet, une bouffée d’air frais. Son interface douce et agréable vous permettra de mettre mieux en valeur l’apparence de votre site, et l’application mobile est aussi fluide que l’application native.
Si vous souhaitez aller plus loin, OpenStreetMap vous permet de créer une belle carte, personnelle, à partir de nos données. Vous n’êtes pas limité au seul style Google, que tout le monde utilise. Puisque les sources sont libres et ouvertes, vous n’avez pas à payer quoi que ce soit pour accéder à des services « premium ».
Comment franchir le pas ? Le site switch2osm.org, géré par la communauté OpenStreetMap, fournit des conseils pour passer à OpenStreetMap. Les sections « The Basics » (NdT : Premiers pas) et « Using Tiles » (Utiliser des tuiles) vous permettront de transformer votre code JavaScript pour qu’il fonctionne avec OSM. Ce site est également utile pour trouver toutes les informations nécessaires à la création de cartes personnalisées.
Au bout du compte, OpenStreetMap est beaucoup plus qu’une solution alternative à l’API Google Maps. Nous offrons quelque chose de différent : un accès libre et ouvert aux données cartographiques brutes. Cela permet aux développeurs de débrider leur créativité et d’innover un maximum, en allant beaucoup plus loin qu’une simple intégration d’une carte dans un site web. Cerise sur le gâteau : plus on utilise OSM sur des sites web, plus les cartes seront vues des utilisateurs et plus les contributeurs à ce travail de cartographie collaborative seront nombreux ; au final, la carte, créée par la communauté, devient de plus en plus précise.
Utiliser OpenStreetMap, c’est défendre et promouvoir ce projet et ainsi nous aider dans notre mission bénévole : créer la carte du monde la plus ouverte et la plus riche qui soit.
[1] Pour rappel notre article Framablog : Avez-vous le réflexe OpenStreetMap ? et notre tag dédié.
[2] Nous envisageons de traduire ce site en français.
Le Pouhiou est un animal social. Il n’a nul besoin de tour d’ivoire pour s’isoler du bruit du monde et rédiger son hœuvre définitive, car ses élucubrations de Toulouzinzin se nourrissent de sa vie même. Le lecteur superficiel s’en étonnera, tant l’imaginaire des Noénautes semble débridé (non, je n’utiliserai pas déjanté, finissons-en une fois pour toutes avec cet adjectif galvaudé). Mais lisez plutôt entre les lignes de ce premier épisode, et voyez comment Pouhiou embraye, entre les nouveaux amis qui l’accueillent et les amis imaginaires qu’il accueille dans son WIP.
Les trois premiers jours de mon NaNoWriMo s’achèvent. Mon premier séjour parisien aussi : ce soir, direction Rouen. Retours sur les premiers pas de cette aventure !
Pierre & Steven sont un couple de lecteurs. Un jour, sur mon google +, un jeune homme vient chatter avec moi et me poser quelques questions. Sur l’écriture, comment est-ce que je réussis à sortir un épisode par jour pendant 4 mois. Sur la construction, les personnages… Tant et si bien que je me demande s’il ne s’agit pas d’un journaliste. Mais non, Pierre écrit, et il est en train de lire #Smartarded. Parce que Steven, depuis qu’il a découvert ce roman sur tetu.com, est fan.
On s’est rencontrés, tous les trois, lors de la dédicace suivante, dans la librairie de Bookynette. On a bu un coup, même si Steven était intimidé. Mais bon : dès que tu me chopes en train de me curer le nez, tu peux plus trop entretenir l’image sacralisée de l’auteur… Ça tombe bien, je préfère les connaître comme amis que comme fans. Et donc, pour ce premier arrêt, j’ai découvert leur chez-eux.
Retenu de longues heures par les sbires de la NSA, Pouhiou n’en mène pas large, car il doit s’expliquer sur son plan secret de domination du monde habilement dissimulé dans son calendrier nanowrimo.
Après la journée Domaine Public à l’Assemblée Nationale, j’ai pris le RER C. Sans me tromper #AchievementUnlocked. Direction Ivry, pour poser mon gros sac à dos chez ce couple qu’on rêve tous de vivre. Chez eux, il y a du thé japonais (ils adorent cette culture et parlent mieux que moi cette langue que j’avais pourtant étudiée… dans une autre vie !). Il y a des mangas, des DVD, des goodies, du Doctor Who… Bref : le paradis d’une Madame Marquet ! Ils m’ont accueilli lors d’un week-end particulier. Après un vendredi soir où ils m’ont invité à une soirée Halloween inoubliable, nous avons fêté l’anniversaire de Pierre samedi soir. Un anniversaire avec un somptueux gâteau TARDIS et l’annonce de leur récent PACS (félicitations les amours !)…
J’avais donc les journées pour écrire mon NaNoWriMo… et les soirées pour rencontrer des gens, discuter, voire offrir quelques marque-pages et livres !
Sérieux, le 31 au soir je faisais pas mon fier. Ni le 1er au matin. Je n’avais pas peur de ne pas avoir d’intrigue… Comme ils disent sur le forum du NaNoWriMo : No plot, no problem. Je n’avais pas peur de mon manque de recherches. Et pourtant je devrais : ce roman va m’en demander bien plus que tout ce que j’ai pu écrire auparavant… Mais cette fois-ci je peux survoler les faits, juste pour m’inspirer ; puis faire du fact-checking une fois le roman achevé. Donc même pas peur.
J’avais peur que mes amis imaginaires ne soient pas au rendez-vous.
Cela fait plus de 9 mois que je n’ai pas écrit les NoéNautes. Trois mois de crowdfunding. Six mois de boulotage. Sans compter les projets annexes (dont un secret bien dissimulé), les chroniques sur le sexe dans une radio associative toulousaine, (promis d’ici Noël je les uploade sur ma chaîne YouTube), les conférences et ateliers d’écriture… 9 mois que j’ai délaissé mes personnages. Or là, j’arrive avec une histoire et une construction qui veulent bousculer tous les codes établis…
Alors me voilà devant mon clavier. J’entame un incipit, sur une des phrases qui m’ont été données lors de mon défi du nouvel an. Je me lance dans ce premier chapitre, pas très bien assuré. Aglaé a changé, madame Marquet est toujours en verve… Mais les mots prennent le temps de se choisir. Je relis des passages de MonOrchide. Fais des mind map sur les personnages, les chapitres, les effets de style du nouvelleau narrateurice (#ZéroSpoiler). Et sans calculer, j’écris juste ce qu’il faut. Je pensais qu’une fois lancé, j’exploserais le scores. Je me disais que je ferais bien plus de 1667 mots par jour. Mais non : je suis aussi régulier qu’un coucou suisse. Sans calculer mon coup, j’écris chaque jour juste ce qu’il faut. Des scènes dont je ne me croyais pas capable. Des essais stylistiques aussi amusants que les féminins/masculins de Cassandre (dans #MonOrchide). Si la mayonnaise prend, on devrait avoir, mine de rien, un opus intéressant qui donnera du corps à tout le cycle !
J’en ai l’habitude : on parle plus de mes expériences autour des romans (la licence CC0, le crowdfunding pour rendre gratuits des livres papiers, le NaNoWriMo en sac à dos…) que des livres en eux-même. Cela ne me dérange pas. Parce que ces expérimentations sont militantes : un moyen de montrer qu’explorer de nouvelles voies c’est amusant… Et aussi que les NoéNautes trouvent leur public. Et que ce public me retrouve en ligne.
J’en profite néanmoins pour faire un gros poutou à Deidre, qui en plus d’avoir chroniqué #Smartarded puis #MonOrchide, a relayé sur son blog mon dernier grain de folie.
Je croyais que j’allais me déconnecter durant ce mois de novembre : c’est tout le contraire. Je réponds à plein de questions, d’emails. Je discute avec des ami-e-s qui aussi se sont lancé-e-s dans un NaNoWriMo. Je suis les avancées de Ploum que j’ai hâte de lire… L’avantage quand tu écris au vu et au su de tous, c’est que tu peux pas te sentir seul. Du coup j’ai plein de monde dans mon sac à dos.
Prochaine étape : Rouen !
On en reparle dans 3 jours.
— Pouhiou.
PS : Notez que vous pouvez suivre l’aventure depuis http://noenaute.fr (mon flattr y est), http://framablog.org et même depuis http://actualitte.com ! Je rappelle que Framasoft a besoin de soutiens et dons pour continuer à soutenir de libres dingueries comme les miennes.
Diable d’hemme ! À peine a-t-il annoncé qu’il partait que Pouhiou est déjà plus loin et que voici sa toute première étape, un genre de contre-la-montre de son Tour de France (en roue libre naturellement). En guise d’EPO, des feuilles de thé, en guise de préparation, un petit tour de chauffe à l’Assemblée Nationale et maintenant, en avant ! Il va tricoter du texte sur sa bécane par-ci par-là, avec des supporters hôtes à chaque étape, un sprint quotidien pour tenir la cadence, et des billets au fil du vent de la course !
Le thé est chaud. Un thé vert importé du Japon par mes premiers accueillants. C’est le matin du 1er novembre, le premier jour du NaNoWriMo. Je devrais écrire… mais je m’accorde une dernière raison de procrastiner : il faut que je raconte ces derniers jours !
L’appel pour ce “J’irai écrire chez vous” a résonné de partout. Sur le Framablog déjà, grâce au soutien indéfectible de Framasoft, pour qui je suis fier de battre la campagne. Et voilà qu’ActuaLitté rejoint la partie. Juste après la parution de l’article sur le Framablog, je leur fais un tweet. Parce que je sais qu’ils ont un regard attentionné sur les écrivains aux projets doux et dingues (oui, je parle bien du Projet Bradbury où Neil Jomunsi nous explique que dans “piratage” il y a “partage”).
Moins d’un quart d’heure après ce tweet, je reçois un coup de fil enthousiaste de Nicolas Gary. Qui aime le projet. Va reprendre l’article appelant à m’héberger. On parle de Neil, d’Amanda Palmer. On se met d’accord pour faire passer mon journal de bord de l’aventure (donc à suivre sur noenaute.fr, framablog.org et actualitte.com : ça c’est du collaboratif !!!). On se dit que si on arrive à ça avec zéro préméditation, qu’est-ce qu’on pourrait parvenir à faire en préparant notre coup à l’avance… #ASuivre.
Je dois dire que j’hallucine de voir tant de générosités et de propositions. En quelques jours, le Framadate s’est rempli d’hébergeurs volontaires des quatre coins de France, voire de Suisse et d’Espagne ! Je peux pas faire un petit mot à tout-e-s celles et ceux chez qui je n’irai pas écrire (cette fois…?) sinon je ne parviendrai jamais à me lancer dans ce roman. Mais merci à tou-te-s de démontrer (une fois de plus) qu’un rapport de confiance et d’échange fonctionne et peut remplacer un rapport commercial de méfiance.
Il a bien fallu choisir. Dans les critères se sont ajoutées des dates-clés (Lyon du 25 au 28 pour y animer un atelier d’écriture collaboratif ouvert à vous, et Nice du 28 au 30 pour les Journées Méditerranéennes du Logiciel Libre. Cela, c’est en plus du Capitole du Libre les 23 et 24 novembre à Toulouse, où j’animerai un atelier d’écriture et une conférence.
J’ai tenté de choisir en fonction des trajets (histoire que ça me prenne pas trop de temps et que ça me coûte pas ultra-cher en trains et co-voiturages) ce qui donnera :
Pouhiou prend son bâton de pèlerin, image de odysseuslibre
Donc mercredi dernier, train Toulouse Paris. Avec des rencontres et des discussions incroyables dans mon wagon : on a juste changé le monde (ne serait-ce que dans nos crânes). J’ai pris le train avant-hier car hier, j’étais à l’Assemblée Nationale. Lionel Maurel (Calimaq) et SavoirsCom1 y avaient organisé (sur l’invitation d’Isabelle Attard) une journée d’étude sur le Domaine Public. Et on est (trop) peu d’auteurs vivant dans le Domaine Public, donc on me fait témoigner.
C’est marrant de voir comme on ne considère que l’auteur qui prend des poses de bronze mal coulé. L’auteur qui souffre et pleure quand des vilains le pressurent et trahissent son œuvre, son sang. L’auteur génie spolié par ces outrecuidants qui en le diffusant et le partageant l’empêcheront d’écrire sa prochaine livre de chair. Pour paraphraser le collègue Piérick : ne me traitez pas d’auteur, ou je vous traiterai de public !
À l’ombre du piédestal, au pied de la statue du Grand Auteur, il y a un bac à sable qui s’appelle Domaine Public. Où chaque œuvre est une pâte à modeler de nouvelles créations, de nouvelles œuvres. On est plein de créateurices à vouloir jouer là. On veut juste un peu de soleil, et protéger le bac des chiens qui viennent… marquer un territoire. Hier de nombreuses personnes l’ont compris, et j’espère que cette journée portera ses fruits légaux.
Le livre III du cycle des NoéNautes. 50 000 mots minimum en moins d’un mois. Ces derniers jours, dès que j’y songeais, j’avais la fourbe phrase « mais que diable allait-il faire dans cette galère ? » qui me venait en tête. Je suis excité et effrayé. Je veux retrouver mes amis imaginaires, les NoéNautes, mais je ne sais combien ils auront changé, ni si elles seront fidèles au rendez-vous.
J’ai préparé mes chapitres. Comme pour les autres livres : 8 hexagrammes du Yi King interprétés. Huit situations de cet « oracle de sagesse » chinois qu’il va falloir traduire en une trame narrative. Ajouter les 3 personnages des lecteurs qui ont choisi cette récompense dans le Crowdfunding #MonOrchide. Et toutes ces intuitions sur les formes que va prendre ce nouvel opus…
Quand je vois Ploum, l’auteur passionnant et passionné a qui j’ai piqué l’idée de faire le NaNoWriMo, qui est à fond sur son roman (si tu le soutiens tu reçois des nouvelles régulières de ses avancées : il y en a déjà !!!). Je suis jaloux. Moi je suis encore dans cette crainte excitée de celui qui va sauter à l’élastique… Allez, je prends une grande respiration, et on se retrouve en bas ?
À dans 3 jours… si tout va bien !
— Pouhiou.
PS : Notez que vous pouvez suivre l’aventure depuis http://noenaute.fr (même que vous pouvez y télécharger les romans et/ou participer aux frais de transport grâce aux boutons flattr et paypal dans les articles), http://framablog.org et même depuis http://actualitte.com ! Je rappelle que Framasoft a besoin de soutiens et dons pour continuer à soutenir des dingueries comme les miennes http://soutenir.framasoft.org.